Danyèl Waro

invité aux Rencontres polyphoniques de Calvi en 2003 et 2008
Dernière mise à jour : 10/05/2017

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waro

Chanteur, poète et musicien réunionnais, Danyèl Waro réinvente sans cesse sa musique. Pour lui, le Maloya est une façon d'exprimer une revendication identitaire et de mettre en lumière les subtilités de la langue réunionnaise.

Né le 10 mai 1955 au Tampon, un village des Hauts de La Réunion, dans une famille d'agriculteurs, le jeune Danyèl passe des années difficiles à travailler la terre et à couper les cannes à sucre. Enfant, ses journées longues et pénibles lui rapportent le fruit de ses repas quotidiens : du maïs et des patates. Ce souvenir de la nature marque son imaginaire jusque dans sa création d'aujourd'hui : sa terre natale, ses fruits et ses racines sont la sève de ses chansons.

Pour la famille Waro, le temps de l'enfance n'est pas celui de la fantaisie. Le père du chanteur, partisan communiste, n'a pas pour principe de se laisser aller aux plaisirs artistiques, surtout à celui de la musique. Il faudra que Danyèl atteigne ses 18 ans pour entendre Firmin Viry faire vibrer les rythmes du maloya lors d'une fête communiste. Ce jour-là, la musique du « cafre », de l'esclave, « le maloya la case, maloya la cour » (maloya qu'on chante à la maison) marque profondément sa sensibilité.

Le choix du maloya

Danyèl hérite de son père la volonté de travailler, d'enrichir et de faire perdurer son patrimoine culturel. Il hérite aussi d'une conscience historique. Cette tradition qu'il vénère, c'est son passé qui tombe dans l'oubli, la mémoire de ses ancêtres souffrant en esclavage. C'est aussi la langue créole désormais si diffuse dans le français. Danyèl Waro, le créole blanc, le rouquin aux cheveux crépus, va donc se battre pour les peuples de La Réunion et pour leur mémoire. Et pour se battre, il va chanter.

Toutes ses revendications sociales et politiques, ses convictions, ses traditions, il les fait vibrer au son des graines de son kayamn. Le choix du maloya, n'est pas un pur hasard. A l'origine, ce chant de souffrance et de rage que les esclaves entonnent à la sortie des champs soulage la misère quotidienne. Danses et chants frénétiques de libération viennent amoindrir tant bien que mal les douleurs des hommes enchaînés, qui recomposent une communauté autour de ces moments furtifs d'humanité. Mais, tant que dure le colonialisme, le maloya est étouffé car la révolte bouillonne dans cet art interdit.

Conscience identitaire

Ce n'est que bien plus tard, lors des années 70, que le maloya refait surface avec une violence dérangeante : une conscience identitaire très forte surgit du peuple. Ziskakan, Baster, Alain Peters et Danyèl Waro, soutenus par le Parti communiste réunionnais (PCR), gênent les départementalistes qui n'ont alors qu'une idée en tête, au nom de l'unité : faire tomber dans l'oubli l'histoire et la culture de l'île.

Multipliant les rassemblements musicaux clandestins, favorisés par l'appui du parti communistes, les artistes, condamnés par les interventions des gendarmes, ne s'arrêtent jamais de chanter ; même si leur parole reste difficile d'accès pour une population qui n'est pas ou plus initiée au maloya. Fidèle à sa vision du monde, pacifiste et anticolonialiste, Danyèl Waro va jusqu'au bout de ses convictions en refusant d'intégrer le service militaire français en 1976. C'est menottes aux poignets qu'il est conduit vers la lugubre prison de Rennes, où 18 mois durant, il fera le point sur la situation de son île et commencera à écrire. « Romans ékri dans le zol en Frans », publié en 1978, témoigne de sa révolte contre la politique du député Michel Debré, qui fait exiler en métropole les fonctionnaires de l'Outre-mer « troublant l'ordre public ».

Hommage aux ancêtres

De retour à La Réunion, Danyèl Waro participe sans relâche aux kabars, ces regroupements d'artistes en lutte qui délivrent le maloya du silence et de la honte. D'origine malgache, le service kabaré ou service malgache est une véritable cérémonie rendue aux ancêtres. Sons de cloches, fumées et senteurs envoûtantes colorent l'esprit des kabars où Danyèl Waro, presqu'en transe, sous l'oil d'un public médusé, offre son maloya. Pour l'artiste, la musique se joue ainsi, en tee-shirt et en savates, libérée et décomplexée, même si le parcours spirituel et religieux demeure intact. Le musicien vit cette fête comme une survivance ultime de la langue de la mère et du père, la langue créole qui a soudé les ancêtres issus d'un brassage des cultures.« Pour moi Maloya, tu es la fleur qui m'a manquée quand j'étais petit », confie le chanteur en extase dans l'un de ses textes. Les récits d'amour, de peines et de joies de son peuple irriguent ses chansons. Danyèl donne une âme à la langue créole dont il s'empare : elle devient poétique, magnétique, et réveille les consciences de tous en rendant hommage aux ancêtres et à leurs descendants.
« Dans le maloya, on entend un peu de tout : de l'indien, de l'africain, du malgache, du breton... ». Toujours en train de créer et de s'ouvrir aux peuples divers de La Réunion, Danyèl compose pour la « réunionité » et la « batarsité ». Qu'elles soient noires, blanches, tamoules ou chinoises, les communautés et leurs diversités déploient l'énergie du métissage et d'une « Terre promise ».

Ascension artistique

Artisan habile, Danyèl Waro revendique les bienfaits de ses créations et de la précision du son des percussions qu'il confectionne de ses mains calleuses. Il crée ses propres moyens d'expression quand l'envie lui prend, en sculptant ses instruments dans l'atelier de sa case, en écrivant ses poèmes et en faisant résonner sa voix sur son maloya.La Réunion, terre d'exil, d'accueil et de passage stratégique de l'océan Indien, conserve de part son histoire de nombreux instruments traditionnels que Danyèl recrée. Le chanteur s'enthousiasme à confectionner le bobre malgache, les tambours indiens, le roulèr et le kayamn réunionnais en manipulant tout en finesse, les graines de safran, les tiges de fleurs de canne, les peaux de boufs qui résonnent en rythmes saccadés sur les pulsations du chant et de la danse. Ces instruments sont le produit d'une terre, son expression : ils en ont le grain, l'épaisseur et la matérialité. à la fois tissage et métissage, le maloya unit la nature et les cultures.

Malgré des débuts difficiles, Danyèl Waro poursuit son ascension artistique jusque sur les scènes internationales. La Réunion, comme point d'ancrage, a contribué à faire découvrir l'artiste par des festivals localisés d'abord dans la zone de l'océan Indien. Danyèl disait au départ s'exprimer pour le peuple réunionnais. Mais hors de son île, un autre public lui a fait prendre conscience de son « rôle artistique ». Son idéal d'ouverture, un maloya qu'il recrée sans cesse, l'impose sur les scènes internationales, de Sakifo - festival international de musique se déroulant à la Réunion - à Africolor - festival dédié à l'Afrique et à l'océan Indien dans l'Hexagone.

Respect des traditions

Dans le maloya qu'il réinvente, Danyèl Waro ne se lasse pas d'entremêler différents styles musicaux. D'Alain Peters, il a retenu le talent de l'écriture et la retranscription intime de la douleur. De Georges Brassens, le Réunionnais aime l'esprit rebelle et le rapport charnel aux mots. En septembre 2002, il triomphe sur son île à Piton Saint-Leu, lors d'un concert aux côtés du jazzman Olivier Ker Ourio : le maloya et le jazz fusionnent enfin. En mai 2003, le malgache Rajery enrichit de son valiha - citare traditionnelle en bambou - le maloya de Danyèl Waro. En 2004, le pianiste Meddy Gerville l'invite à partager la scène du festival de jazz en plein air. C'est une affiche inédite pour les fans du chanteur.

Danyèl Waro partage son art dans tous les coins du monde : Afrique, Europe, Chine, Québec... Il ne manque pas non plus, lors de ses retours chez lui, de continuer à militer pour le respect des traditions. En 2003, lors d'une tournée du nom de « Bitasyon fonkker », Danyèl et ses amis alternent festivités et réflexions sur le développement des Hauts de l'île.

Artiste accompli - musicien, chanteur et poète - Danyèl Waro est un homme entier, qui mêle sa vision du monde à celle de sa musique.

Source : RFO http://musiques.rfo.fr/article74.phpl

Le maloya est un rythme binaire et ternaire sur lequel les travailleurs des plantations chantaient leurs joies et leurs peines, des complaintes qui prennent leurs sèves au carrefour des cultures et des influences africaines, malgaches et indiennes. Le terme « Maloya » vient du malgache "Malahelo" qui renvoie à la mélancolie et à la tristesse mais qui signifie aussi "parler, exprimer".

Discographie

* Batarsité, 1994
* Sega la pente, 1996
* Foutan founkèr, 1999
* Bwarouz, 2002
* Sominnker, 2003
* Grin n syèl, 2006
* Aou Amwin, 2010
* Kabar, 2013

 

foutan
bwarouz

Grand Prix de l'Académie Charles Cros

Danyèl Waro vit sur l'île de la Réunion, dans les hauts de Saint-Paul. Dans son atelier, il fabrique les instruments traditionnels du maloya. Le maloya est le rythme traditionnel de l'île, le blues de la Réunion... Danyèl Waro est resté fidèle à la tradition acoustique de ce maloya et il en est le "héros" reconnu dans toute l'île. Musicien, mais aussi poète, il sait faire chanter le créole avec une émotion sans pareil.

Bwarouz

fff Télérama, Choc du Monde de la Musique, Recommandé Répertoire

C'est à la case, au bord de la petite route qui monte vers le Maïdo d'où l'on découvre un point de vue époustouflant sur le cirque de Mafate, qu'a été réalisé cet album. Un hymne à l'amour de la mère (Aneil), de l'enfant (Bino), de la femme (Sanm Ou). Le chant des peines et des joies de la Réunion. Le maloya de la révolte et de la fierté d'une batardise affirmée.

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Grin n Syèl

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Enregistré au Tampon, à deux pas de Trois Mares "Trwamar" où Danyèl Waro a passé son enfance, "Grin n Syèl" est le disque de la maturité sereine et joyeuse. Devinette: quel est le "grin" le plus long ? C'est le grain de pluie, parce qu' il tombe du ciel ! Et ce grin n syèl, c'est aussi une tache de rousseur, comme celles de Danyèl sur la photo de la pochette.

"Sur un feu roulant de percussions, Danyèl Waro fait crépiter la libre et voluptueuse parole du maloya réunionnais. Sorti de la clandestinité il a une vingtaine d'années, le maloya aurait pu se muer en folklore officiel, jouer jusqu'à la caricature son rôle de porte-drapeau des opprimés et conforter tous les déclassés de l'île dans un statut d'éternelles victimes. Mais grâce à de fortes têtes comme Danyèl Waro, l'ancienne musique des esclaves est restée fidèle à elle-même: une force d'insoumission poétique, appelant à l'autonomisation des consciences par la pratique voluptueuse du chant et de la mise en partage d'une parole créole non diluée."
Les Inrockuptibles, Richard Robert

"Danyèl Waro et ses musiciens produisent sur scène quelque chose d'unique: une musique absolument acoustique, faite d'instruments rudimentaires, mais qui sonne avec l'énergie d'un groupe rock survolté, dans tous les sens du terme."
Libération, Bouziane Daoudi

"D'une belle présence, écorché ou caressant, envoûtant ou d'une vivacité farouche, le chant créole de Waro emporte, comme un vent vagabond."
Le Monde, Patrick Labesse

"King Créole : Il reste le roi du maloya réunionnais, un blues gai aux rythmes ternaires éthérées (...) L'intense ferveur de Danyèl Waro est incomparable, qu'il chante à voix nue son spleen d'écorché ou qu'il joue vigoureusement des onomatopées et des percussions. Le tout habité par la poésie imagée du créole."
Télérama, Eliane Azoulay

"Dans le chant puissant de cet homme vibre l'âme du petit peuple créole de la Réunion (...) La passion de Danyèl Waro, ce chamane de l'Océan Indien, emporte tout." Le Nouvel Observateur, Bernard Loupias "Une des personnalités musicales les plus marquantes de l'océan indien... Un artiste rare, à tous les sens du terme."
Le Figaro, Bertrand Dicale

http://www.dailymotion.com/video/x1nx1w_danyel-waro-au-new-morning_events

lemonde

Danyèl Waro, porte-voix du maloya, musique et chant de La Réunion
Le Monde du 18.09.10

Le 21 juin, lors de la Fête de la musique, un ancien "chant voyou" a reçu les honneurs au Palais-Royal, à Paris. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture qui y a ses bureaux, célébrait l'inscription du maloya, la musique et le chant traditionnels créoles de La Réunion, au Patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'Unesco.
Après le discours, Christine Salem, chanteuse de maloya dont un nouvel album, Lanbousir, doit paraître le 11 octobre, chez Cobalt, a eu droit à la bise du ministre.
Cette prise de galons du maloya amuse Danyèl Waro, 55 ans, chantre le plus célèbre de la créolité réunionnaise, dont le sixième album, Aou Amwin, est sorti le 13 septembre. Car, longtemps, ce blues ternaire issu du chant des anciens esclaves travaillant sur les plantations de canne a été banni par les autorités françaises, interdit officiellement jusqu'en 1981.(*)
Le maloya est la fierté des Réunionnais, l'étendard brandi de leur identité créole. Il est le sang vif des kabars, ces fêtes réunissant famille et voisins qui durent jusqu'au bout de la nuit. Il est joué sur toutes les scènes du monde, porté notamment par ce diable blanc aux cheveux en pétard, Danyèl Waro, fils de petits planteurs, devenu star.
Un blanc porte-voix du maloya, musique aux racines noires ? "Les gens s'empêtrent dans leurs préjugés, assène Waro. La culture, sa marque, son identité, c'est ce qui entre dans les yeux, le nez, la bouche, les oreilles, et ce que l'on touche de la main." Danyèl Waro, le plus grand chanteur, poète et compositeur de maloya, a fait preuve d'une extrême méfiance vis-à-vis du métier d'artiste et de ceux qui l'approchaient pour lui proposer une carrière.
Peu enclin à fréquenter les studios d'enregistrement, il se montrait aussi fort discret à la scène. Mais l'homme a changé, et a désormais franchement envie de rencontres, de partages. Depuis Gafourn, une cassette datant de 1987, il a pris goût aux voyages, ne rechigne pas à quitter la case familiale où a été enregistré Aou Amwin.
En octobre, Waro repartira pour une tournée au cours de laquelle il va recevoir, à Copenhague, le Womex Artist Award, la distinction internationale la plus importante attribuée par les professionnels des musiques du monde. "Toute reconnaissance est bonne à prendre, mais je ne me sens pas vraiment concerné par celle des officiels pour le maloya, continue à dire Danyèl Waro. Il faut admettre néanmoins que c'est un joli pied de nez, cet intérêt soudain, quand on regarde l'histoire."
Après la départementalisation de La Réunion, en 1946, le maloya a été perçu comme le symbole de la révolte contre l'ordre établi. Le Parti communiste réunionnais faisait passer ses revendications à travers cette musique. "L'interdiction n'était pas directe mais plutôt officieuse, raconte le chanteur. A la fin des années 1950, on était dans un climat de répression générale. La droite poursuivait de ses assauts le Parti communiste réunionnais qui prônait l'autonomie. Tout rassemblement était interdit, tout "tapage" prohibé."
Le maloya, avec ses tambours, faisait beaucoup trop de bruit. Alors, il était joué en catimini, au fond des campagnes. Il faudra attendre l'arrivée de la gauche au pouvoir et la libéralisation des ondes, en 1981, pour que le maloya ait droit à la pleine lumière. Le combat n'était pas pour autant terminé.
Nourrie de différents apports, cette musique est d'abord "venue de l'esclavage", souligne Waro. "Cela a pris du temps pour qu'elle soit acceptée dans la tête de beaucoup de Réunionnais. Il y avait cette idée que ce qu'il y a d'Africain en toi peut t'empêcher de réussir dans la vie. Des Réunionnais pratiquaient une sorte d'autocensure, gommaient en eux tout ce qu'ils avaient d'africanité et de malgachité."
Danyèl Waro a découvert le maloya dans les années 1970, grâce à Firmin Viry, chanteur et alors militant du PC réunionnais. "Ce fut comme un choc. C'était de cela que j'avais besoin. Le maloya allait me donner la force et le courage de dire non. Après, j'ai refusé le service militaire." Il a passé ensuite deux années en prison pour insoumission. Un temps mis à profit.
Ses premiers textes datent de cette période de retraite forcée. "Le maloya, après avoir été pour moi comme un galet que l'on lance contre des CRS, est devenu une nourriture spirituelle. Il m'a remis en accord avec La Réunion, les gens, notre langue. Il me touche dans mes points les plus sensibles. Avec lui, je me soigne, je me tisane, m'envoûte moi-même."
________________________________________

Danyèl Waro en tournée.
Le 13 octobre à Poitiers ; le 14 à Massy ; le 15 à Schiltigheim ; le 16 à Marseille ; le 17 à Cenon ; le 21 à Tourcoing ; le 22 à Savigny-le-Temple ; le 24 à Brest. Le 5 décembre, à la MC 93 de Bobigny (festival Africolor).
Patrick Labesse

(*) Précisions apportées après la parution de cet article :
Musique et chant traditionnels créoles de La Réunion, le maloya n'a pas été "interdit officiellement jusqu'en 1981" par les autorités françaises mais, comme le précisait le chanteur Danyèl Waro dans l'article qui lui était consacré dans Le Monde du 20 septembre, "l'interdiction n'était pas directe mais plutôt officieuse. A la fin des années 1950, on était dans un climat de répression générale. La droite poursuivait de ses assauts le Parti communiste réunionnais qui prônait l'autonomie. Tout rassemblement était interdit, tout "tapage" prohibé".


Danyèl Waro, porte-voix du maloya, musique et chant de La Réunion
Un album de haute facture

Article paru dans Le Monde du 19.09.10

VOIX, PERCUSSIONS : le maloya de Danyèl Waro est une folie en soi, une série d'éclairs lumineux à haute énergie. Timbre haut et électrique, supplique basse prononcée sur un son de berimbau brésilien (l'arc métallique), avec flûte de milieu de nuit, chœurs soudés, le tout chanté dans un créole de plantation : Waro signe avec Aou Amwin un album de haute facture. Sur trois des quinze titres avec les chanteurs corses d'A Filetta, la vwa de La Réunion mène une barque transocéanienne, où l'île de Beauté fait figure d'encalminée.

Waro profite d'une paghjella méditerranéenne pour développer un poème de vague à l'âme comme seuls les enfants du commerce esclavagiste - ceux dont le corps a transhumé mais dont l'âme est restée « là-bas » - peuvent le faire. Il est d'une liberté absolue et il a trouvé un entourage (le label Cobalt, le festival Africolor) qui lui permet d'étirer l'histoire de son ami Salim, luthier possédé, sur plus de vingt minutes.

Cet acte absolument anticommercial, et beau, signe la force d'Aou Amwin, auquel la palette toujours surprenante des percussions du maloya - bois, peau, graines, sons rauques, sons profonds, sons secs - impose le rythme rural comme pulsion vitale.

Véronique Mortaigne

Aou Anwin

waro

Un très bel album (double) que nous offre Danyèl, avec dans trois morceaux quelques échos de la rencontre fructueuse avec A Filetta : L'invitu, A merula et surtout, le long morceau où A Paghjella di l'Impiccati rencontre Sin Bénwa. Superbe !

02/07/2010

Pour toi, pour moi...

et tous ceux qui aiment le maloya !

Si il arpente inlassablement les scènes du monde entier pour défendre le maloya, on peut pas vraiment dire que Danyèl Waro soit un stakhanoviste du studio : 6 albums depuis Gafourn en 1987 (eh oui, 23 ans déjà !). D´ailleurs, l'homme avoue volontiers préférer la musique vivante à la musique figée sur disque. Mais notre (im)patience est récompensée avec ce nouvel opus. Et là, miracle, car voilà un album exceptionnel à double titre. D'abord, c'est un double album, deux fois plus de Waro d'un coup. Et surtout, alors que ses précédents disques respectaient peu ou prou l´instrumentarium traditionnel du maloya, Danyèl Waro s'est décidé à laisser une trace discographique de ses nombreuses collaborations. Cheminement logique : ça fait un moment que le p'ti yab de Trois-Mares multiplie sur scène les croisements du maloya avec toutes sortes de musiques : musiques gnawas, corses avec A Filleta, tsiganes avec Thierry Robin, chanson avec Emily Loizeau, hip hop avec Tumi... Sans compter ses apparitions sur les disques d'amis, ses chansons reprises par d´autres (Meddy Gerville, Fabrice Legros, Yaëlle Trulles, etc...) ou même relookées electro dub par Jako Maron...

Double album, 112 minutes, 15 titres, donc beaucoup d'espace pour délivrer la musique et, c'est une première, des morceaux fleuves aux durées infinies (2 titres font plus de 15 minutes !). Le répertoire, comme souvent, mélange anciens et nouveaux morceaux (le plus ancien, Degaz anou vitman date de 1977).
Il y a beaucoup de temps forts, impossible de tout vous détailler, mais après plusieurs écoutes attentives, on peut affirmer que la musique de Waro est entrée dans une nouvelle dimension. Cette musique se joue définitivement des frontières, elle les efface, avec une impression troublante de socle commun à des traditions musicales pourtant éloignées. L'exemple le plus flagrant est la rencontre du maloya avec les polyphonies corses du groupe A Filleta, invité d'honneur de cet album.
La Corse et la Réunion, deux îles de beauté,  8000 kilomètres de distance, et pourtant la fusion opère à merveille : les polyphonies apportent une couleur religieuse aux titres "Sin Bénwa" et "L´Invitu" et les rythmes réunionnais font swinguer les invités corses. Partage a cappella, Waro chante en corse la comptine traditionnelle "A Merula" (Le Merle). Pour la relecture de "Mandela", c'est tout naturellement le sud-africain Tumi, fraîchement converti au maloya, qui dialogue en hip hop. "Veli", composé par Thierry "Titi" Robin nous rappelle les beaux concerts que Waro avait donné avec le musicien gitan, habitué lui aussi des confrontations musicales tous azimuts. "Sapèl la mizér" nous convie aux cérémonies malbar en compagnie de la famille Singaïny, sorte de long rêve éveillé sur fond de tambours malbar...
Et puis il y a cette apparition quasi mystique de la takamba, l´instrument fétiche d´Alain Peters, ici jouée magistralement par Damien Mandrin. Hommage vibrant au Parabolèr avec "Alin", titre émouvant et inspiré, l'esprit du défunt musicien plane dans l'air quand arrive la citation de la "Complainte pour mon défunt papa"...


Le tout est enregistré par l'impeccable Yann Costa et produit par le fidèle Philippe Conrath, âme du festival Africolor et du label Cobalt. Un album évènement, dense et intense, de quoi vous occuper tout l'hiver austral !
Pour la métropole, il faudra être patient, la sortie est prévue le 13 septembre. Profitez-en donc pour réserver vos places pour les nombreux concerts prévus dans l'hexagone ! 2010, année Waro ? Oui, mille fois oui, on vient tout juste d'apprendre que Danyèl Waro est le lauréat du prestigieux trophée du WOMEX, le plus important des salons consacré aux musiques du monde. Une récompense déjà obtenue en 2001 par un certain Nusrat Fateh Ali Khan, rien que ça ! Respect Monsieur Waro !

Tahitiansunset sur http://www.akout.com/mag/

Sixième album « solo » pour Danyèl Waro, toujours aussi bien entouré, par sa garde rapprochée (Dalo, Philéas, Abmon, Mandrin, Pageaux-Waro), ou par ses collaborateurs du temps d’un album, qu’il s’agisse du rappeur sud-africain Tumi ou des chanteurs polyphoniques corses d’A Filetta.

4 ans après « Grin n syèl », celui qui a fait sauter la mer au maloya vient de sortir « Aou Amwin », prouvant l’incroyable maturité de ses chansons de jeunesse, comme « Degaz Anou Vitman » ou « Larzan Karné », écrites à la fin des années 70 et présentes sur ce dernier opus. On y retrouve également « Mandela », apparue sur l’album Bwarouz, mais considérablement retouchée ici, qu’il s’agisse du « slam » de Tumi, ou des chœurs qui atteignent des sommets d’harmonie.

La rage vocale des débuts laisse pourtant place à un timbre lourd d’émotion et peut-être aussi de sagesse. Difficile de rester insensible aux incantations de Danyèl Waro, dont on sent la gorge comme nouée par les larmes coulées (Salim, Alin) ou à venir. Car c’est bien là la particularité du maloyer le plus respecté : sa voix.

Le maloya touche en général l’auditeur par le bouquet sonore que forme l’ensemble des percussions, chacune tenant une place précise et participant à ce sentiment de soulèvement, de roulement ininterrompu, d’emportement des corps et des esprits. Sans dénigrer le talent des percussionnistes du clan Waro, ce qui impressionne durablement dans « Aou Amwin », ce sont les voix, les chœurs, et la charge émotionnelle qu’ils apportent à ce disque. Certainement influencés par les harmonies corses à l’honneur sur les titres Sin Bénwa, A Merula et L’invitu, les choristes de Danyèl atteignent une subtilité rarement entendue sur un disque de maloya, rappelant parfois les harmonies de la musique médiévale (Kenya, Salim).

Evidemment l’ensemble des instruments traditionnels sont convoqués, avec même l’utilisation d’une sanza (Degaz Anou Vitman), instrument africain qui se rapproche (dans les sonorités) de la valiha malgache, utilisée anciennement dans le maloya sous l’appellation « nœud de bambou ». Morceau surprenant, Alin, dédié au grand Alain Peters, utilise une rythmique en partie électronique, et son instrument fétiche, la takamba.

On aura beau disserter sur la musique de Danyèl Waro, rien ne vaut l’expérience de la scène, c’est pourquoi nous vous conseillons vivement d’aller vous faire vous-même une opinion en ce mois de septembre, qui verra 4 concerts de la troupe, dont un gratuit à Manapany pour la clôture du festival Paroles du Sud, consacré au conte et à la poésie parlée.

Source : http://reunion.orange.fr/loisirs/culture-sorties/concerts/danyel-waro-maloya,572939.phpl

Le Womex Award 2010 a été décerné à Danyèl Waro.

Monmon

  • Danyèl Waro
    Monmon

Pochette de l’album « Monmon », de Danyèl Waro.

Pochette de l’album « Monmon », de Danyèl Waro. COBALT-BUDA MUSIQUE/SOCADISC

Entre Mozart et Telemann : Danyèl Waro !

Sélection albums : Mozart, Christophe Wallemme, Danyèl Waro…
A écouter cette semaine : un vent de folie dans la musique sacrée, un bassiste jazz tout en rondeur, une voix créole habitée…
lemonde.fr

« Eh dites-moi donc pourquoi ce serait plus beau maman que monmon », chante, en créole, Danyèl Waro dans Famila, qui ouvre cet album séduisant, son septième enregistré en studio.
D’entrée de jeu, il rappelle l’impérialisme sournois de la langue « du dehors » contre lequel il s’est toujours insurgé. La voix virevolte sur le rythme ternaire mené par le cœur battant du tambour roulèr et le roulis saccadé des graines du kayamb, ces percussions fondamentales du maloya, emblème musical et poétique de la créolité réunionnaise. Le chanteur ouvre le sens des mots à ceux qui n’ont pas le créole dans leur vie, avec les traductions et un lexique dans le livret. Sa poésie raconte des histoires, parle tendresse et spiritualité, égrène des hommages (notamment à toutes les « monmon »).
A sa voix répondent les polyphonies rayonnantes de ses musiciens. Son fils Sami Pageaux-Waro et sa femme, Florans Féliks-Waro apportent leurs couleurs, lui aux instruments, elle à la voix.
Et puis, il a invité Jean-Claude Acquaviva, l’ami du groupe de polyphonies corses A Filetta qui avait participé à l’album précédent Aou Amwin (Grand Prix de l’Académie Charles Cros). Monmon paraît juste après la réédition par Ocora Radio France d’un album de Firmin Viry (Maloya), celui qui a donné le goût du maloya à Danyèl Waro.
Patrick Labesse

1 CD Cobalt-Buda Musique/Socadisc.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/musiques/

 

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