Giovanna Marini

invitée en 1996, 2001 et 2007
Dernière mise à jour : 16/01/2016

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Giovanna

Née le 19 janvier 1937 à Rome dans une famille de musiciens, Giovanna Marini est une musicienne, chanteuse, chercheuse en ethnomusicologie. Son activité protéiforme en a fait l'une des figures les plus importantes dans les domaines de la recherche et de l'exécution de la tradition musicale populaire italienne, mais elle compose également.

En 1959, elle obtient son diplôme en guitare classique au Conservatoire Sainte-Cécile de Rome puis perfectionne son apprentissage et sa pratique avec le plus grand guitariste classique alors vivant, Andrès Segovia. Dans le même temps elle se consacre à l'étude et à la pratique d'instruments à cordes antique comme le luth dont elle joue au sein du Concentus Antiqui du maestro Quaranta.

Sa rencontre avec Pasolini marque une étape fondamentale dans sa vie. Cette rencontre sera d'ailleurs racontée par Giovanna Marini dans un inoubliable et émouvant enregistrement qui demeure une des meilleures descriptions du caractère et de la façon d'être de Pasolini. Elle rencontre aussi Italo Calvino, auteur à son tour de textes de chansons pour Cantacronache. C'est la découverte du chant social, ou de ce que, selon une définition de probablement Giovanna elle-même, l'on commence à définir comme l'histoire orale chantée, dans le sens d'enregistrement populaire des événements historiques, au moyen de l'instrument privilégié de la chanson de composition anonyme et de transmission orale (encore active dans l'Italie des années 60 et dans une société qui, de typiquement rurale, se transformait radicalement en société industrialo-urbaine).

Tout en participant à des spectacles, elle parcourt l'Italie et recueille une masse infinie de chants populaires en langue italienne et dans les différents dialectes et langues régionales. Ce sera le matériau fondateur du Nuovo Canzoniere Italiano, avec lequel Giovanna Marini se produit à côté des groupes formés par les plus grands interprètes italiens de la nouvelle chanson politique, comme Giovanna Daffini, une "chanteuse paysanne" dont Marini apprend l'émission vocale particulière et le répertoire. Elle collabore également avec le célèbre poète en langue sarde Peppino Marotto, duquel elle apprend l'art de la narration populaire improvisée.

Giovanna Marini devient un pilier de l'Institut Ernesto De Martino, où elle va cataloguer l'énorme quantité de chants populaires découverts et pour lesquels elle parvient même à créer un système particulier de notation musicale. C'est une véritable ouvre de transcription de la mémoire, permettant ainsi sa transposition pour la scène. Elle va enfin trouver au sein de l'école populaire de musique du Testaccio des musiciens avec lesquels jouer et pour lesquels elle écrit "La grande madre impazzita" (1979). Elle affronte ensuite l'écriture pour instruments et voix avec "Il regalo dell'imperatore" (1983) et "Requiem" (1985). Pour le bicentenaire de la Révolution française en 1989, elle met en musique la Déclaration universelle des droits de l'Homme.

En 1974, l'école populaire de musique du Testaccio à Rome lui confie la chaire d'ethnomusicologie appliquée, soulignant ainsi l'extrême importance de Giovanna Marini en tant que chercheuse dans ce domaine. De 1991 à 2000, elle sera également titulaire de cette même chaire au sein de l'Université Paris VIII - Saint Denis. Avec ses élèves romains et parisiens, elle va accomplir des voyages d'étude pour écouter et transcrire les chants de tradition orale encore présents en Italie lors des fêtes religieuses et profanes.

En 1964, elle participe, à Spoleto, au spectacle "Bella ciao" qui reste gravé dans les mémoires pour avoir provoqué scandales et réactions indignées du public. L'activité de Giovanna Marini se poursuit avec des spectacles et initiatives qui illustrent l'histoire du recueil des traditions populaires italiennes, comme "Ci ragiono e canto" (1965), dirigé par Dario Fo. Elle commence également à composer de longues ballades (plus exactement des cantates) dans lesquelles elle raconte son expérience et qu'elle interprète seule en scène, s'accompagnant exclusivement à la guitare. Naissent ainsi "Vi parlo dell'America" (1965) et autres compositions pour arriver jusqu'à l'"Eroe" (1974). En 2002, elle grave, avec Francesco De Gregori, l'album "Il fischio del vapore" qui obtient un succès de vente sans précédent et fait enfin connaître son nom au grand public. En 2004, elle met en musique la "Ballata del carcere di Reading" et le "De profundis" d'Oscar Wilde.

En 2005, pour le Festival Angelica de musique contemporaine, elle compose la musique sur le texte de Pasolini "Le ceneri di Gramsci" qui sera exécuté par le cour Arcanto de Bologne et qui sera édité au disque en 2006 sous le titre "Le ceneri di Gramsci - Oratorio à plusieurs voix - du chant de tradition orale au madrigal d'auteur".

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En 1976, elle fonde son quatuor Vocal, pour lequel elle écrit des cantates, de "Correvano coi carri" (1977), pour arriver à "Sibemolle" et à la "Cantata del secolo breve" (inspirée de l'ouvre historique d'Eric Hobsbawm) présentée au théâtre de Vidy à Lausanne en 2001.

Après avoir travaillé sur les différents placements de voix : voix baroque, voix lyrique, voix contemporaine, voix traditionnelle, les chanteuses qui composent le quatuor appliquent les règles et les styles du chant traditionnel italien.

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La Torre di Babele s'inspire d'une légende, celle d'un héros que son peuple idolâtre mais qui a de la peine à se reconnaître dans les récits faits à son sujet. Il s'agit donc d'un récit chanté écrit pour les voix de Patricia Bovi, Francesca Breschi, Patricia Nasini et Giovanna Marini.

Un livre CD passionnant qui reconstitue le parcours créatif de cette très grande artiste :

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Giovanna Marini, Il Canto necessario
Ignazio Machiarella et Giovanna Marini
Editions Actes Sud


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Une interview dans "Périphéries"

En 1975 - année de la disparition tragique de Pasolini - , Giovanna fonde, avec un collectif de musiciens romains, l’école populaire de musique du Testaccio. Les artistes investissent alors les abattoirs désaffectés du quartier. En tête, un but simple.

Giovanna Marini : L’école est née avec pour seule ambition d’améliorer la vie du quartier. Et on a réussi parce qu’alors qu’hier encore, le Testaccio était une banlieue sordide de Rome, avec de la drogue à tous les coins de rue, aujourd’hui, l’endroit est presque le centre culturel de la ville avec des peintres, des vidéastes et des musiciens. Je ne sais pas si c’est lié directement à notre installation dans le quartier, mais le Testaccio existe à nouveau. Il revit. Il y a plein de caves musicales. C’est un petit Montmartre de la grande époque.

- Bien compris, mais au départ, dans le nom même que vos camarades et vous donnez à l’école, il y a ce « populaire » qui sonne comme un mot d’ordre... C’était une pétition de principe, ou non ?

G.M. : L’école n’est pas née pour s’adresser exclusivement à certaines catégories sociales. L’école était d’abord tournée vers le quartier et ainsi, elle était tournée vers tous. Mais c’est vrai que, dans les années 70, on croyait vraiment pouvoir fonder un lieu où viendraient des gens de toutes origines, y compris la classe ouvrière. On se trompait. En fait, nos élèves sont des fils de professeurs, de pilotes d’Alitalia, de dentistes, de gynécologues, de fonctionnaires d’Etat, etc. La petite bourgeoisie a investi l’école du Testaccio, et alors ? L’intention d’instruire, d’éduquer, d’améliorer la classe populaire a échoué, et plus personne à l’école n’a cette ambition en ces termes. Et ça n’est pas plus mal, parce que, dans les années 70, il y avait, dans cette idée d’éduquer les masses, de forts relents colonisateurs. Aujourd’hui, qui veut venir au Testaccio vient. Nous n’avons plus à aller chercher qui que ce soit.

Je retiens de l’évolution récente en Italie - pour s’en tenir au pays où je vis - qu’on a besoin d’une élite. Mais pas de cette élite incapable de communiquer. Il nous faut désormais des élites qui sachent informer les autres. A l’école populaire de musique du Testaccio, malgré le caractère apparemment blasphématoire et scandaleux par rapport aux idéaux des années 70, on n’a jamais rien fait d’autre que former une élite. Avec l’espoir qu’un jour, on puisse contaminer le pays entier.

- Vous travaillez, dans les conservatoires et dans les universités, avec des gens dont l’étude de la musique est le métier. Ces élites-là, elles vous comprennent ?

G.M. : C’est rare. Les musiciens professionnels se sont inventé une musique sérieuse, la musique écrite. Frileux, ils hiérarchisent. Peureux, ils établissent des barrières hermétiques. Toutes les musiques sont sérieuses, et peut-être plus encore, les musiques traditionnelles. En tout cas, une chose est sûre : il faut s’occuper sérieusement de ces musiques sous peine d’extinction rapide.

- Votre manière d’intervenir dans la société, ce sont aussi ces voyages mi-ethnologiques, mi-musicaux que vous faites de temps à autre dans les coins les plus reculés, pour y recueillir la matière première de votre répertoire, les chants traditionnels. Dans ces rencontres, qui apprend quoi à qui ?

G.M. : Les élèves qui m’accompagnent dans ces voyages ont toujours vécu en ville. Même s’ils ont à peu près tous des aïeux bergers, ils sont complètement coupés des réalités rurales, a fortiori de la vie dans les montagnes sardes ou calabraises. Du coup, les élèves découvrent toujours plein de choses. Mais c’est vrai que souvent notre intrusion, parfois brutale, dans les endroits les plus hors du monde réveille la mémoire. La dernière fois que c’est arrivé, c’était à Montadoro, un village de Sicile où ne vivent plus que quatre hommes et quatre chèvres. J’y étais allée dans les années 60 pour apprendre les chants. Et lorsque j’y suis retournée il y a deux ans, tout avait changé. Les habitants oubliaient. Ils s’oubliaient eux-mêmes. C’est terrible comme mouvement. Alors, on a demandé aux hommes de nous raconter leur vie, de chanter avec nous. Et là-bas, c’est reparti, je crois.

Thomas Lemahieu
avec Guido Romeo

Source : http://www.peripheries.net/

Et une longue interview parue dans "La Repubblica" ( http://www.repubblica.it/)

Giovanna Marini: "Il mio canto libero in un mondo che non crede più alla resistenza"

La musicista, cantautrice e ricercatrice etnomusicale: "Una sera venne ospite il grande folksinger americano Peter Seeger, amato anche da Bob Dylan. Dovevo fare da traduttore ma non sapevo lo slang. Fu surreale"

di ANTONIO GNOLI 30 marzo 2015

Giovanna Marini: 'Il mio canto libero in un mondo che non crede più alla resistenza'

Giovanna Marini 

PENSO che Giovanna Marini appartenga ad una certa sinistra scomparsa. Lei è ancora qui, ma gli ideali di giustizia e uguaglianza sono volati via da un pezzo. Non si sente, per questo, una sopravvissuta. Per curiosità vado ad una sua lezione dedicata al canto contadino. Temo il peggio. Mi accorgo che è una donna affabile e brillante, mentre  -  negli spazi del Macro di Testaccio  -  racconta un mondo visibilmente remoto. Dispiega le sonorità della sua voce particolare davanti a una platea di allievi che la segue e partecipa attivamente. L'età media è alta. Come la passione dopolavoristica di questo gruppo che nel canto sembra voler scoprire disciplina e bellezza, più che impegno e futuro. Con Giovanna c'eravamo visti un paio di giorni prima nella sua casa ai Castelli Romani. E ripensavo alla naturalezza delle sue parole. Una semplicità non artefatta combinata con un'idea di vita coerente. Una cantante fuori dalle mode e dalla tirannia del mercato: "Non ho mai avuto pose da artista ispirata. La mia musica del resto nasce dalla conoscenza precisa di un mondo che non c'è più e dall'indignazione e la protesta con cui alcuni hanno cantato e denunciato le ingiustizie e i soprusi. So bene che tutto questo ha un sapore oggi strano, desueto, inattuale. Ma quel mondo è stato e continua a restare la mia vita".

Tutta la vita sotto il segno della musica?
"Sì, decisamente. Mio padre  -  che non ho mai conosciuto, morì a 29 anni quando nacqui  -  era un compositore, allievo di Respighi e Casella. Un talento anarchico le cui musiche sono ancora eseguite. Mia madre ha insegnato a lungo al conservatorio. Questo era lo sfondo. Studiai pianoforte. Una complicazione seria a un braccio mi impedì di continuare. A nove anni fui spedita in Inghilterra e lì per un po' persi il contatto con la musica".

Quel viaggio perché?
"A causa di un disturbo serio agli occhi provocato dall'avitaminosi. Venivamo da anni tremendi. Improvvisamente la guerra ci aveva reso tutti più poveri. Non c'era da mangiare. La mamma, per giunta, era una donna fuori dal mondo. Incapace di procurarsi alcunché. Pensava che la "borsa nera" fosse non già il mercato parallelo e illegale per l'acquisto del cibo, ma letteralmente una borsa dal colore nero! Quando scoprì l'arcano vendemmo due pianoforti e una radio. Ma per me era tardi. Avevo cominciato a perdere la vista".

C'era la guerra?
"La guerra era finita da un po'. Era il 1947. Fui spedita in Inghilterra, non lontano da Londra, ospite di una zia, architetto di paesaggi. Vi restai più di un anno. La mia vista migliorò, grazie alle cure e soprattutto al cibo. Tornai a Roma e a 13 anni feci l'esame per entrare al conservatorio di Santa Cecilia. Avevano da poco istituito un corso di chitarra classica. Decisi di provare".

So che ha studiato anche con Andrés Segovia.
"Accadde dopo il diploma, quando entrai all'Accademia Chigiana di Siena per il corso di specializzazione. Ci rimasi due anni. Incontrai quest'uomo conformista, ortodosso, noioso che imprecava contro la musica moderna. Era perennemente circondato da una corte di spagnoli e di uruguayani. Ma quando imbracciava la chitarra avvertivi potente il prolungamento dell'anima".

La musica ha questo di prodigioso?
"La musica, certo. Ma non solo. Direi che ogni arte, se è grande, è in grado di portarci in un altro mondo".

Il suo mondo, però, non restò quello della musica classica.
"Sono le circostanze e gli incontri, oltre alle preferenze, a orientare il cammino di una persona. Non sono stata un'eccezione. Mi imbattei casualmente in un libro che raccoglieva i canti dell'Alta Savoia. Mi affascinava la metrica, la diversità sonora. Ne imparai alcuni a memoria. Cominciai così a interessarmi di canti popolari. Nel frattempo proprio a Roma Harold Bradley aveva fondato il Folkstudio".

Ci andò a cantare?
"Praticamente dall'inizio. Quando Bradley tornò in America fu Giancarlo Cesaroni a rilevarne la gestione. E a rilanciarlo grazie anche ad alcune intuizioni felici. Qui mossero i primi passi personaggi come De Gregori e Venditti. Per tornare a me, una sera venne a sen- tirmi Roberto Leydi. Mi disse che aveva coinvolto, per un giro di concerti, Pete Seeger, il grande folksinger americano al quale lo stesso Bob Dylan aveva tributato il suo omaggio. Seeger venne a cantare al Folkstudio. Io, che conoscevo piuttosto bene l'inglese, fui invitata a tradurre a braccio le cose che veniva dicendo a commento alla sue canzoni. Fu una serata surreale".

Cosa accadde?
"Per quanto sapessi l'inglese, non conoscevo le inflessioni e le sfumature dello slang americano. Dal pubblico cominciarono a ridere. Seeger si guardava nervosamente intorno. Insomma fu un esordio al quanto impacciato".

Che anno era?
"L'inverno del 1963. Leydi  -  che oltre a essere un grande etnomusicologo era anche un uomo paziente e generoso  -  malgrado l'incidente, mi chiese se volevo partecipare a Milano, alla casa della Cultura, alla presentazione del primo disco del Nuovo Canzoniere Italiano. Fu così che entrai in contatto con il meglio che in quel momento si produceva nella musica folk".

Chi conobbe?
"Non c'erano solo cantanti. Ma anche intellettuali e antropologi. Conobbi Ivan Della Mea, Michele Straniero, Gianni Bosio. Si aggiunsero i nomi di Umberto Eco, Dario Fo, Giangiacomo Feltrinelli, Giovanni Pirelli, Diego Carpitella, Franco Fortini".

Aveva un'idea circa il tipo di intellettuale che stava nascendo?
"Per quello che potevo capire e dalle conferme che ebbi in seguito era una figura totalmente staccata dal mondo accademico; legata alla Resistenza e insofferente di certi conformismi; curiosa di sperimentare i fermenti che provenivano dalla società. E questo valeva anche per scrittori come Italo Calvino, antropologi come Ernesto De Martino o compositori come Luciano Berio, Luigi Nono e Sergio Liberovici. Con alcuni di loro strinsi rapporti di lavoro e perfino di amicizia".

Non c'erano donne?
"C'erano, eccome. Franca Rame, Sandra Mantovani, Caterina Bueno e poi Giovanna Daffini. A molti, quest'ultima, dirà poco. Ma fu un personaggio fondamentale e non solo nella mia vita".

Nel senso?
"Fu Giovanna Daffini a insegnarmi come cantano le mondine, a farmi capire la differenza tra canto contadino e canto lirico. Il primo non sfoga nella testa, ha una risonanza facciale. È una tecnica che pone una differenza culturale rispetto al canto lirico. Quando ascoltavo Bella ciao  -  che non è in origine un canto partigiano  -  mi colpivano non tanto le parole quanto la voce in qualche modo "strozzata"".

Quell'anno lei cominciò dunque a collaborare con il Canzoniere.
"Cominciai e ben presto ci lanciammo in una serie di iniziative musicali che ci condussero l'anno dopo al Festival di Spoleto. Era il 1964. E una sera del mese di giugno cantammo le nostre canzoni contadine davanti a un pubblico ostile. Fummo assaliti dai fischi e dagli insulti. Una donna si alzò gridando: non ho pagato il biglietto per ascoltare cantare la mia donna di servizio. In un certo senso aveva capito che il nostro canto nasceva dalle classi umili".

E poi cosa accadde?
"Il giorno dopo arrivarono i fascisti decisi a boicottarci e a buttarla in rissa. Da Genova giunsero alcuni partigiani e un gruppo di "camalli", ossia i portuali. Ci difesero dagli assalti. Riuscimmo così a portare fino in fondo il nostro spettacolo. Furono giorni memorabili. Improvvisamente diventammo famosi".

So che subito dopo andò a vivere per un certo periodo in America. Perché?
"Seguii mio marito che di professione era fisico. Il suo trasferimento al Mit di Boston fu l'occasione per conoscere meglio un mondo che alla musica folk aveva dedicato passione, intelligenza, creatività. La prima cosa che feci fu di andare a trovare Pete Seeger. Lui suonava spesso al Club 47, una specie di Folkstudio, non lontano da Boston. Gli ricordai quella serata romana disastrosa. Rise. Mi presentò sua sorella Peggy che cantava non solo bellissime ballate con il banjo, ma ne studiava anche le origini. Facemmo amicizia in quel luogo che avrebbe visto la consacrazione solo un paio di anni dopo di Bob Dylan. Tornai in Italia nel 1966".

I suoi legami con l'antropologia e la letteratura quanto l'hanno aiutata?
"Direi tantissimo. Grazie a Ernesto De Martino e Diego Carpitella. Ma anche a Pasolini che fu per me uno stimolo straordinario, anche se del tutto involontario".

Lo ha conosciuto?
"Ci incontrammo nel 1960 a una festa pubblica. Strimpellavo Bach con la chitarra. Avevo appreso a suonarlo da Segovia. Si avvicinò questo giovane che mi chiese se avevo voglia di cantare. Pensai: ma guarda stò ignorante che mi interrompe. Feci un gesto, come per allontanarlo. Lui insistette. Disse: ci sono cose bellissime che si fanno con la voce. E intonò una villotta friulana. Solo un accenno. Rimasi stupita. Gli chiesi in quale libro aveva trovato il testo. Mi rispose che apparteneva alla tradizione orale. A quel punto cantai qualcosa anch'io. Con Pasolini ci rivedemmo poi nel 1968. Nel frattempo divenni amica di Laura Betti".

Che ricordo ne ha?
"Una donna aggressiva e generosa. Dotata artisticamente. Persa dietro la cucina e la puntualità. Una sera a cena si presentò tardissimo Luca Ronconi. Lei, inferocita, cominciò a insultarlo. C'era il povero Franco Zeffirelli che cercava di calmarla. E a stento alla fine ci riuscì".

Ha mai cantato altro a parte la canzone contadina e politica?
"Direi di no, feci però una tournée in Spagna con Renato Carosone e Gegé Di Giacomo. Renato era bravissimo al pianoforte. Lo suonava con tre dita. Ed era simpaticissimo: mangiate, mangiate. È tutto pagato, diceva".

Ha mai frequentato il mondo della tradizione napoletana?
"Troppo grande e profondo. Per calarsi in quel mondo occorre possedere il genio di De Simone. A un certo punto mi ero interessata, diciamo così, di alcuni fenomeni religiosi. Insieme ad Annabella Rossi, una ricercatrice e antropologa, ci incuriosimmo di una guaritrice che si mormorava avesse poteri straordinari".

Dove praticava?
"Non lontano da Napoli. Era chiamata Giuseppina del Glorioso Alberto. Il "Glorioso Alberto" era il nipote, un camionista morto in un brutto incidente sull'autostrada. Giuseppina, si disse, ne aveva inghiottito l'anima. E senza sapere che era morto, un bel giorno si mise a parlare con la voce del nipote. Identica. Un medico avrebbe diagnosticato un caso di isteria. Lei, furbissima, in quella zona poverissima del napoletano, non lontano da Castel Volturno, impiantò una piccola Lourdes. Venivano da tutta la Campania per farsi guarire. Un vero spettacolo".

Ma il suo interesse qual era?
"Per le litanie che il popolo cantava. Poi la vicenda ebbe un finale imprevisto e cruento. Qualche mese dopo Giuseppina la veggente fu ammazzata da un devoto al quale aveva garantito una sostanziosa vincita al totocalcio. Lui si indebitò e quando scoprì di non aver vinto niente perse il lume della ragione. Il denaro, questa "lingua" ritenuta universale, spesso stravolge le relazioni tra le persone".

Il suo lavoro non l'ha resa ricca?
"La ricchezza non è mai stata in cima alle mie priorità".

Si sente ancora di sinistra?
"Sento di essere me stessa con coerenza, nonostante le incertezze e i dubbi. Provengo da quel mondo, anche se non so più bene cosa oggi rappresenti. Se avessi vissuto una vita da politico sarei una sopravvissuta. Ma ho vissuto una vita da musicista. E allora eccomi ancora qui. La mia ricerca del canto popolare si è legata ai valori della Resistenza e della Costituzione. Avevo come punti di riferimento: Vittorio Foa, Pietro Ingrao, Bruno Trentin. Maestri e amici nel rispetto e nella fede nell'uomo. Era questa la mia sinistra".

E la fede in Dio?
"Avevo una madre profondamente cattolica. Alla morte di mio padre si votò alla castità assoluta, trovando nella religione un forte sostegno. Mi sembrò un modo estremo ed eccessivo di attaccarsi a Dio. Però non posso dire di non avere fede, se non altro perché ho un fratello sacerdote col quale a volte discuto. Siamo il risultato delle nostre radici, siamo la nostra terra".

Questa terra è la tua terra?
""Questa terra è stata creata per te e per me", cantava Woody Guthrie. Ci sono certe canzoni che dicono dove devi andare. Basta crederci e incominciare a camminare".

DISEGNO DI RICCARDO MANNELLI

Site : www.giovannamarini.it/

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