Jazz

Dernière mise à jour : 14/05/2024

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Bien qu'elle soit à l'origine de ce site, la polyphonie corse est loin de constituer mon unique horizon musical. Je suis passionné de jazz depuis l'âge de dix-huit ans.
On trouvera sur cette page certains des musiciens de jazz qui m'ont le plus marqué.
Je ne vise en aucun cas l'exhaustivité, et on ne trouvera pas forcément ici de musiciens très connus dont la renommée n'est plus à faire, mais beaucoup de "petits maîtres" (sans aucune nuance péjorative) et des "coups de cœur" personnels. En bref, mes musiciens préférés.

C'est dire que mes choix sont entièrement subjectifs et ne sauraient représenter un échantillon représentatif de ceux qui comptent dans le jazz.

L'objectif est simplement de donner au visiteur/lecteur l'envie de découvrir des artistes dont certains sont très célèbres, mais aussi d'autres dont on entend rarement parler, mais qui n'en sont pas moins estimables.

De Eivind Aarset à Toku en passant par Gato Barbieri, Carla Bley et Andy Sheppard, voici quelques uns des musiciens que j'aime voir et entendre :    

NOTE : J'ai décidé, pour accélérer l'affichage de la page, de créér une page dédiée aux vidéos. Des liens permettent d'accéder aux vidéos sélectionnées pour chaque musicien.


L'actualité

Live & Kicking, le nouvel album de Giovanni Mirabassi

Le label Jazz Eleven présente l'album "Live & Kicking" de Giovanni Mirabassi (piano) et Rosario Giuliani (saxophone), fruit d'une collaboration mûrement réfléchie.
Cet album en live, enregistré au studio Ferber à Paris, rend hommage aux racines italiennes des deux musiciens et à leurs influences jazz américaines.

Il mélange compositions originales et reprises, dont "Yesterday's Dream" de Freddie Hubbard.
Avec des titres phares comme "Not Too Sad" et "Fellini’s Mood", l'album allie tradition et modernité, témoignant de leur carrière de plus de 30 ans et de leur approche artistique intemporelle.

Titres :
1 - Whisper Indeed
2 - Not Too Sad
3 - Live & Kicking
4 - Fellini’s Mood
5 - Tears, Blood & Sparkles
6 - Hidden Moon
7 - My Hidden Sky
8 - Yesterday’s Dreams

Mort du batteur Roy Haynes

Le musicien, dont la carrière s’étira sur sept décennies et le vit accompagner des géants tels que Charlie Parker, Thelonious Monk ou Chick Corea, avait 99 ans.
par Jacques Denis
publié le 13 novembre 2024

Après Quincy Jones et Lou Donaldson, c’est un autre vétéran qui vient de tirer sa révérence : Roy Haynes a définitivement lâché ses baguettes, à quatre mois de fêter son centenaire. Et comme ses deux cadets, avec le natif du quartier de Roxbury à Boston (Massachusetts) disparaît un dernier témoin de la révolution du bop. Après avoir fréquenté Lester Young, Roy Haynes fut d’ailleurs aux côtés de Charlie Parker dès 1949, mais aussi de Monk, notamment dix ans plus tard dans de légendaires sessions au Five Spot new-yorkais.

Dès lors, celui qui fut un remarqué sideman auprès de Sarah Vaughan va servir tous ceux ou presque qui auront écrit de grandes pages de l’histoire du jazz : Stan Getz, Jackie McLean, Roland Kirk, Sonny Rollins, John Coltrane, pour ne citer qu’un cinq majeur du saxophone. Mais au-delà de ses qualités de partenaire au drive si particulier, Roy Haynes se sera très tôt distingué en qualité de compositeur et leader. Dès 1959, We Three, trio superlatif sur New Jazz qu’il mène à la baguette avec Paul Chambers et Phineas Newborn, donne le cap.

Avec le quartet, le trio sera l’une de ses marques de fabrique, dont témoigne un autre disque que tout amateur se doit de posséder : Now He Sings, Now He Sobs avec Chick Corea et Miroslav Vitous. En cette fin des années 1960, Roy Haynes est sur de nombreux fronts, notamment avec son Hip Ensemble, une pulsation plutôt orientée vers le groove tendance libre. Pour se convaincre de ses qualités en la matière, il faut écouter Quiet Fire, où ses mains font danser les peaux comme rarement. Sur ce titre de 1977, tout l’art de Roy Haynes se déploie en huit minutes, une science de la suspension et un sens de la relance, un art des séquences percutantes et une fréquence démultipliée sur la caisse claire, sans parler de ses quasi-silences. En clair, une maîtrise plus que parfaite du drumming, où il ajoute un feeling hors pair, sans cesse souriant, aux anges même lorsque le tempo est d’enfer.

Toutes choses qui firent de lui un recordman en termes de sessions, avoisinant les 1 500 au compteur. Et que son nom fut bien souvent cité au moment des référendums. Comme en 2006, où il est élu meilleur batteur de jazz contemporain par les lecteurs du magazine Modern Drummer. Deux ans plus tôt, le vaillant octogénaire avait enregistré un bien nommé Fountain Of Youth, avec des petits jeunes dont il aimait la présence. Cinq ans plus tard, bon pied bon œil, Roy Haynes publiera Roy-Alty, où il s’élance dans un numéro à mi-chemin entre le scat et le slam au moment de reprendre, comme au bon vieux temps de ses vingt ans, Tin Tin Deo, classieux classique du cubop. Imparable.

Source : Libération



14/05/2024

David Sanborn, du souffle au cœur

Le grand saxophoniste alto natif de Tampa, Floride, s'est éteint ce dimanche 12 mai. Fred Goaty se souvient de lui.

Vous en connaissez beaucoup des saxophonistes qui ont aussi bien enregistré avec Stevie Wonder, Gil Evans, Miles Davis, Jaco Pastorius, Donald Fagen, les Rolling Stones, Steely Dan, James Brown, Carly Simon, John McLaughlin, B.B. King, Sting, John Scofield, Mose Allison, les Eagles, Marcus Miller, Eric Clapton, Tim Berne, Elton John, Bonnie Raitt, Hiram Bullock, Larry Carlton, Esther Phillips, Billy Joel, Bruce Springsteen, Linda Ronstadt, Eddie Palmieri, Aretha Franklin, Roger Waters, Cat Stevens, Dr. John, Tommy Bolin, David Bowie, Paul Simon, les Brecker Brothers, Steve Khan, Bob Berg, Bill LaBounty, Mike Stern, Roberta Flack, Mick Jagger, Garland Jeffreys, George Benson, Paul Butterfield, Bob James, Joe Beck, Dave Grusin, Tony Williams, Larry Coryell, James Taylor, Chaka Khan et Toto ?
Moi non plus. Si, il y en a un autre, son grand ami et frère de musique : Michael Brecker.

David Sanborn est mort hier, le dimanche 12 mai. Sur son compte Instagram, on peut lire ce message : « It is with sad and heavy hearts that we convey to you the loss of internationally renowned, six time Grammy Award-winning, saxophonist, David Sanborn. Mr. Sanborn passed Sunday afternoon, May 12th, after an extended battle with prostate cancer with complications. Mr. Sanborn had been dealing with prostate cancer since 2018, but had been able to maintain his normal schedule of concerts until just recently. Indeed he already had concerts scheduled into 2025. David Sanborn was a seminal figure in contemporary pop and jazz music. It has been said that he "put the saxophone back into Rock 'n Roll." »

J'ai eu le bonheur de voir David Sanborn maintes fois sur scène, dès le milieu des années 1980. Un autre merveilleux fantôme jouait alors de la guitare à ses côtés, Hiram Bullock, parti, lui, il y a bien longtemps, en 2008. À ses concerts, je retrouvais beaucoup de jazzfans de mon âge - 20 ans tout au plus - qui, comme moi, avaient une profonde admiration pour lui. Les puristes n'aimaient guère ce jazz mâtiné de pop, de funk et de soul ; nous n'avions que faire des puristes. Notre enthousiasme, notre fascination, notre amour pour sa sonorité si chantante et si puissante étaient plus forts que tout ; ses musiciens d'exception nous impressionnaient, son répertoire, truffé de compositions d'un certain Marcus Miller, c'était notre pop music instrumentale à nous : on achetait tous ses disques. On aimait tous ses disques. On aimait tous les musiciens qui jouaient sur ses disques, les plus grands des années 1970 et 1980 - la liste est trop longue, mais s'il fallait n'en citer qu'un, ce serait évidemment Marcus Miller, qui lui offrit tant de compositions mémorables, sans parler de ses talents de bassiste et de producteur.

Quelques années plus tard, en 1992, j'ai eu le privilège de l'interviewer une première fois pour Jazz Magazine. Il venait de publier l'un de ses meilleurs disques, "Upfront", celui avec cette incroyable reprise de Ramblin' d'Ornette Coleman. Je lui avais, je m'en souviens, dit toute mon admiration et, dès lors, nous étions restés en contact d'une manière ou d'une autre.

En 2005, j'étais allé à Londres pour la sortie du magnifique "Closer". Interview promo ? Pas le genre du monsieur. Nous avions traversé une petite partie de sa discographie qu'il commentait en réécoutant quelques disques auxquels il avait contribué Gil Evans, Paul Butterfield, Stevie Wonder, David Bowie, Ian Hunter, Larry Goldings, Tim Berne, et bien sûr les siens. Un moment inoubliable pour une cover story Jazz Magazine (n° 563, octobre 2005).

Plus tard encore, des conversations sans fin au bar de son hôtel parisien préféré, La Trémoille ; des ballades dans la Capitale pour écumer les magasins de disques (il cherchait des vieux Sidney Bechet avec Muggsy Spanier) ; des concerts dans des grandes salles, des festivals, des clubs (comme au Duc des Lombards), des émissions de télé (One Shot Not de Manu Katché)

Ces dernières années, David Sanborn s'était fait plus rare. "Time And The River", paru en 2015 et produit par Marcus Miller, restera comme l'ultime opus d'une série " culte " qui avait démarré quarante ans plus tôt avec le bien nommé "Takin' Off", auquel avaient succédé une kyrielle d'albums, dont le merveilleux "Straight To The Heart" de 1984, disque-phare de toute une génération ; elle pleure son sax heroe qui avait traversé tant d'épreuves dans la vie : la polio a failli l'emporter dans sa jeunesse et, plus tard, les excès des années 1970 aussi, et qui n'avait jamais oublié que c'est en voyant Hank Crawford jouer avec Ray Charles qu'il eut une révélation.

David Sanborn était très sévère, voire impitoyable avec lui-même. Il avait tort ! En son for intérieur, il savait bien que tout au long de sa carrière il avait touché des millions d'amateurs de musique. Mais l'humilité, cet orgueil des grands angoissés, n'était pas la moindre de ses qualités. Il nous manquera. Non : il nous manque déjà beaucoup.

Source : Jazz Magazine

Christian Escoudé a définitivement posé sa guitare

Nous venons d'apprendre la disparition du guitariste, à l'âge de 76 ans. Au nom de Jazz Magazine, Philippe Vincent lui rend hommage.

Christian Escoudé est décédé ce 13 mai à Saint-Amant de Boixe, petite commune charentaise o&ughrave; il s'était retiré il y a quelques années avec son épouse Gisèle et un de ses fils. Il venait de publier il y a un mois ce qui restera son dernier disque, "Ancrage", après une longue carrière qui l'avait emmené aux quatre coins du monde en compagnie de quelques monstres sacrés du jazz.

Natif d'Angoulême, il était le fils d'un guitariste d'origine manouche amateur de Django Reinhardt qui jouait dans les bals de la région les weekends et qui lui transmit l'amour de la guitare.

Christian commença sa carrière professionnelle à 21 ans à Monaco dans l'orchestre d'Aimé Barelli avant de s'installer à Paris où il accompagne Jean Ferrat, Nicole Croisille, Michel Fugain et est vite adoubé par les jeunes musiciens trentenaires de l'époque, Aldo Romano, Michel Graillier, Jean-François Jenny-Clark, Bernard Lubat, Eddy Louiss et bien d'autres.

Puis sa vie fut une suite de rencontres prestigieuses avec des jazzmen de renom avec lesquels il tourna ou enregistra. Parmi eux, Charlie Haden, John McLaughlin, Martial Solal, Lou Levy, Billy Higgins, Lew Tabackin ou Billy Hart.

Si ses origines manouches pouvaient transparaître dans son jeu, c'était aussi un héritier du bebop qui n'avait de cesse de vouloir faire évoluer son style et son répertoire avec un langage toujours très personnel qui le distinguait de la plupart de ses confrères guitaristes. Le jazz français perd l'un de ses grands talents.

Philippe Vincent

Source : Jazz Magazine

21/03/2024

Sylvain Luc est décédé brutalement dans la nuit du 13 au 14 mars

Sylvain Luc avait le sens de la note, du rythme, de l'harmonie, de la mélodie dans la peau. Son silence brutal nous laisse sans voix. En 1993, il sortait son premier disque solo Piaia. Trente ans après, alors qu'il s'éloigne dans les ténèbres, son nouvel album solo voit le jour. Simple Song sort le 20 avril, comme un hommage à l'humilité de son auteur.

"Le cœur de Sylvain s'est arrêté hier brutalement. Mon c�ur n'a plus de mots pour partager avec vous le départ de Sylvain. Nous avons toujours marché main dans la main, le sourire au cœur et la musique à l'âme, je vais donc donc lui tenir la main encore pour ce dernier voyage" écrit sa femme, la guitariste Marylise Florid. On ne peut que penser à ce superbe disque complice qu'ils ont nommé D'une Rive à l'autre.

Ce géant de la guitare a joué avec des musiciens comme Wynton Marsalis, Steve Gadd, Lokua Kanza, Michel Legrand, Elvin Jones, Dee Dee Bridgewater, Manu Katché, Stéphane Belmondo, Michel Portal, Bobby Thomas JR, Andy Sheppard, Alain Caron, Bernard Lubat, Steve Lukather, Keyvan Chémirani, Victor Bailey, Larry Coryell, Al Di Meola, Didier Lockwood, John Mc Laughlin, Billy Cobham, Richard Bona, Médéric Collignon, Stefano Di Battista ou encore Philip Catherine, Bernard Lubat, Alfio Origlio...

"Mon admiration pour le jazz vient de mon admiration pour des êtres libres. Mais je me sens toujours mal quand on m'enferme dans une case" disait-il dans un entretien avec Francis Marmande en 2013 pour le journal Le Monde.

18/10/2023

Carla Bley, compositrice de jazz, arrangeuse et provocatrice, décède à 87 ans

Sa musique, qui allait des miniatures de chambre aux fanfares hurlantes, était empreinte d'une subtile subversion.

By Nate Chinen
Oct. 17, 2023

La compositrice, arrangeuse, chef d'orchestre et pianiste Carla Bley en prestation en 1982. Elle fut qualifiée d'avant-gardiste au début de sa carrière, mais sa musique a toujours gardé une place pour l'harmonie tonale. Crédit...David Corio/Redferns, via Getty Images

Carla Bley, compositrice, arrangeuse et pianiste irrépressiblement originale, responsable de plus de 60 ans de provocations astucieuses dans et autour du jazz, est décédée mardi à son domicile de Willow, un hameau du nord de l'État de New York. Elle avait 87 ans.

Son partenaire de longue date dans la vie et la musique, le bassiste Steve Swallow, a déclaré que le décès était dû à un cancer du cerveau.

L'œuvre influente de Carla Bley allait de délicates miniatures de chambre à des fanfares robustes et hurlantes, avec toutes les variations possibles entre les deux.
Elle a été qualifiée d'avant-gardiste au début de sa carrière, mais ce terme s'appliquait davantage à son attitude subversive qu'au caractère formel de sa musique, qui gardait toujours une place pour l'harmonie tonale et le rythme standard.

A l'intérieur de ce cadre, Carla Bley a trouvé de nombreuses possibilités de confondre les attentes et d'entretenir des contradictions.
Dans la biographie « Carla Bley » de 2011, Amy C. Beal a décrit sa musique comme «  vernaculaire mais sophistiquée, attrayante mais énigmatique, joyeuse et triste, idiote et sérieuse à la fois  ».
Certes, peu de compositeurs de la génération de Carla Bley ont été aussi prolifiques ou polymorphes dans leur production tout en projetant un point de vue identifiable.
Elle a écrit des chansons élégantes qui sont devenues des standards du jazz, comme «  Ida Lupino  » et «  Lawns  » ; des morceaux de big band cinématographiques et ardents, comme «  Fleur Carnivore  » ; des réarrangements iconoclastes d'hymnes nationaux et de morceaux classiques ; et des projets ambitieux et inclassables comme son opéra jazz-rock «  Escalator Over the Hill  ».

Initialement publié sur trois LP, "Escalator Over the Hill" a été nommé "album de l'année" par l'hebdomadaire britannique Melody Maker en 1973, la même année où il a remporté le Grand Prix du Disque, la récompense la plus prestigieuse en France pour les enregistrements musicaux.
Avec un livret surréaliste du poète Paul Haines, une distribution comprenant certains des plus grands noms du jazz de l'époque et les voix de Linda Ronstadt et Jack Bruce du groupe de rock Cream, il capturait l'esprit confus et insubordonné de l'époque, tout en consolidant le éléments du style de Carla Bley.

Ce style pourrait être très intéressant, comme le notait John S. Wilson une décennie plus tard dans le New York Times :
« Elle a fait un usage puissant et dramatique d'ensembles aux couleurs sombres, du tuba comme instrument soliste ou au cœur d'un passage, de solos de trombone qui pouvaient être extrêmement amples et flatulents ou chaleureux et recueillis, d'ensembles de fanfares au son ironique et irrégulier, de saxophones qui allaient d'un style classique à une explosion avant-gardiste stridente.

Le répertoire de Carla Bley en tant que leader comprenait un big band composé de certains des plus grands musiciens de New York ; un sextet fusionesque, qui comptait dans ses rangs Larry Willis au piano acoustique et électrique et Hiram Bullock à la guitare ; et un trio de chambre mettant en vedette Steve Swallow et le saxophoniste Andy Sheppard.
Elle a été la première chef d'orchestre et arrangeuse du Liberation Music Orchestra, l'ensemble à l'esprit révolutionnaire formé par le bassiste Charlie Haden en 1969, et a continué à le diriger en hommage après la mort de Charlie Haden en 2014.

Lorsqu'elle a été reconnue comme National Endowment for the Arts Jazz Master en 2015, Carla Bley a exprimé son étonnement, toujours convaincue de son existence marginale.
"Lorsque j'ai fait ma première tournée en Europe avec mon propre groupe, le public m'a lancé des choses - surtout de fruits, mais aussi des bouteilles" , a-t-elle déclaré en 2016. "J'ai adoré. Personne d'autre n'a reçu de fruits. C'est tellement merveilleux ! J'appréciais tout ce qui arrivait et sortait de l'ordinaire.

Carla Bley chez elle à Willow, New York, en 2016. « Je suis une compositrice qui joue aussi du piano  », a-t-elle dit un jour, « et j'ai parfois l'impression que je devrais porter une pancarte sur scène disant : "Elle a écrit la musique" ». Crédit...Lauren Lancaster pour le New York Times

Née Lovella May Borg à Oakland, en Californie, le 11 mai 1936, Carla Bley est arrivée à la musique en grande partie grâce aux soins de son père, Emil Carl Borg, organiste d'église, chef de chœur et professeur de piano. Elle avait 8 ans lorsque sa mère, Arline (Anderson) Borg L'enfance de Carla Bley a été dominée par les réunions religieuses plutôt que par les films ou la culture pop.

« J'étais plongée dans la religion, trempée dedans, terrifiée à l'idée d'aller en enfer », se souvient-elle en 1974.
Mais elle était aussi une anticonformiste instinctive et, à l'adolescence, elle s'était libérée de ces amarres religieuses, initialement pour s'intéresser au patinage à roulettes de compétition.

Elle découvre le jazz à 12 ans, lors d'un concert du vibraphoniste Lionel Hampton.
À 17 ans, elle traverse le pays en auto-stop jusqu'à New York, épicentre de la scène jazz.
Elle travaille comme vendeuse de cigarettes à Birdland, où le Count Basie Orchestra était souvent en résidence.
« J'étais juste cette fille d'Oakland vêtue d'une robe verte que j'avais confectionnée moi-même, qui avait l'air totalement déplacée, peu new-yorkaise, vendant des cigarettes », se souvient-elle. "Je pense que j'étais remarquée."

Un musicien l'a remarquée : le pianiste Paul Bley. Ils se sont mariés en 1957 et il l'a encouragée à écrire ; la plupart de ses premières compositions figuraient sur ses albums. Le célèbre compositeur George Russell a fourni une validation supplémentaire lorsqu'il lui a demandé d'écrire pour son sextet.
Certains de ses autres morceaux, comme «  Ictus  » et «  Jesus Maria  », ont été enregistrés par le trio du clarinettiste et saxophoniste Jimmy Giuffre, avec Steve Swallow et Paul Bley.
Le jazz connaissait une révolution créative dans les années 1960 et, en partie par association, Carla Bley s'est retrouvée au centre turbulent d'une avant-garde émergente. Elle a été l'une des fondatrices de la Jazz Composers Guild, qui recherchait de meilleures conditions de travail pour les musiciens.
Bien que de courte durée, cette association a donné naissance à une institution productive : le Jazz Composer's Orchestra, que Carla Bley a formé avec le trompettiste autrichien Michael Mantler. Après avoir divorcé de Paul Bley en 1967, elle a épousé Mike Mantler.

Carla Bley laisse derrière elle une fille issue de ce mariage, la chanteuse, pianiste et compositrice Karen Mantler, et Steve Swallow, son partenaire depuis plus de 30 ans.

Carla Bley en concert à Amsterdam en 1989. Crédit... Frans Schellekens/Redferns, via Getty Images

À la fin des années 1960, Carla Bley était largement reconnue comme une compositrice pleine d'idées nouvelles : l'éminent vibraphoniste Gary Burton a présenté sa musique en exclusivité sur «  A Genuine Tong Funeral  », un album de RCA sur lequel il dirigeait un ensemble comprenant Michael Mantler, le saxophoniste Gato Barbieri et le tuba et saxophoniste baryton Howard Johnson, entre autres.

Ceux-ci et d'autres musiciens issus des rangs du Jazz Composer's Orchestra formaient le noyau du personnel de «  Escalator Over the Hill  ».
Alors qu'il était destiné à être publié sur un label majeur, Carla Bley et Michael Mantler furent déçus par les négociations avec ce label et formèrent JCOA Records pour le publier - avec le New Music Distribution Service, un distributeur à but non lucratif pionnier pour les sorties indépendantes.
Après avoir reçu une bourse Guggenheim pour la composition en 1972, Carla Bley et Mike Mantler ont formé un autre label, Watt.
Il a sorti plus de deux douzaines de ses albums au cours des 35 années suivantes, distribués via ECM Records.
Carla Bley a eu un contact plus que passager avec le rock : en 1975, elle a rejoint un groupe avec Jack Bruce à la basse et Mick Taylor des Rolling Stones à la guitare. Et elle a écrit toutes les chansons de «  Nick Mason's Fictitious Sports  », un album de 1981 crédité à Nick Mason, le batteur de Pink Floyd, avec Robert Wyatt, ancien de Soft Machine.

Au cours des années 2010, Carla Bley a concentré une grande partie de son énergie sur le Liberation Music Orchestra, préservant la vision musicale de Charlie Haden ainsi que son engagement en faveur de l'activisme social de gauche : elle a inclus une nouvelle version de sa composition de la fin des années 60 " Silent Spring  » sur le cinquième album de l'orchestre, «  Time/Life  », sorti en 2016.

En tant qu'interprète, elle a travaillé principalement avec Andy Sheppard et Steve Swallow, effectuant des tournées internationales et sortant plusieurs albums pour ECM.

Carla Bley devant son domicile en 2016. Crédit... Lauren Lancaster pour le New York Times

Présentant certaines des compositions les plus épurées et les plus séduisantes de Carla Bley, ces albums - dont le plus récent, «  Life Goes On  », est sorti en 2020 - mettent aussi naturellement en lumière son jeu de piano, qui a longtemps été une source de sentiments mitigés pour elle.

«  Je suis une compositrice qui joue aussi du piano  », a-t-elle déclaré au journaliste allemand Thomas Venker en 2019, «  et j'ai parfois l'impression que je devrais porter une pancarte sur scène disant «  Elle a écrit la musique  ».

Mais en parlant au Times en 2016, Carla Bley a noté avec satisfaction que les particularités de son jeu étaient personnelles :
« Personne ne joue comme moi - pourquoi le feraient-ils ? Donc si j'ai eu une influence, ce serait peut-être s'ils décidaient de jouer comme eux-mêmes. En d'autres termes, l'idée de ne pas jouer comme n'importe qui est une façon de jouer. »

© 2023 The New York Times Company - Traduction JCC

L'hommage de Paolo Fresu sur Facebook :

E' mancata all'età di 87 anni la pianista, organista, compositrice, arrangiatrice e direttrice d'orchestra Carla Bley. Nata in California nel 1936 con il nome di Lovella May Borg e trasferitasi in giovane età a New York ha collaborato con i più grandi musicisti del mondo e ha portato linfa vitale, soprattutto attraverso le sue composizioni e i suoi progetti orchestrali, al jazz del mondo dimostrando anche la forza e l'importanza del jazz al femminile. Questo perde una delle figure più emblematiche, enigmatiche e rappresentative della storia e la sua visione creativa e geniale ha permeato il passato e il presente della musica contemporanea. Impossibile tracciare l'elenco infinito delle opere e delle collaborazioni in seno alle quali ha sempre portato un afflato libertario, lirico e coraggioso. "The Lost Chords find Paolo Fresu" è stato il progetto discografico che abbiamo portato in giro per l'Europa assieme a Steve Swallow, Andy Sheppard e Billy Drummond ed è stata per me una esperienza arricchente ed entusiasmante sotto il profilo musicale ed umano. Il mio e nostro pensiero va a Steve che ha sacrificato questi anni di carriera per starle vicino ed accompagnarla fino alla morte, avvenuta questa mattina nella sua casa di Willow (NY). Paolo

La pianiste, organiste, compositrice, arrangeuse et chef d'orchestre Carla Bley est décédée à l'âge de 87 ans. Née en Californie en 1936 sous le nom de Lovella May Borg et s'installant très jeune à New York, elle a collaboré avec les plus grands musiciens du monde et a apporté une contribution vitaleau jazz dans le monde entier,, notamment à travers ses compositions et ses projets orchestraux, démontrant également la force et l'importance du jazz féminin. Ainsi disparaît l'une des figures les plus emblématiques, énigmatiques et représentatives de l'histoire ; sa vision créative et ingénieuse a imprégné le passé et le présent de la musique contemporaine. Impossible de retracer la liste infinie d'œuvres et de collaborations au sein desquelles elle a toujours apporté une inspiration libertaire, lyrique et courageuse. "The Lost Chords find Paolo Fresu" était le projet d'enregistrement que nous avons emmené à travers l'Europe avec Steve Swallow, Andy Sheppard et Billy Drummond et ce fut pour moi une expérience enrichissante et passionnante d'un point de vue musical et humain. Mes pensées - nos pensées - vont à Steve qui a sacrifié ces années de sa carrière pour être proche d'elle et l'accompagner jusqu'à sa mort, survenue ce matin chez elle à Willow (NY). Paolo (Traduction JCC)

Mort de Carla Bley, grande figure du jazz des années 1970

Sa silhouette étrange et son éternelle frange ne paraîtront plus sur nos scènes. Avec le décès de Carla Bley ce 17 octobre à 87 ans, c’est un demi-siècle de modernité, d’exigence artistique et de classe sans faille qui disparaît.

Publié le 18 octobre 2023 à 10h02

Née en 1936 d’une mère pianiste et d’un père qui jouait de l’orgue et dirigeait un chœur d’église, Lovella May Borg apprend la musique en même temps que ses premiers mots. La musique, elle ne l’étudiera jamais dans un cadre scolaire et, plus tard, dira tout devoir à l’expérience acquise à l’église. à l’adolescence, le jazz l’appelle à travers des concerts de Lionel Hampton, de Gerry Mulligan et de Chet Baker. Elle prend la route pour New York et commence à hanter le Birdland, fameux club de jazz où elle se retrouve employée comme vendeuse de cigarettes, peluches et photographies.

«« C’était merveilleux, se rappellera-t-elle. Mince! Il fallait descendre ces longues marches, être saluée par un nabot qui vous montrait des photos porno, puis aller dans les toilettes, endosser son uniforme et partir vendre ses cigarettes. Mais je ne vendais rien, parce que je voulais seulement écouter la musique, et si quelqu’un me demandait un paquet de Lucky, je lui répondais d’attendre que le solo soit fini. »» Vient le jour où, tel le prince d’un conte de fées, le pianiste Paul Bley lui achète des cigarettes dans le seul but de lui parler. Amour, mariage, voici Lovella rebaptisée Carla, épouse Bley, et travaillant comme ouvreuse dans un cinéma tout en se passionnant de plus en plus pour l’écriture musicale.

Les débuts dans l’ombre de Paul Bley

Paul Bley sera le premier à enregistrer une de ses compositions (« O Plus One », sur Solemn Meditation, sorti en 1957), puis à consacrer à sa musique un album entier (Barrage, sorti en 1965). Bley est alors associé au bassiste Steve Swallow et au clarinettiste Jimmy Giuffre dans une formation free qui, dépourvue de batterie, impressionne les esprits avant-gardistes de l’époque. Encore dans son ombre, Carla commence néanmoins à se faire un prénom. Giuffre se montre intéressé par ses compositions et les enregistre à son tour, Swallow les fait découvrir à Art Farmer et à George Russell, Tony Williams lui en passe commande « J’étais le magasin et ils venaient acheter quelque chose », plaisantera-t-elle.

En 1965, la jeune femme, séparée de Paul Bley et remariée avec le trompettiste Michael Mantler, fonde avec ce dernier son premier big band, le Jazz Composers Guild Orchestra, bientôt rebaptisé Jazz Composer’s Orchestra. Ce dispositif ouvert permet au musicien qui l’intègre d’être tour à tour exécutant, producteur et compositeur. Devenue proche de Charlie Haden, Carla arrange pour lui l’album Liberation Music Orchestra en 1970 et s’impose comme une figure centrale de l’innovation en jazz.

L’année suivante sera celle de sa consécration. Enregistré entre 1968 et 1971 avec un Jazz Composer’s Orchestra élargi à près de quarante musiciens et chanteurs (dont Jeanne Lee, John McLaughlin et Linda Ronstadt), Escalator Over the Hill apparaît comme une œuvre sidérante d’imagination, balayant en près de une heure trente et six faces d’albums des genres aussi divers que le cabaret, le rock progressif, la soul ou le free jazz, le tout modelé en une sorte d’opéra dont le livret est signé Paul Haines.

Une artiste indépendante

Attachée à son indépendance artistique, Carla Bley fonde en 1973 le label WATT, avec l’aide de Michael Mantler. Pour son premier album comme leader à part entière, elle fait notamment appel à Gato Barbieri (sax ténor), Dave Holland (contrebasse), Paul Motian (batterie) et Julie Tippetts (qui sous le nom de Julie Driscoll avait d’abord chanté de la pop aux côtés de Brian Auger). Dure, imprévisible, et d’une immense dignité de sentiment, empruntant à Kurt Weill, aux musiques sud-américaines ou à l’ironie nostalgique de Nino Rota, la musique de Bley échappe aux évidences et aux classifications hâtives.

Dans la seconde partie des années 1970, elle se montre également habile à tracer une route personnelle entre rock, funk et jazz, en trio avec Jack Bruce (ex-Cream) et Mick Taylor (ex-Rolling Stones), avec le groupe Stuff (présent sur l’album Dinner Music) ou aux côtés de Robert Wyatt et du batteur de Pink Floyd (pour qui elle compose l’album Nick Mason’s Fictitious Sports). Mais c’est surtout à la tête de son grand orchestre, le Carla Bley Band, qu’elle étend son influence d’oiseau rare, impossible à encager. Ses dons pour l’écriture et pour la direction se révèlent alors pleinement. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter son orchestration du thème de Huit et demi (composé par Nino Rota), ou encore Musique Mecanique, chef-d’œuvre d’expressionnisme grotesque et funèbre enregistré en 1979, puis repris partiellement pour la bande originale du film Mortelle Randonnée, de Claude Miller.

La symbiose avec Steve Swallow

Mince, outrageusement maquillée et coiffée comme un fantôme japonais, Carla Bley n’a guère besoin de clamer son féminisme pour s’imposer : sa séduction est naturelle, nimbée de mystère et évidente à la fois. «Je n’ai jamais eu le moindre problème lié à mon sexe, déclarait-elle. Jamais, ni de la part d’un musicien, ni de celle de quiconque. » Jambes hautes et poitrine débarrassée de soutien-gorge, elle en impose ellement que Steve Swallow, qui entre dans son groupe à partir de 1978, ne parvient pas à lui déclarer sa flamme. Il faudra qu’elle-même s’agenouille et lui allume son cigare (sur la pochette de l’album Night-Glo, en 1985) pour que la complicité amoureuse s’établisse enfin, par-delà la musique. « Quel mec pourrait laisser passer ça ?, s’amusera le timide bassiste au souvenir de cette photo. Je la courtisais depuis 1959, mais ma cour était tellement subtile et embarrassée que personne n’en savait rien, elle la dernière ! »

Enfin parvenu à ses fins, Swallow devient l’alter ego indissociable de Bley, l’amour renforçant la symbiose musicale, et vice-versa (« C’est une histoire romantique, nous sommes toujours follement amoureux», déclarait encore Carla à 82 ans). Dans les premiers temps, cette idylle se traduit pourtant par une musique peu ambitieuse et qui surprend par son hédonisme. Après avoir arrangé et composé une partie du bouleversant Ballad of the Fallen de Charlie Haden, Bley renonce pour un temps aux grands orchestres et verse dans un jazz-rock insipide, auquel elle ne trouvera d’issue qu’en élaborant un duo plus dépouillé avec son compagnon.

L’entrée dans la légende

Revenue depuis le début des années 1990 à une musique plus ambitieuse, tour à tour opulente et austère, Carla Bley ne cessera plus de composer, en variant à chaque fois les formats d’exécution : du Very Big Band au petit ensemble de musique de chambre (le somptueux Fancy Chamber Music, en 1998) en passant par le duo avec Swallow, voire le trio, quand le couple est rejoint par le saxophoniste Andy Sheppard (Songs With Legs, en 1994). Viendra la maturité, puis la vieillesse, mais rien de ce qu’elle écrira et interprétera ne sera jamais anodin, routinier ou destiné à établir un compromis avec le commerce. «Carla a développé une écriture très simple et épurée, expliquait Swallow. C’est parfait pour l’improvisateur, car alors il peut s’en emparer et rajouter ce qui avait été retiré. C’est une relation symbiotique parfaite. »

Quant à son art de la conduction d’orchestre, il était lui aussi empreint de simplicité. «En tant que leader, je n’ai jamais été du genre à dire à quelqu’un ce qu’il avait à faire, avouait-elle. Je n’avais qu’à regarder ce qu’il faisait et à l’employer et tout allait bien. » Sans doute est-ce cette liberté qu’offrait Carla Bley à ses musiciens qui, jointe à son humour, à sa curiosité et à son insatiable soif de musique, explique le caractère jouissif de son œuvre, perceptible jusque dans ses éventuelles aridités avant-gardistes. Respectée par tous pour sa singularité et sa parfaite intégrité, Carla Bley a gagné une place éternelle dans le cercle restreint des plus grands compositeurs de jazz.

On a appris hier la disparition d’une légende du jazz�: Carla Bley s’est éteinte à l’âge de 87 ans.

Hommage à cette pianiste et compositrice, à son sens de la mélodie, de l’harmonie et du contrepoint que l’on a envie de décortiquer, de transcrire pour tenter d’en tirer le mystère...

En écoutant ce choral jazz extrait de l’album Social Studies sorti en 1981, je pense à la compositrice exceptionnelle qu’était Carla Bley. Je pense aussi à Erik Satie que la musicienne adore puisqu’elle qui a dit un jour au journaliste Frank Oteri quel choc elle avait ressenti en découvrant les accords inauguraux du ballet Parade de Satie sur un magnétophone que lui avait donné son père pianiste quand elle était petite. A Satie, Bley emprunte les enchaînements d’accords richement ornés et qui se juxtaposent comme les colonnes d’un temple grec, les motifs accrocheurs aussi qui vous restent dans la tête ainsi qu’un certain goût pour la mise en scène et l’humour comme en témoigne cet extrait de l’album Musique Mécanique, un clin d’œil peut-être au Ballet Mécanique de George Antheil.

Une Musique Mécanique dont le premier mouvement s’ouvre d’ailleurs sur un accordage inutile et purement esthétique des instruments façon orchestre symphonique autour d’un La à 440 hertz. Un geste classique qui nous rappelle aussi que Carla Bley a également composé pour des orchestres symphoniques avec piano concertant. Je pense notamment à ce méconnu 3/4, une valse envoûtante à trois temps comme son nom l’indique et qui s’emballe façon concerto de Chostakovitch !

Carla Bley tient la partie de piano et enregistre ce 3/4 en 1975 aux côtés de Michael Mantler, un compositeur avec lequel elle donnera naissance à la musicienne Karen Mantler ainsi qu’au Jazz Composer’s Orchestra en 1965. Une formation avec laquelle Bley et Mantler enregistrent l’opéra jazz « Escalator over the Hill ». Une œuvre composée sur plusieurs années, où le free jazz rencontre le rock, les musiques traditionnelles indiennes, Burt Bacharah et les comédies musicales cyniques de Kurt Weill !

A côté du colossal Escalator over the hill, il faut aussi mentionner des miniatures écrites pour des formations de chambre classiques. A l’opposé du Banana Quintet 100% jazz mais dont le titre fait référence au Quintette "la Truite" de Schubert, on peut mentionner le disque Fancy Chamber Music paru en 1998. Sur des arpèges à la Bach et ses notes qui trainent et dissonent doucement, un violoncelle suit le chemin d’une partition écrite par Carla Bley, celle qui tient la partie de piano de cet End of Vienna, cette fin de la Vienne classique, une fin qui peut s’entendre comme il vous plaît.

La compositrice et jazzwoman Carla Bley est décédée
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Publié le mardi 17 octobre 2023 par Radio France

La pianiste et compositrice de jazz Carla Bley est décédée

La pianiste et compositrice de jazz Carla Bley est décédée © Getty - Frans Schellekens

Pianiste, organiste, leader de premier plan et compositrice aux œuvres protéiformes, autant inspirées par le jazz que la musique classique, religieuse et folklorique, la jazzwoman américaine Carla Bley est décédée ce mardi matin. Elle avait 87 ans.

C’était l’une des rares femmes à se démarquer dans le monde masculin du jazz en tant que compositrice et non en tant que chanteuse. Plusieurs standards du répertoire de jazz portent son nom, dont Sing Me Softly Of The Blues, Mother of the Dead Man, Ida Lupino, Vashkar et Ictus. Après plus de 70 ans de carrière et près de 60 albums, la compositrice et pianiste Carla Bley nous a quittés ce mardi matin à l’âge de 87 ans, nous apprend son compagnon, Steve Swallow.

De Karen Borg à Carla Bley

Née le 11 mai 1936, Carla Bley, de son vrai nom Lovelly May Borg, est rapidement initiée à la musique par son père, professeur de piano et maître de chœur d’église. Musicienne autodidacte préférant fuir les cadres académiques, elle part s’installer à New York à l’âge de 17 ans. Elle gagne sa vie en tant que vendeuse de cigarettes au club de jazz Birdland, où elle croise et côtoie la crème du jazz américain. Elle fait notamment la rencontre du jazzman Paul Bley, qu’elle épouse en 1957, et part en tournée avec lui, sous le nom de Karen Borg.

À Los Angeles, Paul encourage sa femme à se lancer dans la composition, voyant en elle une mélodiste et créatrice aux talents innés. Il assure la création des premiers morceaux de sa femme avec son trio, aux côtés d’Ornette Coleman et de Don Cherry. Le couple se sépare en 1967, mais Carla décide de garder le nom Bley.

De retour à New York, les compositions de Carla Bley attirent l’attention de nombreux artistes et sont interprétées par les plus grands noms du jazz, dont Jimmy Giuffre, George Russell, Art Farmer, le Liberation Music Orchestra de Charlie Haden, Gary Burton, Steve Lacy, John McLaughlin, Jaco Pastorius et Michel Portal, mais aussi Nick Mason, batteur du groupe de rock Pink Floyd.

Egérie de l’avant-garde

En 1964, elle participe avec son nouveau compagnon Michael Mantler à la création de la Jazz Composers’ Guild, qui rassemble alors le meilleur des musiciens de free jazz. Ensemble, Bley et Mantler deviennent des pionniers dans le développement de labels indépendants et dans la distribution d’enregistrements de musique improvisée créative. Elle co-dirige également le Jazz Composers' Orchestra ainsi que le label JCOA (Jazz Composers Orchestra Association Inc.) qui édite de nombreux d'enregistrements de Clifford Thornton, Don Cherry et Roswell Rudd.

En 1971, Carla Bley signe l’œuvre majeure de sa carrière, projet d’une ambition rarement égalée dans l’histoire du jazz : Escalator Over The Hill, une « chronotransduction » sous forme d’opéra de plus de deux heures aux influences éclectiques, faisant appel à 53 musiciens issus de divers mondes musicaux différents, qu’elle signe avec l'écrivain et poète Paul Haines.

Toujours aller de l’avant

à partir de 1975, elle réunit une dizaine de musiciens pour fonder un nouvel ensemble, le Carla Bley Band, ensemble au répertoire éclectique et polyvalent. Musicienne protéiforme, elle se produit sur scène entre les années 1980 et 2000 au sein de diverses formations, du duo au big band en passant son trio avec son nouveau compagnon Steve Swallow et le saxophoniste Andy Sheppard.

Artiste à l’esprit créatif inépuisable, elle ne cessa de continuer à composer et arranger, d'enregistrer et de se produire sur scène au cours des années 2010. Opérée d'une tumeur du cerveau en 2018, elle sort en 2020 son dernier album au titre prophétique : Life Goes On (La vie continue).

Découvrez ----> la page consacrée à Carla Bley avec notamment sa discographie complète et une série d'émissions d'Alex Dutilh : Carla Bley, la muse et la musicienne

Un inédit de Coltrane bientôt disponible !

EVENINGS AT THE VILLAGE GATE :JOHN COLTRANE WITH ERIC DOLPHY Sortie le 14 juillet.

village gate

Impulse a exhumé de ses archives un enregistrement inédit de John Coltrane et Eric Dolphy, saisis en été 1961 lors de concerts au Village Gate.
"Evenings at the Village Gate" retrouve l'esprit créatif et innovant de la rencontre entre Coltrane et Dolphy, capturant un moment particulier du voyage de Coltrane vers les influences africaines.

Le pianiste légendaire Ahmad Jamal est mort

L'immense figure du jazz, Ahmad Jamal, s'est éteint à l'âge de 92 ans. Véritable légende, il a inspiré de nombreux musiciens grâce à son style, son talent et sa longévité.

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Ahmad Jamal, disparu le 16 avril, était une grande étoile du jazz mondial.
La légende du célèbre pianiste, compositeur et chef d'orchestre américain a commencé en 1958 grâce au très grand succès de sa version du titre Poinciana. Autre album culte, Awakening, sorti en 1970, fait partie de la culture musicale universelle. Très vite, Ahmad Jamal s'est imposé comme source d'inspiration pour beaucoup d'artistes... À commencer par les grands du jazz, comme Miles Davis, jusqu'à la scène hip-hop d'aujourd'hui : un grand nombre de ses morceaux ont été repris par des rappeurs tels que Nas, Common, Jeru The Damaja ou encore Kanye West.
Quel que soit le secteur musical, Ahmad Jamal laisse derrière lui un immense héritage pour les nouvelles générations.

Un artiste à contre-courant

Né Frederick Russell Jones à Pittsburgh, en Pennsylvanie, il grandit dans une famille afro-américaine très modeste. En 1950, il se convertit à l'islam et change de nom. En plein mouvement pour les droits civiques, et alors que de nombreux jazzmen prennent publiquement position, Ahmad Jamal ne se place sous aucune bannière et reste à l'écart du "Black Power".
Dans les années 1950, pendant que les musiciens de be-bop pratiquaient une véritable surenchère en termes de vitesse de jeu, Ahmad Jamal, lui, affirmait un toucher cristallin et un véritable éloge du silence. Puis, dans les années 1960, alors que le jazz expérimente l'abstraction au travers de la vague free, le musicien américain reprend les tubes de Stevie Wonder. Il se voit alors accusé de verser dans un jazz purement commercial. Et enfin, dans les années 1970, le jazz se tourne vers la fusion lorsque lui revient aux sources avec son album The Awakening sobre et acoustique.

Un style inimitable mis au service du trio

Le pianiste qu'était Ahmad Jamal n'a pour autant jamais opté pour le solo, excepté dans son dernier disque. La sophistication des arrangements pour le trio, sa forme privilégiée, confère à l'ensemble une sonorité très particulière et deviendra sa "signature". Son style est décrit comme fondé sur la surprise, les ruptures, l'utilisation des silences, aux accents romantiques, avec un phrasé à la fois dynamique et léger. Au milieu des années 1990, Ahmad Jamal donne à son trio une énergie et des couleurs nouvelles en intégrant Manolo Badrena, un percussionniste brillant et explosif, parfait contrepoint à son jeu sophistiqué.

Le pianiste américain aura attendu son 89e anniversaire pour faire un album solo, Ballades... ou presque, puisque le contrebassiste James Cammack, son fidèle partenaire de trio, fait quelques apparitions sur trois morceaux. Au mot jazz, le pianiste a toujours préféré celui de " musique classique américaine". " La musique classique européenne est représentée par Bach, Brahms, Ravel, Debussy, Beethoven, Chopin... la musique classique américaine l'est par Duke Ellington, Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Sidney Bechet", disait-il à Télérama en 2017.

Une longévité hors norme

Avec au moins 80 albums au compteur, Ahmad Jamal a traversé la scène artistique musicale pendant sept décennies. Ahmad Jamal at the Pershing : But Not for Me, un disque sorti en 1958, marque le début de son succès. Il reste plus de 100 semaines au palmarès du Billboard, le classement américain des titres les plus populaires. Selon le New York Times, c'est devenu l'un des disques instrumentaux les plus vendus de l'époque. Un fait rare pour les jazzmen, peu habitués à côtoyer le sommet des charts. Son secret ? " Je vis une vie passionnante et, lorsque vous vivez une vie intéressante, vous continuez à découvrir", avait-il confié à l'AFP en 2012. Comment expliquer cette longévité ? Défricheur, Ahmad Jamal n'a jamais cessé de se réinventer. " Les musiciens s'épanouissent, se construisent. Certaines choses de base sont toujours là dans ma musique, le sens mélodique par exemple, mais la densité du son a changé avec l'âge, et la partie rythmique devient plus élaborée", avait-il poursuivi. Malgré l'âge, l'enfant de Pittsburgh n'a jamais renoncé à la musique. Dans une interview accordée au New York Times fin 2022, Ahmad Jamal déclarait : " J'évolue toujours, chaque fois que je m'assois au piano". " J'ai toujours des idées nouvelles".

Une inspiration pour toutes les générations de musiciens

Ahmad Jamal a influencé le travail de musiciens tels que le trompettiste Miles Davis et le pianiste McCoy Tyner. Mais i l est aussi une véritable figure de mentor pour la nouvelle génération de pianistes. C'est le cas du pianiste azéri Shahin Novrasli dont la complicité musicale avec le géant du jazz s'est confirmée en 2016 à Paris. Une transmission évidente s'est opérée entre eux lors de l'enregistrement de l'album Emanation, co-produit par Ahmad Jamal.

En 2017, il recevait un Grammy Award pour l'ensemble de sa carrière. Dix ans plus tôt, il était fait chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres de France, où le jazz a encore ses aficionados.Il était l'un des tout derniers grands de cette génération dorée du jazz américain des années 50 : Ahmad Jamal s'est éteint ce dimanche à l'âge de 92 ans dans son domicile du Massachusetts des suites d'une longue maladie.

Cet immense musicien avait passé quasiment toute sa vie derrière un piano, subjuguant par sa maîtrise, sa créativité et son art du rythme et des silences. Son jeu fut ainsi longtemps un mélange de sobriété et de sophistication, d'improvisation modale, de rythmiques puissantes au son feutré.

Source : francetvinfos

Mars 2023

La disparition de Wayne Shorter

L’emblématique saxophoniste de jazz Wayne Shorter est mort à 89 ans à Los Angeles, ce jeudi 2 mars, a annoncé le quotidien américain New York Times, citant son attachée de presse. Le géant de la musique américaine a été l’un des compositeurs les plus influents du genre.

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Le saxophoniste américain légendaire Wayne Shorter, ici aux côtés du pianiste Danilo Perez de son quatuor, lors du Citoria Jazz Festival, en Espagne, le 15 juillet 2008 © Vincent West / Reuters

Avec une carrière de plus d’un demi-siècle, Wayne Shorter a façonné le jazz et ses changements majeurs, notamment dans les années 1960 et 1970, à la fois en tant que leader de groupe et aux côtés d’autres géants, tels que Miles Davis, Art Blakey, Joni Mitchell et Carlos Santana. Sa mort a été confirmée par son attachée de presse, Alisse Kingsley, auprès du New York Times et du Washington Post, sans citer la cause du décès de ce musicien né en 1933 à Newark, près de New York.

S’il est devenu une star avec son album Speak No Evil de 1964, celui qui fut aussi un compositeur très admiré avait déjà marqué les esprits en tant que directeur musical des Jazz Messengers d’Art Blakey et membre du Miles Davis Quintet, de 1964 à 1970. Au sein de celui-ci, son mélange d'harmonies à la fois complexes et mélodiques a aidé le groupe du trompettiste à briser la frontière encore très hermétique entre le jazz acoustique, le jazz électrique et le rock, avec ses compositions comme « Nefertiti » ou « Sanctuary », sortie dans le légendaire disque Bitches Brew, en 1970.

Wayne Shorter a ensuite à nouveau marqué le genre avec le jazz fusion, notamment en fondant le groupe mythique Weather Report, qui a eu dans sa formation le légendaire bassiste Jaco Pastorius.

Un saxophone au « discours un peu plus rêveur »

« Même si ça n'est pas un chef de file, comme John Coltrane ou Charlie Parker, qui tout d'un coup ont montré la voie, il a apporté beaucoup à l'histoire du jazz, a estimé à l'AFP Franck Bergerot, journaliste et auteur de plusieurs livres sur Miles Davis. C'est un personnage, un poète, quelqu'un de complètement à part, qui a contribué à de grandes histoires puisqu'il a été le directeur musical d'Art Blakey et un compositeur important », poursuit l'historien.

En 1960, il a 26 ans lorsqu'il est embauché par Art Blakey dans ses Jazz Messengers : depuis lors, et jusqu'à ce que sa santé ne se détériore subitement début 2019, ce saxophoniste ténor et soprano était quasiment toujours resté au sommet. En toute discrétion. « Elle s'est distinguée par rapport aux voix plus viriles du hard bop, note Franck Bergerot en citant le subgenre du jazz auquel ces grands noms ont été associés. Il a incarné une sorte de voix médiane, un discours un peu plus rêveur. »

Ce style, ce phrasé un peu de travers, ces chorus jamais conventionnels, fait de suspensions, de déroutants changements de direction et de tempo, vont s'épanouir pleinement chez Miles Davis. La musique de climats que prône le célèbre trompettiste, contrastant avec le hard bop d'Art Blakey plus rentre dedans, lui libère des espaces.

Excellant aussi bien au saxophone soprano qu'au ténor, Wayne Shorter s'est révélé éclectique et a abordé de registres musicaux très variés: il a ainsi accompagné à de nombreuses reprises le Brésilien Milton Nascimento - qui l'a qualifié lors d'une publication en son hommage « l'un de ses meilleurs amis, un frère que j'aimais énormément », « aujourd'hui est un des jours les plus difficiles de ma vie » -, le Malien Salif Keita, la Canadienne Joni Mitchell et même les rockeurs britanniques des Rolling Stones, le guitariste mexicain Carlos Santana ou encore la chanteuse pop new-yorkaise Norah Jones.

Le saxophoniste américain Wayne Shorter aux côtés de Joe Zawinul, son collègue du groupe Weather Report , à Juan-Les-Pins le 18 juillet 1984.
Le saxophoniste américain Wayne Shorter aux côtés de Joe Zawinul, son collègue du groupe Weather Report , à Juan-Les-Pins le 18 juillet 1984. AFP - ERIC GAILLARD

Source : www.rfi.fr

Octobre 2022

"The Swan and the Storm" de Giovanni Mirabassi

Pour son nouveau projet, Giovanni Mirabassi réunit un quartet explosif : le volcanique Guillaume Perret au saxophone, qui laisse ici loops et amplis de côté pour présenter un jeu exclusivement acoustique, le jeune talent Clément Daldosso à la contrebasse et l'excellent Lukmil Perez à la batterie�
Parution chez Jazz Eleven - Label & Production�
?? "The Swan and the Storm"
Giovanni Mirabassi (piano)
Guillaume Perret (saxophone)
Clément Daldosso (contrebasse)
Lukmil Perez Herrera (batterie)

Avril 2021

Tristan Mélia, un pianiste à découvrir

Né de parents mélomanes, Tristan Mélia fait partie de ces musiciens investis très tôt dans la musique. Après avoir écouté Barney Wilen et Claude Nougaro au berceau, il manifeste dès 9 ans un talent et une envie débordante pour l’improvisation et la mélodie. Soutenu dans sa démarche par ses parents, il s’engage dès l’âge de 12 ans dans un travail intensif qui passe par l’écoute de Michel Petrucciani, Keith Jarrett, Barney Wilen et des cours particuliers avec Laurent Hernandez sur Nîmes.

À 13 ans le jeune pianiste intègre l’I.M.F.P. de Salon-de-Provence où il développe son jeu et sa technique auprès de Mario Stantchev, Philippe Petrucciani, Francesco Castellani, Benoit Paillard, Michel Zenino. Durant cette période, il se produit en solo, en trio et affine son jeu en écoutant Bill Evans. Après un rapide passage au Conservatoire de Lyon où il rencontre Franck Avitabile, il intègre le conservatoire de Digne - Manosque dans la classe de Christophe Leloil et Benoit Paillard.

Pianiste professionnel à 18 ans, il enregistre un EP, « Un Moment Loin de Toi ». Soucieux de progresser et d’améliorer encore sa pratique il fait une rencontre déterminante, celle du pianiste Giovanni Mirabassi qui lui prodigue cours et conseils. A 20 ans, il décroche son DEM et continue à perfectionner son jeu au fil des rencontres musicales. Il développe aussi un grand intérêt pour la composition.

En septembre 2018, avec Thomas Bramerie (contrebasse) et Cédrick Bec (batterie) il entre au Studio Recall où Phillipe Gaillot enregistre les douze pistes de l’album « No Problem ».

(Eléments biographiques empruntés à Latins de Jazz)

J'ai découvert ce jeune pianiste à la lecture de la critique dans Télérama (n° 3717) de son dernier disque, "Mistake Romance" (voir ci-dessous). Dès les premières notes, j'ai été enthousiasmé par ce pianiste. Si on sent les influences de Giovanni Mirabassi et Michel Petrucciani, Tristan Mélia affirme une personnalité singulière et pleine de promesses. Sitôt après avoir écouté Mistake Romance, j'ai découvert son premier disque, No Problem, qui est également excellent.

Mistake Romance

melia

Être ou ne pas être essentiel ? Telle est la question, comme on disait autrefois au royaume de Danemark. Loin de ne se poser qu’aux seuls artistes ou commerçants, si soudainement — et avec quelle violence — décrétés superflus l’an dernier, elle vaut pour tous depuis que la gestion s’est substituée à la politique, avec ses plus et ses moins, ses comptes sordides et ses leçons infantilisantes.
Comme pour bien marquer le coup, Tristan Mélia ouvre ce disque avec une pièce intitulée The Essential. Retour au réel, le seul qui vaille : l’essentiel. Pour un pianiste, c’est dans la solitude qu’il se cultive, quand la beauté se détache du silence et que les sentiments se découvrent pas à pas, dans l’abandon de soi.

À 24 ans, Mélia a encore le grand courage du romantisme, cette santé des temps mauvais. Parfois, il lui donne des accents et des tournures que l’on a entendus ailleurs, chez Chopin notamment. Mais cela n’amoindrit pas la force de ses compositions. Quant aux standards, ils sont tous approchés avec une fraîcheur ravissante et un bel appétit, ainsi ce Soul Eyes d’anthologie où Mal Waldron paraît chevaucher de concert avec J.S. Bach. Non essentiel, un disque pareil ? Il faudrait marcher sur la tête pour le penser.

Louis-Julien Nicolaou (Télérama n° 3717)

latins

Clin d’œil à Tristan Mélia & « No Problem »

par | 2 mai 2019 | Chorus

Un jazz qui coule de source

Annoncé pour le 03 mai 2019, l’album « No problem » du pianiste Tristan Mélia porte un titre qui lui sied tout à fait. Sa musique s’écoule avec fluidité et enthousiasme. Le jeune musicien inscrit son propos dans la tradition du jazz… et ça coule de source !

Sur « No Problem » (Jazz Family/Socadisc) le jeune pianiste Tristan Mélia réunit à ses côtés l’émérite contrebassiste Thomas Bramerie et le batteur Cédric Beck. En huit compositions originales et quatre reprises, le trio de Tristan Mélia propose un album accompli.

Tristan Mélia ne se contente pas de jouer du piano et de composer. Avec pudeur et simplicité, il se livre et dévoile sa perception du jazz sur les trois pages du livret où il présente lui-même son album et ceux avec qui il l’a réalisé (musiciens et ingénieur du son). Cette démarche d’écriture peu courante révèle sans doute une profonde fibre artistique et un fort engagement. Pour lui…

« … le jazz est une famille… » : à l’écoute du disque, les propos musicaux restituent de vraies relations d’échange et de réciprocité entre le pianiste et ses compagnons avec lesquels il entretient des relations complices. Par ailleurs, quoi de plus logique que son premier album soit réalisé sous le label Jazz Family !

couverture de l'album No Problem de Tristan Mélia

« … le jazz est un langage… » :  là encore Tristan Mélia fait plus qu’en posséder les codes. Il les maitrise avec brio, qu’il s’agisse de blues, de ballade, de valse ou de swing.

« … le jazz est un jeu… » : cela aussi transpire à travers les douze plages de l’album. En effet, l’opus laisse percevoir l’ambiance symbiotique du trio qui devise, s’amuse, joue et improvise avec aisance au-dessus des portées et au cœur des harmonies. On capte le plaisir ludique que prend le pianiste à enregistrer cette musique de jazz constitutive de son identité musicale.

Au fil des titres

Jamais ostentatoire, le pianiste développe un jeu virtuose à la fois dense et léger. Avec élégance, il transforme les notes en émotions palpables qui évoluent tout au long des douze titres de l’album.

L’album ouvre avec une reprise inspirée de No problem, la composition de Duke Jordan. On se souvient de la superbe version que Barney Wilen donnait de No Problem dans l’album « La Note Bleue » sorti en 1987 et que le pianiste encore nourrisson a peut-être écouté. Le trio revisite le thème avec une énergie ludique. Le piano regorge de fougue, la contrebasse s’amuse sur les 4/4 avec la batterie au jeu fluide et souple.  Le climat évolue et le piano se fait tendre puis exalté sur Too Young To Go Steady de McHugh.

Le trio interprète ensuite cinq compositions du pianiste. Le style funky de Just A Memory permet d’apprécier un chorus inventif du piano suivi d’un enthousiasmant solo de batterie. Le trio joue ensuite le nostalgique P.P.P. réchauffé par le son boisé de la contrebasse. Sur un tempo ternaire, Dernier Espoir tourbillonne avec souplesse et engage le trio dans une ivresse collective enivrante qui laisse place ensuite au groove bluesy de Why Not Blues, conçu par Tristan Mélia le matin même de l’enregistrement. Après le début nuancé de C Minor, on saisit la force expressive du piano virtuose.

Sur May Be September de Percy Faith, le jeu romantique du piano inspire ensuite une tendre mélancolie. Advient alors La valse Du Clown, une composition écrite par le pianiste à l’âge de 15 ans. D’abord délicate, la valse prend de l’épaisseur mais sans plus attendre le piano enchaine et invite le swing dans Le Bois de Pont-Aven. Sur That’s What Friends Are For, vient le temps de savourer le jeu lumineux du piano qui apporte un supplément d’âme à la tendre romance de Burt Bacharah.

L’album se termine avec Rêve en Sol Mineur gorgé d’un swing maîtrisé. Cette dernière pièce du pianiste est pour le trio l’occasion d’aborder le registre de l’euphorie et de la joie partagées. On y perçoit même de délicates incursions latines.

Malgré sa jeunesse, Tristan Mélia fait preuve d’une maturité peu commune. Tout au long du répertoire de « No Problem », le pianiste allie énergie et sensibilité sans jamais tomber dans le piège tentant de la démonstration. En effet, son jeu sans esbroufe développe les nuances qui lui permettent de s’exprimer avec autant de réussite sur les tempi rapides que sur les ballades.

Février 2021

Chick Corea, légendaire pianiste de jazz, est mort à 79 ans

Le musicien est mort mardi d’une forme rare de cancer. Il était, avec Herbie Hancock et Keith Jarrett, l’un des pianistes les plus influents du XXe siècle.

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Le pianiste Chick Corea lors de la 62e cérémonie des Grammy Awards à Los Angeles (Californie), le 26 janvier 2020. ROBYN BECK / AFP

Le musicien Chick Corea, légende américaine du jazz, est mort mardi 9 février d’une forme rare de cancer, à l’âge de 79 ans, selon un communiqué mis en ligne sur sa page Facebook jeudi. Le cancer du musicien « n’a été découvert que très récemment », précise le communiqué.

« Je veux remercier tous ceux qui, tout au long du voyage, ont aidé à faire briller les feux de la musique », a-t-il indiqué dans un message rédigé avant sa mort, selon le communiqué préparé par son équipe. « J’ai l’espoir que ceux qui ressentent l’envie de jouer, d’écrire, de se produire en spectacle puissent le faire. Si ce n’est pour eux-mêmes, alors pour nous autres. Pas seulement parce que le monde a besoin de plus d’artistes, mais parce que c’est plus amusant, » a-t-il ajouté.

Dans la lignée de Miles Davis et Herbie Hancock

Originaire du Massachusetts, fils d’un trompettiste de jazz, Chick Corea a appris le piano avant de savoir lire, puis s’est également mis à la batterie, vers 11 ans. Inscrit à l’université Columbia à New York à sa sortie du lycée, il arrive à New York en 1959. Un soir, il se rend au club de jazz Birdland où il voit notamment le trompettiste Miles Davis et le saxophoniste John Coltrane interpréter Les feuilles mortes. C’est un choc. « Après ça, (...) pourquoi voudrais-je étudier l’histoire de la civilisation occidentale ? », dira-t-il, dans un sourire, dans le podcast Prestige 70, en 2019.

Il abandonne l’université et, après avoir envisagé de faire carrière comme batteur, il est embauché par le saxophoniste Stan Getz. Il participe à plusieurs projets et enregistre aussi ses premiers albums solos à la fin des années 1960, notamment Is, où il laisse libre cours à l’improvisation. A l’automne 1968, pour un concert à Baltimore (Maryland), il remplace, au pied levé, un autre pianiste de renom, Herbie Hancock, dans le groupe formé par Miles Davis.

« Joue simplement ce que tu entends », lui dit le musicien de sa voix éraillée. « Ça m’a vraiment libéré. Parce que j’étais habitué à jouer de la musique improvisée », expliquait-il dans le podcast. Ensemble, ils vont vers une forme de jazz totalement libérée, sans répétition préalable, au sein de laquelle chaque musicien donne son interprétation du thème, où la spontanéité est essentielle.

Naissance du jazz fusion

Miles Davis enregistrera avec Chick Corea certains de ses albums phares, comme Bitches Brew (1970), un album de rupture, révolutionnaire, libéré des canons stricts du jazz pour ouvrir cette musique à d’autres styles, notamment le rock. C’est la naissance du jazz fusion, qui mêle de multiples influences, parmi lesquelles le rock, la funk et le rhythm and blues.

En 1971, le pianiste frêle aux cheveux frisés fondera son propre groupe, Return To Forever, pour poursuivre son aventure musicale. Enchaînant albums, concerts et projets, il glanera pas moins de 23 Grammy Awards, les récompenses de l’industrie musicale américaine, le dernier en 2019.

« Pendant toute sa vie et sa carrière, Chick a été ravi de la liberté et de la joie à créer quelque chose de nouveau, à jouer aux jeux auxquels jouent les artistes », selon le communiqué publié jeudi. « Ma mission a toujours été d’apporter la joie de créer partout où je le pouvais, et d’avoir fait cela avec tous les artistes que j’admire tellement aura été la richesse de ma vie », a ajouté le musicien dans son message.

Source : Le Monde

Décembre 2020

Les "5 étoiles" 2020 de la revue "Down Beat"

Christian Scott aTunde Adjuah, AXIOM (Ropeadope)

“Oftentimes when we come into environments like this to play creative improvised music, someone uses the word ‘jazz,’ and then everyone in the room becomes a fuckin’ Fulbright scholar,” trumpeter Christian Scott aTunde Adjuah told the audience at New York’s Blue Note Jazz Club at the onset of the coronavirus pandemic. “And that’s cool, but that has nothing to do with where this music’s power rests.” AXIOM, which was recorded that night, is a testament to that power.

John Beasley, MONK’estra Plays John Beasley(Mack Avenue)

John Beasley has arranged the brass brighter and brasher, the low horns to be more growly and his tasty keyboard parts to be artfully highlighted on his third album with the acclaimed MONK’estra. Extending neatly synchronized section motifs—those indelibly quirky Monk phrases—into swelling backdrops that balance freely impassioned soloists, Beasley as a pianist and composer draws out even more melodic, harmonic and rhythmic implications in music by Monk, Bird and Duke.

Carla Bley/Andy Sheppard/Steve Swallow, Life Goes On(ECM)

Life Goes On is a brilliant expression of the camaraderie developed by Carla Bley’s longtime trio with bassist Steve Swallow and saxophonist Andy Sheppard. It offers three suites highlighting Bley’s deft sense of dramatic development, her gifts as a soloist (often overshadowed by her composing) and the trio’s deadpan minimalism and subtly organic interplay. During Bley’s long career, there have been times when her work has merely seemed smart, but not emotionally resonant. Here, it’s both.

Bill Frisell, Valentine(Blue Note)

“Playing together” is a phrase so commonplace it’s easy to forget what it signifies. Of course, there’s the obvious: making music with others, performing as an ensemble, being creative in a group. But the music guitarist Bill Frisell, bassist Thomas Morgan and drummer Rudy Royston offer here suggests a specific spin on the idea, one that emphasizes the togetherness of the playing. Even though the selections on Valentine hail from a range of styles, the performances represent jazz playing at its most sublime. And music seldom gets more “together” than that.

Guillermo Klein Y Los Guachos, Cristal (Sunnyside)

The Argentine pianist, composer and bandleader is working at the top of his game—and so is his 11-piece group, which includes jazz luminaries like alto saxophonist Miguel Zenón. Here, Klein features his own compositions, as well as those of Carlos Gardel, the early 20th-century tango singer whom Klein listened to growing up. But the album isn’t sentimental or even recherché. Cristal is thoroughly modern, with groovy beats, sophisticated horn voicings and a folksy feel that only could have come from Los Gauchos.

Octobre 2020

22 octobre 2020

Le pianiste Keith Jarrett, handicapé par des AVC, ne donnera plus de concerts

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Keith Jarrett à Juan-les-Pins en 2003 - ©JACQUES MUNCH, AFP

AFP, publié le mercredi 21 octobre 2020 à 20h57

Le pianiste américain de jazz Keith Jarrett ne pourra sans doute plus jamais se produire en concert, partiellement paralysé par deux AVC, explique-t-il dans un entretien publié mercredi par le New York Times.

"Mon côté gauche est toujours en partie paralysé", explique, pour la première fois, le musicien de 75 ans, après deux accidents vasculaires cérébraux intervenus en février et mai 2018.

"On me dit que le maximum que je pourrais récupérer de ma main gauche, c'est la capacité de tenir un verre", se désole-t-il.

Depuis, il ne s'est mis que de rares fois au piano, jouant de la main droite uniquement.

"Je ne sais pas à quoi est censé ressembler mon avenir", a-t-il confié au New York Times. "Je ne me considère pas comme un pianiste aujourd'hui."

Légende du jazz, Keith Jarrett a été à l'avant-garde du mouvement dès le début des années 60, et a collaboré avec des artistes de référence comme Miles Davis, Art Blakey ou Jack DeJohnette.

Son travail autour de l'improvisation l'a mené jusqu'à donner des concerts solo totalement improvisés, qui ont largement contribué à sa réputation de virtuose génial.

"J'ai le sentiment que je suis le John Coltrane des pianistes", a-t-il dit au New York Times, se plaçant au niveau du monstre du saxophone.

Ce qui sera peut-être le dernier concert de Keith Jarrett remonte à février 2017, au Carnegie Hall de New York.

S'il a enregistré plusieurs albums en studio, le natif d'Allentown (Pennsylvanie) est surtout connu pour ses concerts, son jeu au son limpide et ses mimiques, notamment sa tête exagérément penchée sur le piano.

"Aujourd'hui, je ne peux même pas en parler", dit-il au sujet de la possible fin de sa carrière scénique.

Septembre 2020

05/09/2020

Le pianiste Tigran Hamasyan en immersion introspective dans le vibrant album "The Call Within"

Lire la suite de l'article sur la page Tigran Hamasyan et ma chronique sur la page "Disques".

Disparition du géant de la contrebasse Gary Peacock

Le label ECM Records a confirmé en fin de journée du 7 septembre la disparition à 85 ans du contrebassiste Gary Peacock, membre du trio historique de Keith Jarrett. Connu pour son doigté sophistiqué, tout en douceur et en élégance, Gary Peacock avait d'abord fait partie du quartette plus mouvementé d'Albert Ayler au milieu des années 60, en pleine époque Free Jazz. C'est en 1977, sept ans après son entrée sur le label ECM dont il était l'une des figures emblématiques, que Gary Peacock avait commencé à enregistrer avec le pianiste Keith Jarrett, formant l'un des trios les plus créatifs de l'histoire du jazz moderne, dont l'œuvre n'aura de cesse de muter au fil des années et des albums - plus d'une vingtaine depuis le classique Tales of Another en 1977. Le succès viendra à partir de 1983 avec les légendaires sessions Standards 1 et 2.
Gary Peacock avait continué à enregistré plus récemment des albums en leader pour ECM, notamment en 2015 et 2017 avec Now This et Tangeants, aux côtés du pianiste Marc Copland et du batteur Joey Baron.

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Crédits photo: JULIE OLIVER /Ottawa Citizen

Gary Peacock entame l'étude du piano mais aussi de la batterie à l'école en 1948. Pendant son service militaire (en 1954, en Allemagne), il est pianiste-bugliste de l'orchestre du régiment (et joue dans une petite formation locale). Démobilisé, il travaille comme bassiste en RFA. En 1958, il retourne aux États-Unis à Los Angeles, où il travaille avec des musiciens comme Barney Kessel, Bud Shank, Art Pepper, Ravi Shankar mais aussi Don Ellis, qui lui présente Paul Bley.

Il s'installe ensuite à New York, où il collabore avec Paul Bley, fait partie du trio de Bill Evans (avec Paul Motian), du trio d'Albert Ayler, avec Sunny Murray. Il fait aussi quelques concerts avec Miles Davis, en tant que remplaçant de Ron Carter.

Vers la fin des années 1960, Gary Peacock se retire au Japon, délaissant la musique pour étudier la philosophie zen. Il revient aux États-Unis en 1972, étudie la biologie à l'université de Washington (Seattle) et enseigne la théorie de la musique au Cornish College of the Arts de 1976 à 1983. Il reprend la musique et la composition, et forme des duos avec, notamment, Ralph Towner et Jan Garbarek.

Gary Peacock est surtout connu pour être le bassiste du trio Standards de Keith Jarrett, créé en 1983 avec Jack DeJohnette, soit six ans après le premier enregistrement de cette formation sous le nom de Gary Peacock dans Tales of another.

Mai 2020

Trois disques avec Giovanni Mirabassi !

On retrouve Giovanni Mirabassi sur trois disques récents (il est d'ailleurs le producteur des deux premiers).

« Toku In Paris »

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Toku in Paris du trompettiste et chanteur japonais Toku, qui paraît chez Jazz Eleven, est son douzième album, le premier enregistré en Europe.

Sorti le 24 janvier 2020 en partenariat entre Sony Japan et le label Jazz Eleven fondé par Giovanni Mirabassi et Sarah Lancman, cet album déroule un répertoire de huit compositions originales du leader, auxquelles s’ajoutent deux autres titres de Sarah Lancman (paroles et musique) ainsi qu'une reprise d'une composition de Michel Legrand.

“Toku in Paris” présente Toku avec un quintet européen de haut niveau, avec Pierrick Pédron (saxophone alto), Giovanni Mirabassi (piano), Laurent Vernerey (contrebasse), Lukmil Perez (batterie), Thomas Bramerie (contrebasse), André Ceccarelli (batterie), et la chanteuse Sarah Lancman en invitée spéciale.

1. Love is Calling You

En ouverture, Toku pose sa voix de crooner sur Love is Calling you. La section rythmique réactive et incisive soutient un tempo assez vif sur lequel l’alto et la trompette voltigent.

2. She Comes back Again
3. After You

Deux thèmes dont Sarah Lancman a écrit les paroles et composé la musique. She Comes back Again, sur un tempo de valse, fête le retour de l'aimée, avec un bugle élégant et un piano dynamique. After You, évoque la tristesse après le départ de l’être aimé, avec les notes perlées du bugle et le piano evansien.

4. Strollin' in Paris

Dédié à Horace Silver, Strollin’ in Paris fait résonner des réminiscences West Coast.

5. I Think I Love You

Un motif de basse répétitif, un chorus très bop de l’alto, une mélodie soul.

6. Nuageux

Un instrumental composé par Toku. Joué en quartet, les balais d’André Ceccarelli dessinent des arabesques et le bugle brumeux à souhait instaure une atmosphère mélancolique que renforcent les arpèges aériens de Giovanni Miranbassi.

7. Be Careful

Une compositon hard-bop du leader. Le thème est exposé à l’unisson par la trompette et l'alto, puis vient une intervention lumineuse de Giovanni Mirabassi qui passe le relais à une impro courte mais étincelante de la batterie. Le titre du morceau fait-il référence qu changelment de tempo qu'il recèle ? En tout cas, les musiciens ont surmonté le piège !

8. I Will Wait For You

Reprise sobre et inspirée du Je ne pourrais jamais vivre sans toi composé par Michel Legrand pour le film de Jacques Demy « Les Parapluies de Cherbourg ».. Le piano ouvre l’espace au bugle chaleureux avant que le duo Sarah Lancman/Toku ne vibre ensuite de tendresse.

9. Still In Love With You

Un tempo de boléro amené par le groove félin de Lukmil Perez, c'est Still In Love With You, avec la complicité efficace et discrète de Thomas Bramerie (eh oui, le trio de Giovanni Mirabassi !)

10. Blue Smoke

L’atmosphère se fait encore plus intime sur Blue Smoke, une ballade épurée où la voix chaude et sensible du chanteur dialogue avec le piano romantique.

11. Closing

Construit comme celui d’un concert, le répertoire de l’album se termine par une pièce instrumentale qui rallie le quintet pour le bien nommé Closing à la couleur funky soul. Chorus flamboyant de l’alto, solo attendri de la trompette, chorus incisif du piano. Les contrechants de la trompette et l’accompagnement "churchy" du piano contribuent au climat nostalgique de ce dernier titre.

Un album personnel où chaque morceau participe à la cohérence d’un répertoire construit avec soin. La voix du chanteur évoque par moments celle de Kurt Elling et aussi parfois celle de Gregory Porter. On a envie de réécouter immédiatement l’album pour mieux s’en imprégner.

Sarah Lancman : « Parisienne »

sarahNous avons retrouvé dernièrement Sarah Lancman sur l'album de Toku (voir ci-dessus), la voici dans son nouvel album inspiré par Paris, avec deux reprises, (Aznavour et Piaf), et de belles compositions de Sarah.

Même si je n'apprécie que très modérément Piaf, en particulier L'Hymne à l'amour, je dois admettre que l'album constitue un véritable écrin pour la voix envoûtante de Sarah : un timbre avec de beaux graves, un charme jamais appuyé qui évite toute vulgarité : Sarah Lancman se distingue parmi les chanteuses françaises par des qualités qui mériteraient d'être plus largement reconnues.

Le toucher délicat de Giovanni Mirabassi met bien en valeur la voix et sert à merveille les compositions intimistes de Sarah. Sans oublier les autres musiciens : Laurent Vernerey (contrebasse), Stéphane Huchard (batterie) ainsi que les invités spéciaux Pierrick Pedron (saxophone) et Marc Berthoumieux (accordéon).

Stéphane Spira / Giovanni Mirabassi : « Improkofiev »

improAprès leur album d'il y a 10 ans (« Spirabassi »), Stéphane Spira (saxophone soprano) et Giovanni Mirabassi (piano) lancent leur nouvel album : « Improkofiev », sorti le 22 mai.

On y retrouve deux compositions de Stéphane Spira (Ocean Dance et After Rain), le magnifique "Lawns" de Carla Bley et la 1ère Gymnopédie d'Erik Satie.

La fin de l'album est une improvisation sur le concerto n°1 de Prokofiev : Improkofiev, New York Dream et enfin No Strings Attached.

L'album s'écoute avec intérêt. Je dois avouer cependant que je ne suis pas très fan de la sonorité du soprano de Spira et que je préfère nettement Andy Sheppard sur Lawns. Mais il y a Giovanni Mirabassi dont les interventions lumineuses rachètent tout ! A citer aussi les excellents Donald Kontomanou à la batterie, Steve Wood à la basse et Yoann Loustalot au bugle sur Improkofiev.

Mars 2020

25/03/2020

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Source : Version Femina

6 mars : Décès de McCoy Tyner.

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Alfred McCoy Tyner, né le 11 décembre 1938 à Philadelphie, vient de mourur ce 6 mars 2020. Surtout connu pour sa collaboration avec John Coltrane, il eut aussi une longue carrière en solo.

En 1960, Tyner rejoint le Jazztet de Benny Golson et Art Farmer. Six mois plus tard, il intègre le quartet de John Coltrane avec Jimmy Garrison et Elvin Jones. Il y restera en continu de 1961 à 1965, enregistrant notamment les albums Live! at the Village Vanguard, Ballads, Live at Birdland, Crescent, A Love Supreme, and The John Coltrane Quartet Plays pour Impulse!.

Pendant cette période, il enregistre aussi comme leader de trio et comme sideman sur beaucoup d'albums Blue Note, souvent crédité comme "etc." pour respecter son contrat avec Impulse! Records. Il quitte Coltrane quand celui-ci se lance dans l'atonalité et le free jazz. En 1966, Tyner forme un nouveau trio et entame une carrière de leader.

Il enregistre une série d'albums post-bop pour Blue Note entre 1967 et 1970 : The Real McCoy (1967), Tender Moments (1967), Time for Tyner (1968), Expansions (1968) and Extensions (1970). Puis il signe avec Milestone et enregistre Sahara (1972), Enlightenment (1973), et Fly with the Wind (1976).

Entre 1980 et 2000, Tyner travaille dans un trio avec Avery Sharpe à la basse et Louis Hayes, puis Aaron Scott, à la batterie. Il grave aussi des albums solo pour Blue Note : Revelations (1988) et Soliloquy (1991). Puis il signe avec Telarc et enregistre avec plusieurs trios avec Charnett Moffett à la basse et Al Foster à la batterie. En 2008, il tourne avec un quartet composé de Gary Bartz, Gerald L. Cannon, et Eric Kamau Gravatt.

Tyner restera comme l'un des plus grands pianistes de jazz du 20e siècle.

Février 2020

- Décès le 18 février de Jon Christensen. Ce batteur et percussionniste norvégien de jazz était né le 20 mars 1943 à Oslo (Norvège). Surtout connu pour sa participation au quartet européen de Keith Jarrett, avec Jan Garbarek et Palle Danielsson. Christensen a également participé à de nombreux enregistrements de Jan Garbarek, Ralph Towner, Bobo Stenson ou Tomasz Stańko.

- ECM publie « Life Goes On » de Carla Bley.

Novembre 2019

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La colère monte dans le jazz après Les Victoires

Louis-Julien Nicolaou

Publié le 04/11/2019.

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Andre Manoukian va remettre une Victoire du Jazz au musiciens chef d’orchestre Fred Pallem. Au Casino de Paris le 16 octobre 2019.

La cérémonie diffusée le 26 octobre sur France 5, a tourné à la mascarade, faisant la part belle à des artistes... de variété. Les amateurs de jazz sont indignés, les professionnels du milieu se mobilisent avec une pétition qui réclame un peu plus de discernement de la part des instances culturelles publiques.

Pour l’ensemble des acteurs du jazz, musiciens, producteurs, attachés de presse ou journalistes, c’était un peu la chronique d’un désastre annoncé. Aucun d’entre eux n’ignore que la visibilité du jazz sur les chaînes de télévision publiques est aujourd’hui quasi nulle, et que la retransmission même des Victoires du jazz, cérémonie plus ou moins équivalente à celle des Victoires de la musique, pose question. Plus de direct, peu de récompenses, encore moins de musique et des diffusions tardives, les Victoires du jazz se trouvent depuis plusieurs années coincées dans l’arrière-cour télévisuelle, tout près de la porte de sortie. Il y a pire cependant que de se voir relégué au dernier plan : être moqué, travesti, tourné en dérision. Voici ce qu’ont ressenti les professionnels du jazz lors de la dernière cérémonie des Victoires. Depuis sa diffusion sur France 5 le 26 octobre dernier (la cérémonie a eu lieu le 16), ils ne décolèrent pas et exigent, par le biais des réseaux sociaux et d’une lettre ouverte, d’être entendus afin que pareille humiliation ne se reproduise plus.

“Ce n’était pas une cérémonie comme les César, où il y a un peu de tenue, c’était plutôt La Roue de la fortune”, Sylvain Rifflet

Il faut dire que tout amateur de jazz ne pouvait qu’être confondu devant le spectacle offert lors de cette cérémonie présentée par André Manoukian. Non que le palmarès soit en cause. D’Anne Paceo au Sacre du Tympan de Fred Pallem en passant par Vincent Peirani et Naïssam Jalal, les Victoires ont célébré des artistes qui défendent une haute idée du jazz. Encore aurait-il fallu qu’ils puissent s’exprimer. C’est la conviction de Sylvain Rifflet, saxophoniste récompensé en 2016 par une Victoire du meilleur album instrumental (Mechanics) et qui, juste avant la cérémonie, a choisi de quitter le comité artistique des Victoires du jazz : « Recevoir un prix n’a de sens que si on peut jouer sa musique, défendre son projet et son groupe, explique-t-il. Ce qu’on accomplit est toujours le fruit d’un travail collectif. » Or, cette édition des Victoires du jazz, plutôt que de laisser jouer les musiciens, a surtout mis en avant... la variété française. Sans doute par volonté d’attirer le grand public (un samedi soir à 22h30), c’est elle qui a eu droit à la plus large place, donnant lieu à des prestations consternantes : Ben l’Oncle Soul chantant Sinatra, Christophe Willem reprenant (Sittin’ on) The Dock of the bay d’Otis Redding – les programmateurs ont de ces perversions... – Michel Jonasz grinçant lourdement son antique Boîte de jazz ou encore Clara Luciani égarée chez Michel Legrand. « Ce n’était pas une cérémonie comme les César, où il y a un peu de tenue, se désole Sylvain Rifflet. C’était plutôt La roue de la fortune, avec un chauffeur de salle, des changements de plateau... D’ailleurs, le Casino de Paris n’était pas plein du tout et quant à moi, je suis parti au bout de 7 minutes. »

Consternation, contestation

Le jazz aura été un peu présent malgré tout – il faut bien boucher les trous –, grâce à de brefs reportages et quelques mesures en live d’Anne Paceo, David Linx et Fidel Fourneyron, condamnés à se produire sans leurs orchestres (ce qui en jazz, n’a aucun sens) et à frayer avec les invités, les vrais, qui n’étaient ni jazzmen, ni lauréats. Quant à ceux qui concouraient dans des catégories jugées peu glamour (Victoire d’honneur, label de l’année et programmatrice de l’année), c’est hors scène et loin des caméras qu’ils ont reçu leurs prix. Pour Sylvain Rifflet, le plus grand scandale de la soirée se trouve là : « Henri Texier est l’un des musiciens qui a le plus influencé le jazz français des 50 dernières années. C’est un artiste très populaire, samplé, utilisé à la radio etc. Et on lui remet une Victoire d’honneur comme ça, sans micro, entre des gens qui mangent leurs petits fours ! »

Il est assez facile d’imaginer pourquoi des médias soumis à la pression de l’audimat s’intéressent peu au jazz, sans doute considéré comme pas assez vendeur, trop instrumental et destiné aux seuls initiés. Faut-il pour autant qu’il soit à ce point maltraité ? Les signataires de la lettre ouverte qui circule actuellement parmi les professionnels, et qui est appelée à se transformer en pétition (1), entendent qu’il n’en soit rien et ne ménageront pas leurs efforts pour que le jazz, par ailleurs si vivant en concert et sur disque, ne doive plus négocier sa dignité pour passer à la télévision.

(1) Cette « lettre de consternation » est adressée « À l’attention des Victoires du jazz, du ministère de la Culture, de France Télévisions, de France 5, de Radio France, de FIP, de la SACEM, de l’ADAMI, de la SPEDIDAM, du FCM, du CNC, du CNV, de la SCPP et de la SPPF ». Parmi les premiers signataires : Laurent de Wilde, Alex Dutilh, Daniel Humair, Raphaël Imbert, Naïssam Jalal, Anne Paceo, Vincent Peirani, Sylvain Rifflet, Samuel Thiebault...

Nouveau CD de Keith Jarrett

munich

Ce concert solo enregistré à la Philharmonie de Munich le 16 juillet 2016, lors de la dernière date de sa tournée européenne présente Keith Jarrett au sommet de son inventivité tant en matière d'art pianistique que d'improvisation.

Créant dans l'instant, avec l'assurance d'un bâtisseur, une suite spontanée de formes toujours changeantes, entremêlant des touches de blues et des réminiscences de folksongs pleines de lyrisme dans le cadre de pièces d'une grande complexité harmonique et poly-rythmique. Le pianiste nous livre ici l'une de ses plus belles performances !

Keith Jarrett donne le meilleur de lui-même, notamment lors de rappels touchés par la grâce d'où se détache particulièrement une version magique de "It's a lonesome old town".

Octobre 2019

Les défaites du jazz sur France 5

27 Oct 2019 #Le Jazz Live

Le 16 octobre dernier, la cérémonie des Victoires du jazz a suscité de vives protestations, apparemment confinées aux réseaux sociaux. Le montage de la soirée pour France 5 diffusé le 26 à partir de 22h25 à permis de mettre un peu d’ordre dans ce qui semble avoir été une étrange mascarade et de gommer quelques bourdes familières à l’animateur André Manoukian. Mais ces Victoires restent une défaite.

Au préalable, il s’est dit en gros ceci : « Ecoutez les gars, votre jazz c’est vraiment un peu chiant. On va vous faire un cadeau. Au lieu de diffuser vos Victoires à minuit, on va vous offrir un horaire de grande écoute... de 22h30 à 23h50. Mais de grâce, épargnez nos auditeurs, ne faites pas jouer les lauréats, surtout pas d’improvisateurs, et pas trop de musique instrumentale. On a tant de bons chanteurs ! » Et c’est donc à Michel Jonasz que l’on a demandé d’ouvrir la soirée avec ses musiciens. La Boîte de jazz... indiscutable. Puis on a quand même fait chanter Ballerina à Gregory Porter accompagné par l’orchestre de cérémonie, le Sacre du Tympan. Pour compenser pareille audace, Clara Luciani a prêté son sourire Gibbs à La Chanson de Delphine de Michel Legrand avec force violons.

Le temps était venu de proclamer un premier prix, en commençant évidemment par La Voix de l’année : David Linx. Un petit documentaire, puis place à l’artiste en chair et en os. Comme c’était un peu trop risqué, on l’a flanqué de Bernard Lavilliers pour chanter C’est ainsi que les hommes vivent, ce qui a évité que ça swingue tout du long. Ouf ! Et pour nous faire oublier les scats un peu obscènes du lauréat, on a vite enchainé sur un insipide Sitting on the Top of the Bay interprété par Christophe Willem.

Place aux instrumentistes : André Manoukian, le maître de cérémonie appelle Anne Paceo, artiste de l’année. Vite vite une chanson, l’audimat va baisser : Bernard Lavilliers revient nous chanter Je cours où le trompettiste du Sacre, le merveilleux Sylvain Bardiau, osera quelques phrases improvisées, bien heureusement sous-mixées derrière les cordes. « Si vous aimez la rumba cubaine, lance Manoukian à Lavilliers, vous allez adorer Fidel Fourneyron et son groupe Que Vola... » Sauf que de Fidel, l’Artiste qui monte, on n’aura droit qu’à quelques dizaines de mesures d’un exposé très quelconque de trombone noyé dans une marmelade orchestrale.

C’est alors que Manoukian – comme pour combler un oubli du jury des Victoires du jazz – nous présente le jeune Mourad avec lequel il esquisse un quatre mains aussitôt avorté. Tiens ?! On n’en saura pas plus. Leur succède L’Artiste inclassable de l’année, la flûtiste Naïssam Jalal qui échappera au Sacre du Tympan et dont on verra une minute de musique filmée de son groupe Quest of the Invisible. Privilège vite écourté avec la reprise d’All The Way par Ben L’Oncle Soul qui aurait certes avantageusement remplacé tout à l’heure Christophe Willem sur Sitting on the Top of the Bay.

Pour son Album de l’année, Vincent Peirani aura presque un traitement de faveur, car après lui avoir fait jouer La Chanson d’Hélène de Philippe Sarde – Ah, ça c’est bon coco pour l’audimat –, on lui accordera la projection d’une minute et demie de son groupe: Kashmir de Led Zeppelin, opportunément débarrassé de toute improvisation. Puis reviennent Linx et Porter pour un duo sur Once Upon a Summertime de Michel Legrand, évidemment. Michel Jonasz leur emboîte le pas avec Greg Zlap surgi du fond de la salle littéralement en ébullition, bien travaillée par les chauffeurs de salle. Ah mes aïeux quelle soirée ! Puis grand final avec le Sacre, groupe de l’année, qui s’efface bientôt derrière le générique sans même qu’aient été présentés les musiciens de l’orchestre, tandis que l’on n’a pas manquer d’annoncer les prochains concerts des chanteurs invités.

N’a-t-on oublié personne ? Si, le label Yolk (Label de l’année), Fanny Pagès de l’Astrada de Marciac (Programmatrice de l’année) et Henri Texier, Victoires d’honneur comme Gregory Porter, mais « pour sa contribution à l’histoire du jazz français », et donc septuagénaire peut-être pas assez présentable pour une émission qui se veut jeune et actuelle comme les musiques du même nom, un âge qu’on lui aurait probablement pardonné s’il avait été chanteur quoiqu’il paraisse beaucoup plus jeune dans sa prestance et la maîtrise de son art que ses proches cadets de la soirée. Bref, ces trois lauréats ont été purement et simplement gommés des écrans et même écartés de la scène du Casino de Paris. Et c’est au bar du théâtre qu’on leur a remis leurs prix, sous le manteau. Il n’en restera rien qu’un trophée sur leur cheminée. A moins qu’il ne termine dans la cheminée...

Aucun de tous ces lauréats n’a protesté comme l’avait fait Maurice Clavel en quittant le plateau TV de l’émission À armes égales : « Messieurs les Censeurs, bonsoir ! » C’était en 1971, à l’époque où André Francis et Bernard Lion pouvaient diffuser les images du festival de Chateauvallon sur le petit écran. Un musicien néanmoins a claqué la porte, c’est Sylvain Rifflet qui nous racontait vendredi soir, qu’ayant appris ce qui se tramait au comité consultatif des Victoires, lui a aussitôt remis sa démission.

Il ressort de tout ça, du bas en haut de l’échelle culturelle, une haine profonde non seulement du jazz, mais de toute musique non asservie à la transparence du texte chanté et au format couplet-refrain de la variété. J’avais émis cette opinion lors des “Etats généraux du jazz” en 2011, un avis qui avait été accueilli avec beaucoup de condescendance par les animateurs d’un débat qui finit dans les poubelles du Ministère de la Culture. Pourtant, on en est bien là. Et je m’en vais de ce pas redescendre ma télé à la cave d’où elle n’aurait jamais dû sortir.

Franck Bergerot

Source : Jazz Magazine

Juillet 2019

Deux disparitions : João Gilberto et Paolo Vinaccia

João Gilberto est mort, la Bossa Nova et le Brésil en deuil

06 juillet 2019

Rythmes doux, voix suave, João Gilberto incarnait la Bossa Nova. Guitariste, chanteur, éternel touche-à-tout, le Brésilien est mort samedi 6 juillet. Il avait 88 ans.

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João Gilberto est mort, la Bossa Nova en deuil, © Getty

Il était « le père de la Bossa Nova », auteur de grands tubes tels que Corcovado, Para Machuchar Meu Coração, Chega de Saudade... João Gilberto, né João Gilberto Prado Pereira de Oliveira le 10 juin 1931 au Brésil, est décédé samedi 6 juillet 2019 à l'âge de 88 ans. Son fils a annoncé la triste nouvelle sur les réseaux sociaux :

My father has passed. His fight was noble, he tried to maintain dignity in light of losing his sovereignty. I thank my family (my side of the family) for being there for him, and Gustavo for being a true friend to us, and caring for him as one of us. Lastly, I'd like to thank Maria do ceu for being by his side until the end. She was his true friend, and companion.

Marcelo Gilberto

Les causes de la mort n’ont pas été précisées. "Mon père est décédé. Son combat était noble, il a tenté de conserver sa dignité alors qu’il perdait son autonomie", écrit-il à propos de l’icône qui vivait ruiné et solitaire à Rio.

Né le 10 juin 1931 à Juazeiro, dans l’Etat de Bahia (nord-est), João Gilberto Prado Pereira de Oliveira découvre la musique avec sa première guitare, à l’âge de 14 ans. Quatre ans plus tard, "Joaozinho" quitte son village natal pour Salvador de Bahia où on peut l’entendre sur les ondes de la radio locale et, à 19 ans, se retrouve à Rio de Janeiro.Il y joue dans une petite formation, Garotos da Lua, avec laquelle il fait ses premiers enregistrements et, en 1957, se fait connaître comme guitariste sur un disque de Elizeth Cardoso, Cançao do Amor Demais, composé par Tom Jobim et Vinicius de Moraes.

En août 1958, son 33 tours "Chega de Saudade" marque le point de départ de sa carrière et celui de la bossa nova ("nouveau truc"). Le public est sous le charme de sa voix chuchotante, des harmonies de Jobim et des paroles de Moraes. Deux autres albums sortent en 1960 et 1961 avec outre des compositions de Jobim et Moraes, celles d’autres comme Dorival Caymmi, Carlos Lyra, Roberto Menescal.

A partir de 1962 et pendant près de 20 ans, le guitariste-chanteur vit à New York avec un intermède de deux ans au Mexique. Il travaille avec Jobim et des jazzmen comme le saxophoniste Stan Getz qui avoue être tombé amoureux de sa musique, dès les premières notes entendues.

Source : France Musique

vinaccia

Paolo Vinaccia © Mode Steinkjer

Le batteur et compositeur italien Paolo Vinaccia est décédé le 5 juillet 2019 après avoir combattu pendant 10 ans un cancer du pancréas. Il vivait en Norvège depuis 1979.

Vinaccia a travaillé avec de nombreux musiciens de jazz parmi lesquels Lillebjørn Nilsen, Steinar Albrigtsen, Ole Paus, Arild Andersen, Sondre Bratland, Bendik Hofseth, Kari Bremnes, Terje Rypdal, Palle Mikkelborg, Mike Mainieri, Jon Christensen, David Darling... Avec Arild Andersen, il a participé au London Jazz Festival en 2008.

Il a participé à plus de 100 albums.

Février 2019

André Francis : la voix du jazz s’est tue

André Francis est décédé ce matin 12 février 2019 dans son sommeil à l’âge de 93 ans. Il fut LA voix du jazz sur les ondes de 1947 à 1997, non qu’il n’y en ait eu d’autres, mais il fut le plus durable, le plus contesté aussi et finalement le plus aimé pour son enthousiasme et son opiniâtreté au service du jazz qu’il faisait « revenir par la fenêtre des services de Radio France lorsqu’on l’en avait chassé par la porte » comme il aimait le raconter, multipliant les fonctions d’animateur, de chroniqueur, de producteur radio ou télévision, de programmateur et présentateur de concert.

Source : Jazz Magazine

Juillet 2018

La disparition de Tomasz Stańko

stanko

La réaction de Paolo Fresu :

Se ne è andato in punta di piedi uno dei grandi protagonisti del jazz contemporaneo.
Trombettista originale e raffinato compositore, Tomasz Stańko è stato da sempre il mio idolo e un punto di riferimento della tromba europea.
Proprio lo scorso anno ha tenuto due bellissimi concerti a TIME IN JAZZ e così vogliamo ricordarlo.
Con dolcezza, davanti alla Chiesa di San Simplicio di Olbia, mi domandò se potevo imprestargli l’olio per i pistoni dello strumento.
Lo avevo con me e glielo diedi.
"Che onore riceverlo da te", mi disse.
Io solo gli sfiorai la spalla, sapendo di toccare una icona del jazz.

Paolo Fresu

(la foto è di Daniele Franchi)

Juin 2018

both

Le disque "Both directions at once - The Lost album" a été enregistré en 1963 par John Coltrane et ses musiciens. Il contient notamment deux compositions inconnues.

Un disque inédit de John Coltrane ? Les amateurs de jazz ne rêvent pas : Both directions at once - The Lost album (Universal/Impulse!), sorti vendredi, propose, un demi-siècle après sa mort, des enregistrements inédits du légendaire saxophoniste.

Un enregistrement oublié. Le 6 mars 1963, John Coltrane et les musiciens de son célèbre quartette - le pianiste McCoy Tyner, le contrebassiste Jimmy Garrison et le batteur Elvin Jones - entrent dans les studios de Rudy Van Gelder, légendaire ingénieur du son et producteur du label Blue Note. Ils vont y rester toute une après-midi à l'issue de laquelle John Coltrane repartira avec une bande de l'enregistrement, le master ayant disparu, pour le faire écouter à Naïma, son épouse. Depuis, plus de nouvelles, jusqu'à aujourd'hui.

"Une nouvelle pièce dans la grande pyramide". "Nous n'avons pas affaire à des fonds de tiroirs", affirme Alex Dutilh. "Il s'agit là d'une séance qui était, je pense, conçue pour faire un album. La durée des plages correspond à la durée d'un vinyle. On est dans la configuration d'une séance d'enregistrement classique", explique-il. "C'est comme si l'on découvrait une nouvelle pièce dans la grande pyramide". Cette phrase, qui figure sur le livret du disque, inespéré et inattendu, prend encore plus d'acuité lorsqu'on sait que Sonny Rollins en est l'auteur. Sonny Rollins qui, au début des années soixante, était l'autre "géant" du saxophone avec John Coltrane.

Un événement dans le monde du jazz. Both directions at once (Universal/Impulse!) est une perle rare, et sa publication est aussi importante dans les cercles du jazz que celle d'un nouvel album de Jimi Hendrix dans l'univers du rock. "C'est John Coltrane, qui a les mêmes initiales que Jésus Christ. Donc un geste anodin de John Coltrane est très au-dessus du lot du commun des mortels", estime Alex Dutilh, producteur de l'émission quotidienne Open Jazz sur France Musique.

Un disque charnière. Le disque contient en outre deux compositions inconnues. John Coltrane ne leur avait pas donné de titre, et elles sont répertoriées dans le disque avec des numéros. Plus important encore, lors de ces sessions, John Coltrane explore, à une période charnière de sa carrière où il est prêt à basculer dans le free jazz dont il est devenu l'apôtre, plusieurs directions. "Il y a d'un côté l'attachement de Coltrane au blues et à un cadre de jazz assez traditionnel, et en même temps, quand il traite ces formes-là, il fait tout pour secouer la porte, casser le mur, le dilater", analyse Alex Dutilh. "Et on entend ce déchirement dans ce disque-là".

Source : Europe1

on aime passionnément Both Directions at Once : The Lost Album, de John Coltrane, Impulse !

Des bandes enregistrées il y a cinquante-cinq ans, puis oubliées par Coltrane lui-même, ressortent pour le plaisir de tous. Un son libre, chaleureux et avant-gardiste se détache de l’album “Both Directions at Once : The Lost Album”. A écouter d’urgence.

D’un génie, on attend toujours qu’il se pare d’immortalité, comme s’il était impossible que ses offrandes au monde cessent avec sa disparition. Bien involontairement, certains musiciens ont ainsi sorti beaucoup plus d’albums après leur mort que de leur vivant (pour mémoire, le « dernier » album de Jimi Hendrix date de 2018). Créateur parmi les plus influents de la seconde moitié du XXe siècle, John Coltrane, lui, n’a pas connu une telle fortune (?) post-mortem. La plupart des enregistrements studio qu’il n’avait pu exploiter ont été édités avec soin et respect au cours des années qui ont suivi son décès, survenu le 17 juillet 1967. Ils font désormais pleinement partie du corpus coltranien et certains (Transition ou Interstellar Space, par exemple) apparaissent comme des jalons essentiels de la quête d’absolu entreprise par le saxophoniste. Il est donc aussi inespéré que réjouissant de voir arriver aujourd’hui un nouvel album de John Coltrane.

Annoncé à grand fracas après beaucoup de mystère, Both Directions at Once : The Lost Album, publié par le label Impulse! auquel Coltrane était resté fidèle de 1961 à sa mort, mérite l’attention pour une foule de raisons. (...).

Source : Télérama

Janvier 2018

« A Contretemps », le nouvel album de Sarah Lancman sort le 19 Janvier 2018

lancman

Je chroniquerai bientôt cet album dont je recommande vivement l'acquisition.

Quelques repères sur Sarah Lancman :

- A 7 ans entre au conservatoire du centre de Paris classique en piano. Elle y étudiera jusqu'à ses 18 ans.
- En 2012: Elle remporte le 1er Prix de l'International Jazz SHURE Voice Competition au festival de Montreux présidé par Quincy Jones.
- En 2013: Diplômée de la Haute Ecole de Musique de Lausanne en piano jazz et chant jazz.
- En 2015: Sortie de l'album " Dark " réunissant des arrangements de reprises de Nick Drake à Cole Porter.
- En 2016: Sortie d'album " Inspiring Love " enregistré à New York et entièrement composé et co-écrit avec sur certains titres avec le pianiste Giovanni Mirabassi.
- En 2017: Enregistrement en Thaïlande du prochain album " A contretemps "

Février 2017

Disparition de Larry Coryell

Le dimanche 19 février décès à 73 ans de Larry Coryell, un des plus fameux guitaristes de jazz de tous les temps. Surnommé "le parrain de la fusion" pour la part importante qu'il prit dans la naissance et le développement de ce genre musical qui unit jazz, rock et funk. Larry Coryell est né au Texas en 1943, et avait publié plus de 60 disques ; en 1973 il fonde The Eleventh House. Son disque le plus connu est Spaces, enregistré en 1970 avec le guitariste John McLaughlin, le batteur Billy Cobham, le bassiste Miroslav Vitouš et le pianiste Chick Corea.

Deux parutions intéressantes :

« Hi Dream » d'Alexis Avakian tout d'abord.

avakian

Nous avons connu Alexis Avakian au Festival de Jazz de Calvi. Son premier album nous avait déjà conquis il y a deux ans, Alexis Avakian et son quartet avaient réussi à intégrer avec subtilité le folklore et la culture arménienne dans un jazz aussi rythmique que lyrique. Le saxophoniste qui publie ici son deuxième album est un musicien particulièrement raffiné qui soigne ses compositions. Tout en évitant le cliché d’un jazz world auquel ses racines arméniennes auraient pu l’enfermer, c’est au contraire un jazz très ouvert et protéiforme que nous propose Avakian.

L'artiste, que l'on découvre ici à la guitare et à la flûte, a composé onze nouveaux thèmes pour ce nouveau projet, entouré de Fabrice Moreau à la batterie, Mauro Gargano à la contrebasse et Ludovic Allainmat au piano. Comme précédemment, le doudoukiste Artyom Minasyan est aussi de ce voyage où s'entremêlent parfaitement les racines d’Alexis Avakian et le swing de ses musiciens.

« Hà Nội Duo » de Nguyên Lê et Ngô Hông Quang

ha noi

Sur « Hà Nội Duo » (ACT/PIAS), Nguyên Lê et Ngô Hông Quang s’immergent dans les racines de la musique vietnamienne. Ngô Hông Quang chante et s’exprime sur de nombreux instruments traditionnels vietnamiens. On retrouve sur ce disque de vieilles connaissances : Paolo Fresu et Mieko Miyasaki. Il y a aussi Alex Tran au cajon et le percussionniste indien Prabhu Edouard.

Août 2016

miles bootleg

Un coffret de 3CD, "Freedom Jazz Dance — The Bootleg Series Vol. 5", documentant l'évolution musicale de Miles Davis entre 1966 et 1968 avec son "second grand quintet" (Miles Davis, Wayne Shorter, Herbie Hancock, Ron Carter et Tony Williams) - sort en octobre dans la série "Miles Davis Bootleg Series".

Le coffret inclut les "master takes" qui apparaîtront sur les albums Miles Smiles (1967), Nefertiti (1968) et Water Babies (1976) ainsi que deux heures d'enregistrements inédits extraits des sessions de studio produites par Teo Macero, avec répétitions, faux départs, prises alternatives et conversations....

Disc: 1
1. Freedom Jazz Dance (Session Reel)
2. Freedom Jazz Dance (Master Take)
3. Circle (Session Reel)
4. Circle (Take 5)
5. Circle (Take 6)
6. Dolores (Session Reel)
7. Dolores (Master Take)

Disc: 2
1. Orbits (Session Reel)
2. Orbits (Master Take)
3. Footprints (Session Reel)
4. Footprints (Master Take)
5. Gingerbread Boy (Session Reel)
6. Gingerbread Boy (Master Take)
7. Nefertiti (Session Reel)
8. Nefertiti (Master Take)

Disc: 3
1. Fall (Session Reel)
2. Fall (Master Take)
3. Water Babies (Session Reel)
4. Water Babies (Master Take)
5. Masqualero (Alt. Take 3)
6. Country Son (Trio Rehearsal)
7. Blues in F (My Ding)
8. Play Us Your Eight (Miles Speaks)

Juin 2016

off

Hier soir 27 juin, présentation de "Off the records - En tournée en Asie avec Giovanni Mirabassi", un film de Romain Daudet-Jahan.
Le film nous fait suivre Giovanni en Chine et en Corée du sud. Taxis, chambres d'hôtel, découverte des salles de concert et des pianos... Des passages hilarants (l'interview avec la journaliste chinoise, la "Tour Eiffel-Cognac"...), d'autres plus profonds où le pianiste évoque son enfance, ses démêlés avec sa famille, son exil parisien et sa rencontre avec Aldo Ciccolini, et enfin, de beaux extraits musicaux (Le chant des partisans, Libertango, Alfonsina y el mar, d'autres encore, et un sublime El pueblo unido jamas sera vencido).
A voir absolument !

Mai 2016

Deux parutions récentes chez ECM : Carla Bley et Jack DeJohnette

andando
Carla Bley, Andy Sheppard, Steve Swallow

Andando el Tiempo propose une nouvelle musique d'une grande étendue émotionnelle par Carla Bley, et souligne son originalité et son ingéniosité en tant que compositeur. "Saints Alive!" fait entendre des conversations animées entre les participants, avec des interventions remarquables de la guitare basse de Steve Swallow et du sax soprano d'Andy Sheppard. Le majestueux "Naked Bridges / Diving Brides" est inspiré par Mendelssohn et la poésie de Paul Haines. Et la puissante composition-titre en trois parties - qui porte sur les épreuves de la fin de la dépendance - va de la douleur à l'espoir et la joie. Le trio avec Sheppard et Swallow a été un véhicule idéal pour l'écriture de Carla pendant plus de 20 ans et fournit également l'un des meilleurs contextes pour son unique jeu de piano. Comme l'album Trios (2012) salué par la critique, Andando el Tiempo a été enregistré au RSI Studio Lugano et produit par Manfred Eicher.

(traduction du texte original en anglais du site ECM)


inmov Jack DeJohnette, Ravi Coltrane, Matthew Garrison

Il y a beaucoup d'histoire concentrée dans cette nouvelle aventure en trio de Jack DeJohnette. Il y a cinquante ans, en tant qu'invité avec le groupe de John Coltrane, Jack DeJohnette a joué avec les pères de Ravi Coltrane et Matthew Garrison, et le programme de In Movement ouvre sur le toujours d'actualité "Alabama" de John Coltrane. "Serpentine Fire" est tiré du songbook de la Earth, Wind and Fire, comme un hommage à Maurice White - qui a également collaboré avec Jack dans les premières années."The Two Jimmys" est un hommage à Jimi Hendrix et Jimmy Garrison, l'un comme l'autre de grands innovateurs, et "Rashied" salue le regretté Rashied Ali, un autre grand batteur issu du cosmos de Coltrane. Pour toute la richesse des références, c'est vraiment un groupe en mouvement, comme l'affirme le titre. Ravi Coltrane et Matt Garrison, pour leurs débuts chez ECM, répondent magnifiquement à la batterie entraînante de DeJohnette, Ravi avec de superbes solos, Garrison avec des lignes de basse sobres et des boucles électroniques imaginatives. Jack DeJohnette: "Nous sommes connectés à un niveau très élevé et très personnel, qui, je le pense, transparaît dans la musique." In Movement a été enregistré aux studios Avatar de New York en Octobre 2015, et produit par Manfred Eicher.

(traduction du texte original en anglais du site ECM)

Avril 2016

La disparition de Gato Barbieri

La musique du film «Le dernier tango à Paris», c’était lui. On a appris la disparition samedi 2 avril, à l’âge de 83 ans, du musicien et compositeur argentin Leandro «Gato» Barbieri. Il est décédé à New York, où il vivait depuis une cinquantaine d'années, d'une pneumonie.

Musicien prolifique et touche à tout, Gato Barbieri avait à son actif une trentaine de disques et un Grammy, récompense obtenue pour le film de Bernardo Bertolucci, Le dernier tango à Paris (1972) dont il avait écrit la musique.

Il a joué avec les grands noms du jazz, de Don Cherry à Charlie Haden en passant par Cecil Taylor ou Carla Bley. Il s’est aussi illustré avec son saxophone sur scène avec Carlos Santana – il collabore à l’album Europa - ou en revisitant la célèbre composition de son compatriote Atahualpa Yupanqui, El arriero.

Gato Barbieri, né à Rosario, capitale des plaines à blé argentines, a commencé par jouer de la clarinette avant de s’essayer au saxophone alto puis ténor sur les scènes de Buenos Aires. Il rejoint un temps l’orchestre de Lalo Schifrin, autre compatriote qui deviendra aussi un compositeur renommé de musique de films culte comme Bullit ou de séries comme Mannix.

Musicien de jazz, Gato Barbieri se réclamait de l’influence de John Coltrane qu’il entendit vit sur scène pour la première fois en 1957 –dans le quintet fondé par Miles Davis- lors d’un concert en Uruguay. Il ne se définissait pas comme un musicien argentin mais international et fera d’ailleurs l’essentiel de sa carrière à New York où il s’était installé, tout en nourrissant sa musique de couleurs latines via le folklore ou encore le tango.

Source : RFI

Santana & Gato Barbieri "Europa" (live, 1977)

Le dernier tango de « Gato » Barbieri

Le Monde | 03.04.2016 à 17h11 | Par Francis Marmande

Gato Barbieri le 15 septembre 2006 à Saint-Domingue, en République dominicaine.

Né à Rosario (Argentine), le 28 novembre 1934, Leandro Barbieri, dit « Gato », est mort le 2 avril 2016, dans un hôpital de New York, a annoncé sa femme Laura, des suites d’une pneumonie. Sa première femme s’appelait Michèle – rôle essentiel dans les liens de la musique et du cinéma. En novembre 2015, on pouvait encore entendre Gato Barbieri lors de son récital mensuel au Blue Note. Il n’avait plus l’aura qui fut la sienne dans les années 1960 et 1970, mais sa renommée excédait toujours le septième cercle du « jazz ».

Son nom remue ceux de Don Cherry, Carla Bley, Charlie Haden, Enrico Rava, Steve Lacy, J.-F. Jenny-Clark et Nana Vasconcelos : plus qu’un orchestre, une communauté de cœur, de pensée, d’objectif politiqueet d’amour. On le dirait aujourd’hui « altermondialiste », l’un de ses triomphes fut, à Montreux, en 1973, le très tiers–mondiste El Pampero. La face lumineuse, gauchiste, populaire, festive, présente dans tous les meetings politiques et sur tous les podiums de la joie, du très introuvable « free jazz ».

« Le chat » au chapeau

De Barbieri, on retiendra trois détails : son surnom de « Gato » qui suffisait à l’identifier (« le chat »), chaffre aux étymologies aussi nombreuses que les pompeux informateurs qui vous en instruisaient ; son légendaire chapeau noir qu’un contestataire inspiré lui avait piqué, le 23 août 1977, à Chateauvallon (Var), le même sans doute qui venait de brailler à l’adresse de la pianiste Carla Bley : « Retourne à tes fourneaux ! » (le gauchisme n’a pas donné que des résultats satisfaisants ; les cons étaient à la mesure du projet) ; ce son de saxophone ténor qui semblait démarqué du rajo, l’inimitable fêlure des cordes vocales des flamencos de Jerez. Tout cela pour dire qu’il fut, de son vivant, visage malin, petites lunettes plus stylées que celles de Lennon, un mythe en scène et dans la vie. Porté par les orages du bonheur des tambours, son lyrisme incandescent eut tôt fait d’écarter les pisse-vinaigre et les amateurs au chef dodelinant – les bons amateurs.

Fils de charpentier, il taquine le violon, découvre le viril ténor auprès de son oncle maternel (dans Les Structures de la parenté, Lévi-Strauss établit clairement l’importance dans ce fatras de l’oncle maternel), et attaque par la face sud le requinto. Le requinto est une clarinette jivarisée qui ne fait pas sérieux. Là-dessus, coup de tonnerre, il tombe sur Charlie « Bird » Parker (un vilain poste de TSF à Buenos Aires) : pilier de Notre-Dame (voir Claudel) ! Joie, Joie, Pleurs de joie ! (se réciter le Mémorial de Pascal, cousu dans sa doublure jusqu’à sa mort). Altiste dans l’orchestre de son compatriote Lalo Schifrin, Gato choisit le ténor (1955).

En 1962, après un bref séjour au Brésil (João Gilberto, etc.), il s’établit à Rome où il joue avec Jim Hall et Ted Curson. C’est à Paris, où Don Cherry se déplaçait à Solex, trompinette dans la poche, au printemps 1965, qu’ils se rencontrent pour ne plus se quitter. À New York, ils gravent un miracle – par définition rétif à tout enregistrement : Complete Communion suivi de Symphony For Improvisers (1966). Quand on a eu la chance de vivre en direct cette époque bénie de tous les diables, on peine un peu à se faire interviewer par un gandin effaré, sur l’air de : « La première fois que vous avez entendu du free jazz, vous avez été épouvanté ? Ahuri ? Sonné ? Agressé ? » Il faut cocher.

Tout-terrain esthétique

La rencontre avec Giorgio Gaslini a lieu à Milan (Nuovi Sentimenti). En 1967, il signe ses deux premiers albums personnels, In Search Of The Mystery et Obsession, avec Sirone à la basse. Rôle des contrebassistes auprès de Gato. À Rome, avec Enrico Rava, Don Cherry, J.-F. Jenny-Clark et quelques égéries, ils vivent en communauté une vie de bâton de chaises qui tient de l’expérience scientifique et du tout-terrain esthétique.

La nature des conflits actuels (quatre vingt-trois guerres au compteur, et des institutions aussi nobles que l’Eglise déchirées par la chair) donne à cette période une allure assez sportive. D’un poil plus âgé que la bande à Gato, Steve Lacy qui tenait le rôle de passeur quasiment bilingue, fit non sans sagacité observer : « Attenchion, attenchion, mes amis, si vous continouiez à mener le vie gracieuse, le Bon Dieu, il va vous punisser… »

Blonde et aussi bouclée que Delphine Seyrig, Carla Bley est l’autre rencontre décisive. Gato participe à ce chef-d’œuvre signé Carla Bley et Paul Haines pour le livret : Escalator Over The Hill. 1968 se profile partout, même aux Jeux de Mexico. Non, non, on n’a été ni épouvanté, ni ahuri, ni sonné, encore moins agressé… Simplement heureux comme devant l’épiphanie du free. Deuxième chef-d’œuvre d’une bande de révolutionnaires dont Charlie Haden et Carla Bley portent la banderole de manif (rouge), le Liberation Music Orchestra : Don Cherry, Perry Robinson, Dewey Redman, Michael Mantler, Roswell Rudd, Bob Northern, Howard Johnson, Sam Brown, Paul Motian et Andrew Cyrille. Moins un orchestre qu’un style de vie et une pensée. Pendant une semaine, pour dire les osmoses du temps, le Liberation Music Orchestra sert de générique à l’irremplaçable « Pop-Club » de José Artur, sur France Inter.

Luttes, tambours

Gato enregistre avec le pianiste sud-africain adoubé par Duke Ellington, Dollar Brand (Abdullah Ibrahim). Virage à 180° vers ses origines sud-américaines, les luttes, les tambours. Ce qui nous conduit au Carnet de notes pour une Orestie africaine (1970), de Pier Paolo Pasolini, où il apparaît autant qu’il joue avec le contrebassiste sarde Marcelo Melis et le percussionniste Don Moye.

Ses commandos à géométrie variable, où se succèdent les plus grands bassistes, nombre de percussionnistes (Airto Moreira, James Mtume) autour de piliers (Lonnie Liston Smith jusqu’en 1973, Roswell Rudd…) obtiennent de vifs succès auprès des jeunes et des classes laborieuses. Après quoi, elles accentuent leur tonalité latina, le goût des chansons et des messages (Viva Emiliano Zapata !), chantent l’Euphoria comme aujourd’hui on brame à la Melancholia.

Il est possible que l’on traverse désormais le pont de Bir-Hakeim sans immédiatement songer au Dernier Tango à Paris (1972) de Bernardo Bertolucci, autre affidé à la bande. C’est Gato qui a composé la musique, récoltant au passage un de ses Grammys dorés. Petite curiosité, lorsqu’on voit à l’écran le voisin qui fait ses exercices au ténor (on l’aperçoit bien de la cuisine où le beurre est dans le frigo), le son est celui de Gato, mais le figurant qui joue du saxophone est noir. Ah ! effets de réel… Passons…

Les amateurs, les bons amateurs, tiennent la fin de la carrière de Gato Barbieri pour trop populaire et commerciale. Relire sur ce point Le Meunier, son fils et l’âne (Jean de La Fontaine). Musicien d’époque, son de cathédrale, mouvements intestinaux des révolutions, tentative de Hip Hop All Stars (2000), on a donc tant perdu la passion de l’Histoire ?

  • Francis Marmande
    Journaliste au Monde

-> La page consacrée à Gato Barbieri.

Novembre 2015

Un site tout neuf pour ECM ! C'est ici : https://www.ecmrecords.com/home

Et l'hommage à René Caumer :

rr

Une page est consacrée à René Caumer sur l-invitu : René Caumer

La mort d'Eddy Louiss

Le musicien d'origine martiniquaise s'est éteint aujourd'hui 30 juin à l'âge de 74 ans. Grande figure du jazz français il avait longtemps accompagné Claude Nougaro et joué avec les plus grands jazzmen.

Considéré comme un poète par Richard Galliano, adulé par Ray Charles, Quincy Jones ou Stan Getz, les claviers virevoltants et sensibles d'Eddy Louiss se sont tus aujourd'hui à Poitiers. Triste nouvelle pour les amoureux de la note bleue et de la musique française en général. Ce parisien d'origine martiniquaise laisse un héritage musical à la hauteur de sa générosité au piano ou à l'orgue.

De père trompettiste, Eddy Louiss a étudié lui-même la trompette et le piano avant de passer à l'orgue. Il fait ses armes dans les clubs de la capitale et participe à l'aventure des célèbres Double Six, groupe vocal fondé par Mimi Perrin. Talentueux, il jouera et enregistrera avec la crème des jazzmen américains (Johnny Griffin, Art Taylor, Dizzy Gillespie, Stan Getz avec qui il a tourné un an, Kenny Clarke...). Coté français la liste est longue, on pense à ses duos avec Michel Petrucciani et Richard Galliano, ses sessions folles avec Bernard Lubat, Jean-Luc Ponty, André Minvielle, René Thomas... Eddy Louiss fût bien sûr le musicien attitré de Claude Nougaro pendant treize ans (entre 1964 et 1977), mais aussi de Jane Birkin, Henri Salvador, Barbara, Serge Gainsbourg, Jacques Higelin et bien d'autres.

A 14 ans, Eddy Louiss accompagnait son père dans les casinos en jouant au piano de la rumba, du jazz, du tango et autres musiques de danse. L'artiste conservera toute sa vie cette ouverture aux genres et l'aspect festif et chaleureux inhérent à la musique. Dans les années 80 il fonde dans cet esprit son big band le "Multicolor Feeling" orchestre-fanfare à géométrie variable avec qui il va tourner dans le monde entier. Malgré ses graves problèmes de santé Eddy Louis a tout joué avec la même générosité, toutes les formes de jazz, de musiques caribéennes, africaines (l'album "Histoire sans parole") ou même électroniques sur "Sang mêlé" et "Wébé". Un grand musicien et un grand homme.

Ornette Coleman est mort

Le musicien et compositeur américain Ornette Coleman, légende du jazz, est mort jeudi 11 juin au matin, à l’âge de 85 ans. D’après sa famille, citée par le New York Times, il a succombé à une crise cardiaque.

Né à Fort Worth, au Texas, il est mort à New York, où il a fait l’essentiel de sa carrière. Son album de 1959, The Shape of Jazz to Come, est considéré comme l’un des premiers albums avant-gardistes de l’histoire du jazz.

Coleman fut avec John Coltrane l’un des musiciens à l’origine du free jazz, un style fondé sur l’improvisation hors de toute contrainte harmonique, avec une grande liberté de mélodie et de rythme. Connu surtout comme saxophoniste alto, Coleman rejetait les notions traditionnelles d’accord et se lançait à la place dans des solos que ses détracteurs considéraient comme chaotiques, mais qui sont devenus un courant dominant du jazz et du rock. Il expliquait que ces formes libres de solos lui venaient spontanément, car il pensait que jouer du jazz était une activité humaine naturelle. « Le jazz devrait exprimer davantage de sentiments que ce qu’il a fait jusqu’à présent », déclarait-il.

The Shape of Jazz to Come a surpris le monde du jazz, y compris Miles Davis qui l’a critiqué, à cause de son manque d’harmonie, de l’absence de guitare ou de piano pour l’accompagner. Cet album comprend la chanson pleine de passion « Lonely Woman », écrite par Coleman, à propos d’une cliente de la haute société qu’il avait remarquée quand il travaillait dans un magasin à Los Angeles, et qui est devenue un standard du jazz.

La même année, en 1959, il sort l’album The Change of the Century, enregistré en Californie plutôt que dans une capitale établie du jazz. Il a souvent enregistré des albums avec son fils Denardo Coleman, célèbre batteur de jazz.

Mai 2015

De nombreuses nouveautés annoncées ou déjà dans les bacs.

La suite, à paraître en juillet, des rééditions de concerts de Miles Davis "The Bootleg series" tout d'abord. Le volume 4 est un coffret de 4 CD regroupant des concerts à Newport de 1955 à 1975. Pour être plus précis, 1955, 1958, 1966, 1967, 1969, 1971, 1973, et 1975 plus deux concerts à Berlin et en Suisse !

Le concert historique du sextet de “Kind Of Blue”, le second "grand quintet" capté en 1966 et 1967, et pour finir la "période électrique" de Miles... Très alléchant !

bootlegs

Des sorties annoncées sur ECM également :
- deux Keith Jarrett, "Creation" constitué d'extarits de concerts solo sélectionnés par le pianiste, et un CD avec orchestre symphonique consacré à Barber et Bartók.

creation
no_way

- "This is the day", un disque du pianiste italien Giovanni Guidi ;

- "Surrounded by sea" d'Andy Sheppard (le trio "Libero" auquel s'est adjoint le guitariste Eivind Aarset).

creation
no_way

Mars 2015

   inmaggiore

Après Mistico Mediterraneo, Paolo Fresu et Daniele Di Bonaventura se retrouvent !

In maggiore, le nouveau projet du trompettiste italien Paolo Fresu, est un dialogue musical entre la trompette et l’accordéon aux sonorités méditerranéennes.

A deux dans cette nouvelle aventure, ils explorent un large éventail de répertoire constitué de ballades originales de leur propre composition, d’improvisations, d’un air provenant de La Bohème de Puccini, de musique liturgique, de pièces du légendaire chansonnier chilien Victor Jara et de l’auteur-interprète uruguayen Jaime Roos, de musique du compositeur napolitain Ernesto de Curtis, ou encore de O que sera du brésilien Chico Buarque.

Durant sa carrière, Daniele di Bonaventura s’est beaucoup consacré au rapprochement entre le jazz et les traditions sud-américaines, tandis que Paolo Fresu est l’une des voix exceptionnelles de l’improvisation contemporaine.

La relation entre leurs deux instruments évolue constamment tout au long de ce programme fascinant, enregistré à l’auditorium RSI de Lugano.

La session a déjà atteint une certaine renommée, dont des scènes figurent dans le nouveau documentaire du réalisateur italien Fabrizio Ferrao intitulé Wenn aus dem Himmel, qui fait actuellement le tour des festivals de film (notamment le festival Cinéma du réel à Beaubourg, Paris, fin mars).

Février 2015

Depuis le 18 février, en distribution exclusivement sur internet, les deux morceaux écrits par Paolo Fresu pour la bande son de "Torneranno I Prati", le dernier film de Ermanno Olmi. A écouter ici : https://embed.spotify.com/ et à télécharger sur les prinipales plate-formes musicales, de iTunes à Deezer, en passant par Spotify et Bandcamp.

Novembre 2014

Un nouveau coffret d'inédits de John Coltrane avec Miles Davis !

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Après Kind of Blue (1959), avant de quitter définitivement le groupe, Coltrane accompagna Miles dans une tournée en Europe en 1960. Un coffret de 4 CD, All of You: The Last Tour, 1960 présente des extraits de huit de ces concerts (certains étaient déjà parus sur "Miles Davis With John Coltrane and Sonny Stitt 1960" sous le label Dragon). Certains de ces enregistrements sont tirés de retransmissions à la radio, d'autres (Francfort) d'enregistrements privés. Globalement, la qualité est très bonne sauf sur un ou deux titres.
Les solos de Coltrane sont si inhabituels qu'ils firent scandale à l'époque. Frank Tenot dit du premier concert donné à Paris : “Les gens étaient vraiment surpris d'entendre Coltrane jouer de façon très différente par rapport à Kind of Blue. Une partie du public pensait que Coltrane ne jouait pas bien, qu'il jouait faux de façon involontaire.” Tenot dit au saxophoniste après le concert qu'il était trop nouveau pour le public, qu'il allait trop loin.” Coltrane se contenta de sourire et répondit : “Je ne vais pas assez loin.” Les critiques se déchaînèrent : “scandaleux", "aucun rapport avec le jeu de saxophone". L'un d'entre eux alla même jusqu'à qualifier cette musique de "terroriste". 

Ces enregistrements documentent parfaitement sur ce que sera l'évolution de Coltrane entre 1960 et 1966 avec ses "nappes de son". Même si Miles joue divinement bien, c'est le solo de Coltrane que l'on attend avec impatience sur chaque morceau !

Parution annoncée pour le 2 décembre.

Et une autre nouveauté : "Hamburg ’72" du trio de Keith Jarrett !

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Un concert inédit à la NDR Funkhaus de Hambourg. Le trio avec Charlie Haden et Paul Motian – créé en 1966 – fut le premier "super groupe" de Jarrett. Le bassiste a travaillé avec Ornette Coleman, le batteur avec Bill Evans. Avec ce trio, Jarrett pouvait explorer toute l'étendue du jazz moderne, de la ballade poétique au free le plus torride ! Le sommet du disque est le “Song for Che” de Charlie Haden. .

Juillet 2014 : décès de Charlie Haden

Décembre 2013 : Deux rééditions de Keith Jarrett : « No End » et « Concerts ».

Novembre 2012 : Enregistré en public à Münich en 1981, mixé 30 ans plus tard, voici "Carta de Amor" par le trio "Magico" : Jan Garbarek/Egberto Gismonti/Charlie Haden.

Juillet 2012 : Nouveautés et rééditions très intéressantes chez ECM : " Sleeper" du "quartet européen" de Keith Jarrett (souvent appelé "Belonging") au sommet de son art ; la réédition en coffret de trois enregistrements des débuts de Jan Garbarek, Sart (1971), Witchi-Tai-To (1973) et Dansere (1975) ; un autre coffret de 3 CD, Odyssey In Studio & In Concert de Terje Rypdal. Enfin, "Magnetic Works 1993-2001" de Jon Balke. Un musicien que je connais moins, à découvrir donc.

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Mai 2012

Une chanteuse de jazz corse, mais oui ! Fabienne Marcangeli, à découvrir en rubrique "jazz vocal".

Janvier 2012

Trois parutions chez ECM :

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Tord Gustavsen Ensemble: The Well (ECM 2237)

Deux ans après “Restored, Returned”, un nouveau disque du quartet de Tord Gustavsen. Ici le saxophoniste Tore Brunborg prend davantage d'importance, à côté du piano du leader, accompagné subtilement par Jarle Vespestad (d) et Mats Eilertsen (d).

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Tim Berne: Snakeoil(ECM 2234)




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Andy Sheppard: Trio Libero(ECM 2252)

Last but not least, le disque très attendu du Trio Libero composé du saxophoniste britannique Andy Sheppard, du bassiste Michel Benita et du batteur Sebastian Rochford.
Un trio où l'interaction créatrice est reine.
Enregistré en juillet 2011 à Lugano.

 


deglifiori

Pour ceux et celles qui n’aiment pas (encore) le jazz...
(ou qui croient ne pas aimer le jazz !)

Certains de mes amis (certaines, surtout : ce sont semble-t-il en majorité les femmes qui n’aiment pas le jazz) déclarent ne pas apprécier le jazz. Pourtant, ils reconnaissent souvent aimer tel ou tel musicien, tel ou tel disque de jazz. Ce qu’on appelle communément « jazz » est tellement divers que chacun peut y trouver un style qui lui plaira. C’est ce que je vais essayer de démontrer ci-dessous, en espérant donner envie aux « non-amateurs » de découvrir certains aspects de cette musique qui leur auraient peut être échappé.

Pour ceux... : lire la suite →

Quelques-uns de mes artistes préférés

Eivind Aarset

Nous avons eu l'occasion de voir et d'entendre à deux reprises le guitariste norvégien Eivind Aarset avec Dhafer Youssef. Un style unique, évoquant parfois Terje Rypdal en plus planant. C'est l'occasion de revenir sur cet artiste étonnant, né le 23 mars 1961 à Oslo, que beaucoup ont découvert dans “Khmer”, le premier disque de son compatriote le trompettiste Nils Petter Molvær. Dix-neuf ans plus tard, ce musicien s’est construit son propre univers musical. “I.E”, son nouveau cd, est paru il y a quelques mois sur Jazzland.

aarset

Son éveil musical se produit en 1973 quand, à l'âge de 12 ans, il découvre Jimi Hendrix, qui lui donne instantanément envie de jouer de la guitare. Dans la foulée, il se met à écouter non moins passionnément Deep Purple, Black Sabbath, Santana et Pink Floyd avant que son frère lui fasse découvrir Miles Davis, le Mahavishnu Orchestra, Weather Report et Return to Forever. Puis il découvre le "son ECM" avec Jan Garbarek et Terje Rypdal, qui sera une de ses grandes influences.

Imprégné par le jazz de la période électrique et les possibilités offertes par l'électronique, il choisit de fusionner ces deux composantes pour créer un style qui lui est propre, qualifié à la fin des années 1990 de « nu jazz ».

Accompagnateur d'artistes importants comme Ray Charles, Dee Dee Bridgewater, Ute Lemper, Eivind Aarset s'établit une belle notoriété dans le cercle du jazz scandinave et participe aux projets du bassiste Arild Andersen, du pianiste Bugge Wesseltoft ou du joueur d'oud Dhafer Youssef. Remarqué au festival Maijazz en 1997, le guitariste influencé autant par Jimi Hendrix que Terje Rypdal compose un premier album à partir d'une pièce baptisée 7. Ce premier opus sorti l'année suivante sous le titre Électronique Noire accueille quelques personnalités comme Bugge Wesseltoft et le trompettiste Nils Petter Molvaer qui ne tarde pas à l'intégrer à son groupe.

Après ce premier ouvrage visionnaire fêté par la presse spécialisée pour son mélange de trip-hop, drum'n'bass, rock et jazz, Eivind Aarset réalise quatre autres albums pour le label Jazzland Records : les très electro Light Extracts en 2001 et Connected en 2004, le plus abordable Sonic Codex en 2007 et Live Extracts, constitué d'extraits de concerts, en 2010. Le Sonic Codex Orchestra qui le suit en tournée comprend Marius Reksjo (basse électrique), Audun Erlien (guitare, claviers), Wetle Holte (synthétiseurs), Hans Ulrik (clarinette basse), Erik Honoré et Jan Bang (sampling, production).

Dès lors, son jeu de guitare unique fera discrètement-mais-intensément merveille sur plusieurs disques essentiels : “Cartography” (ECM, 2009) et “Places Of Worship” (Rune Grammofon, 2013) d’Arve Henriksen, “Last Night The Moon Came Dropping Its Clothes In The Street” de Jon Hassell (ECM, 2009), “Ethics” (Zig Zag Territoires, 2010) et “River Silver” (ECM, 2016) de Michel Benita, “Uncommon Deities” (Samadhi Sounds, 2012) de Jan Bang et Erik Honoré (deux sound designers avec lesquels il collabore régulièrement et joue chaque année au Punkt Festival de Kristiansand) et “A Victim Of Stars 1982-2012” (Virgin, 2012) de David Sylvian, pour un seul titre, l’époustouflant Where’s Your Gravity ?, sur lequel jouent aussi Henriksen, Bang et Honoré., et il vient de tourner avec Andy Sheppard et Michel Benita.
En 2012, Eivind Aarset collabore plus spécifiquement avec Jan Bang pour l'album Dream Logic sorti en novembre (janvier 2013 en France). Ce projet, le premier pour le label ECM, additionne couches de guitares, samples, programmation, samples et divers effets électroniques conduisant à une oeuvre contemporaine proche du style ambient.

Avec “I.E.”, Eivind Aarset concentre tout ce que l’on a aimé dans ses précédents disques : riffs chirurgicaux, lyrisme électrique hérité des seventies, onirisme électronique typique du début du XXIe siècle, longues plages méditatives (Sakte, Return To Her Home) parfois ponctuées d’envolées prog-jazz (Wanderlust, They’ll Be Asked Nothing, Through Clogged Streets, Passed Rotten Buildings et le magnifique One And The Same).

Discographie

Sous son nom :

1998: Électronique Noire (Jazzland, EmArcy)
2001: Light Extracts (Jazzland), within «Électronique Noire»
2004: Connected (Jazzland)
2007: Sonic Codex (Jazzland)
2010: Live Extracts (Jazzland), within «The Sonic Codex Orchestra»
2012: Dream Logic (ECM Records)
2015: I.E. (Jazzland)

Comme sideman :

1985: Tigers of pain (avec Anne-Marie Giørtz)
1997: Khmer (Nils Petter Molvær-ECM)
2000: Solid Ether (Nils Petter Molvær-ECM)
2003: Digital Prophecy (Dhafer Youssef - Justin Time)
2004: Grace ( Ketil Bjørnstad-Universal Music)
2005: Electra (Arild Andersen-ECM Records)
2008: Movements in Colour (Andy Sheppard-ECM Records)
2008: Cartography (Arve Henriksen-ECM Records)
2009: Hamada (Nils Petter Molvær-Sula Records)
2009: Last night the moon came dropping its clothes in the street (Jon Hassell-ECM Records)
2009: På Egne Vegne (Anne-Marie Giørtz-Grappa Music)
2009: Slow Procession (Hans Ulrik-Stunt Records)
2012: Mercurial Balm (Food-ECM Records)
2013: La notte ( Ketil Bjørnstad-ECM)
2013: Places of Worship (Arve Henriksen-Rune Grammofon)
2016: Capital Punishment For Cars (Anne-Marie Giørtz-Grappa Music)
2016: The Beauty of Disaster (J. Peter Schwalm-Rare Noise Records)

Carla Bley

Née Carla Borg le 11 mai 1938 à Oakland en Californie, Carla Bley part pour New York à 17 ans et vend des cigarettes au Birdland. Elle y rencontre le pianiste Paul Bley qu'elle épouse en 1957. Il l'encourage à composer. Elle joue notamment avec Paul Bley, George Russell, Jimmy Giuffre et Art Farmer. Elle rencontre le trompettiste Michael Mantler en 1964 au sein de la Jazz Composers’ Guild. Ils fondent un orchestre avec Roswell Rudd, Archie Shepp et Milford Graves. La Guild devient bientôt le Jazz Composers’ Orchestra. Paul et Carla divorcent deux ans plus tard, mais Paul continue de jouer ses compositions, tout comme Jimmy Giuffre, George Russell et Art Farmer. Elle rencontre ensuite le trompettiste Michael Mantler, avec lequel elle dirige le Jazz Composers' Orchestra.

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Miles Davis

J’ai entendu pour la première fois Miles Davis quand, adolescent, je découvrais le jazz à travers les disques de Charlie Parker. Mais le premier concert auquel j’assistai eut lieu en 1971, en pleine période « électrique » de Miles. A l’époque, j’appréciais autant le jazz que la pop « progressive ». Je ne fus donc pas dépaysé par les claviers électriques, les sons distordus et la pédale wah-wah. Je fus au contraire fasciné par cette musique qui pourtant n’avait pas grand-chose à voir avec les disques du Miles des années 50 -60, que je découvrirais plus tard. Pour le lecteur, je crois préférable de présenter les choses dans l’ordre, c’est-à-dire en commençant par le début : 1926, naissance d’un génie.

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Bill Evans

Intense et subtil, lyrique et raffiné, méditatif et poignant

Williams, John, Bill Evans
16/08/1929 à Plainfield, New Jersey-USA - 15/09/1980 à New-York-USA

Pianiste et compositeur de jazz, Bill Evans représente toujours une référence majeure dans l’art du piano qu’il a transformé. Créateur d’une esthétique singulière qui sublime la mélodie, il pratique un discours harmonique très développé et emploie dans son jeu des subtilités rythmiques inouïes. Il a aussi bouleversé l’art du trio piano-contrebasse-batterie. Après lui, la contrebasse et la batterie sont élevées en place de solistes et ont toute latitude à dialoguer avec le piano.

Né dans une famille mélomane, le jeune Bill Evans commence l’apprentissage du piano à l’âge de 6 ans après s’être essayé au violon et la flûte. Il s’intéresse au jazz à travers les musiques de Nat King Cole puis Bud Powell et Lenny Tristano. Après avoir obtenu en 1950 son diplôme de fin d’études au Southern Louisiana College d’Hammond, il est engagé dans l’orchestre du saxophoniste Herbie Fields avant d’être mobilisé durant trois ans dans l’armée. Après sa démobilisation en 1954, il poursuit sa carrière de jazzman et travaille au sein de divers orchestres de danse et de petits clubs de New-York jusqu’en 1955 où il est repéré et engagé par George Russell avec qui il enregistre. Il travaille aussi avec Tony Scott.

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Paolo Fresu

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Après un passage par la page "invités" du fait de ses participations aux Rencontres de Calvi, Paolo Fresu a été le premier jazzman à avoir une page à lui sur l-invitu.
C'est ici : jazz-paolofresu.php

A consulter aussi l'article sur Carla Bley, puisqu'il a intégré pour un temps sa petite formation "The Lost Chords".

Paolo Fresu : lire la suite →

Jan Garbarek

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C’est d'un excellent musicien, cependant controversé dans le milieu du jazz, qu'il va être question ici : Jan Garbarek, saxophoniste (ténor et soprano) de jazz norvégien né en 1947.

Il commence à enregistrer au début des années 70 pour le label allemand ECM, basé à Münich, mais dont le célèbre studio d'enregistrement se situe à Oslo. Il fait alors partie de l'avant garde scandinave aux côtés notamment du pianiste Bobo Stenson, du guitariste Terje Rypdal, des batteurs Edward Vesala et Jon Christensen, du bassiste Arild Andersen... Sa carrière prend un tournant décisif quand il rencontre Keith Jarrett, qui l'intègre dans son quartet dit « européen », avec Jon Christensen et Palle Danielsson. Cette expérience lui permettra d'obtenir une reconnaissance internationale et de mener une carrière en leader très suivie et appréciée bien au delà des frontières de la Norvège.

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Nguyên Lê

Né à Paris de parents vietnamiens, le guitariste Nguyên Lê cofonde en 1983 le groupe ULTRAMARINE.

Musicien autodidacte à vocation ouverte, il joue de ses cordes autant pour le rock et le funk, la chanson, le Jazz contemporain, l'électro-acoustique et surtout les musiques extra-européennes.

Ses collaborations sont innombrables : Art Lande, Marc Johnson & Peter Erskine, Andy Emler, Michel Portal, Miroslav Vitous, Trilok Gurtu, Sylvain Marc, Antoine Illouz, Aldo  Romano, J. F. Jenny Clarke, Dewey Redman, Jon Christensen, Bunny Brunel, Daniel Humair, Michel Benita, Nana Vasconcelos, Glenn Ferris, Christof Lauer, Paolo Fresu, Art Lande, Paul McCandless, André Ceccarelli, Richard Bona et d'autres encore.

Plus récemment, ses disques avec Peter Erskine et Michel Benita (trio ELB), Paolo Fresu («Angel») ou Huong Thanh rencontrent un grand succès.

En 2008, il enregistre "The Othello Syndrome", de Uri Caine, « Blauklang », le nouvel album de Vince Mendoza & aussi "Dream Flight", le nouvel album du trio Erskine - Lê - Benita, avec Stéphane Guillaume en invité au sax.

Un nouveau disque sort en oct 2009: SAIYUKI, un trio asiatique avec Mieko Miyazaki (koto) & Prabhu Edouard (tablas), & Hariprasad Chaurasia (flute) en invité. En tant qu’ingénieur du son il mixe le nouvel album de Dhafer Youssef "Abu Nawas Rhapsody" avec qui il tournera en concert en 2010.

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Un extrait vidéo où Nguyên Lê rencontre... le Concordu de Orosei !!


John Mc Laughlin

Né le 4 janvier 1942 dans le Yorkshire, le guitariste John McLaughlin, également connu sous le nom de Mahavishnu, a commencé sa carrière en Angleterre dans les années soixante. Après un disque avec Tony Oxley et John Surman (Extrapolation), dans lequel s'expriment déjà sa grande technique, sa vélocité et son inventivité, il part en 1969 aux Etats-Unis pour rejoindre le Lifetime de Tony Williams. Puis il est engagé par Miles Davis pour ses albums majeurs In A Silent Way, Bitches Brew (dont un morceau s'appelle tout simplement John McLaughlin), Big Fun, A Tribute to Jack Johnson et l'album Live/Evil. Il joue également avec Miroslav Vitous, Larry Coryell, Wayne Shorter et Carla Bley.

Il fonde en 1970 le Mahavishnu Orchestra avec le violoniste Jerry Goodman, auquel succèdera Jean-Luc Ponty, Jan Hammer, Rick Laird et Billy Cobham. Ce sera le premier groupe de fusion jazz/rock avec des influences indiennes.

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Changement radical avec la création avec Zakir Hussain de Shakti (l'énergie en sanskrit), groupe acoustique qui combine la musique indienne et le jazz. En 1973, il enregistre Love Devotion Surrender avec Carlos Santana, autre disciple du guru Sri Chinmoy.

Il participe également à des rencontres autour du flamenco avec Paco de Lucia et Larry Coryell, puis Al Di Meola. Ce sera le Guitar Trio.

Le groupe Shakti renaît avec Remember Shakti où, à côté de Zakir Hussain, il joue avec de grands musiciens indiens tels que U. Srinivas, V. Selvaganesh, Shivkumar Sharma et Hariprasad Chaurasia.
Saturday Night in Bombay est une rencontre au sommet. Sur "Luki", le premier thème, le chanteur Shankar Mahadevan suit de la voix les accents de la guitare et de la mandoline en une frénésie rythmique incroyable. Sur le plus long "Giriraj Sudha", écrit par le Madrassi U.Shrinivas, les tablas se mêlent à la voix. "Shringar"est une méditation onirique de près d'une demi-heure où les cordes sensibles de la guitare déclinent en de longs motifs les incroyables dérivations du santour, ponctués avec délicatesse des tablas et du kanjeera.

John McLaughlin revient ensuite au jazz avec Thieves and Poets et un disque dédié à Bill Evans.

Vidéos ici.

Giovanni Mirabassi

L'Italie compte décidément nombre de musiciens de jazz de premier plan. On peut notamment citer les trompettistes Enrico Rava, Flavio Boltro et Paolo Fresu, et les pianistes Enrico Pieranunzi et Giovanni Mirabassi.

Giovanni Mirabassi est né en 1970 à Pérouse (Italie). Autodidacte, ce n'est qu'à seize ans que Giovanni prend ses premiers cours de piano, auprès d'un professeur qui lui fait découvrir le jazz. En Italie, il joue avec des musiciens tels que Chet Baker en 1987 ou Steve Grossman en 1988, puis décide en 1992 de s'établir à Paris. En 1996, il remporte le prix du meilleur soliste au Tremplin Jazz d'Avignon. La même année, avec le contrebassiste Pierre-Stéphane Michel il forme le duo Dyade et enregistre son premier disque: En bonne et due forme. Depuis, il mène une carrière de leader en salles et en studio, et collabore avec de nombreux musiciens de la scène parisienne et internationale, comme Stefano Di Battista, Flavio Boltro, Louis Moutin, Glenn Ferris, Andrzej Jagodzinski, Michel Portal. Il joue dans des nombreuses salles et festivals internationaux tels que le Paris Jazz Festival, Era Jazzu de Varsovie, le JVC Jazz festival de Paris, le Northsea Jazz Festival de Rotterdam. Les Victoires du Jazz lui ont été décernées en 2002. Giovanni Mirabassi compose de nombreuses mélodies, non seulement pour lui-même mais aussi pour des chanteurs français comme Agnès Bihl ou Claire Taïb.

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Enrico Pieranunzi

Né en 1949, Enrico Pieranunzi est reconnu par ses pairs comme l'un des meilleurs pianistes mondiaux. Influencé à ses débuts par Bill Evans et McCoy Tyner, il a acquis un style bien personnel depuis son premier disque Jazz a confronto avec Bruno Tommaso (1975). Parisian Portraits (1990) le présente en solo. En 1993 il forme un trio avec Marc Johnson et Paul Motian. Ce trio enregistrera Untold Story (1993), un magnifique The Night Gone By (1996) avec un délicat Canzone di Nausicaa, puis Ballads (2005).

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Gato Barbieri

Le saxophoniste ténor argentin Leandro « Gato » Barbieri est né à Rosario le 28 novembre 1934. Fils d'un charpentier, violoniste amateur, il découvre le ténor auprès d'un oncle saxophoniste puis le jazz en écoutant Charlie Parker en 1944. Il débute sur le requinto (petite clarinette). Cinq ans de cours particuliers de clarinette à Buenos Aires, mais il aborde également le saxophone alto et la composition.

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Stan Getz

Sous-estimé voire méprisé à une certaine époque après le succès de ses disques Getz/Gilberto, Stan Getz est l'un des plus importants saxophonistes de jazz. Chef de file de l'école cool, il combine une sonorité douce et feutrée apportées par le jeu novateur de son ainé Lester Young. Tendre, éthérée, élégante, sa musique contraste avec la rudesse des disciples de Coleman Hawkins, à la crudité du blues et aux duretés virtuoses du bebop. Elle eut une influence prépondérante sur l'évolution du jazz, par l'intermédiaire des musiciens de la côte Ouest.

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Charlie Haden

Le contrebassiste Charlie Haden, né le 6 août 1937 dans le Missouri, n'est peut-être pas un virtuose comme un Scott La Faro ou un Marc Johnson. Mais il a joué un rôle capital dans le jazz contemporain, notamment en accompagnant Ornette Coleman. En outre son jeu communique une émotion rare. en développant un style très libre. La contrebasse de Haden a un son solide, épais, un des plus riches de l'histoire du jazz. Rares sont ceux qui, comme Haden, parviennent à communiquer autant d'émotion. Au cours de sa longue carrière, il a collaboré avec de nombreux artistes. Mais c'est avec son "Liberation Music Orchestra" fondé en 1969 qu'il restera à coup sûr dans l'histoire.

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Keith Jarrett

Qui contesterait que Keith Jarrett soit l'un des plus grands pianistes de l'histoire du jazz ? Sa maîtrise de l'instrument sort de la logique. "Il possède la faculté de jouer à genoux, rien qu'en faisant confiance aux muscles de ses doigts. Il a des mains de crabe! C'est un extra-terrestre!" dit de lui Giovanni Mirabassi, qui est loin d'être manchot !

La sortie en DVD de la passionnante "Leçon de jazz" d'Antoine Hervé sur Keith Jarrett m'a donné envie de consacrer quelques lignes à ce grand musicien et improvisateur qui se situe au carrefour des musiques du 20e siécle.

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Pianiste à la technique exceptionnelle, improvisateur hors normes, il synthétise divers courants tels que le classique (avec une emphase sur la musique de JS.Bach), le jazz, la musique country, le rock, le free jazz et bien d’autres encore. Une de ses particularités consiste en l’utilisation du contrepoint traditionnel, de l’art de la fugue improvisée directement au clavier (école française) dans un contexte harmonique du début du XXème siècle (Ravel-Debussy), avec un groove jazz original et irrésistible. Un musicien moderne qui se place au carrefour de ce que la musique occidentale a de mieux à nous offrir.

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André Jaume

voir sur la page "invités".

Renaud García-Fons 

A la frontière entre jazz, flamenco et tango, le bassiste Renaud Garcia-Fons propose La Linea del Sur, enregistré en 2008. "Un Sud imaginaire qui réunirait de multiples racines musicales, ayant en commun la recherche d'un chant profond". Un disque porté par l'accordéon de David Venitucci, la guitare de Kiko Ruiz, la grande voix du flamenco Esperanza Fernandez (sur trois titres) et la technique étonnante de Garcia-Fons à la contrebasse à cinq cordes, qui sonne parfois comme un violoncelle.

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Terje Rypdal

Né le 23 août 1947 à Oslo, Norvège, Terje Rypdal est un guitariste au style très personnel, reconnaissable immédiatement. Associé au label ECM depuis le début des années 70, son jeu utilise l'espace et les sons denses d'une façon inhabituelle. Après des études de piano, il apprend la guitare quasiment seul, influencé par Jimi Hendrix. Il apprend le concept lydien auprès de son auteur, George Russell, avec lequel il joue avant de former un groupe avec Jan Garbarek. Il forme en 1972 le groupe Odyssey. Depuis, il joue avec des musiciens tels que Miroslav Vitous, Palle Mikkelborg, David Darling et Ketil Bjornstad.


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Andy Sheppard

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Andy Sheppard a commencé le saxophone à l’âge de 19 ans et a donné son premier concert à peine trois semaines plus tard ! Un musicien prodigieusement doué donc, très influencé par John Coltrane. Après ces débuts avec le groupe Sphere basé à Bristol, il part pour Paris et collabore notamment au groupe Urban Sax. Au milieu des années 80 il revient s’installer en Grande-Bretagne, enregistrant l’album “Andy Sheppard” pour le label Antilles/Island, avec Steve Swallow comme directeur artistique. Cette collaboration donna naissance à une longue association musicale qui perdure encore aujourd’hui.

Depuis, Andy Sheppard a enregistré pour de nombreux labels comme Blue Note, Verve, Label Bleu ou Provocateur et joué et composé une musique personnelle volontiers trans-idiomatique pour des ensembles de toutes tailles (son projet Saxophone Massive impliquait pas moins de 200 saxophonistes !) mais aussi pour le théâtre, le cinéma, la danse et le monde du multimédia. Il a joué au fil des années avec des musiciens très divers allant de Nana Vasconcelos à Han Bennink, en passant par Joanna MacGregor, Keith Tippett, L. Shankar ou Kathryn Tickell.

Sollicité par ailleurs par les plus grands artistes de jazz, Sheppard a notamment collaboré étroitement avec ces exceptionnels compositeurs que sont George Russell ou Gil Evans. Mais c'est pour ses collaborations avec Carla Bley qu'il a acquis une belle notoriété (et à mon avis c'est dans ce contexte qu'il s'exprime le mieux). Il a enregistré énormément avec Carla Bley pour le label Watt dans “Fleur Carnivore”, “The Very Big Carla Bley Band”, “Big Band Theory”, “Songs with Legs”, “The Carla Bley Big Band Goes to Church”, “‎4 x 4”, “Looking for America”‎, “The Lost Chords‎” ,“Appearing Nightly”, et ‎”The Lost Chords Find Paolo Fresu”.

trio

"Trio Libero" est le nom du groupe fondé par le saxophoniste britannique Andy Sheppard, associé au contrebassiste français Michel Benita et au batteur écossais Sebastian Rochford. Basé sur une orchestration classique du sax-contrebasse-batterie, ce « Trio Libero » propose dans ce disque une musique inventive et lyrique. Mais le maître mot du groupe est la liberté. Celle-ci est manifeste dans l'espace laissé aux mélodies, à chacun des musiciens, ce qui n'exclut pas le dialogue et l'interaction. Le groupe est issue d'une résidence à Snape Maltings, Aldeburgh. Andy Sheppard raconte que le trio s'est enfermé pendant quatre jours pour improviser. Tout a été enregistré, puis Andy a harmonisé tout cela. Ainsi The Unconditional Secret est "plus ou moins la transcription directe d'une improvisation libre datant de la résidence à Aldeburgh."

La méthode du trio : “improviser, transcrire, développer et puis rejouer le morceau en improvisant de nouveau.”

Certaines compositions pourront surprendre par l'absence de tempo (Libertino, Dia da Liberdade) ou de mélodie facilement identifiable. En fait, alternant soprano et ténor, Andy Sheppard laisse en permanence libre cours à son imagination et joue énormément sur les sonorités des saxophones (ténor et soprano), aidé en cela par les ingénieurs du son ECM qui, comme d'habitude, donnent beaucoup d'espace et de réverbération à la musique.

trio
Michel Benita, Andy Sheppard, Sebastian Rochford (de g à dr)  © DR

Tigran Hamasyan

Né en 1987 à Gyumri (Arménie), Tigran Hamasyan appartient probablement à la catégorie des surdoués. A l'âge de 11 ans il compose «Colours Of Paradise», un premier be-bop aux métriques complexes Repéré à 13 ans par Chick Corea ou Avishai Cohen lors du festival de Jazz d’Erevan, il obtient en 2006 (à 19 ans) le premier prix de piano du Thelonious Monk Institute of Jazz. Il entre à l'Université de Californie du Sud à Los Angeles où il commence à étudier en profondeur et en parallèle le jazz contemporain et la musique arménienne. La même année il publie son deuxième album, New Era, accompagné de François Moutin et Louis Moutin, avec l'apparition de Vardan Grigoryan au duduk. Il s'installe à New York en 2008.
En 2009, il enregistre Red Hail, un album au carrefour du jazz, du metal et du folklore arménien, avec son nouveau quintet de jeunes musiciens Aratta Rebirth : Areni Agbabian (voc), Ben Wendel (ts), Charles Altura (g), Sam Minaie (b) et Nate Wood (d). Ils se produisent dans plusieurs grands festivals internationaux, de Montréal à Nice en passant par Vienne ou Rotterdam (North Sea Jazz Festival). Il accompagne Dhafer Youssef sur son CD Abu Nawas Rhapsody et au Festival Jazz Sous Les Pommiers en mai 2010. En juin de la même année, Tigran Hamasyan signe avec le label Verve. Il enregistre en septembre 2010 à Paris l'album solo A fable, pour lequel il est lauréat des Victoires du jazz 2011 dans la catégorie album international de production française.
Il se produit en 2011 dans de grands festivals comme Jazz in Marciac, Montreux, Montréal pour la 3e année consécutive, ainsi qu'au Tokyo Jazz Festival, en Arménie, au Royaume-Uni (Queen Elizabeth Hall) ou encore en Allemagne.
Si « A Fable », précédent album ’avait confirmé dans le rôle de grand compositeur et grand claviériste de jazz, Shadow Theater le propulse dans un univers aux sonorités plus proches de Red Hail, mais qui déborde de toutes parts des carcans stylistiques. Pour s’en aller débusquer l’émotion dans les pistes les plus biscornues des crêtes les plus rêches. Dans son théâtre d’ombres, c’est tout un univers tendre et délicatement mélancolique que Tigran dessine, avec ses compositions garnies de recoins et de surprenantes relances.

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John Coltrane

Je n'avais pas encore osé affronter ce "monument" du jazz qu'est John Coltrane. Mais je me devais de réparer cette lacune... Disons-le d'emblée, John Coltrane est avec Charlie Parker l'un des musiciens les plus importants du XXe siècle.

John Coltrane (surnommé « Trane ») est né à Hamlet en Caroline du Nord le 23 septembre 1926 et mort à Long Island (New York), le 17 juillet 1967.

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Hugh Coltman

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Des drums qui dansent comme dans un des légendaires enterrements de la Nouvelle-Orléans, des cuivres gorgés de soul, des guitares mêlant tous les blues et tous les folk...
Hugh Coltman s’est offert un écrin sublime pour onze chansons dans lesquelles il fait entendre sa voix chaleureuse de routier des sentiments et de grand connaisseur des émotions humaines, toujours indulgent pour l’amoureux du soir, le paumé de l’aube ou le mélancolique du plein soleil...
Who’s Happy ? demande son nouvel album. Personne et chacun, semble-t-il répondre...

Hugh Coltman a toujours été parfaitement lui-même sans jamais être là où l’on l’attend. Britannique vivant en France, ancien leader du groupe blues-rock The Hoax avant de se muer en songwriter folk-pop puis en quadragénaire explorateur du plus beau patrimoine du jazz. Une nouvelle facette de l’aventure d’un artiste qui a décidé de s’affranchir des frontières, des formats et des habitudes.

Au commencement, il y avait eu en 2012 un remplacement au pied levé de la chanteuse Krystle Warren pour un concert du pianiste Éric Legnini. Hugh Coltman découvre « la désinvolture des musiciens de jazz, qui sont plus rock que beaucoup de musiciens de rock’n’roll, qui ne jouent jamais le jeudi une chanson comme ils l’ont jouée le mardi, qui maîtrisent tellement leur sujet qu’ils peuvent tout se permettre. »

Le remplacement devient une aventure au long cours et un hommage à Nat King Cole – un album, cent vingt concerts. Hugh Coltman s’attend à « être lapidé par la presse, dans le genre « pour qui se prend-il, de faire un disque de jazz ? » Or Shadows, Songs of Nat King Cole est un succès éclatant et lui apporte la Victoire du jazz 2017 de la voix de l’année. Il serait logique qu’il embraye sur un autre album de reprises, et d’autant plus qu’il a entretemps retrouvé son groupe originel, The Hoax, et a enregistré avec lui Recession Blues, A Tribute to BB King .

« En fait, j’ai commencé à composer sans savoir où aller, mais en me disant que je n’allais pas me spécialiser dans les hommages, même s’il y avait de bonnes idées possibles. » Le déclic vient de la série Treme et de ses trésors musicaux. Hugh se remémore des plaisirs d’enfance autour de Kid Ory, Sidney Bechet, Fats Domino, puis Dr John ou les Meters qu’il a aimés sans savoir qu’eux aussi plongeaient leurs racines dans la Nouvelle- Orléans de la second line et des cuivres flamboyants. Il réécoute passionnément les grands maîtres fondamentaux, plonge dans CW Stoneking, bluesman revivaliste australien, ou Charles Sheffields, chanteur de r’n’b typiquement louisianais des années 60. Très vite, s’impose une conviction libératrice : « La musique de la Nouvelle-Orléans n’est pas forcément virtuose ; elle met en avant le cri essentiel. »

Et il lui vient aussi une réflexion existentielle centrale : « J’ai quarante-cinq ans, est-ce que je vais enfin me foutre de ce que pensent les autres ? » Il ira donc là où il veut, dans une Nouvelle-Orléans sur laquelle souffle l’esprit des Cubanos Postizos de Marc Ribot, le jeu de piano de Rubén Gonzàlez sur le titre Buena Vista Social Club ou les climats de Swordfishtrombones de Tom Waits – des sentiments forts, des gestes francs, des saveurs musquées, des réalités drues habillées des félicités heureuses de la musique... Il veut beaucoup de musiciens, il veut retrouver les évidences apprises jadis chez Kid Ory, Muddy Waters ou Howlin’ Wolf – l’instinct, les cuivres qui déboulent en procession, l’impression par l’auditeur d’être dans la pièce et de voir tous les instruments...

Il veut aussi, à la batterie, Raphaël Chassin, fidèle complice qui a aussi œuvré chez Miossec, Vanessa Paradis, Bernard Lavilliers, Charlotte Savary, Albin de la Simone... Et puis le guitariste Freddy Koella, le plus prestigieux et le plus discrets des Français d’Amérique – Bob Dylan, Willy DeVille, Odetta, k.d. lang, Carla Bruni, Francis Cabrel, Lhasa De Sela...

Freddy va coréaliser l’album. Il conseille à Hugh : « Ne fais pas de maquettes. » Résultat : « En deux semaines, j’avais la base de toutes les chansons » , enregistrées dans sa cuisine à Montreuil, sur son téléphone. Une première semaine en Louisiane pour rencontrer les musiciens et se charger des histoires attrapées au vol de l’Amérique de Trump, qui feront la chanson Sugar Coated Pill . Puis six jours de studio avec des pointures de la Nouvelle-Orléans pour dix chansons originales et la reprise d’ It’s Your Voodoo Working de Charles Sheffield.

De chanson en chanson, l’album passe de la pure autobiographie à l’humanité, de la déploration à l’espoir têtu, du blues européen à une lumière universelle... Civvy Street ouvre l’album comme un standard vénérable et implacable, All Sleeps Away évoque la maladie d’Alzheimer du père de Hugh Coltman, Little Big Man est pour son fils, Hand Me Down aborde les questions de transmission (avec l’incursion, en langue française canado-haïtienne, de Mélissa Laveaux)... Un voyage musical et existentiel entre confidences et grand spectacle, entre exploration d’un patrimoine phénoménal et inspiration féconde d’un artiste au sommet de sa créativité.

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Contact Promo – Du Bruit au Balcon Music – Romain Berthault
romain@dubruitaubalcon.com 04 37 92 04 07

Le jazz vocal

Stacey Kent

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Une chanteuse de jazz moins médiatisée que Diana Krall mais pleine de talent : Stacey Kent.
Je l'ai découverte... sur RCFM, à l'occasion de quelques concerts qu'elle a donné en Corse en 2004.

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Laïka 

J’ai découvert Laïka Fatien par hasard, sur la chaîne musicale Mezzo. J’ai immédiatement arrêté ce que j’étais en train de faire, subjugué par la force de son interprétation. Et j’ai découvert ses deux disques, Look at me now ! et tout récemment Misery.

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Née d’un père ivoirien et d’une mère hispano-marocaine à Paris en 1968, Laïka Fatien se fait connaître en chantant avec le big band de Claude Bolling. Elle collabore également avec Sixun, Julien Lourau, Steve Williams, Antoine Roney, Michael Bowie, David El Malek, Richard Galliano, Robert Glasper, Gregory Hutchinson, Peter Martin, Daryl Hall, Vince Benedetti...

Elle également au théâtre et participe à "A Drum is a Woman". Elle mène ainsi une double carrière de musicienne et d'actrice. 

Elle enregistre un premier album de vocaliste, Look at me now ! Un album très varié, dans lequel on remarque notamment le ténor David El-Malek et le pianiste Pierre de Bethmann. Une adaptation déchirante de la ballade d’Abbey Lincoln "Throw it Away", une reprise ralentie d’"Eleanor Rigby" des Beatles, un "Inchworm" candide et une version de"The Best Is Yet To Come" très différente de celle de Stacey Kent.

Cet album, à la fois audacieux, maîtrisé et respectueux des traditions, est une grande réussite du jazz vocal contemporain… Le Point

Quatre ans après, voici « Misery », hommage à Billie Holiday, enregistré en février 2008 à Paris.
Outre une sélection très personnelle de chansons et des arrangements très originaux, la voix de Laïka nous envoûte par sa sensualité, son ampleur, son sens du texte et de la musique.

Enfin une interprète qui ose et réussit le difficile pari de chanter Billie Holiday ! Laïka Fatien n’essaie pas de copier Billie, elle en livre une interprétation personnelle et convaincante, explorant tous les registres et les timbres de sa voix. Magistral.

Et voici le suivant : Nebula (sorti en mars 2011) :

nebula

Laika s'aventure ici sur des terrains variés : Thelonious Monk avec Matrix - think of one, le Brésil avec Caico de Villa Lobos, une belle version de Appointment in Ghana de Jackie Mc Lean, les autres morceaux étant des compositions de Tina Brooks, Joe Henderson, Stevie Wonder, Wayne Shorter, Björk...

A noter que cet album est produit par la bassiste Meschell Ndegeocello.

Diana Krall 

La chanteuse et pianiste canadienne Diana Krall n'est plus à présenter.
Son premier album "Stepping Out", avec le bassiste John Clayton et Jeff Hamilton, sort en 1993. Après Only Trust Your Heart (1995), son troisième disque All for You sorti en 1996,marque le début du succès. Il reste 70 semaines dans le classement jazz du Billboard. Love Scenes (1997) obtient également rapidement un grand succès.

Les arrangements de Johnny Mandel forment l'arrière plan de When i Look In Your Eyes, sorti en 1999. Elle obtient plusieurs nominations aux Grammy Awards, qui la récompensent comme Meilleure Musicienne de Jazz de l'année.

En 2001 sort The Look of Love, classé Meilleur disque de jazz vocal aux Grammy Awards.

Après son mariage avec Elvis Costello en décembre 2003, elle travaille avec lui et commence à composer ses propres chansons pour The Girl in the Other Room (2004).

Discographie

1993 : Stepping out - The early recording (Justin Time/ENJA)
1995 : Only trust your heart (Verve)
1996 : All for you - A dedication to the Nat King Cole trio (Verve)
1997 : Love scenes (Verve)
1999 : When I look in your eyes (Verve)
1999 : Have yourself a merry little Christmas (Universal Records)
2001 : The look of love (Verve)
2002 : Live in Paris (Verve)
2003 : Heartdrops (Vince Benedetti et Diana Krall - TCB)
2004 : The girl in the other room (Verve)
2005 : Christmas songs (Verve)
2006 : From This Moment On (Verve)
2009 : Quiet Nights (Verve)
2012 : Glad Rag Doll (Verve)
2015 : Wallflower (Verve)

stepping

only

all

love


when i

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paris

look

moment

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Vidéos

Live at the Montreal jazz festival (enregistré le 29 juin 2004 au Centre Bell de Montréal, Canada)
Live in Paris (enregistré le 2 décembre 2001 à l'Olympia)
Live in Rio (enregistré le 1er novembre 2008 à Rio de Janeiro)

Si j'apprécie beaucoup Love scenes et When I look in your eyes, je dois avouer que je suis beaucoup moins convaincu par les disques plus récents.

Caroline Nadeau


si fragile

Française émigrée au Canada, Caroline Nadeau est une des rares chanteuses de jazz chantant en français.

Après Autour de minuit, son premier album, Caroline a présenté son spectacle éponyme dans plusieurs grands événements musicaux, dont le Festival International de Jazz de Montréal, l’Edmundston Jazz & Blues Festival et le Sasktel Saskatchewan Jazz Festival.

Son deuxième album, Si fragile, est sorti en 2007. Dans ce nouvel album entièrement en français, les mots de Brel, Rivard et De Larochellière flirtent agréablement avec les notes de Coltrane, Jobim et Gershwin. Pour cet album, Caroline s’est entourée d’une équipe de musiciens talentueux et expérimentés : Julie Lamontagne au piano et à la réalisation, John Roney au piano, Jean Boutin au saxophone ténor et à la flûte, François Marion à la contrebasse, et Jim Doxas à la batterie.
Elle nous touche par sa douceur et sa subtilité dans Besame Mucho, Si Fragile et Un Enfant, par son intensité dans Naïma, et surprend par ses prouesses vocales dans J'ferme pas juste (Twisted) et Le pas qui plaira (Fascinating Rhythm).

Discographie

2000 Autour de minuit, Caroline Nadeau Jazz Band, Local distribution (2004)
2001 Petit Fou, Matapat, Borealis.

Melody Gardot


gardot

On la compare déjà à Norah Jones ou Diana Krall, ses performances pourraient également évoquer Peggy Lee, voire Tom Waits... Cette jeune chanteuse au vibrato reconnaaissable a un style très personnel, entre jazz et blues.
Ecoutez son dernier CD, My One and Only Thrill.

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Fabienne Marcangeli

fabienne

Fabienne tombe dans le jazz il y a une vingtaine d’années en découvrant un disque de Coleman Hawkins. Son rythme syncopé, la recherche de l’idéale « note bleue » et la nostalgie des années swing la font rêver … et déterminent sa vocation de « jazz singer ».
Déjà comédienne, elle se forme à la technique vocale avec Anne Ducros (Victoire de la musique), au scat avec Michelle Hendricks et Jean Loup Longnon, à l’harmonie avec Bernard Maury, au swing avec Sheila… Jordan. Elle commence à se produire en 1991 grâce au Calvi Jazz Festival en compagnie d’artistes internationaux : Georges Arvanitas, Luigi Trussardi, Bernard Maury, Michel Benita, Flavio Boltro, Albert Tootie Heat, Manu Roche, les frères Levan.

En 1996, elle séquestre quelques Jazzmen bastiais fameux dont le guitariste Lucien Ferreri, le pianiste Jean Charles Santini et fonde son premier quartet « FAB FOUR », avec le répertoire qu’elle a emprunté à Ella, Sarah, Billie et les autres.
En 2005, elle travaille avec le groupe vocal féminin « Isulatine » : les quatre chanteuses sont sélectionnées pour représenter la Corse au Printemps de Bourges « Sélection Talent Scène » et se produisent la même année au festival Kann a Loar de Landernau.

On l'écoute au Calvi Jazz Festival 2006 avec Emmanuel Dupré au piano, Mourad Benhamou batterie, Samuel Hubert à la Contrebasse, André Tommasso à la flûte et Michael Chéret au saxophone alto.

2007: Calvi jazz festival avec le bastiais Charles Guillaume Costa au piano, Dominique Di Piazza à la basse, le drummer marseillais Philippe Le Van , et le saxophoniste Daniel Huck.

L'année 2008 voit naître la collaboration avec le guitariste toulonnais David Dupeyre, pour un quartet défrisant avec Philippe Le Van on drums et Christophe Le Van à la basse.

L'aventure continue jusqu’à aujourd’hui avec la même formation pour les tournées d’été (dont le festival Jazz au Couvent à Cervioni) et un album de compositions originales et standards : « The Lovebird », sorti en Août 2011 (voir ci-dessous) et présenté en live en octobre aux Musicales de Bastia, en première partie du bluesman Keith B.Brown.

En Décembre 2011, concert au « cépage Montmartrois » à Paris avec Dominique Lemerle à la contrebasse, Georges Locatelli à la guitare et Manhu Roche à la batterie.

Depuis l’été 2011 Fabienne se produit aussi régulièrement en Corse avec Pierre Reboulleau au piano et Marie Manfredi à la batterie, au sein du Jazzfab Trio .
www.myspace.com/jazzafab

lovebird

Lovebird, premier opus de Fabienne Marcangeli

Corse Matin, vendredi 16 décembre 2011

lovebird
La voix jazz de Fabienne Marcangeli est désormais disponible dans les bacs.
Photo Louis Vignaroli

On connaissait le chant polyphonique ou la « macagna » pour véhiculer la culture insulaire. A présent, il va falloir compter aussi sur le jazz, cette musique née dans les bas-fonds de la Nouvelle Orléans, mais que tant de jolies femmes ont su sublimer. Ce sont d'ailleurs ces artistes, qui ont pour nom Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Sarah Vaughan ou encore Anita O'Day, qui ont marqué Fabienne Marcangeli, la chanteuse de Bastia. Cette dernière vient de sortir Lovebird, son premier album. L'artiste n'est pas novice dans le jazz et si elle chante depuis un bon moment elle possède aussi un riche vécu pour avoir organisé des concerts à l'époque d'Isula jazz et surtout, elle a rencontré moult musiciens au cours des éditions de jazz à Calvi. « Actuellement, je suis fan d'Eliane Elias et « A Vicina », un thème qui est présent sur mon album a été joué et chanté par Eliane, mais en brésilien bien sûr. Et j'adore aussi Diana Krall. J'ai aimé sa prestation à Patrimonio l'an passé tout comme celle d'Eliane Elias à Bastia, il y a trois ans », explique la chanteuse.

Pour cet album, qui est avant tout amour, Fabienne s'est entourée de musiciens de qualité. Philippe (dm) et Christophe (b) Le Van, ainsi que David Dupeyre (g) constitue un bel écrin qui permet à la chanteuse de déposer sa voix chatoyante sur ses compositions pour nous embarquer dans un beau voyage ou les inséparables aiment à se retrouver.

Le calendrier des concerts de Fabienne est en page "Jazz agenda".

Elina Duni

Albanaise d'origine établie à Genève, Elina Duni a été saluée comme "la plus belle surprise musicale de ce XXIe siècle en Suisse".

Rénovatrice de la tradition balkanique, Elina Duni sublime par sa voix les vieilles chansons du folklore albanais en les emmenant vers les horizons sans fin du jazz et de la musique improvisée. Dans ses interprétations passionnées, flirtant parfois avec une épure remarquable, cette jeune chanteuse helvético-albanaise se réapproprie de manière inédite un répertoire qui avait été mis sous la coupe de la propagande du régime communiste. C’est donc porté par un élan de liberté que son émouvant timbre vocal sillonne un canevas jazzistique pour évoquer l’exil ou l’amour. Une poésie subtile qui résonne dans un souffle comme la voix des oubliés.

matane

Produit par Manfred Eicher aux Studios La Buissonne, Matanë Malit, après ses deux premiers albums "Baresha" et "Lume Lume", offre un subtil mélange entre le jazz le plus contemporain et les chansons folkloriques des Balkans. Et le trio helvétique (Colin Vallon au piano, Patrice Moret à la contrebasse et Norbert Pfammatter à la batterie) est très stimulant.

[Portrait] Elina Duni, le retour de l'enfant prodigue

Avec talent, Elina Duni mâtine de jazz les chants traditionnels albanais. Son succès international fait désormais la fierté de tout un pays.

elina
Photo : © Yann Mingard

Tirana, quelques jours avant Noël. Malgré le crachin persistant, il règne un air de fête sur le boulevard Deshmoret e Kombi, les Champs-Elysées locaux, royalement paré en l'honneur du centenaire de l'indépendance albanaise : éclairées par des lumières pimpantes, des façades entières disparaissent sous de gigantesques drapeaux rouges, ornés du fameux aigle noir bicéphale. Mais the place to be, ce soir-là, c'est le prestigieux Opéra national où le concert d'Elina Duni, programmé dans le cadre des festivités, affiche complet. Tandis que, à l'entrée, les tentatives pour trouver un billet virent à la foire d'empoigne, les édiles, Premier ministre compris, et autres heureux élus s'installent à l'intérieur, sous l'oeil des caméras. Tous sont venus écouter cette enfant du pays, Genevoise d'adoption mais vraie célébrité dans sa patrie natale.

AVEC LES FÉLICITATIONS DU MINISTRE DE LA CULTURE

Les longs cheveux lâchés sur sa robe noire, la jeune diva de 31 ans entame son récital par un chant a cappella : malgré l'acoustique médiocre, sa voix profonde, habitée, capte l'auditoire. Bientôt rejointe par ses trois musiciens (piano, contrebasse et batterie), elle emmène les vieilles complaintes brumeuses et les folles ballades du folklore albanais du côté du jazz et des musiques improvisées. Ses scats chuchotés, ses pieds nus sous le jupon de tulle vert émeraude, ses pas de danse félins et farouches lui confèrent une présence elfique qui tranche avec l'austérité passéiste du lieu, cube rouge sang édifié à l'origine pour accueillir les congrès du Parti. La voilà justement qui présente un chant partisan de la Seconde Guerre mondiale que lui chantait son grand-père, « parti à 12 ans, le fusil sur l'épaule, pour lutter contre le fascisme ». Ancien instituteur, écrivain dissident sous la dictature communiste, le vieil homme de 82 ans, assis dans le public, fait partie de ces héros patriotes dont Elina Duni entend honorer la mémoire. Comme un juste retour des choses, le ministre de la Culture viendra d'ailleurs saluer la chanteuse en coulisse, à la fin du concert : « Il m'a remerciée pour ma musique, qui promeut la culture encore confinée de mon pays », dira-t-elle plus tard.

Rare artiste albanophone à avoir fait carrière à l'international, cette rénovatrice atypique de la tradition balkanique a toujours eu les faveurs des télés et des institutions albanaises. « Ma famille y est pour beaucoup », précise-t-elle. Parmi ses membres, des artistes et des intellectuels pour la plupart, dont une mère critique d'art, poète et écrivain (francophone depuis son exil, Bessa Myftiu est publiée chez Fayard) et un père metteur en scène. Lors de la chute du régime communiste, en 1992, tous deux ont émigré, fuyant les fantômes de ces décennies noires. « Toute sa vie, mon père, fils de dissidents, a souffert de sa “mauvaise biographie”, comme on disait. Pour avoir le droit d'étudier à l'Ecole des beaux-arts, il a dû vendre des cigarettes pendant des années. Alors il a préféré partir tenter sa chance aux Etats-Unis. » A 10 ans, la petite Elina, elle, rejoint sa mère en Suisse, où elle étudie le chant et la composition puis rencontre, en 2004, les musiciens de son quartet.

Lorsque Colin Vallon, son pianiste et compagnon, lui suggère de chanter dans sa langue natale, la jeune chanteuse de jazz renoue avec ses racines et redécouvre le riche répertoire populaire albanais : des mélodies ancestrales, aux paroles souvent réécrites à des fins de propagande sous la dictature. « C'était la seule musique autorisée à l'époque, la génération de mes parents l'a rejetée, explique Elina Duni, qui a grandi en écoutant des K7 pirates de musiques grecque et italienne. Grâce au travail d'ethnologues, mais aussi à Youtube, j'ai retrouvé certains des textes originaux. La force et la beauté archaïque de ces chants m'ont touchée. » Du dialecte tosk du sud de l'Albanie au gheg du nord et ses rythmiques joyeuses, elle « aime leur diversité et trouve dans le jazz la liberté de les recréer ». Soutenue par le ministère de la Culture suisse, « un pays conscient de son multiculturalisme » riche d'une forte communauté de Kosovars (à 90 % albanophones), elle a pu financer ses tournées en Europe et ainsi élargir son public en se faisant connaître de la diaspora albanophone.

« LES ALBANAIS N'ONT PAS LA CULTURE DU PIANO-BAR »

« La malchance de mon pays, c'est que la moitié des Albanais vivent en dehors de ses frontières, que ce soit au Kosovo, en Macédoine ou ailleurs. Mais c'est aussi grâce à cette diaspora que sa culture rayonne aujourd'hui », constate Elina Duni. Au pays des aigles, il y a bien quelques (excellents) festivals de musique folklorique, mais les autres circuits de diffusion restent limités. A Tirana, les musiciens ont ainsi le choix entre l'Opéra, l'Académie des arts et le Palais des congrès : « Il n'existe pas de salles plus intimistes pour jouer de la musique acoustique, les Albanais n'ont pas la culture du piano-bar », regrette la chanteuse. Sans compter l'omniprésence du turbo folk, cette tambouille électronique de sonorités folkloriques qui fait fureur dans les cafés et les clubs des Balkans. « Quand ils ne sont pas récupérés par un parti, les démocrates à droite ou les socialistes à gauche, les artistes vivant en Albanie sont obligés de faire des choses commerciales pour survivre. Il existe pourtant un public qui a envie de se réapproprier son folklore autrement. » C'est aussi pour lui qu'elle regarde « au-delà de la montagne », comme l'indique le titre de son dernier album, Matanë Malit. Dans une nation où la tradition du chant peine à se relever du communisme, elle, l'Helvético-Albanaise, incarne justement « une scène alternative en pleine émergence ». Son credo ? « Faire des choses simples, être proche du peuple. Dans ma musique, les albanophones retrouvent leur passé et leur futur. J'essaie de transcender l'aspect folklorique sans perdre son essence poétique. » Sur son disque, on retrouve ainsi les textes d'auteurs contemporains issus de toute la diaspora. Mais aussi un vieux poème, Crystal, signé Ismail Kadaré : il y est question d'une « mémoire qui se meurt jour après jour »

elinaduni.com

Anne Berthod | 26 janvier 2013
- Télérama Sortir n°3289

Vidéos ici.

Lost Ships

lost ships

--> La chronique de Citizen Jazz.

allaboutjazz

Elina Duni & Rob Luft: Songs Of Love And Exile

By CHRIS MAY
November 30, 2020

« I've always used my music to build bridges between people. In the Balkans memories of war are not far away. Sometimes it is the same song that people say, this is our song, this is Turkish, no this is Greek, this is Serbian, no this is Albanian. I come from a Europe where nationalisms are very strong but where actually people are so much alike. »—Elina Duni
The British guitarist Rob Luft has already released one of the great albums of 2020 with Life Is The Dancer (Edition), which came out back in the spring. Now Luft notches up another 2020 highlight with the collaborative Lost Ships (ECM), jointly conceived and co-led with the Albanian-Swiss singer Elina Duni. By turns passionate and grave, serene and desolate, the album is a full spectrum words-and-music landmark release from two of the most distinctive talents on the European scene.

Thematically, Lost Ships is a kind of sequel to Duni's previous ECM album, 2018's Partir, which explored the humanitarian crisis which was then, as now, sweeping across Europe as refugees from Africa and the Middle East journeyed northwards in search of better lives. Lost Ships revisits that theme, and also weaves environmental concerns and issues of love (and lust) into the mix. The title refers to the unconscionable number of little boats which sink as they sail north across the Mediterranean and the English Channel carrying refugees, and the unknown number of lives that as a consequence have been, and continue to be, lost.

The album is composed of six originals—co-written by Duni and Luft—plus another half-dozen songs from Albania, Italy, France and the US, drawing on folk material, jazz standards and chanson. Reflecting the pro-world citizen, anti-nationalist orientation of Lost Ships, Duni sings in four languages—English, Albanian, French and Italian—and translations of the non-English lyrics are given in the CD booklet. The duo are joined by the Swiss flugelhornist Matthieu Michel and the British multi-instrumentalist Fred Thomas on piano and drums.

In their liner note, Duni and Luft observe that, despite the existential concerns that are explored in the lyrics, there is a lightness that pervades the album. The note concludes with a quote from "Lux," one of their originals: "In every tear, there is a light that shows." And so it does on the first eleven tracks. Depending on your age, you may or may not discern that light in the closer, Charles Azvanour's affecting elegy "Hier Encore" ("Only Yesterday"). Duni and Luft use the song as an encore when performing in Francophone locations and often see people leaving the venues in tears. (If an antidote is required, try spinning Edith Piaf's version of Charles Dumont and Michel Vaucaire's "Non, Je Ne Regrette Rien.")

In this interview, Duni and Luft tell us how they met and about the beliefs—cultural and socio-political—which inform their music. They conclude by each talking about six jazz albums that have made lasting impacts on their lives.

All About Jazz: Before we get into the album, please tell us how the two of you began working together.

Rob Luft: In 2016, I entered the Montreux Jazz Festival guitar competition. I came second. It was adjudicated by John McLaughlin and I got to do a little performance with him after the competition. It was all very exciting and as part of the prize I was given a week-long workshop in Lausanne in early 2017. There were all sorts of jazz luminaries involved—Marcus Miller, Trilok Gurtu, Kurt Rosenwinkel—and also the great American jazz singer Al Jarreau. But a week before the workshop started, Al Jarreau passed away. There was all this frenzy to fill his place and they found the jazz-soul singer Patti Austin. But she lost her passport at Los Angeles airport. So the day before the workshop began they still needed to fill the post. The director of the workshop was the French-Israeli pianist Yaron Herman and he is a good friend of Elina and so with less than twenty-four hours to go he was able to get Elina, who was Swiss based at the time, to join the team.

AAJ: And the rest is history.

RL: Our relationship was just professional that week. We connected initially over our shared loved of Bill Frisell and West African music. A few months later she called and said she was coming to London and we met up and got on really well. Then there was a gig that came out of nowhere in North Macedonia in late 2017. It was in the west of the country, which is Albanian speaking. Which is another story. Anyway, we did the concert and since then we've been working together, touring, and Elina moved to London and we've got a place together and done lots of one-off gigs with people like Kit Downes and Huw Warren and met all these great musicians on the London scene. We've got all sorts of ideas up our sleeves for future projects together.

AAJ: What is your songwriting process? Does Rob write the tunes and Elina the lyrics or is it more interactive than that?

Elina Duni: It is all totally collaborative. What is different from song to song is that one of us starts with an idea, like I might come up with a melody and some chords—I mostly compose on the piano—and some lyrics, and I show it to Rob and we take it from there, working on it together. Or Rob might come with an idea on the guitar, a melody and harmonies, and then we work on it together. The beginning is always one or the other of us and then it's collaborative. I write the lyrics but then I always ask Rob, what do you think of this or that and he always helps out with ideas and grammar. We create our own sound and world and we're in this ideal sharing process.

AAJ: In what respects would you say Lost Ships is a continuation of Partir and in what respects is it a new direction?

ED: It is a continuation in terms of the thematics of the material—exile, departure—because those are things that always resonate in me and which are unfortunately everywhere around us. Every time I look at the Mediterranean sea I can't stop thinking about it. It's a way for me to give a voice to those who have no voice or to say to other people, don't forget about it, don't ignore these things that are happening. So that is the bridge with Partir. What is different I think is that it is a much more contemporary sound and way of looking at it all. Because half the songs are originals. For me, Lost Ships is a new start, it's new horizons. Composing with Rob makes my music more contemporary, or so I think, makes it belong to these times.

RL: That nails it pretty well. I'd just add that Partir focuses more on the Albanian language and we decided to make Lost Ships more universal by composing the majority of the songs in English because we want to touch as many people as we can with the words.

AAJ: Cultural nationalists use music as a way of dividing people. But it seems to me that music is even more effective as a way of bringing people together.

RL: Absolutely. I could speak for hours about that. One thing that is very important to us is the concept of an open Europe, a Europe without borders. Whether that may be relating to the story of Boris Johnson and Brexit or the story of the west Balkans, which still haven't received accession into the European Union and are still very much the outliers of Europe. Albania, Serbia, Kosovo, North Macedonia. These countries are so close to us. Music unifies us in the sense that Elina sings in English and Albanian and we play some traditional folk songs from Kosovo. This album brings a lot of different nationalities together, France and the south of Italy too. We've been kind of sad this year, particularly seeing European nations closing their borders to their European brothers and sisters, whether for quarantining or political measures. It's shocking to see and it's been like that ever since the Brexit vote in 2016. We will always believe that Europe is our continent, we really believe in it as one thing, and that is reflected in our music. I feel very strongly about this.

AAJ: I felt physically sick when the Brexit referendum result was announced. And very angry. I still am.

RL: I am furious. I was playing in Turin in north Italy on the night of the vote and I sat in the hotel after the gig with a half-Italian, half-Russian bassist called Misha Oblomobavo and we watched the results coming through and we sat up all night and in the morning we were both almost in tears. Then we had to get on a train halfway across north Italy to Venice, and were saying to all our Italian friends how shocked and how saddened and embarrassed we were. It's something I'm so passionate about that I have had to go down the route of getting my Irish citizenship reinstated, through my lovely mother who is originally from County Cork. So hopefully I'll get my Irish passport and will still be able to tour freely on the continent.

ED: I would like to add that while music can divide and unify, as you said, it can also be a tool for dictatorship and for bad propaganda. For instance, in Albania during the communist dictatorship, you couldn't listen to music like the Beatles, to Western music, it was forbidden. You could listen to some classical music, really classical classical like Beethoven or Mozart, and maybe some Stravinsky because of the Russian connection. But if you would listen to modern Italian or English music your neighbours could denounce you to the police and you would go to prison. And not only that, the regime destroyed the folk music. This happened all over Eastern Europe during the communist era. They took the folk songs and changed the lyrics into propaganda or modified the complexities of the songs and made something very easy listening out of them. Some of the folk songs I sing I had to research in some ethnologues I found in Germany where some songs were archived with their original lyrics. It's crazy how dictatorship can modify the identity of folk music.

AAJ: How did people in Albania react when you first returned and sang these songs?

ED: Some of the people knew them but with the communist lyrics, and the older generation were so touched to hear the original lyrics again. My mother, for instance, hated Albanian music at the time because she associated it with the dictatorship and it was the only music she had been able to listen to when she was growing up. They had to listen to it, it was playing everywhere all the time. This older generation came to me crying, saying thank you, you have given us back our music. My mum started liking some of my versions because it didn't remind her of the trauma of the dictatorship anymore. I could talk about this for hours and hours and I truly believe that music unifies us. I've always used my music to build bridges between different people and cultures. It is why I have always sung in different languages. Especially when you come from the Balkans where people say, I am better than you. There are big nationalisms there, memories of war are not far away. Sometimes it is the same song that people say, this is our song, this is Turkish, no this is Greek, this is Serbian, no this is Albanian. I come from a part of Europe where nationalisms are very strong but where actually people are so much alike.

AAJ: Despite the gravity of some of the subject matter, and because of the way you approach it, listening to the album is an uplifting experience. There's a line in "Lux" which I particularly love. "In every tear, there is a light that shows." Though depending on your age, you might or might not find that light in the closing track, Charles Azvanour's "Hier Encore." If you're old enough you might think, oh God, I've wasted my life and it's too late to go back and change it now.

ED: But me too, I find myself thinking that. And I'm still in my thirties! So don't you worry.

RL: Every time we play that song in France, people are crying. We always play it in Francophone locations as an encore and people go out of the room weeping whether they're twenty or seventy. Don't worry.

AAJ: Don't you think chanson is a wonderful blend of accessibility and depth?

RL: I've only got into it really during the last four years, with Elina. I have grown to love people like Serge Gainsbourg and Azvanour and Léo Ferré, to adore them for the lyrics. They're so poetic and the music is also so deep. They're real artists. It's kind of a shame that it's not quite universally recognised, especially in the Anglophone world because of the lyrics. Sometimes it's lost in translation. But I'm totally enamoured by Gainsbourg and Léo Ferré for example.

AAJ: Your own lyrics are of the same quality I think. "Lost Ships," for instance, seamlessly weaves together the refugee and ecological crises we face and does it poetically, totally avoiding crude agitprop.

ED: Thank you. This song started to grow in me two years ago. I was swimming in the Mediterranean in Albania, and I was having this thought we all have sometimes, what if a shark comes and grabs me? We have this deep fear of creatures in the sea. I was laughing at myself, thinking, don't worry, there are no more sharks here, in fact there are no more fishes in the sea here. And my second thought was, yeah, but there are other things in the sea, corpses, dead bodies. So I started this idea on the guitar, with those two thoughts. Then I showed the song to Rob and he worked on it. What I find wonderful in this track is how Rob and Fred play the chorus, the harmonies and the arpeggios sound like the sea, it has this wavelike, rippling sound. I think what they do there is pretty amazing. And the lyrics are very close to me, because I have always dreamed of having a house by the sea, and I think of the fishes and the whales that are not there anymore and the lost ships and lost people. It's the first song we composed for this album. It is the foundation of it. It was very clear to me that it should be the title track.

RL: I was also very touched by the concept of the lyric. I've been working with an organisation in London called Play For Progress. It's a group of young women who have come together to work with refugees who have come mostly from the Middle East and North Africa. And some of them actually made that journey across the Mediterranean and they have told me first hand about it. So when Elina came to me with this idea I said, we really have to make something of this, because it is something so close to my heart as well. It's the bedrock of the whole project, as Elina says.

AAJ: Thank you both. We'll finish with your album choices.

ROB LUFT: SIX ALL-TIME FAVOURITE ALBUMS
As we've just released an album on ECM Records, that prompts me to include a couple of ECM albums. But I'm not going to mention the obvious ones, like The Köln Concert or Travels. I'm thinking of ECM albums that are maybe off the beaten track.

nvbn
Eivind Aarset
Dream Logic
ECM, 2012

This is effectively a duo album by the guitarist Eivind Aarset and the electronicist Jan Bang. It's an album I put on when I'm travelling, when I'm looking out of a train window, when I want to sleep at night. It's an album that really sounds like dreams, it's wonderful how it floats for forty-five, fifty minutes and teleports you to another place. The production is impeccable and the sound is so glistening.

bv
John Coltrane
My Favorite Things
Atlantic, 1961

This is the album that got me into jazz when I was thirteen or fourteen. It's basically a modal jazz exploration and they're vamping away on two chords for half of the title track and Coltrane plays about three solos on it and the last one he plays, when it goes from major to minor, McCoy Tyner is vamping away and Elvin Jones is producing these fiery West African polyrhythms, and Coltrane just soars over the top. I came across it in my stepfather's vinyl collection and it was enough to infect me with the jazz bug.

a
Arve Henriksen
Cartography
ECM, 2008

A wonderful solo trumpet album with effects. The way he manipulates the trumpet sound with computer loops and samples is breathtaking. I love all that is it acoustic, is it electronic, is it digital, is it analogue stuff, it's a big thing with me.

v
Billie Holiday
Lady In Satin
Columbia, 1958

Billie Holiday made this with the Ray Ellis Orchestra, which is totally unexpected because he was a sort of light music, light entertainment arranger. It was her last album and her voice is breaking and of course the notorious version of "I'm A Fool To Want You" is on it, which Elina and I do on Lost Ships. This is where our mutual love of that song comes from.

c
Paul Motian Trio
It Should've Happened A Long Time Ago
ECM, 1985

With Bill Frisell and Joe Lovano. Mid-1980s with Bill on guitar synth in full flow. Magical textures and weaving saxophone and guitar lines, with Paul's timeless cymbal sound that you can hear on a Bill Evans or Keith Jarrett record. This an album that I always come back to.


b
Grant Green
Idle Moments
Blue Note, 1965

What an album. Late night, turn the lights down, some nice Italian food and a glass of good red wine, and listen to Grant Green and some chilled out Joe Henderson just before he went into those virtuoso Inner Urge jazz odysseys. The way he plays with Grant's guitar is just timeless. If you want to get a blues lover or a rock 'n' roll guitarist into jazz, this is probably a good first album for them to hear.

ELINA DUNI: SIX ALL-TIME FAVOURITE ALBUMS

I'm going to start with the two albums that got me into jazz.

gg
Miles Davis
Kind Of Blue
Columbia, 1959

This was a slap in my face. I was seventeen and I already knew a bit of jazz, like Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Billie Holiday. But then I heard Kind Of Blue and I was in shock. It was the first time I had heard modal jazz. I heard this warmth, it was like the music was a blanket that you could put around you and close your eyes and everything would change around you. I was transported by the sound. It was life changing for me.

nbv
Charlie Haden and Carla Bley
The Ballad Of The Fallen
ECM, 1983

Again, I was about seventeen. There was a record store with secondhand CDs and I was just browsing and I saw a title that sounded very poetic and beautiful to me. I bought it just because I loved the title. I didn't know Charlie Haden or ECM. And this is where I discovered the song "Silence." The sound of the album is just amazing. At the time I used to smoke, and I spent so many hours at my window, smoking away and listening to this album. For me it was very emotional music.

cv
Anouar Brahem
Blue Maqams
ECM, 2017

I totally love Django Bates on this album. I think what he does is outstanding. I mean, they all play great, but he really reaches me. I mostly knew Django from humourous music before. I find this album timeless. I think it must have been Manfred Eicher's idea to put them altogether: Anouar, Django, Dave Holland, Jack DeJohnette. It's a genius idea. A great, great album.

hg
Bill Frisell
East/West
Elektra Nonesuch, 2005

The first album I heard by Bill Frisell. When I heard "I Heard It Through The Grapevine" I was blown away. I love this album. It's a live album with an amazing trio. Rob and I love this guy because he has something so universal and he appeals to people who are not musicians as much as to musicians, and for me that is genius. I don't know how he does it. He's deep and never does too much, he just goes to the essentials.

c
Sheila Jordan
Portrait Of Sheila
Blue Note, 1962

It was Sheila Jordan's first album and then for years she stayed without singing. Steve Swallow is on bass, Barry Galbraith on guitar and Denzil Best on drums. It's an amazing album. It was the first time I heard somebody singing jazz standards in such a way, she wasn't scatting but everything she did was so free, so flexible, so natural and authentic. I could really relate to that and I couldn't stop listening to it. For me, it's one of the greatest vocal albums ever done. It was so different, so fresh.

v
Sidsel Endresen and Bugge Wesseltoft
Out Here. In There.
Jazzland, 2002

They did three albums together, each of which I love, but this is my favourite. I started listening to them fourteen or fifteen years ago and it would make me feel like I was a teenager again. I would wake up to the music and I would go to sleep with it and for two or three years this music was the soundtrack to my life. They would sing a pop song and a jazz standard and funk jazz, everything was possible, flexible, open, one song could be one minute, another could be six minutes, there is electronic stuff and acoustic stuff and everything fits. For me it was very, very inspiring. Also Sidsel Endresen inspires me by the way she works with her sound and how she places her voice. And Bugge is an amazing musician. I have had the luck to play with him and when you play with him it is like you have known him forever. I think this is one of the greatest duos ever.

Sarah Lancman

sarah
© Hubert Caldagues

Mademoiselle chante le jazz et elle ne fait pas semblant. A l’heure où le swing a déserté les gosiers et où les projets ultra formatés flattent les oreilles, Sarah Lancman fait figure au mieux d’oiseau rare, au pire de samouraï.

Comme ses illustres aînées, les Merrill, Vaughan, Horn ou Simone, elle sait jongler avec les timbres et explorer tout le registre des émotions. Sa voix caméléon monte à la gorge, jouant tantôt d’un petit voile qui électrise, tantôt d’une candeur adolescente qui attendrit. Comme elles, elle chante l’amour, les histoires qui commencent et qui finissent mais surtout l’amour de créer ensemble et de se donner toute entière à la musique et à ceux qui la reçoivent.

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Virginie Teychené

Chanteuse de Jazz française, Virginie Teychené a reçu le Grand Prix du Jury et le Prix du Public lors du concours des Révélations du festival de Jazz de Juan les Pins en 2008.

Fin 2007, elle enregistre et sort son premier disque, « Portraits» ; il est acclamé par une critique unanime, en France et en Europe (4 étoiles jazzman). Le même enthousiasme se vérifie pour son deuxième album, « I feel so good » (2010), également 4 étoiles dans « Jazzman ». Gérard Maurin (contrebasse) et Stéphane Bernard (piano), sont rejoints par Jean-Pierre Arnaud (batterie) et François Chassagnite (trompette). Ses interprétations personnelles de standards ou de compositions originales, son aisance dans les Vocalese et le scat, lui permettent d’être considérée aujourd’hui comme une véritable artiste de jazz, très souvent comparée à une instrumentiste.

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Toku

Toku est un chanteur et trompettiste japonais né le 20 février 1973 à Niigata.

En plus d'être l'un des rares vocalistes et buglistes de jazz professionnels au Japon, il est connu pour son action de promotion du jazz au Japon, notamment en collaborant avec d'autres artistes J-pop.

Toku a commencé à jouer du cornet, puis s’est mis à la trompette et au bugle. Au lycée, il a fait partie d’un groupe qui jouait principalement des reprises de chansons rock et pop. C’est lors d’un festival sur son campus qu’un batteur de jazz l’a entendu jouer une version de If Were a Bell de Miles Davis, et l’a invité à une jam session.

Toku déménage ensuite au Etats-Unis pour apprendre l’anglais, et fait partie d’un groupe de jazz avec son colocataire pianiste. Après avoir obtenu son diplôme universitaire, il commence à chanter au club Body & Soul. Remarqué par un DJ de Tokyo, Rob Crocker, alors qu'il chantait "If I Were a Bell" de Miles Davis, il est engagé par Sony Music Records.

Son premier album paraît en 2000, “Everything She Said”, produit par Rob Crocker. Il joue au Blue Note à Tokyo, puis au New Millenium Hall de l’Université de Séoul (Corée du Sud). En 2001, il sort son deuxième album “Bewitching”. En 2002, sa renommée grandit grâce à son interprétation de You are so Beautiful pour une publicité télévisée Hitachi, et son premier single Do-Ré-Mi pour une campagne publicitaire Odyssey de Honda. En 2001, il part en tournée avec Cyndi Lauper au Japon et joue sur son album.

Discographie :

Everything She Said (2000)
Bewitching (2001)
Winds of Change (2002)
Chemistry of Love (2002)
Do-Re-Mi (Single, 2002)
Toku (2003)
A Brand-New Beginning (2006)
Love Again (2008)
Toku sings and plays Stevie Wonder - a jazz tribute from Atlanta (2011)
Dream A Dream (2013)
Dear Mr.Sinatra (2015)
Shake (2017)
Toku in Paris (2019)

Site : toku-jazz.com

L'insolent succès d'ECM

LE MONDE | 07.11.09 | 18h12  •  Mis à jour le 07.11.09 | 18h12
Mannheim (Allemagne) Envoyé spécial

C'est une marque insolente, un défi en ces temps de marché du disque déprimé. Surtout quand on a le jazz et la musique classique pour terrain de jeu. La compagnie phonographique allemande ECM (pour Edition of Contemporary Music), 40 ans, publie avec régularité, depuis plusieurs années, entre quarante et cinquante disques par an, avec un catalogue prestigieux mais plutôt pointu. Parmi les sorties récentes de mi-octobre à début novembre, on trouve ainsi un coffret de trois CD du pianiste Keith Jarrett, en solo et en public, les nouveaux enregistrements studio du guitariste John Abercrombie, du joueur d'oud Anouar Brahem ou du pianiste Christain Wallumrod avec instruments baroques et batterie.

E.C.M. : Lire la suite →


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