17/07/2022
Par: Laurent Herin
Publié le: 16 juillet 2022
Dans: Culture - Loisirs
Depuis le début de l'année, les salles obscures accusent, au niveau national, une perte de 30 % de leurs entrées par rapport à 2019. Confrontés à ce qui peut paraître une simple période difficile ou une crise plus profonde du système, les exploitants corses font face.
Entre 2017 et 2019, les cinémas ont connu l'embellie avec des entrées toujours en hausse. Mais, depuis janvier dernier, la fréquentation est en chute libre, soit une baisse de 30 % par rapport à 2019. Sachant que cette dernière est considérée comme une année record, puisqu'avec 213 millions d'entrées, elle avait alors atteint le deuxième plus haut niveau depuis 50 ans.
Entre 2020 et 2021, la Covid est entrée dans la danse, entraînant les confinements et la fermeture des salles. Pendant près de dix mois, les spectateurs ont été privés de ce loisir populaire et accessible, au point de perdre l'habitude de se rendre en salle.
Ennemi public numéro 1
C'est en tout cas, l'argument numéro un pour expliquer cette désaffection. « Je ne crois pas au manque de films, l'offre est là. Rien qu'en ce moment, il y a un Marvel, des comédies, les derniers films de François Ozon et Woody Allen ou encore Top Gun 2 qui continue de cartonner. Le prix n'est pas non plus un argument, surtout ici en Corse ou nous avons maintenu des tarifs bas, les touristes nous le font souvent remarquer », relève Michel Simongiovanni, l'exploitant de l'Ellipse à Ajaccio. Pour lui, la fermeture des salles a avant tout entraîné une perte d'habitude. Certains spectateurs occasionnels sont passés de deux ou trois séances par an à une seule.
Un constat confirmé par une récente étude du CNC : 48 % des Français avouent être revenus moins souvent ou plus du tout depuis la réouverture des salles. Daniel Benedittini, du Régent, va dans le même sens : « Plus on va au ciné, plus on a envie d'y aller. Il y a eu une cassure. Certains spectateurs tardent à revenir. » Ce dernier évoque également l'actualité qui a éclipsé les sorties de films : les élections, la guerre en Ukraine, la crise, etc. Pourtant, l'exploitant, qui prépare la mise en chantier de son futur multiplexe de six salles sur Bastia, ne veut pas perdre espoir. Il est conscient que la période, habituellement faible, ne fait rien pour aider : « La pluie, on le sait, remplit les salles. Au contraire, les gens, en ce moment, privilégient la plage ou les soirées en terrasse. » Même son de cloche chez Cecce Acquaviva, directeur du Fogata : « Chaque année, au printemps, on sait qu'il est difficile de faire revenir les gens en salle. Et ce n'est pas un été habituel : la peur d'une reprise du Covid est là et on constate un flop du côté des comédies françaises. »
Permis de construire
Seule exception à ce tableau noir, tous s'accordent à le dire, c'est la sortie en avril dernier de Permis de Construire. Véritable locomotive, le film d'Éric Fraticelli a réalisé des scores insulaires « de l'ordre du jamais vu », selon les exploitants de l'île. Au niveau national, il a rassemblé 600 000 spectateurs, le classant en dixième position des meilleures entrées de l'année. En Corse, il dépasse des films comme le dernier Star Wars ou n'importe quel Marvel. Permis de Construire a « explosé » les chiffres au Galaxy, au Régent, au Fogata et à L'Ellipse, au point d'être considéré comme « l'arbre qui cache la forêt et qui masque partiellement cette baisse des entrées », selon Michel Simongiovanni. « Je pense avoisiner le chiffre de - 25 % d'entrées sur la période. Sans le film de Pido, je serais à - 35 % », ajoute Cecce Acquaviva. « Sans Permis de Construire, on va au-delà des 30 % de baisse de fréquentation », confirme Rémy Toscano, du Galaxy, à Lecci.
Le film n'était pas à l'affiche du Studio, le cinéma du centre-ville bastais, un manque à gagner pour Michèle de Bernardi : « La période est extrêmement difficile. Je sens un vrai manque d'engouement pour les films, même chez les jeunes. » Daniel Benedittini insiste : « Hormis cette locomotive et quelques blockbusters - Spiderman, Top Gun, Dune ou Batman - rares sont les films qui sortent vraiment leur épingle du jeu. » L'autre point d'accord entre les exploitants de Corse est celui concernant les plateformes. Tous en conviennent, elles n'ont pas forcément le rôle de grand coupable que l'on veut bien leur attribuer. « On a connu des baisses d'entrées à chaque nouveau moyen de diffusion. La télévision, le DVD, les nouvelles chaînes ont causé des pertes au 7e art. Aujourd'hui ce sont les plateformes parce que les gens aiment la nouveauté. Mais je pense, j'espère, que l'effet va s'atténuer et qu'ils reviendront chez nous. L'expérience en salle est unique, on ne voit pas de la même façon un film au cinéma, chez soi ou sur son écran de téléphone », insiste le directeur du Régent.
Plus inquiétant pour Daniel Benedittini comme pour Michel Simongiovanni, l'attitude de Disney+, grand pourvoyeur de succès. Le groupe a récemment décidé de sortir la moitié de ses films sur sa plateforme plutôt qu'en salle pour faire pression sur la France et sa fameuse chronologie des médias. « Il ne faudrait pas que la situation s'enlise, insistent les deux exploitants. Les films Disney font beaucoup d'entrées chaque année. »
L'événement
Pour faire venir les spectateurs, Daniel Benedittini, à l'instar de ses collègues, multiplie aussi les événements : avant-premières, séances avec équipe, festivals, etc. À ce titre, tous s'accordent à dire que la Fête du cinéma a eu un impact positif sur les entrées. Les chiffres du CNC confirment son succès : en quatre jours, elle a accumulé 3,2 millions d'entrées pour 3,42 millions en 2019, année record, et 2,7 millions en 2018. « C'est aussi lié aux films proposés, précise Michèle de Bernardi. Avec le film d'animation Les Minions 2 : Il était une fois Gru, on savait que l'on allait attirer du monde. »
Pour beaucoup, cette performance tend surtout à confirmer le poids du prix des billets dans la baisse des entrées (lire ci-dessous). Un problème rapidement balayé par les exploitants de l'île. Il faut dire qu'en Corse, contrairement à certaines salles du continent, les prix n'ont pas explosé et dépassent rarement 8 €. « Certains, particulièrement les touristes, en découvrant nos tarifs sont étonnés et, du coup, prennent plus de confiseries », s'amuse Rémy Toscano.
La baisse des entrées touche, selon une étude récente du CNC, en priorité les plus de 60 ans. Un constat que confirme Michèle de Bernardi : « Le Studio propose beaucoup de films art & essai. Le gros de notre clientèle a plus de 60 ans. Du coup, ces séances se sont vidées. On accuse, sur ces dernières semaines, une baisse de 70 % par rapport à 2019. »
De l'ombre à la lumière
Un constat inquiétant qui pousse l'exploitante a envisager un ou deux licenciements d'ici la fin de l'année. « On ne va pas pouvoir continuer comme ça... », lâche-t-elle dépitée. Rémy Toscano est plus mesuré : « J'avoue que je manque de recul. Pour le Galaxy, à cause des différents confinements, ce sont nos premiers vrais mois d'avril et mai. Juillet démarre faiblement mais on verra ce week-end avec la sortie du dernier Marvel, Thor : Love and Thunder. On attend des jours meilleurs. » Michel Simongiovanni ne voit pas les choses autrement : « Il est évident que certains spectateurs ne reviendront pas. En même temps, je nous considère encore relativement novices dans l'exploitation. Il y a eu par le passé d'autres périodes difficiles. »
Au diapason des autres exploitants de Corse, le dirigeant de l'Ellipse et, très bientôt, du Lætitia dans le centre-ville d'Ajaccio, conclut : « Ce n'est effectivement pas la joie, mais pas encore la cata ! »
16/06/2022
Par: Paul-Mathieu Santucci
Publié le: 04 juin 2022
Dans: Corse Matib / Culture - Loisirs
On connaissait l'attachement de l'actrice Karole Rocher à son village de Vezzani. Un attachement qu'elle a su transmettre à ses filles, notamment à l'aînée, Barbara Biancardini. Le film Fratè, c'est donc l'aboutissement d'un vieux rêve. Celui de tourner chez elle, aux côtés de Barbara, qui est coréalisatrice, et avec tous les habitants du village. Comme une marque de respect pour tout ce que la Corse lui apporte depuis qu'elle est enfant. Alors jeudi soir, c'était un peu l'effervescence avant la saison. Il faut dire que la réalisatrice y projetait le film en avant-première, avant sa sortie en Corse le 8 juin et sur le Continent une semaine plus tard.
Elle l'avait promis aux Vezzanais, elle a tenu parole. "Ça n'a pas été facile car c'est moi qui ai réalisé le film avec ma fille Barbara mais il y a tout de même des règles à respecter quand on travaille avec une production, lance-t-elle, attablée à un bar non loin de la place de l'église. Il a fallu qu'on mette le paquet sur le montage pour tenir promesse, mais c'était très important pour nous de faire la première ici, chez nous."
Tout au long de l'après-midi, les équipes techniques ont installé l'immense écran sur la place de l'église et si la diffusion n'était prévue qu'à 22 heures, en fin d'après-midi beaucoup de villageois se pressaient déjà pour se rendre compte du dispositif mis en place.
La copie conforme de la vie d'un village
L'histoire du film, elle est claire. À la suite de l'enterrement de son père, dans son village en plein milieu du maquis corse, Dumè, joué par Thomas Ngijol découvre l'existence d'un frère, Lucien interprété par Samir Guesmi, avec qui il devra partager l'héritage laissé par le patriarche. À condition d'arriver à cohabiter un mois dans la maison familiale ! Sous fond de légitimité culturelle et d'héritage immobilier un rapport de force va s'installer entre Lucien, le fils de sang, et Dumè, le fils adoptif. Sans tomber dans le cliché, le film est véritablement représentatif de ce que peut être la vie d'un village, dans sa dimension sociologique. "Le but n'était justement pas de rire d'un village et des villageois, poursuit Karole Rocher. La comédie est portée d'abord par Thomas qui écrit le scénario avec mon frère Patrick et ensuite par Samir Guesmi. C'est Thomas qui amène la comédie mais tout le reste est extrêmement réaliste et c'est vrai que nous n'avons pas cessé avec Barbara de les filmer avec amour. Je dis ça parce qu'à chaque fois, on était pleines d'amour pour toutes les scènes que l'on reproduisait. Que ce soit celle du 15 août ou des matchs de football par exemple."
Tourner en Corse, un pari ?
Si pour les deux réalisatrices, tourner à Vezzani s'apparentait à quelque chose de naturel, pour les acteurs il a tout de même fallu se préparer. Thomas Ngijol connaît bien le village mais pour Samir Guesmi c'était une première.
"Le tournage a été intense et très rapide, confie-t-il. Néanmoins, grâce à Thomas et Karole j'ai réussi à m'imprégner de l'ambiance corse. Ce n'est pas facile au début mais on y arrive. Et puis les gens sont tellement accueillants."
Pour Thomas Ngijol, qui est le mari de Karole Rocher, l'approche est un peu sentimentale.
"Ça fait plaisir de tourner ici pour plein de raisons, personnelles et familiales, explique-t-il. C'est quelque chose de très fort symboliquement. Jouer cette histoire entre deux frères c'est très authentique."
Le film sera en salle à partir du 8 juin en Corse et une semaine après dans toute la France.
Mais dans le cœur des Vezzanais, il y restera un bon moment.
14/03/2022
Nous avons vu "Permis de construire", le film d'Eric Fraticelli.
Dentiste à Paris, Romain (Didier Bourdon) vient de perdre son père qu'il n'a pas vu depuis des années. A sa grande surprise, ce dernier lui a laissé un terrain en héritage, ainsi qu'une dernière volonté : y faire construire la maison où il aurait aimé finir ses jours. Mais...ce terrain se situe en Corse.
Débarqué en Balagne, Romain rencontre Santu (Eric Fraticelli). Après un mauvais départ, la relation d'abord conflictuelle et pleine de clichés réciproques entre les deux hommes se transforme au fil des évènements en amitié. De même, Romain redécouvre ce père dont il s'était éloigné.
Le cinéaste croque une pétillante galerie de portraits insulaires, avec de belles surprises : une hilarante Patrizia Gattaceca campant une femme de ménage acariâtre, Jean-Claude Acquaviva en syndicaliste agricole nationaliste, Frédéric Poggi en berger... Sans oublier Simon Abkarian dans le role d'un architecte sosie de Karl Lagerfeld, une excellente Anne Consigny et Jean-François Peronne en hôtelier...
Le film, tourné autour de Sant'Antoninu, Pigna, Montemaggiore et Cateri, s'inscrit dans la lignée de l'Enquête corse et de Bienvenue chez les Ch'tis. L'idée n'est pas très originale mais on passe un agréable moment devant ce film et on rit beaucoup.
Parmi les répliques qui deviendront cultes : "par là, c'est plus court, mais c'est plus long, et par cette route, c'est plus long mais c'est plus court" ; "Il n'y a plus d'attentats mais il y a des plastiquages",
Distribution : Didier Bourdon, Anne Consigny, Éric Fraticelli, Michel Ferraci, Frédérique Bel, Simon Abkarian, Daniel Russo, Didier Ferrari, Jean François Peronne, Jean-Claude Acquaviv,. Patrizia Gattaceca.
Production : Marvelous Productions
Distribution : Warner Bros. France.
ENTRETIEN AVEC ÉRIC FRATICELLI
Passer à la réalisation c’était un rêve qui vous habitait depuis longtemps ? Être acteur vous a-t-il appris à devenir cinéaste ?
Au théâtre être metteur en scène était un rêve, au cinéma non ! C’est Philippe Godeau, producteur, qui m’en a fait la proposition et j’ai joué le jeu. Cinéaste… ça s’est fait au hasard : j’étais là au bon moment et au bon endroit. Être acteur permet d’avoir des outils pour la réalisation. Car on s’adresse aux comédiens différemment. Car on réfléchit différemment aussi à la direction de jeu. Car on acquiert une petite expérience en regardant les cinéastes qui nous filment.
Comment vous est venu le virus de faire rire avec Tzek ?
Naturellement ! Jeune, j’étais timide, faire rire m’a permis de faire ma place auprès des autres. Je suis devenu acteur grâce à Tzek qui m’a demandé de le rejoindre dans la troupe qu’il avait formé sur le continent et nous avons transposé ce qui nous faisait rire sur scène. Avec Tzek on était en classe ensemble. On plaisantait pendant les cours. On avait une grande complicité.
Est-ce difficile de faire un sort aux clichés qui pèsent sur les Corses côté continentaux et aux a priori que les Corses peuvent avoir sur les continentaux
C’est très dur ! Il ne faut surtout pas verser dans le vu et le revu mais donner des ficelles sur nos valeurs. Au fond il faut trouver un équilibre pour provoquer le rire sans trahir ni blesser les Corses. Du côté des continentaux c’est plus facile, sans doute parce qu’on ressent moins le poids de la responsabilité.
Du nord au sud, de l’est à l’ouest de la France rit-on des mêmes gags, des mêmes effets, des mêmes plaisanteries ?
Pendant un mois et demi avec « Permis de construire » on a fait le tour de France pour voir quel impact il avait. Partout dans le centre comme dans l’est, dans les grandes agglomérations et les petites villes on obtenait les mêmes réactions du public. Partout les spectateurs riaient aux mêmes scènes. « Permis de construire » a donc un aspect très universel et sa diffusion se fera dans toute la France. On a voulu un film humain avec des personnages attachants, cet objectif est atteint. Tout a fonctionné, à l’exception de quelques macagne corso-corso. Notre public se situe de surcroît dans la tranche d’âge des 35 – 77 ans, celle qui englobe 70 % des gens allant au cinéma.<
Pour ce premier film en tant que réalisateur et où vous êtes aussi acteur vous aviez besoin d’une équipe de comédiens et de techniciens avec lesquels vous aviez des affinités ?
Évidemment, pas par facilité mais par plaisir. J’ai la chance de faire ces métiers d’acteur et de réalisateur, alors j’essaie de m’entourer de gens que j’aime. Ça permet d’arriver sur le plateau avec le sourire et d’avoir une bonne ambiance. L’excellence entente que j’ai avec Didier Bourdon se ressent à l’écran et c’est important.
Entre la caricature et l’outrance où se situe la ligne de partage ?
Je crois qu’on ne peut pas faire rire sans exagérer le trait. Mais s’il est trop chargé, trop lourd, ça ne fonctionne pas. Ça devient mécanique et on tombe dans le déjà-vu. On doit être léger en étant pertinent… Et puis n’est pas dans le documentaire !
Certaines scènes ubuesques de votre film ont-elles un fond de vérité ?
L’histoire du bail verbal, par exemple, est en effet véridique. Ce genre de baux n’existent d’ailleurs pas qu’en Corse ! Un berger peut faire un pacte oral avec un propriétaire pour que ses bêtes paissent sur son terrain. A partir du moment où le berger paie un loyer le bail oral devient juridiquement légal. Parfois ça tourne mal et les deux parties s’affrontent devant les juges…
Patrizia Gattaceca et Jean Claude Acquaviva jouent totalement à contre-emploi, ont-ils accepté facilement leurs rôles ?
D’abord ils ont été étonnés, mais comme ils sont ouverts d’esprit, ils ont accepté. On a travaillé les rôles, répétés… Au bout du compte ils ont été contents de l’expérience. J’adore amener les gens dans des espaces d’expression qui ne sont d’ordinaire pas les leurs.
Mine de rien avec « Permis de construire » vous touchez à un point sensible en Corse. Votre film est-il là pour apporter de l’apaisement ? Pour dire que les vilains ne dont pas forcément les autres ?
Je n’ai pas l’ambition de changer les choses. Je raconte une histoire avec des personnages attachants. Cette histoire a pour but de divertir, si elle parle en même temps de valeurs, tant mieux ! Tout le monde a des défauts, il est donc préférable de s’entendre.
Est-ce difficile de faire un sort aux clichés qui pèsent sur les Corses côté continentaux et aux a priori que les Corses peuvent avoir sur les continentaux
C’est très dur ! Il ne faut surtout pas verser dans le vu et le revu mais donner des ficelles sur nos valeurs. Au fond il faut trouver un équilibre pour provoquer le rire sans trahir ni blesser les Corses. Du côté des continentaux c’est plus facile, sans doute parce qu’on ressent moins le poids de la responsabilité.
Du nord au sud, de l’est à l’ouest de la France rit-on des mêmes gags, des mêmes effets, des mêmes plaisanteries ?
Pendant un mois et demi avec « Permis de construire » on a fait le tour de France pour voir quel impact il avait. Partout dans le centre comme dans l’est, dans les grandes agglomérations et les petites villes on obtenait les mêmes réactions du public. Partout les spectateurs riaient aux mêmes scènes. « Permis de construire » a donc un aspect très universel et sa diffusion se fera dans toute la France. On a voulu un film humain avec des personnages attachants, cet objectif est atteint. Tout a fonctionné, à l’exception de quelques macagne corso-corso. Notre public se situe de surcroît dans la tranche d’âge des 35 – 77 ans, celle qui englobe 70 % des gens allant au cinéma.
Pour ce premier film en tant que réalisateur et où vous êtes aussi acteur vous aviez besoin d’une équipe de comédiens et de techniciens avec lesquels vous aviez des affinités ?
Évidemment, pas par facilité mais par plaisir. J’ai la chance de faire ces métiers d’acteur et de réalisateur, alors j’essaie de m’entourer de gens que j’aime. Ça permet d’arriver sur le plateau avec le sourire et d’avoir une bonne ambiance. L’excellence entente que j’ai avec Didier Bourdon se ressent à l’écran et c’est important.
Entre la caricature et l’outrance où se situe la ligne de partage ?
Je crois qu’on ne peut pas faire rire sans exagérer le trait. Mais s’il est trop chargé, trop lourd, ça ne fonctionne pas. Ça devient mécanique et on tombe dans le déjà-vu. On doit être léger en étant pertinent… Et puis n’est pas dans le documentaire !
Certaines scènes ubuesques de votre film ont-elles un fond de vérité ?
L’histoire du bail verbal, par exemple, est en effet véridique. Ce genre de baux n’existent d’ailleurs pas qu’en Corse ! Un berger peut faire un pacte oral avec un propriétaire pour que ses bêtes paissent sur son terrain. A partir du moment où le berger paie un loyer le bail oral devient juridiquement légal. Parfois ça tourne mal et les deux parties s’affrontent devant les juges…
Patrizia Gattaceca et Jean Claude Acquaviva jouent totalement à contre-emploi, ont-ils accepté facilement leurs rôles ?
D’abord ils ont été étonnés, mais comme ils sont ouverts d’esprit, ils ont accepté. On a travaillé les rôles, répétés… Au bout du compte ils ont été contents de l’expérience. J’adore amener les gens dans des espaces d’expression qui ne sont d’ordinaire pas les leurs.
Mine de rien avec « Permis de construire » vous touchez à un point sensible en Corse. Votre film est-il là pour apporter de l’apaisement ? Pour dire que les vilains ne dont pas forcément les autres ?
Je n’ai pas l’ambition de changer les choses. Je raconte une histoire avec des personnages attachants. Cette histoire a pour but de divertir, si elle parle en même temps de valeurs, tant mieux ! Tout le monde a des défauts, il est donc préférable de s’entendre.
Par: L. H.
Publié le: 01 mars 2022 à 08:20
2022 est une année importante pour le cinéma corse. Pas moins de quatre films de réalisateurs insulaires sont à découvrir ces six prochains mois.
Infiltré
Sur les écrans depuis le 9 février, Enquête sur un scandale d'État, le troisième film de Thierry de Peretti, a reçu un accueil presse dithyrambique. En tête des entrées le jour de sa sortie, le film, toujours à l'affiche, va dépasser le nombre de spectateurs de ses deux précédents longs-métrages, Les Apaches et Une vie violente. Au 23 février dernier, après deux semaines d'exploitation, il avait déjà réalisé 160 000 entrées dans les salles françaises.
Un très beau score vu la période qui enregistre une baisse de 30 % par rapport à 2019. Thierry de Peretti travaille déjà sur son prochain film, l'adaptation du roman À son image de Jérôme Ferrari. Un retour aux sources pour le réalisateur ajaccien qui se dit « heureux de retrouver son territoire de cinéma ».
Comédie
Permis de construire, le premier film comme réalisateur d'Éric Fraticelli, est lui attendu le 9 mars prochain. Les différentes avant-premières qui ont eu lieu dans l'île, de Lama au Fogata en passant par Lecci ou Bastia, ont toujours fait le plein.
Cette comédie tournée en Balagne était prévue en janvier mais a finalement été repoussée de deux mois. Elle continue à être très attendue et bénéficie d'un bouche-à-oreille positif. Sera-t-il suffisant pour exploser également sur le continent ? Ici, en Corse, les exploitants attendent la sortie avec impatience. Pido, que l'on arrête plus, vient de commencer le tournage en Corse-du-Sud de son deuxième film, l'adaptation de sa pièce à succès, Le Clan, tandis que le troisième est déjà prévu pour cet automne.
Comète
I Comete est le premier long-métrage de l'acteur/réalisateur Pascal Tagnati. Particulièrement attendu, ce film tourné à Tolla vient de voir sa sortie avancée de deux mois.
Prévu en juin, il débarque finalement le 20 avril prochain sur les écrans de France et de Navarre.
Repéré et primé au Festival de Belfort, I Comete ne cesse de faire parler de lui, il a été primé à Rotterdam, au Pérou et présenté à Cannes dans la section parallèle de L'ACID.
À cette occasion, le quotidien Libération lui avait consacré trois pages et sa couverture. Présenté en avant-première à Lama et Arte Mare, le film est également attendu par les exploitants insulaires avec un public différent que celui de Permis de Construire. Les deux films témoignent en tout cas de la diversité et de la qualité du cinéma corse.
Bande
Enfin, le dernier film d'un réalisateur insulaire prévu en 2022 est celui du Venacais Pierre Salvadori. La Petite Bande, intégralement tourné en Centre Corse et à Sartène, distribué par Gaumont, est attendu mi-juillet sur les écrans français. On se souvient du très bel accueil d'En Liberté, son précédent long. Cette nouvelle comédie, qui met en avant une bande de jeunes écologistes en herbe, risque d'être une des belles surprises de l'été. On espère que Pierre Salvadori, aujourd'hui installé du côté d'Oletta, viendra présenter le film en avant-première dans les cinémas de Corse.
div class="centre"01/08/2021
La rédaction le Vendredi 30 Juillet 2021 à 20:06
Permis de construire, premier long métrage du comédien Éric Fraticelli, sera présenté en avant-première, en ouverture du 27e Festival du Film de Lama, ce samedi 31 juillet, en présence de son réalisateur, de Didier Bourdon, de Michel Ferracci et d'une grande partie de l'équipe.
Produit par Marvelous Productions et distribué par Warner Bros. Entertainment France, le film sortira au cinéma le 2 février 2022.
Tourné en Balagne l’été dernier, le premier long métrage d’Éric Fraticelli, « Permis de Construire » ouvrira le 27e Festival du Film de Lama, en présence de son réalisateur et de Didier Bourdon qui a collaboré à l'écriture du scénario. Dans une interview donnée à CNI le 9 mars dernier, Éric Fraticelli affirmait vouloir montrer en avant-première son film en Corse, "Je veux montrer mon film ici, chez moi. Vu la situation sanitaire, on n’a pas encore assez de visibilité. Je dois discuter avec le distributeur pour trouver la meilleure date de sortie. Et j’espère bien le montrer en avant-première sur toute l’île ! " .
Le rendez-vous avait été prise et demain sera chose faite
Synopsis
Dentiste à Paris, Romain (Didier Bourdon) vient de perdre son père qu’il n’a pas vu depuis des années. À sa grande surprise, ce dernier lui a laissé un terrain en héritage, ainsi qu’une dernière volonté : y faire construire la maison où il aurait aimé finir ses jours. Seul problème : ce terrain se situe en Corse.
14/05/2021
30/04/2021
Par: Par J.-M.R.
Publié le: 30 avril 2021
Le comédien et humoriste a incarné l'Empereur à l'écran sous la direction d'un réalisateur russe. Une expérience inédite et pleine de surprises qui a contribué aussi à le faire passer derrière la caméra
Le cinéma a érigé son propre Panthéon des monstres sacrés qui ont incarné Napoléon à l'écran, Marlon Brando, Sacha Guitry, Charles Boyer, James Mason, Rod Steiger, Charles Vanel. Mais s'il y a bien une tête inattendue qui s'est glissée sous le bicorne, c'est celle du comédien et humoriste bastiais Éric Fraticelli. Le film, intitulé 1812, Ulanskaya ballada (« La ballade des Uhlans », du nom que l'on donnait à l'époque aux hussards slaves) n'a jamais été distribué en France, mais il a rencontré un grand succès populaire dans tous les pays d'Europe de l'Est - y compris la série télévisée qui a suivi - et la prestation de l'acteur corse a été saluée par la critique.
Les médias locaux ont rapporté que, sur les lieux du tournage, il apparaissait tellement crédible que les villageois venaient se prosterner devant lui. Réalisée par le Russe Oleg Fesenko (Siberian sniper, Urban ricer), cette superproduction, sortie en 2012 pour célébrer le bicentenaire de la campagne de Russie, n'est pas une fresque historique mais une fiction, un film d'aventure mettant en scène trois Uhlans qui ont pour mission de récupérer le trésor que Napoléon a volé au palais du Kremlin.
Une envie pressante dans le froid sibérien...
Éric Fraticelli raconte par quel concours de circonstances il a été amené à endosser le costume napoléonien : « Le cinéaste russe n'avait pas le casting, la voie habituelle, pour choisir son Napoléon. Il avait une idée très précise en tête. Il était à la recherche d'un acteur natif de Corse, du même âge et de la même taille que Napoléon. Je suis Corse de naissance, je mesure 1,62 m et, à l'époque du film, j'avais 43 ans. Pour faire court, il n'y avait que moi sur le marché ! Un acteur polonais que je connaissais bien a parlé de moi à l'agent que nous avions en commun et c'est ce dernier qui a organisé une rencontre avec le réalisateur. Je correspondais en tout point à son portrait-robot et j'ai obtenu immédiatement le rôle. Mais j'ai longtemps cru à une grosse macagne... »
Le tournage va durer six longs mois, de novembre 2011 à avril 2012 et dans les campagnes profondes de Russie, Biélorussie, Pologne, Tchéquie et Ukraine.
Le comédien corse se souvient particulièrement du froid... sibérien qui sévissait avec ses vents polaires et ses sols gelés. Le mercure chutait parfois jusqu'à moins 27 ! « Un jour où nous tournions dans une région marécageuse de Minsk, j'étais installé dans un carrosse, sur un chemin de campagne et j'avais du mal à ne pas claquer des dents dans mon costume. D'un coup, il m'est venu une envie pressante et j'ai couru vers la forêt pour me soulager. Mais il fallait enlever les gants et défaire plusieurs dizaines de boutons. Quand je suis parvenu à me soulager, j'étais dans l'incapacité de bouger les doigts et de me rhabiller. J'ai appelé un comédien qui est venu à la rescousse. De loin, les acteurs et les techniciens se sont sérieusement interrogés sur les mains baladeuses du type de dos qui s'agitait bizarrement alors qu'en fait, il reboutonnait mon pantalon ! »
Et soudain, apparaît Vladimir Poutine...
Le script prévoit une scène romantique avec sa maîtresse Marie Walewska. Toute l'équipe se transporte au château de Finkenstein, en Pologne, dans la vraie chambre avec le vrai lit où le couple a dormi. Le rôle féminin est tenu par la très esthétique actrice russe Anna Chipovskaya, mais elle n'a pas forcément le meilleur souvenir de sa rencontre avec son beau ténébreux corse : « Pour exprimer la force de mon désir, je devais la jeter avec fougue sur le lit. Malheureusement, je n'ai pas très bien visé et sa tête a heurté un montant du lit à baldaquin. Quand le tournage a pu enfin reprendre après un long moment de soins, il nous a fallu faire des contorsions, pas sous les draps mais devant les caméras de façon à ne pas voir la bosse qu'elle avait sur le crâne. »
La belle Anna a fait depuis carrière aux États-Unis dans des séries. Grâce au comédien bastiais, elle a roulé sa bosse...
Mais pour lui, l'épisode le plus excitant, et le plus périlleux comme on le verra, a été la visite impromptue de Vladimir Poutine sur le tournage. Mais laissons raconter Éric Fraticelli : « Lorsque le cinéaste m'a présenté à lui, il m'a tendu le bras et il m'a dit : ' Je suis très honoré de pouvoir enfin serrer la main de l'Empereur ! ' Et, spontanément, je lui ai répondu : ' Et c'est le même honneur pour moi de serrer la main du Tsar ! ' J'ai commencé à tiquer lorsque la traductrice, figée sur place, n'a pas prononcé un mot et qu'un silence épais s'est installé autour de nous pendant une minute qui m'a paru un siècle. J'ai appris plus tard qu'il détestait qu'on l'appelle ainsi car, à ses yeux, Tsar était l'insulte à laquelle avaient recours ses adversaires politiques en Russie et partout en Europe. Il m'a regardé droit dans les yeux et m'a dit sèchement : ' Je ne suis pas le Tsar ! ' J'ai répondu : ' Ça tombe très bien, je ne suis pas l'Empereur ! ' Il a eu quelques secondes d'hésitation et, d'un revirement d'humeur, il a éclaté de rire et tout le monde a ri autour de nous avec soulagement. J'avoue avoir eu froid dans le dos et, pour la première fois, ce n'était pas à cause de la température... » Pour Éric Fraticelli cette « Ballade des Uhlans » n'aura pas été une promenade de santé.
23/03/2021
20/03/2021
Letizia Giuntini. Chevrière, là où le tout tourisme et tout luxe font la loi. Auteure-compositrice- interprète puissante. Femme singulière et sincère. Guerrière de notre planète terre avec les armes du cœur, la détermination, et beaucoup d’huile de coude... Jean Froment fait de cette étonnante-détonnante un beau portrait dans son film documentaire, « La part du rêve », diffusé sur Via Stella.
Ça commence par une chanson au volant d’une voiture. Ça se termine, sur un sentier escarpé, en chantant. Dans l’entre-temps l’histoire d’un rêve incarné dans un coin montagnard de Balagne. Un rêve vécu. Un rêve fragile. Un rêve à recommencer encore et encore.
Au-dessus de Lumio Letizia Giuntini s’accroche à la terre de ses ancêtres. Elle élève vingt chèvres car il lui faut se ménager des moments pour donner des cours de chant, cultiver un jardin dans la plaine de Lozari et travailler sa musique. Pas assez de bêtes, pas assez d’hectares, la jeune femme n’est ni éleveuse ni agricultrice pour les instances officielles. Hors système, elle est néanmoins reconnue sous le libellé : détentrice !
Un quotidien très dur, parce que vivre de ses ressources dans ces conditions n’est pas évident et surtout parce qu’elle subit à longueur de saisons une monstrueuse pression immobilière en raison de l’appétit échevelé de certains pour les résidences secondaires qui dévorent le paysage au détriment d’une agriculture et d’un élevage nourriciers. A cette pression immobilière s’ajoute une stratégie de la tension déployée par d’aucuns pour la faire déguerpir afin de récupérer son bien et de « normaliser » son espace en l’accommodant à la sauce productiviste, le tout assorti de menaces précises et d’obstruction aux droits de passage.
L’indépendance est une denrée rare et quand elle se conjugue avec liberté... elle cou^te chère ! Mais Letizia Giuntini n’a pas l’habitude de se dérober. Si elle cultive à l’instar d’un Pierre Rabhi une « frugalité heureuse » elle n’a pas la langue de bois pour dénoncer le fric qui pollue les sites les plus remarquables, la mise à mort de la terre paysanne et ceux qu’elle nomme les « commandants » qui n’ont cesse de transformer en mendiants les gens qu’ils ont l’arrogance de dominer et d’exploiter... Elle alerte sur un état de fait dépourvu d’aménité et de bienveillance qui accule des individus à la dépression et à la révolution. Un état de fait si brutal qui met à mal la société. Au passage la chevrière artiste sait manier l’humour lorsqu’elle conte, par exemple, le bouc évadé du troupeau qu’elle finit par récupérer grâce à ... Facebook.
L’accumulation d’obstacles sur sa route va conduire Letizia Giuntini à une conclusion amère : partir. Mais partir ailleurs en Corse, pour un endroit qui ne sera pas un balcon sur la mer.
Avec « La part du rêve » Jean Froment nous offre de superbes images au ton exceptionnel. Saisissant portrait d’une femme qui aime tant ses chèvres et qui est tellement attachée à la création musicale. Il faut écouter les chansons du CD, « Cuccata », qui ne sont pas sans évoquer en langue corse Dylan et Evora. Résultat un protest-song percutant et poétique dans ses sonorités folk-world.
17/03/2021
12/03/2021
11/03/2021
Laurent Hérin le Mardi 9 Mars 2021 pour CorseNetInfos
Tourné en Balagne l’été dernier, le premier long métrage d’éric Fraticelli, « Permis de Construire », est terminé. Sans date de sortie pour le moment pour cause de Covid, il vient d’obtenir le prestigieux label du Festival du film de comédie de l'Alpe d'Huez. éric réagit pour CNI à cette nomination.
à l’image de Cannes l’an dernier, L’Alpe d’Huez, festival de comédies, a décidé de remettre un sceau "Label Sélection Officielle – Festival de l’Alpe d’Huez 2021" à dix-huit longs-métrages francophones qui sortiront tout au long de l’année 2021. Parmi eux, on retrouve le premier long métrage d’éric Fraticelli, « Permis de Construire ».
Festival de comédie
« La crise sanitaire que nous traversons, ses conséquences, ses mesures, et l’absence actuelle de perspectives données au monde culturel et au secteur de la Montagne, ne permettront pas au Festival du Film de Comédie de l’Alpe d’Huez de proposer une édition classique pour l’année 2021 » ont annoncé les organisateurs dans un communiqué. « Convaincu que des jours meilleurs sont à venir, et souhaitant accompagner les retrouvailles entre le public et les salles de Cinéma », le Festival de l’Alpe d’Huez a tout de même annoncé la sélection officielle de sa 24e édition, avec 18 longs métrages francophones qui sortiront en salle et bénéficieront de la mention : "Le Label Sélection Officielle - Festival de l’Alpe d’Huez 2021". Un label également attribué aux courts métrages dont la sélection officielle avait été annoncé début décembre 2020.
Déjà l’an dernier, faute de pouvoir organiser son édition 2020 dans des conditions normales, le Festival avait lancé ce label. Un moyen de soutenir l’industrie du cinéma et de récompenser les talents. Une “marque” qui sert également de repère : il est un indicateur positif pour le grand public.
Permis de construire
Cette année, parmi les dix-huit films retenus, il y a Permis de construire, le premier long métrage de l’acteur éric Fraticelli, avec lui-même mais aussi Didier Bourdon, Anne Consigny, Simon Abkarian et Michel Ferracci. A l’occasion du tournage, CNI avait rencontré l’heureux réalisateur (lire ici).
Contacté hier, il nous confirme : « C’est une bonne, même une excellente nouvelle d’être labélisé Alpe d’Huez. Même si rien de remplace un Festival en présentiel. On misait beaucoup cette année sur cette manifestation. J’ai tout fait pour finir le film à temps. » Il poursuit : « Après le tournage en Balagne l’été dernier, on a mis les bouchées doubles sur le montage. Didier [Bourdon] est même venu filer un coup de main. Il adore le film, ça fait chaud au cœur. J’avais forcément des doutes, je me connais, je connais mon univers mais un premier long réserve forcément des surprises. Et là, j’avoue, je suis étonné par l’équilibre entre humour et émotion. Dans la comédie, j’avance en terrain connu, j’ai commencé en 1992 [rires] ! Mais dans l’émotion, j’étais un peu sans repères. Du moins je ne savais pas ce que ça allait donner. C’était sûrement plus inconscient...»
Retours positifs
Autre motif de satisfaction pour le réalisateur, les premiers retours : « Warner, le distributeur, Marvelous la production et France 3 le coproducteur m’ont fait des retours positifs. On a aussi fait une projection équipe à Paris et on débute les projections tests ce week-end à Tours. On va le montrer à des professionnels. La sélection à l’Alpe d’Huez rassure aussi. On a vraiment pris du plaisir à faire ce film, on voudrait maintenant en donner au spectateur ! »
Et quand on évoque des projections en Corse : « évidemment ! Je veux montrer mon film ici, chez moi. Vu la situation sanitaire, on n’a pas encore assez de visibilité. Je dois discuter avec le distributeur pour trouver la meilleure date de sortie. Et j’espère bien le montrer en avant-première sur toute l’île ! »
Le rendez-vous est pris pour découvrir Permis de Construire, le premier long métrage événement d’éric Fraticelli.
Citons aussi Di
Corsica Riposu d'Ange Leccia. Dans ce film, sorti en 2004,
Ange Leccia s'inspire de la création commandée à l'ensemble A Filetta
par le festival de Saint-Denis. Avec ce film, Ange Leccia visite à la
fois l'univers d'A Filetta et celui du culte des morts en Corse. Je
n'avais pas encore vu ce film, qui est projeté à Pigna en ce mois
d'avril 2006, quand j'ai rédigé cet article. Depuis il a été diffusé par Via Stella.
Le cinéma d'Ange Leccia est vraiment très particulier, et on peut être agacé ou séduit par ses parti-pris esthétiques (flou, grain).
Annoncé pour le 13 avril 2011, Nuit Bleue. Dans cet extrait on peut voir A Filetta chanter Sumiglia le long d'une route :
Lorsqu’on rencontre Vahina Giocante, le décor autour d’elle s’estompe tant sa beauté et sa présence irradient. Elle était là, sur l’immense plateau de tournage comme une fleur sauvage ayant poussé sur les rives de la Gravona où elle jouait enfant. Cette jeune femme originaire de Vero est devenue en quelques années, et après trente films, une des plus belles et des plus talentueuses actrices françaises. Son visage en effet capte et renvoie la lumière des sunlights d’une indicible manière.
Le regard quant à lui est souvent mystérieux et troublant. Sans doute y a-t-il en Vahina une part de lumière, une distinction et une grâce qui la rendent unique comme une icône rare. Ses traits ont la pureté des vierges de Léonard de Vinci. Le corps, en mouvement sur l’écran, exprime une sensualité féline et le maintien des danseuses classiques : 24 images par seconde d’un bonheur visuel absolu, telle est « La Giocante ».
Il n’est guère étonnant qu’une directrice de casting l’ait remarquée dès l’âge de 14 ans sur une plage du midi alors qu’elle était petit rat à l’Opéra de Marseille. Marie, Baie des Anges de Manuel Pradal fut son premier film. Beaucoup d’autres suivirent, parfois dans des rôles sulfureux tant le personnage est chargé d’un érotisme magnétique. Mais on ne doit en aucun cas confondre l’actrice et ses rôles. Vahina est à l’opposé des personnages qu’elle a jusqu’ici incarnés à l’écran. Une personnalité volontaire, un caractère trempé, un déjà long parcours à l’écran dans un milieu sans pitié pour les femmes, une maternité précoce (elle est mère d’un garçon de 10 ans) ont forgé en elle l’âme d’une guerrière.
Il y a indubitablement de la noblesse chez cette jeune femme, un appétit de vivre pleinement et d’explorer le monde dans toute sa diversité ethnique et géographique. C’est ainsi qu’on a pu la voir toute seule en Afrique dans une tribu Massaï, en Inde l’an passé, ou bien encore dans la tribu des indiens Conibo-Shipibos sur l’Amazonie. La lumière des plateaux de cinéma, la notoriété et l’aventure, ne lui ont toutefois pas fait oublier ses racines insulaires. Il n’est pas une interview de Vahina dans laquelle elle ne revendique sa corsitude. « La Giocante » se montre en effet intarissable au sujet de l’Île. « Les odeurs du maquis, la force des éléments sont dans mon cœur et mon esprit où que je sois. » Elle parle. On l’écoute. « Mon rapport à cette île est une relation d’amour inconditionnel et de grand respect pour cette terre et ceux qui on su la préserver quasi intacte, çà devient rare sur cette planète ; mais je pense qu’il est important, voire nécessaire aux habitants de l’île de voyager pour revenir nourris de la différence, pour éviter le repli et le manque d’ouverture sur le monde que je constate parfois chez certains de mes compatriotes : le voyage, le mouvement, la curiosité, ne font que nourrir et renforcer les racines et ne constituent pas un danger en soi. » Vahina Giocante évoque aussi la Corse des anciens « avec un souci constant de la transmission à une époque où l’on ne transmet plus rien, nous avons sans doute su garder l’essentiel, passer des relais ». L’actrice pense avoir reçu l’héritage des femmes de Méditerranée à forte personnalité.
Sa carrière l’a d’ailleurs conduite à tourner avec deux réalisateurs insulaires : Frédéric Graziani dans Le cadeau d’Elena réalisé à Bastia aux côtés de Marie-José Nat et Stéphane Rideau puis avec Jan Kounen, dans Blueberry, aux côtés de Vincent Cassel et dans 99 francs aux côtés de Jean Dujardin. De son rapport avec Jan Kounen elle dit : « Jan est pour moi une sorte d’ange protecteur, il est fascinant de constater que certaines personnes sont là dans les moments clefs de l’existence, Jan fait partie de ceux-là, il y a entre nous une émulation créative, nous nous ressemblons par certains traits. Il est pour moi au-delà du réalisateur figurant sur ma filmographie et je le considère comme un frère en effet il y a un peu de çà puisque nous avons en commun nos origines corses. »
Nous verrons la comédienne cette année dans 30 beats d’Alex Lloyd un film indépendant New-Yorkais : « C’est ma première expérience dans une langue étrangère. J’ai appris un peu plus mon métier en perdant certains repères. Je trouve important d’explorer des « nouveaux mondes » ; les mondes imaginaires de réalisateurs qui n’ont pas forcément la même culture, la même approche de la vie, les mêmes inspirations, toutes ces créativités me nourrissent énormément. »
Vahina Giocante vient par ailleurs d’achever le tournage d’un film israélien : « Dans ce film je suis allé assez loin dans l’oubli de ma personnalité, ce fut comme une plongée dans les abysses d’un rôle, on s’y perd où l’on en revient grandi. J’ai mis beaucoup de temps à me remettre du tournage, mais grâce à mes proches j’ai retrouvé de la force et de l’énergie. ». L’actrice avoue en effet que le tournage fut un des plus éprouvants qu’elle ait connu à ce jour.
Il pleuvait sur la place Saint-Michel lorsque nous nous sommes quittés au bout de cet entretien, la pluie parisienne et le ciel gris magnifiaient l’éclat de son regard. Elle s’engouffra dans un taxi, sourit d’un air mélancolique et lança en baissant la vitre « Embrasse la terre de nos ancêtres et de nos enfants pour moi ». Déjà un autre film attend Vahina. Elle partira après-demain tourner à Madagascar puis au Sri-Lanka. La grande aventure continue, nous attendrons impatiemment son retour pour nous la faire partager.
Filmographie sélective
30 beats d’Alex Lloyd (2010)
Mon père, Francis le Belge de Frédéric Balekidijan.
La blonde aux seins nus (2010) de Manuel Pradal avec Nicolas Duvauchelle
Bellamy (2009) le dernier film de Claude Chabrol avec Gérard Depardieu
Le premier cercle (2009) de Laurent Tuel avec Jean Reno.
Secret défense (2008) de Philippe Haïm avec Gérard Lanvin
99 francs (2007) de Jan Kounen avec Jean Dujardin.
Un lever de rideau (2006) de François Ozon.
Riviera (2005) de Anne Villacèque avec Miou-Miou.
Nuit noire, 17 octobre 1961 (2005) d’Alain Tasma.
Marie Antoinette (2005) d’Alain Brunard.
Lila dit ça (2004) de Zia Doueiri.
Le cadeau d’Elena (2004) de Frédéric Graziani.
Blueberry: L’expérience secrète (2004) de Jan Kounen avec Vincent Cassel.
Le intermittenze del cuore (2003) de Fabio Carpi.
Vivante (2002) de Sandrine Ray.
L’Algérie des chimères de François Luciani
Bella ciao (2001) de Stéphane Giusti.
Le libertin (2000) de Gabriel Aghjion.
Pas de scandale (1999) de Benoit Jacquot avec Isabelle Huppert.
Voleur de vie (1998) d’Yves Angelo avec Emmanuelle Béart.
Marie Baie des Anges (1997) de Manuel Pradal.
Jean-Sébastien Soldaïni
Copyright Corsica
Troisième
court-métrage de Jean-Luc Delmon-Casanova, A Ghjanara transporte le
spectateur au cœur du Moyen-Âge.
(Article de Terra Corsa en téléchargement)
Août 2015
1ère version de la chanson de fin du film "Les Exilés".
Paroles: Michel Frassati
Musique: Stéphane Casalta
Interprétation: Jean-Claude Acquaviva
La semaine (du 19 au 24 juillet 2015) a été riche en émotions dans le processus de création des "Exilés."
En effet, ces derniers jours a été enregistrée « U Cantu di l’Esiliati », la chanson originale du film Les Exilés, dans les studios de La Source à Ajaccio. Une chanson qui n’est pas une simple illustration ou ornementation du film, mais qui le complète, l’accompagne, le prolonge.
Les paroles sont de Michel Frassati, membre fondateur d’A Filetta (à qui l’on doit notamment quelques-unes des grandes chansons du groupe dont Ste mane quì, U pagliaghju di l’Ostriconi, Euskadi, À Sergiu etc…), la musique de Stéphane Casalta, ancien d’A Filetta et entre autres membre fondateur de Giramondu, et l’interprétation de Jean-Claude Acquaviva, personnalité culturelle de l’île que l’on ne présente plus.
Ces artistes insulaires n’avaient plus travaillé tous les 3 ensembles depuis les premières années d’A Filetta au début des années 80. Ils ont accepté de se retrouver pour cette création inédite, démarche remarquable qui rejoint les thèmes des « Exilés » : la filiation, la transmission, le souvenir, l'identité. C’est un cadeau merveilleux qu’ils font au film et nous les en remercions du fond du cœur.
« U Cantu di l’Esiliati » se veut une chanson simple, authentique, à hauteur d’hommes et raconte du point de vue de Ghjacintu Paoli « l’odyssée » politique et humaine de son fils Pasquale. Elle a été écrite dans un esprit d’humilité et d’enthousiasme qui a toujours fait la sincérité et la beauté de nos chants, pour qu’elle aille droit au cœur et reste dans les mémoires.
Le 14 juillet 1755, Pasquale de Paoli était élu général de la nation Corse. Il entreprendra alors la rédaction d’une Constitution démocratique, réformera la justice, lancera des plans économiques et fera frapper une monnaie.
La grande première du film Les Exilés devrait se dérouler le MARDI 8 DECEMBRE 2015 en Corse. Les lieux de projection seront dévoilés d'ici peu.
Voici le 1er cliché officiel de Ghjacintu Paoli, le père di "U Babbu di a Patria", interprété par Jean-Claude Acquaviva, maquillé par Claudine Bartoli et photographié par Raphaël Poletti juste avant la pose de sa perruque.
Leader du groupe "A Filetta" depuis plus de 30 ans, il représente avec ses partenaires la polyphonie corse dans toute sa richesse et sa splendeur. Il a signé la musique de certaines des plus grandes chansons corses. Il a collaboré à de prestigieuses bandes-originales de films tels que "Comme un aimant", "Himalaya, l'enfance d'un chef" ou "Microcosmos" avec des artistes comme Ange Leccia, Akhenaton et Bruno Coulais. Il a participé à des opéras et autres collaborations artistiques aux côtés d'Orlando Forioso, Paolo Fresu, Sidi Larbi Cherkaoui ou la chanteuse libanaise Fadia Tomb El-Hage. Il nous avait déjà prêté sa voix le temps de notre teaser. Désormais il a accepté de relever un nouveau défi. Grimé et vieilli pour l'occasion, il incarnera GHJACINTU PAOLI pour ce qui sera une de ses 1ères expériences d'acteur au cinéma. Nous souhaitons la bienvenue à JEAN-CLAUDE ACQUAVIVA dans l'équipe des "Exilés".
L'avant première publique de "Disparus", aura lieu le samedi 30 août au cinéma en plein air U Sampiero, à Sagone. Ce film sera diffusé sous forme de mini-série de 2 fois 90 minutes, sur France 3 national. Il vient d'être sélectionné en compétition officielle dans le cadre du prestigieux Festival de la Fiction TV de La Rochelle.
Après
ce rapide tour d'horizon, on ne peut que souhaiter que des metteurs en
scène s'intéressent enfin à la Corse sans aligner les sempiternels
clichés sur l'ïle et ses habitants...
Le
cinéma, c'est aussi les salles de cinéma. Et à cet égard il convient de
saluer la belle initiative de Ceccè Acquaviva :
Découvrez Le Fogata et ses programmes ; Cinéma Le Fogata - Col de
Fogata - 20220 Ile Rousse
Tél / Fax : 04 95 39 18 97 - Email : cinemalefogata@yahoo.fr
Site http://www.cinema-fogata.com/presentation-cinema-ile-rousse.php
14/11/2020
Le remarquable court-métrage de Jean-Marie Antonini raconte le simulacre de procès de l'un des fusillés pour l'exemple du conflit 1914-1918. Un vibrant plaidoyer contre l'absurdité de la guerre, l'injustice, la cruauté.
Le destin de Joseph Gabrielli, il l'a découvert d'abord dans le documentaire de Jackie Poggioli Fucilati in prima ligna. Il l'a retrouvé plus tard dans la bande dessinée de Frédéric Bertocchini qui lui consacre quatre pages de Aiò Zitelli. Ce cri de ralliement, qui était la devise du 173e régiment d'infanterie, ou régiment des Corses, est aussi devenu le titre du court-métrage de Jean-Marie Antonini. Un film de 20 minutes qui a déjà raflé de nombreux prix et même eu droit à une standing-ovation à l'Assemblée de Corse.
Cette histoire, on vous la livre telle que le réalisateur, qui l'a coécrite avec Frédéric Bertocchini, la dévoile dans le synopsis. En pleine guerre des tranchées, le soldat corse Lucien Casalta est appelé d'urgence à l'arrière des lignes par un tribunal de campagne en tant que traducteur. Dès son arrivée, il est surpris de voir que le jeune soldat n'est autre que son compatriote et ami Joseph Gabrielli.
La fin funeste de ce dernier, on la connaît. Le Poilu, originaire du village de Pietraserena, est un des fusillés pour l'exemple corses. âgé de 21 ans, ne parlant que le corse et illettré, il sera fusillé au printemps 1915 au sortir d'un simulacre de procès. Réhabilité 20 ans plus tard grâce à l'acharnement de son père, son nom sera inscrit dans le marbre du monument aux morts de son village. Son corps, lui, ne sera jamais retrouvé.
Jean-Marie Antonini a choisi de raconter cette histoire du point de vue de Lucien Casalta, le traducteur. Celui qui doit annoncer à son ami la sentence du tribunal. En langue corse puisque c'est la seule que Joseph Gabrielli comprenait. "C'est ce personnage que l'on suit. C'est avec lui que l'on découvre l'injustice et la bêtise humaine. Avec lui que l'on voit l'absurdité de la guerre. à travers ce film, j'ai voulu montrer le meilleur et le pire de l'homme", détaille le réalisateur d'origine balanine.
Les acteurs, Jean-Philippe Ricci, dans le rôle de Lucien Casalta, Antò Mela dans celui de Joseph Gabrielli, Jean-Toussaint Bernard qui campe le commissaire du gouvernement ou François Cardonnel, qui joue le capitaine, sont épatants.
Déjà sélectionné dans de nombreux festivals
Le film, qui a été tourné en partie à Dreux, mais aussi dans les plaines d'Aregnu et du Reginu, est porté par la puissance de ses dialogues. "J'ai voulu que ce soit vraiment réaliste. Aussi invraisemblable et cruel que cela puisse paraître, les mots prononcés par les membres de la cour martiale sont les phrases originales retrouvées dans les registres. Y compris quand ils se moquent de Joseph Gabrielli", explique Jean-Marie Antonini.
Si le réalisateur et la productrice Julia Retali sont ravis des prix et distinctions déjà reçus par Aio Zitelli, s'ils sont heureux des retours positifs qu'ils en ont, en Corse et à l'extérieur, leur plus grande fierté, c'est de pouvoir le présenter dans les établissements scolaires.
"J'ai commencé à domicile, au lycée de Balagne où il a été reçu avec beaucoup d'émotion. On va continuer la tournée à Bastia - au Fangu et à Montesoru -, à Ajaccio, dans le Fium'Orbu, où les chefs d'établissement et les enseignants nous sollicitent. J'ai le devoir de faire découvrir non pas mon film mais l'histoire de ces hommes aux jeunes générations, de leur faire comprendre avec des images l'ignominie de la guerre", conclut le réalisateur d'un court-métrage à voir absolument.
Le film, sorti en juillet dernier, a déjà été sélectionné dans de nombreux festivals de courts-métrages internationaux (Rome, Moscou, Chicago, notamment) et a déjà reçu pas moins de 11 prix. Il poursuit sa belle carrière et sera projeté en novembre à Milan. En janvier prochain, il partira même au Festival international de Jaipur, en Inde.
10/09/2020
Laurent Hérin le Mercredi 9 Septembre 2020 (CorseNetInfos)
L’acteur Éric Fraticelli vient de mettre le dernier coup de manivelle, à I Cateri, en Balagne, au tournage de son premier long métrage en tant que réalisateur : « Permis de construire ». Une comédie entièrement tournée sur l’île avec un casting de choix. CNI l’a rencontré pour l’occasion.
Jeudi dernier, à 3 jours de la fin du tournage de Permis de Construire, c’est Michel Ferracci qui nous accueille. Égal à lui-même, enjoué, motivé, il croit à ce projet. Acteur mais également co-producteur sur le film, il avoue son plaisir d’avoir participé à cette aventure : « On s’est régalé, on se régale encore. Bien sûr, c’est du boulot. Le tournage était intense mais on n’a pas oublié de rire ! » glisse-t-il alors qu’il vient de faire une farce par texto à un des régisseurs, en se faisant passer pour quelqu’un d’autre.
La macagna est de rigueur sur ce tournage, c’est d’ailleurs le nom du bar ou sont tournées certaines scènes dont celle de ce jeudi 3 septembre. C’est derrière ce décor créé pour l’occasion dans le village de I Cateri que l’on rejoint Éric Fraticelli. Les traits tirés mais le sourire aux lèvres, il nous accorde quelques minutes avant de tourner une scène avec Didier Bourdon.
- Éric, vous avez décidé de tourner en Corse ?
- ça ne s’est pas vraiment fait comme ça. Au début, les producteurs – de Marvelous productions – m’ont proposé le pitch d’une histoire qui se déroule effectivement pour partie en Corse. Quand j’ai accepté le projet, j’ai insisté pour que toutes les scènes soient tournées sur l’île. Et avec un maximum de techniciens corses ! Je n’imaginais pas le projet autrement. Je connais ce milieu du cinéma qui a tendance à être très centralisé sur Paris. Or, je voulais que la Corse ait un vrai rôle dans le film. Il ne fallait pas tricher.
- C’est votre premier film en tant que réalisateur...
- Oui. Je suis comédien et j’ai déjà mis en scène une pièce de théâtre (Le Clan) mais je n’avais jamais dirigé un long métrage. C’est une nouvelle expérience et je peux vous dire que c’est du boulot ! On est tout le temps sur le pont. Je compare ça à un match de boxe, les coups inclus [rires]. Il faut bien s’entraîner, se préparer, c’est la phase de scénario et de pré-production. Il faut ensuite monter sur le ring, c’est le tournage. Et le combat n’est pas fini ! Je vais entrer en montage puis il y aura toute la partie accompagnement de la sortie...mais on n’en est pas encore là !
- Votre expérience d’acteur a été utile ?
- Je peux dire que je connais le métier pour avoir tourner dans des courts, des longs, des séries et par mon expérience sur scène aussi. Je regarde toujours comment ça se passe sur un tournage, je suis curieux. Je pense d’ailleurs que j’étais plus à l’aise dans la direction d’acteurs, dans les orientations à prendre, dans un rôle de chef d’orchestre. Pour la technique par exemple que je connais moins, j’ai fait confiance à l’équipe qui m’accompagne. Et je ne tournais pas Tenet non plus ! [rires] Ils ont fait un super boulot. C’est important de travailler avec de bons collaborateurs. Ce qui compte dans mon film c’est l’humain, l’histoire...et la Corse bien-sûr !
- Vous avez d’ailleurs rassemblé un sacré casting !
- Oui, j’ai eu la chance que des copains me disent ok tout de suite. J’avais déjà travaillé avec Didier [Bourdon, NDLR] sur une série mais pas assez longtemps. On était frustré. Là, on s’est bien rattrapé [rires]. Avec Simon Abkarian aussi. Je devais jouer à ses côtés dans Edmond mais ça ne s’est pas fait alors je suis content qu’il soit sur le projet. Avec lui, on sait où on va, c’est un grand professionnel. Mais il y a aussi Anne Consigny, Frédérique Bel, Laurent Gamelon, Michel que vous avez croisé, Didier Ferrari, Jef bien-sûr [Jean-François Perrone, NDLR], Philippe Corti ou encore Véronique Volta. Que des copains je vous dis !
- Et vous teniez à jouer et faire jouer des acteurs corses ?
- Evidement ! Pour les rôles des corses, il me fallait des acteurs du cru. Rien de pire que de forcer un accent. Ce n’est pas de la magie un rôle. Faites moi jouer un suédois, vous verrez le résultat ! [rires]
- On vous a proposé le pitch mais vous avez écrit le scénario ?
- Oui, c’est indissociable pour moi. Comme quand je prépare un sketch. Je l’écris, le répète, je le joue ensuite sur scène...et les gens rient ou pas mais je tiens à participer à tout le processus. Comme je serai présent pour le montage qui commence bientôt...
Le tournage s’est terminé ce samedi mais Éric n’a pas le temps de se reposer. Il attaque le montage avec Pascale Fenouillet, monteuse attitrée d’Éric Rochant (Les Patriotes, Mo¨bius, Le Bureau des Légendes), cette fois sur Paris. Mais jamais très loin de cette Corse qu’il porte dans son cœur et dans ses rires.
Jour de tournage...
C’est un Éric Fraticelli très concentré qui regarde inquiet le ciel chargé de nuages en ce début d’après-midi. L’équipe est en place, prête à tourner. Tel un chef d’orchestre, il donne les dernières recommandations aux comédiens. Didier Bourdon vient d’arriver sur le plateau, il s’arrête dire un petit mot à chacun et saluer les techniciens.
Après plusieurs semaines de tournage, on sent que tout le monde se connaît, s’apprécie et qu’ils sont fiers d’avoir participé à cette aventure, de l’assistant déco au régisseur en passant évidemment par le réalisateur et sa troupe de comédien.nes.
Le silence est demandé sur le plateau pour tourner une deuxième prise. Éric et Didier sortent du café, à la recherche d’un certain "Hulk" tandis que Michel Ferracci, assis en face, leur répond en bégayant « qu’illlll nnnnne sait pas ».
Accessoiristes, costumiers viennent faire une dernière retouche sur le plateau, les techniciens se préparent à mettre en boîte la 3e prise. Là-haut, les nuages ont fait place à un grand soleil. De bon augure pour Éric et toute son équipe dans la dernière ligne droite de ce tournage estival.
Le pitch de « Permis de Construire » réalisé par Éric Fraticelli, produit par Marvellous production et distribué par Warner France :
« Dentiste à Paris, Romain vient de perdre son père qu'il n'a pas vu depuis des années. A sa grande surprise, ce dernier lui a laissé un terrain en héritage, ainsi qu'une dernière volonté : y faire construire la maison où il aurait aimé finir ses jours. Seul problème: ce terrain se situe en Corse. »
Thierry de Peretti, scénariste et metteur en scène, s'apprête à adapter A son image, le dernier roman de Jérôme Ferrari, au cinéma. L'occasion de revenir avec le réalisateur d'Une Vie Violente sur ce difficile exercice, et sur son rapport à la littérature.
Thierry de Peretti, en deux films, Les Apaches et Une Vie Violente, s'est imposé comme une voix qui compte dans le cinéma français contemporain, après une carrière très remarquée dans le théâtre, comme acteur et metteur en scène.
Alors que son troisième long-métrage, L'infiltré, avec Vincent Lindon, Roschdy Zem et Poi Marmai¨, n'est pas encore sorti, Thierry de Peretti travaille déjà sur le prochain, l'adaptation pour le grand écran d'A son image, le roman de Jérôme Ferrari.
Une grande première pour lui qui a toujours, jusqu'à aujourd'hui, signé les scénarios de ses films.
Comment se passe l'adaptation ?
C'est vraiment un nouvel exercice... Qui demande une nouvelle manière d'écrire. Prenez les personnages, par exemple. Jusqu'à présent, je les écrivais sur mesure par rapport aux acteurs qui allaient les jouer, et que j'avais en tête. Souvent, quand j'entame un nouveau film, j'écris quelque chose et très vite j'amorce un travail de collaboration avec les acteurs, à travers les répétions, des impros. L'écriture, habituellement, pour moi, c'est un aller-retour permanent, avec les acteurs, les lieux envisagés pour le tournage. L'histoire se construit au fur et à mesure, se nourrit de tout ça.
Mais avec A son image, les personnages sont écrits. Ca a un côté rassurant, c'est vrai, et en même temps, je me demande si je vais savoir écrire sur des choses qui sont aussi présentes, très dessinées. Est ce que je vais trouver ma place, par rapport à l'écriture de Jérôme, qui est très rigoureuse ? C'est l'une des questions que je me pose régulièrement.
A quel point votre film sera-t-il fidèle au livre ?
C'est très difficile à dire. On est partis sur l'idée d'une adaptation très fidèle, mais forcément, le passage au grand écran demande des ajustements. La temporalité du récit, par exemple, soulève beaucoup d'interrogations. Le récit de Ferrari passe du passé au présent avec une grande fluidité, et dans un livre, on peut le faire autant de fois que l'on veut. Au cinéma, c'est plus difficile, on court le risque de sombrer dans l'exercice de style, et de perdre de vue le cœur du récit.
Ce travail d'adaptation, ça va être une longue série de choix. De quoi peut-on s'affranchir, qu'est-ce qui, dans le roman, est destiné à être montré, et qu'est ce qui est destiné à ne pas l'être... Ca pose des questions infinies.
Mais j'aime l'idée qu'un film s'invente petit à petit, jour après jour.
Comment ça se passe avec Jérôme Ferrari ? Il y a des auteurs qui sont très jaloux de leur œuvre...Est-ce qu'on trahira, ne trahira pas ?
Est-ce que vous diriez que vous faites un cinéma littéraire ?
Dans le milieu, chez les critiques, "cinéma littéraire" ça sonne toujours un peu comme une critique. La plupart du temps, c'est une manière de dire qu'il y a beaucoup de dialogues. Pour ma part, les auteurs français à qui l'on fait ce reproche, Marcel Pagnol, Sacha Guitry ou Jean Eustache, par exemple, je les aime beaucoup.
Deux d'entre eux étaient écrivains et dramaturges...
C'est vrai. Et Jean Eustache... Dans La maman et la putain, y a une langue, les personnages monologuent, c'est l'exemple type de ce que l'on pourrait appeler un cinéma littéraire, mais ils existent à partir du moment où ils parlent. C'est la langue qui fait l'action.
Malgré tout, quand quelqu'un qualifie un film de littéraire, c'est jamais très bon signe.
14 août 2020
5 août 2020
Passionné de théâtre depuis de nombreuses années, Éric Fraticelli débute sa carrière sur les bancs de la faculté d'Aix-en-Provence en tant qu'humoriste. Avec son ami et partenaire de scène, Jacques Leporati, les deux compères enchaînent les spectacles comiques en Corse, mais également sur le Continent. Le célèbre duo se sépare en 2005, date à laquelle Éric Fraticelli décide de mener une carrière solo à travers le théâtre et le cinéma.
Plusieurs réalisateurs lui proposent alors des rôles secondaires dans L'enquête Corse, Un long dimanche de fiançailles ou encore De l'autre côté du lit. Parallèlement au cinéma, il met en scène et écrit des pièces de théâtre comme Le Clan en 2017. Passionné d'écriture, Éric Fraticelli s'est lancé depuis peu dans la réalisation. Permis de Construire, son premier film, est actuellement tourné en Balagne. Une nouvelle facette du métier qu'il a su apprécier au fur et à mesure.
« Au départ je n'avais pas envie d'être réalisateur, plaisante-t-il. C'est un producteur qui m'a incité à passer derrière la caméra. Quand on écrit un scénario et qu'on le met en scène, c'est beaucoup plus homogène. J'aime le côté authentique et même si tout n'est pas encore parfait ce n'est pas mon principal objectif. Selon moi, l'art est le terrain de la subjectivité, de l'être humain. Le fait d'écrire et de mettre en scène développe une particularité et un point de vue propre à chacun. »
Après le théâtre, c'est donc au cinéma qu'Éric Fraticelli écrit son premier scénario : dentiste à Paris, Romain vient de perdre son père qu'il n'a pas vu depuis des années. à sa grande surprise, ce dernier lui a laissé un terrain en héritage, ainsi qu'une dernière volonté : y faire construire la maison où il aurait aimé finir ses jours. Seul problème, ce terrain se situe en Corse.
« Je ne peux pas encore dévoiler l'intrigue du film. Le protagoniste va arriver en Balagne où il aura de nombreux préjugés sur les Corses et leur mode de vie. Il s'agit d'une comédie drôle remplie de rebondissements, entièrement tournée en Balagne. »
Un choix étonnant que le réalisateur assume pleinement. « Il y aura plusieurs décors comme le village de Pigna, Lumio et quelques scènes à L'île-Rousse et à Calvi. J'ai choisi de tourner en Balagne car je m'y sens chez moi. La microrégion dispose de lumières et de paysages particulièrement propices au septième art. Je ne réaliserai peut-être qu'un seul film dans ma carrière, mais je suis très fier que ce dernier soit tourné dans cet endroit si cher à mon cœur. » Éric Fraticelli a donc pris le pari de faire visiter la Balagne aux producteurs du film, Marco Pacchioni, Romain Le Grand et Vivien Aslanian qui ont immédiatement accepté.
Le tournage a commencé il y a seulement quelques jours sur la commune de Sant'Antonino. Un village très prisé par le cinéma qui a déjà servi de décor pour de nombreux longs-métrages et séries télévisées. Valoriser la Corse mais également les acteurs insulaires était le principal objectif du réalisateur. Parmi le choix des acteurs, Didier Bourdon, Anne Consigny, Frédérique Bel, Laurent Gamelon, Simon Abkarrian Michel Ferracci, Véronique Volta, Philippe Corti, Samuel Torrès, Didier Ferrari.
« Dans ce film, il y a davantage d'acteurs corses que de continentaux, reprend Éric Fraticelli. De nombreuses productions qui viennent tourner sur l'île ne pensent pas forcément aux insulaires. J'ai voulu leur donner l'opportunité de jouer des rôles plus importants. Nous avons des comédiens de qualité et de talent qu'il est important de mettre en avant. » Le réalisateur a pu également compter sur son ami Didier Bourdon pour incarner le rôle principal du film.
« Je connais Didier depuis une dizaine d'années. C'est une personne que j'apprécie beaucoup. Il m'avait fait travailler dans un de ses films en 2008. J'ai toujours voulu lui rendre la pareille mais entre le manque de financement de certains longs-métrages et les problèmes de planning, nous n'avions pas encore eu la chance de nous retrouver à l'écran. Aujourd'hui c'est chose faite et je suis très fier de pouvoir travailler avec cet artiste. »
à la suite de cette première réalisation, Éric Fraticelli a de nombreux projets dans les mois à venir.
« Si la crise de la Covid-19 ne s'accentue pas, une nouvelle pièce de théâtre que j'ai écrite devrait se jouer début octobre à Paris avec Danielle Rousseau et Valérie Mairesse. Côté cinéma, j'écrirai un film et probablement une série. »
Le tournage du film Permis de Construire devrait s'achever au début du mois de septembre. La date de sortie n'est pas encore connue même si le réalisateur espère pouvoir sortir son premier film dans le courant de l'année 2021.
Depuis quelques mois, les plateformes de vidéo à la demande fleurissent sur tous les écrans de télévision et connaissent un succès croissant.
Il faut dire qu'elles donnent l'occasion de découvrir des films tranquillement installé chez soi, dans un confort plus qu'appréciable en ces temps de crise sanitaire et de psychose virale.
Depuis le confinement général décrété par le gouvernement entre la mi-mars et la mi-mai, ces plateformes ont proposé des centaines de séries et longs-métrages.
Au grand dam des exploitants de cinémas qui voient là une concurrence directe, beaucoup de ces films sont proposés quelques semaines seulement après leur sortie officielle. Certains ont même été directement diffusés en VOD sans même avoir été préalablement distribués dans les salles obscures.
Ce fut le cas pour Pinocchio, le nouvel opus du cinéaste italien Matteo Garone. Librement inspiré du conte de Carlo Collodi, ce film fantastique avec Roberto Begnini dans le rôle de Geppetto a été vendu à Amazon Prime Video et ne sortira donc jamais dans les cinémas français.
Ce fut également le cas pour le dernier thriller de Martin Scorsese, The Irishman avec Robert de Niro et Al Pacino, qui ne peut être vu que sur Netflix.
D'autres plateformes spécialisées dans le 7e art sont très prisées comme Filmo TV ou Univers Ciné. On y trouve toutes sortes de films, des plus récents aux plus anciens, produits dans le monde entier et souvent présentés dans leur version originale, pour le plus grand plaisir des cinéphiles purs et durs.
Aujourd'hui, Gérôme Bouda et Maria-Francesca Valentini, deux jeunes insulaires que l'on peut qualifier de visionnaires, ont décidé de créer eux aussi une plateforme de vidéo à la demande. Mais contrairement à toutes les autres, la spécificité de celle-ci est de ne proposer que du made in Corsica.
Oui, oui, vous avez bien lu : uniquement des films et des documentaires réalisés par des artistes corses ou ayant trait à notre île.
Vous conviendrez que le pari est osé mais que le jeu en vaut la chandelle car un tel service n'existait pas.
Avec leur société Allindi qui est spécialisée dans l'audiovisuel et dont le siège se trouve à Ajaccio, Gérôme et Maria-Francesca, dont il faut vanter l'esprit d'initiative, veulent aller de l'avant. Ils sont confiants en leur projet et pensent que cette initiative culturelle résolument territoriale séduira un grand nombre de spectateurs de Corse et d'ailleurs.
« Nous avons fondé un service inédit qui, dans son genre régional, intègre l'une des niches d'un vaste marché en plein essor, expliquent-ils. C'est un nouvel espace de diffusion, d'expression et de conservation au service d'un paysage audiovisuel insulaire de plus en plus dynamique. »
En attendant celui du Centre national du cinéma, ils ont déjà reçu le soutien financier de la Collectivité de Corse et de l'agence pour le développement économique de la Corse.
Pour travailler dans les meilleures conditions, ils ont même recruté une coordinatrice éditoriale en la personne de Dorianne Bouisset.
Et pour lancer Allindi de la meilleure des manières, un partenariat a été noué avec le Festival de Lama qui, chaque été, organise une compétition de films corses dans la vallée de l'Ostriconi.
Si cette année la manifestation n'a pu avoir lieu dans sa forme habituelle à cause du Covid-19, le programmateur Laurent Hérin a tout de même souhaité que toutes ces productions insulaires ne restent pas dans l'anonymat. De fait, ces courts-métrages seront diffusés sur Allindi.com.
Ce service est très facile d'accès. On peut visionner les films sur son ordinateur, sa tablette, son portable ou, après une simple connexion, sur sa télévision.
L'abonnement est ouvert depuis le 1er août. En ne payant que quarante euros par an ou quatre euros par mois dont 35 % servent à rémunérer les artistes et les auteurs, on peut découvrir dès à présent plusieurs dizaines de films en ligne.
Le programme, qui propose des fictions et des documentaires, sera alimenté tous les mois par de nouvelles œuvres qui viendront étoffer l'offre initiale.
On pourra même y trouver de vieux films corses comme, par exemple, Malavia de Dominique Tiberi qui date de 1985.
Parmi les nouveautés, on retiendra Eja d'Andrea Marchese, Notre innocence de Tom Porte, En meute ou solitaire de Camille Martin-Donati ou encore Les saisons sauvages de Nathalie Giraud et L'odeur du gaz de Jean-Louis Tognetti sur les supporters du club de foot ajaccien, le Gazelec.
On peut également découvrir sur Allindi.com un excellent court-métrage que nous vous conseillons vivement. Il a pour titre La nuit est là et a été réalisé par Delphine Leoni que les habitués de France 3 Corse connaissent bien. Cette jeune et charmante journaliste présente souvent le journal de Corsica Sera. Sans la connaître personnellement, nous n'aurions jamais pensé qu'elle puisse mettre en scène un film d'une telle puissance de ton, d'une telle noirceur, d'une telle violence.
Elle raconte l'histoire d'une terrible vengeance. Celle d'une femme amoureuse qui n'hésitera pas à tuer les assassins de son compagnon. Lorsque nous avions découvert ce film lors du festival Arte Mare à Bastia, il nous avait rappelé le drame allemand In the fade qui avait permis à Diane Kruger d'obtenir le prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes 2017.
Delphine Leoni a du talent. Elle doit absolument persévérer dans cette voie. Grâce à Gérôme Bouda, son film peut être vu à loisir par le plus grand nombre. Pourquoi dès lors s'en priver !
La naissance de la plateforme Allindi peut être considérée comme un véritable événement culturel car elle va dans le droit fil d'une politique régionaliste digne d'intérêt. D'autant qu'elle privilégie le bilinguisme et donne une visibilité à la création artistique locale.
Juillet 2018
Avril 2018
Janvier 2018
Novembre 2017
Le long-métrage de Thierry de Perretti sur la jeunesse nationaliste en Corse et la lutte armée sortira en salles le 9 août. En attendant, "Une vie violente" a été présenté en avant-première au festival de Lama, en présence du réalisateur et de l'équipe du film.
Par Anouk Passelac, 03/08/2017
La majorité des acteurs, dont le rôle principal interprété par Jean Michelangeli, sont des novices, recrutés localement et formés par le réalisateur lui-même.
Cet été, c’est au tour du festival du film de Lama de projeter le long-métrage en avant-première. L’occasion de rencontrer Thierry de Peretti et les comédiens et d’invoquer la mémoire d’une époque violente mais également passionnante pour le réalisateur.
La 24e édition de ce rendez-vous des cinéphiles va projeter une vingtaine de film entre mercredi et vendredi.
Compétition de courts-métrages, diffusions de longs, de documentaires, etc. La programmation est éclectique ! Voici les films diffusés le soir à 21h30, mais n’oubliez pas de consulter les courts-métrages et documentaires diffusés tout au long de la journée sur le site du festival.
Mercredi 2 août
Une vie violente, de Thierry de Peretti
Faute d’amour, d’Andreï Zviaguintsev
Un conte peut en cacher un autre, de Jakob Schub et Jan Lauchauer
Jeudi 3 août
Les Proies, de Sofia Coppola
Compétition de courts-métrages internationaux
Cadet d’eau douce, de Buster Keaton
Vendredi 4 août
Brigsby bear, de Dave McCary
Le jour où la Terre s’arrêtera, de Ribert Wise
Thierry de Peretti avait réalisé, en 2013, un premier long métrage, Les Apaches, déjà en Corse. Petit film intimiste, sympathique, où il peignait le désarroi d’une jeunesse contemporaine. Le cinéma vérité y régnait en maître, parfois tyrannique.
Puissante fresque politique
On est à cent coudées au-dessus avec Une vie violente. Les plans-séquences, presque outranciers dans Les Apaches, sont, ici, d’une impeccable efficacité. Et le sujet dépasse la simple chronique pour atteindre l’ampleur d’une fresque. On se croirait un peu dans le meilleur Jacques Audiard, à savoir Un prophète…
Stéphane (Jean Michelangeli) semble destiné à la vie qui va avec son joli physique : une existence facile, gracieuse, heureuse. Parce qu’il a accepté de garder quelques jours la valise d’un ami dont il ignore qu’elle contient des armes, le voilà, soudain, bousculé par les flics et brutalement poussé à s’intéresser à sa terre natale, qui recherche son indépendance.
Dans la gueule du loup
De nombreux livres retracent une évolution amoureuse, dont le plus célèbre est le roman de Gustave Flaubert, L’Education sentimentale. C’est une « éducation politique » que filme Thierry de Peretti : le parcours d’un jeune homme dont on ne sait trop s’il est sincère ou s’il se la joue (les deux, probablement), et qui passe, sans aucune difficulté, de l’anonymat à la célébrité médiatique. On le suit militant cagoulé du Front de libération nationale de la Corse jusqu’à la création d’un mouvement encore plus radical, Armata Corsa, en passant, bien sûr, par l’assassinat du préfet Erignac, en 1998. Le réalisateur filme avec flamme son irrésistible ascension, puis le piège qui se referme sur lui lorsque diverses factions indépendantistes s’allient avec des clans mafieux pour le perdre.
Le film débute au moment où Stéphane a fui la Corse pour Paris. Il y revient lorsqu’il apprend l’exécution de son ami le plus proche, et c’est comme s’il se jetait dans la gueule du loup. Comme si s’annonçait le dernier acte de sa vie tragique. Le réalisateur le filme en attente de l’inéluctable, accompagné d’un travelling qui semble ne jamais finir. Il le suit longeant les murs, les immeubles, les boutiques, puis il le lâche dans les rues, tel un promeneur qui contemplerait pour la dernière fois les beautés de la vie.
Une vie violente, de Thierry de Peretti (France, 1h47). Avec Jean Michelangeli, Henri-Noël Tabary, Cédric Appietto. Présenté à la Semaine de la critique. Sortie en salles le 9 août 2017.
Ettore Scola est mort à Rome à l'âge de 84 ans. Né à Trevico, province d'Avellino, le 10 mai 1931, il fut l'un des plus grands cinéastes et scénaristes du cinéma italien. Ayant commencé la mise en scène en 1964, son premier grand succès fut quatre ans plus tard Riusciranno i nostri eroi a ritrovare l'amico misteriosamente scomparso in Africa? Parmi ses chefs d'oeuvre, Una giornata particolare et C'eravamo tanto amati. Son dernier film : en 2013, le documentaire Che strano chiamarsi Federico, dedié à Fellini.
Sortie nationale en Italie du nouveau film d'Ermanno Olmi, "Torneranno i Prati", musique de Paolo Fresu et Daniele Di Bonaventura.
1914-2014. A l’occasion du Centenaire de la Première Guerre Mondiale et des commémorations de l’Armistice du 4 novembre 1918, la présidence italienne du Conseil des ministres, en collaboration avec le Ministère italien des Affaires étrangères, organise en avant-première la projection simultanée, dans les ambassades, consulats ou Instituts culturels italiens du monde entier, du dernier film d’Ermanno Olmi, “Torneranno i prati”. Le film sort sur les écrans en Italie le 6 novembre.
Inspiré de faits réels survenus après les combats sanglants de 1917, ce film retrace le cours d’une nuit dans les tranchées des Préalpes vicentines, à travers les souvenirs et les récits de jeunes soldats, ayant chacun leur propre vision de la guerre et de la vie.
Mon père avait 19 ans lorsqu’il fut appelé sous les drapeaux. A’ cet âge-là l’exaltation de l’héroisme enflamme les esprits et les cœurs. Il choisit le corps d’élite des bersaglieri, bataillons d’assaut, et il se trouva en plein carnage sur le haut plateau du Carso et la bataille du Piave, qui a marqué sa jeunesse, ainsi que le reste de sa vie. (Ermanno Olmi)
Avant-première le 4 novembre dans les Instituts culturels italiens de France et de presque 100 autres pays
Projections de
Torneranno i prati [Italie 2014 – 80’ (VOST en français)
de Ermanno Olmi
Avec Claudio Santamaria, Alessandro Sperduti, Andrea Di Maria
Date: mardi 4 novembre 2014
Lieux: IIC Paris à 19h
IIC de Marseille à 18h30
IIC Strasbourg à 18h30
IIC de Lyon à 18h
Entrée libre dans la limite des places disponibles - Réservation obligatoire - Consultez les sites des différents Instituts culturels italiens de France
Le tournage s'est déroulé entre les mois de janvier et mars derniers dans les villages et environs de Cargèse, Piana, Vico, Sagone, Coggia ainsi qu'à Ajaccio.
"Après avoir écrit et produit la mini-série « Les héritières » qui racontait à travers un mélodrame flamboyant la fin d’une Corse ancestrale et rurale, nous avons eu le désir et l’ambition d’essayer de parler avec affection et recul d’une Corse contemporaine, loin de toute mythologie mafieuse complaisante, d’une Corse au quotidien, « hors saison », quand l’île et ses habitants se retrouvent « entre soi ». Personne n’y est anonyme et cette double disparition, qui pourrait se dérouler n’importe où, va agir comme un révélateur" expliquent en chœur Olga Vincent et Jean-Pierre Alessandri
"Créer le couple mixte, Claire, interprétée par Claire Borotra, la femme continentale opposée à son ex-mari, Pierre l’insulaire, campé par Cyril Lecomte, et à sa belle-famille dans un conflit violent autour de la garde de l’enfant, nous permettait de tenter d’évoquer l’ambiguïté, la complexité et quelques fois l’incompréhension qui nourrissent les relations de la France et de l’Ile de Beauté" poursuivent-ils.
"Durant le temps des recherches menées par Marc, Vincent Perez, gendarme au regard extérieur, sorte de Candide moderne, ces « Disparus » vont porter au paroxysme ces dissensions.
Ce scénario, co-écrit avec Véronique Lecharpy, a été nourri de rencontres, d’entretiens auprès denombreux acteurs de la vie insulaire, avocats, gendarmes, élus. Thierry Binisti avec qui nous avions eu le plaisir de faire « Assassinée » avec Patricia Kaas, grand succès de France 3, a su donner à cette histoire sa force, sa vérité et son émotion" insistent Olga Vincent et Jean-Pierre Alessandri
Synopsis:
Les Exilés est un court-métrage de 25 minutes qui nous plonge dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. L’histoire débute quelque part au royaume de Naples. Un jeune soldat de l’armée royale française est à la recherche d’un exilé corse, du nom de Pasquale Paoli. Il a une mystérieuse lettre pour lui. Il croise sur sa route le vieux Ghjacintu qui va alors lui proposer un étrange voyage pour l’aider à accomplir sa quête.
Ce périple l’entrainera au cœur de la Corse et de son histoire. Où d’étonnantes révélations l’attendent…
Nous avons tourné quelques images sous la forme d'un teaser préparatoire, afin d'accompagner le scénario manuscrit dans notre recherche de partenaires. Vous pouvez le visionner en haut de cette page. Nous souhaitions avant tout montrer l'ambiance future du film en se focalisant sur son personnage principal, le jeune soldat français à la recherche de Pasquale Paoli.
Le vrai tournage proprement dit est prévu pour l'automne prochain.
Les Exilés
Durée: 25 minutes
Genre: fiction
Scénario & Réalisation : Rinatu Frassati
Production: Jean-Louis Graziani pour Versus Films
ates de tournage prévues : fin 2014
Support: 4K
Thèmes abordés:
Les Exilés évoque avant tout une page méconnue de la grande histoire de la Liberté et de la Démocratie à travers Pasquale Paoli, un de ses moins célèbres mais pourtant un de ses plus importants défenseurs. Ce court-métrage revendique le devoir de se souvenir, de comprendre d'où l'on vient pour mieux savoir où l'on va. À quoi bon sauvegarder cet héritage si l'on ne connait ni son importance ni son origine?
Mais le film possède une autre thématique, intimement liée à la première : une quête essentielle d'identité. Qu'est-ce qui fonde intrinsèquement l'identité corse ou plus largement une identité régionale? De quoi et de qui sommes-nous les héritiers?
De ce point de vue, le langage tient une place centrale dans Les Exilés. Le film est écrit en quatre langues et principalement en langue corse. En les mélangeant, l'intention est de souligner l’importance de l'ouverture d'esprit inhérente à l'histoire de la Corse et la nécessité de protéger les langues régionales dans une époque et un pays où « l’identité nationale » a du mal à se définir par rapport à toute la diversité qui la compose. Respecter et reconnaitre l’identité plurielle d’un peuple est probablement le seul chemin pour voir naître un jour une réelle cohésion nationale, européenne même, une communauté soudée, ouverte à l’autre, curieuse de l’autre. Toute langue, toute culture, si modeste soit-elle, a le droit de vivre et de résister face à l'uniformisation ambiante. A fortiori dans l’Europe de 2014.
À tout le peuple corse, à tous les amoureux des langues régionales, mais aussi à tous nos amis d'outre-mer, d'Europe et du monde entier: aidez-nous à donner vie à ce beau projet !
Toutes les informations sur le projet ici ; http://fr.ulule.com/les-exiles/
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Originaire de Bastelicaccia, étudiante à Corte, à 24 ans (depuis 15 jours), elle a co-réaliséun court-métrage qui a séduit le jury du prestigieux festival. L’originalité et le travail ont payé
Caroline Poggi et Jonathan Vinel (25 ans) ont remporté vendredi l'Ours d'Or du court-métrage au prestigieux Festival international du film de Berlin, 64e du nom, qui s'est déroulé du 6 au 16 février. Le jury s'est enthousiasmé pour leur film Tant qu'il nous reste des fusils à pompe, un court que les spectateurs insulaires n'ont hélas pas eu encore le plaisir de voir mais qui raconte un été de canicule dans un petit village du sud-ouest, à Bouloc. Les rues sont désertées mais Joshua erre et voit partout les souvenirs de son meilleur ami suicidé. Lui-même appartient au monde des morts et veut prendre soin de son frère...
Déjà remarquée pour son film Chiens
Un film sombre, ambitieux et qui décroche un prix prestigieux dans ce festival qui figure parmi les cinq plus côtés du 7e art. En conférence de presse, samedi, la jeune productrice Lou Chicoteau, aux côtés deux primés, expliquait : « Nous nous sommes connus dans le cadre de nos études et nous l'avons fait alors que nous sommes encore étudiants. Le Grec, un organisme spécialisé a permis de le produire. Mais nos familles ont aussi participé, on avait lancé également un crowdfunding. » Si elle co-réalise ici, Caroline Poggi, originaire de Bastelicaccia, est tout sauf une inconnue pour les amateurs de cinéma. Elle s'était en effet déjà fait remarquer l'an passé avec son court-métrage Chiens. Elle avait eu les honneurs du festival de Clermont-Ferrand puis s'était vue remettre, en juin, le prix du meilleur court-métrage international au festival de Grimstad (Norvège). Enfin, le film avait été projeté, à la fois à Corte, ainsi qu'au festival de Lama, cet été. Un film réalisé dans le cadre du diplôme Creatacc de l'université de Corse, qui avait par ailleurs participé à sa production.
Incroyablement original, dans son propos et sa forme, Chiens suivait un chasseur parti sur les traces d'un sanglier avec ses trois chiens. Un univers minimaliste, avec des dialogues au compte-gouttes, une photographie splendide... bref, un vrai beau travail d'artiste. Qui laissait déjà présupposer un bel avenir pour cette réalisatrice corse. Avec, maintenant, cette nouvelle récompense internationale, Caroline Poggi devrait pouvoir accéder à de nouveaux projets et surtout pouvoir les financer !
Après Thierry de Peretti et Les Apaches cette année, le cinéma insulaire semble être sur la meilleure des dynamiques. Prouvant aussi que l'insularité est un handicap que le talent peut balayer.
Source: http://www.corsematin.com
Début Novembre 2012, une équipe de 15 personnes se sont réunies une semaine en plein cœur du Niolu pour le tournage d'un court métrage intitulé "Marcu Maria". La réalisatrice Julie Perreard et la productrice Michèle Casalta de Mouvement Production proposent ainsi de retracer un douloureux épisode de l'histoire de Corse; celui des "pendus du Niolu".
En juin 1774, la Corse n'est française que depuis quelques années lorsqu'une révolte de patriotes insulaires est violemment réprimée. Pour certains d'entre eux se sera la déportation vers le bagne de Toulon pour 11 autres la pendaison. Le jeune Marcu Maria est la plus jeune des victimes de cette exécution. Il donne son nom à ce magnifique court métrage dont la sortie est prévue au printemps 2013.
"Marcu Maria ", eccu u nome di u ghjuvanottu amazzatu in Niolu in u 1774 da i suldati francesi, mà hè dinu u titulu d'un filmu realisatu da Julie Perreard pocu fà...
Via Stella hà passatu un ghjornu cù a squadra di issu filmu chi escerà in u 2013...
sujet France 3 corse via stella pour l'émission inseme.
équipe Via Stella : Jean Michel Bertola/ Patrick Lantermino / Julie Labrouche / Diana Saliceti.
novembre 2013
L'Institut Régional du Cinéma et de l'Audiovisuel Corse (IRCA)
Pour diverses raisons techniques, le festival du film corse est reporté au mois de mai. Pour que le public puisse tout de même découvrir le cinéma insulaire, le centre culturel Laurent-Casanova consacre deux soirées en hommage aux Corses, vendredi et samedi à 20 h 30, avec le film de Frédéric Farrucci La vie filmée des Corses. Une histoire des Corses au XXe siècle, à partir de films amateurs mis en dépôt à la cinémathèque ou collectés auprès de particuliers. Ce feuilleton documentaire, de six épisodes de 52 minutes, retrace, à travers l'histoire de quelques témoins emblématiques et de leur famille, six décennies de la vie de cette communauté (de 1920 à 1981) dans l'île, sur le Continent et à travers le monde. Des séquences « émotion » pour les Sartenais et les habitants de la région qui pourront se reconnaître sur l'écran ou revoir des personnes aujourd'hui disparues.
« Après avoir rencontré Frédéric Farrucci lors du festival du film corse, nous avons voulu consacrer deux soirées à La vie filmée des Corses et en faire un événement à part entière », explique Pascale Berthot, directrice artistique du centre culturel Laurent-Casanova. Les projections seront suivies de débats avec le producteur du film Jean-Pierre Alessandri.
Entrée des séances : 6 euros.
Le Festival du film de Lama existe depuis 27 ans et propose chaque été, au début du mois d’août, une grande fête autour du 7e art, avec des projections de qualité, en plein air, sous les étoiles, dans un magnifique village de Balagne.
La programmation de la 27e édition (sous réserve de modifications) :
Tableau avec liens vers les films ici
Le Festival du film de Lama existe propose chaque été de grands films en avant-premières sur ses trois sites de projection en plein air : la Piscine, l’Umbria et le Mercatu. Programme des films à venir pour cette 27e édition…
Thierry de Peretti, réalisateur
Interrogé pendant le confinement par le magazine de cinéma Première sur son envie de retourner en salle, le réalisateur Thierry de Peretti qui a présenté ses courts et ses longs métrages à Lama (Les Apaches, Une Vie Violente) évoque le Festival…
Août 2018
Du 2 au 9 février prochains se déroulera à Bastia (cinémas Le Studio et Furiani et au théâtre), la 31ème édition du Festival du cinéma italien. Une édition particulière puisque sans l’un de ses pères, René Viale, disparu en avril dernier. Après quelques semaines d’hésitation, l’association avait alors décidé de poursuivre ce festival et mis à la tête de celui-ci son « 2ème père », Bati Croce, à l’origine de la manifestation avec René Viale en 1988. Une édition 2019 qui présentera 6 nouveautés pour donner un élan supplémentaire au festival et plaire encore plus au public.
Première de ces nouveautés, un « Prix René Viale » qui sera remis chaque année à un réalisateur ou un comédien italien. Chaque année, le festival ouvrira un cycle thématique et cette année, le thème choisi sera celui de la comédie. 3ème nouveauté, la manifestation accueillera à chaque édition un cinéaste de renom. Présent cette année un des acteurs comiques les plus célèbres en Italie : Carlo Verdone. Autre nouveauté, la tenue d’un salon littéraire, en partenariat avec l’association « Musanostra » qui recevra les auteurs Simonetta Greggio et Jean-Noe¨l Pancrazi. Ce festival sera aussi l’occasion de faire se rencontrer artistes corses et italiens. Ainsi Alexandre Oppecini sera l’hôte de Carlo Verdone. Enfin, dernière nouveauté, les organisateurs ont décidé d’ouvrir le Festival à d’autres associations : ce sera le cas de Musanostra, la Dante Alighieri, la lyre bastiaise ou encore le ciné-club Bastia.
Bien entendu les fidèles de la manifestation retrouveront les 4 sections habituelles : compétition (président du jury : le réalisateur Pierre Salvadori), hors compétition, ciné-jeunesse et ciné memoria. Moment de choix cette année dans cette dernière catégorie avec la projection des mythiques « La Strada », « Sandra » et « L’incompris ».
Le festival comprendra aussi les traditionnelles conférences, expositions, soirées musicales, gastronomiques ou littéraires.
En attendant la présentation officielle prévue dans quelques jours, le président Jean-Baptiste Croce a bien voulu dévoiler un pan de cette 31ème édition...
21 janvier 2016 - Source : Paris sur la Corse
Du 30 janvier au 6 février, le Festival du cinéma Italien de Bastia fêtera son 28e anniversaire. Cette manifestation très populaire, fréquentée par 18 500 spectateurs l’an dernier, jouera la carte de l’éclectisme avec plusieurs sections consacrées au cinéma mais également à la gastronomie, à l’histoire et à la musique. Un hommage au cinéma transalpin porté par deux passionnés René Viale et Jean-Baptiste Croce.
Quand a été créé le Festival ?
Le festival est né en 1988 sous une première forme : les Rencontres du Cinéma Italien. Il n’est devenu Festival que quelques années plus tard avec le prix du Public, en 1995, puis la création d’un Jury professionnel en 2004. Il a été créé par deux passionnés de cinéma et tout particulièrement de cinéma italien. C’est également la volonté de rapprocher l’île de l’Italie avec qui elle partage un passé commun en matière de culture.
Qui en sont les fondateurs ?
Ils sont au nombre de deux : René Viale, fondateur et Président du Festival et Jean-Baptiste Croce, fondateur et programmateur.
Pourquoi un festival sur le cinéma italien ?
Par la proximité territoriale, historique et surtout culturelle avec l’Italie. Il existe plusieurs Festivals consacrés au cinéma Italien en France et celui de Bastia est le 3e plus important après Annecy et Villerupt.
Comment les films présentés sont-ils sélectionnés ?
Jean-Baptiste Croce, René Viale et Lidia Morfino, responsable des relations avec l’Italie, sélectionnent les films lors de projections dans d’autres Festivals : Cannes, Villerupt, Annecy, Toulouse, etc. Mais aussi en ayant tissé depuis des années une relation privilégiée avec les distributeurs transalpins.
Justement, le Festival est-il connu en Italie ?
Le Festival fait de plus en plus parlé de lui en Italie. De par la qualité de sa sélection et par la présence d’invités prestigieux. L’an dernier le film primé par le Jury, Anime Nere, a ensuite raflé tous les grands prix en Italie. C’est aussi un Festival qui découvre des talents. Bastia a été le premier à croire en Ivano di Matteo considéré aujourd’hui comme un réalisateur de tout premier plan.
Combien de personnes travaillent sur le Festival ?
Une seule personne, Lidia Morfino, travaille durant l’année sur le Festival en plus de ses activités. Elle est rejoint par une grande équipe de bénévoles et surtout de passionnés quelques semaines avant la manifestation. L’équipe du Studio cinéma de Bastia apporte un renfort de poids.
En 2015, le Festival a enregistré plus de 18 500 entrées.
L’an dernier, le Festival a enregistré plus de 18500 entrées sur la semaine ! Nous en attendons encore plus cette année avec une sélection des plus relevés et des films événements et surtout une séance supplémentaire au Théâtre à 16h45. Cela monte le nombre de projections à 4 par jours.
Quelles sont les nouveautés en 2016 ?
10 des 12 films présentés en compétition sont inédits en France. Le Festival a aussi décidé de se recentrer sur le cinéma avec pas moins de 27 films différents proposés, dont une sélection de films des grands maîtres du Cinéma Italien (7 films d’hier et d’aujourd’hui)
Quel sera le temps fort ?
Assurément la projection de Suburra en ouverture ; un film dans la lignée de Gomorra qui a été un énorme succès en Italie. Mais aussi la diversité comme toujours qui offre aux spectateurs des films totalement différents les uns des autres. Un film va également être diffusé pour la 1ere fois en France en « 4D Human » ; le film est projeté, le réalisateur fait la voix off en direct et un pianiste joue la musique !
L’esprit du Festival en une phrase ?
Il cinema italianno, tutta una storia !
Que peut-on vous souhaiter ?
Encore plus de monde que l’an dernier ? Non, avant tout du plaisir, des rencontres, du rire et de l’émotion ! Parce que le cinéma c’est tout ça !
En savoir plus
28e Festival du Cinéma Italien de Bastia : du 30.01 au 06.02
Théâtre de Bastia & Studio Cinéma
Site internet : www.festivalcineitalien.fr
Corse Matin, 20 janvier 2014
Metteur en scène, scénariste et écrivain, cet artiste napolitain aux multiples facettes présidera le jury du 26e Festival italien de Bastia qui aura lieu du 1er au 8 février
Le plus important événement cinématographique de Corse se déroulera à Bastia du 1er au 8 février. Il s'agit bien évidemment du Festival du film italien qui rassemble depuis 26 ans, plusieurs milliers de spectateurs amoureux du 7e art transalpin.
C'est au metteur en scène napolitain Orlando Forioso que les organisateurs ont décidé de confier cette année la présidence du jury. Cet artiste accompli aura donc la lourde tâche de succéder à Hélène Filières et Yves Boisset. L'enfant de Naples prend très au sérieux cette responsabilité et fera « tout pour permettre aux membres du jury de saisir toute la subtilité du cinéma italien ».
On sent que vous endossez ce rôle de président du jury avec plaisir…
Oui, vraiment. Et je tiens d'ailleurs à remercier René Viale et Jean-Baptiste Croce, les maîtres d'œuvre de ce festival, de m'avoir choisi pour assumer cette responsabilité. Je suis très honoré. Pour moi, cette manifestation a toujours représenté le lien culturel idéal entre la Corse et l'Italie. Toutes les plus grandes stars italiennes sont venues à Bastia, ne l'oublions pas.
En plus de la présidence du jury, vous allez organiser un beau spectacle…
Oui, avec le Svegliu Calvese et ma troupe du Teatr'Europa, nous avons fait appel à des chanteurs et des acteurs napolitains qui seront sur la scène du théâtre municipal de Bastia pour interpréter La Pella di Napoli. C'est l'histoire d'une famille de Corses qui se retrouvent à Naples pour des noces à la napolitaine.
Tout au long de la semaine qui précédera l'ouverture du festival, les spectateurs pourront venir assister aux répétitions. La première représentation aura lieu le vendredi 31 janvier à 20 h 30. Le lendemain, ces chanteurs napolitains seront encore sur la scène pour l'ouverture officielle du festival.
Auparavant, les passionnés pourront également découvrir un travail artistique sur Naples ?
Avec Franco Bonetti, nous avons créé une œuvre scénographique sur Naples qui sera présentée dans le péristyle du théâtre de Bastia et qui servira de décor à la 26è édition du festival.
Pourquoi avoir choisi Forioso comme nom de scène ?
Mais je ne l'ai pas choisi, c'est le patronyme de mon père. Et Orlando, c'est la sage-femme, qui a assisté ma mère lors de toutes les naissances dans ma famille, qui a insisté pour ce prénom.
Il faut dire que jusque-là, mes parents avaient toujours refusé. Mais comme je suis arrivé lorsque ma mère fermait les fenêtres de la maison et qu'elle aurait pu y passer, finalement elle a cédé à la sage-femme. Indirectement, je la remercie parce que je suis le seul Orlando Forioso au monde.
Comment l'enfant de Napoli est-il arrivé en Corse ?
C'est une longue histoire qui a commencé dans les années 1980 en Autriche. À l'époque, je me produisais dans un opéra. J'y ai rencontré Toni Casalonga et son fils qui était un peu plus jeune que moi. Nous avons sympathisé. Un Napolitain qui s'amuse avec deux Corses dans un pays aussi politiquement correct que l'Autriche, forcément ça crée des liens.
J'ai par la suite continué à venir en vacances en Corse pour avoir envie, au fil des années, de m'investir professionnellement ici. Comme j'aime le dire, je suis un Napolitain prêté à la Corse.
Quel regard portent les Italiens sur la Corse ?
Dans l'imaginaire des années quatre-vingt, la Corse c'était les Maldives. Quand j'ai dit à ma mère que j'allais en Corse elle m'a demandé où c'était. Il faut savoir que sur nos cartes de géographie, la Corse ne figure pas. Il y a la Sardaigne et au nord de cette île italienne, il y a la mer, uniquement. À chaque fois on me demandait : « Corsica ? », et moi je répondais : « Si, Corsica ». Aujourd'hui, les artistes qui me posaient ces questions veulent venir travailler ici.
Y a-t-il des similitudes entre Naples et Bastia ?
Énormément. Ce sont deux villes industrielles, laborieuses, ouvertes sur la mer. Quand j'ai adapté Pesca anguila, tous les Bastiais qui ont vu la pièce m'ont dit avoir retrouvé le Bastia de leur enfance.
Sauf que dans mon esprit, j'y ai décrit le Naples que j'ai toujours connu. Il y a énormément de points communs entre ces deux cités à la riche histoire.
Le cinéma a-t-il bercé votre enfance ?
Quand j'étais beaucoup plus jeune, j'étais projectionniste dans ma paroisse.
Je mettais les bobines des films de série B, C et D que le curé diffusait. J'ai toujours rêvé devant les longs-métrages.
Quand on sortait de là avec mes copains, nous nous refaisions les films pendant des heures.
Le cinéma, c'est le rêve. Mais quand j'ai participé à mon premier tournage, c'était une œuvre de Giuseppe Tornatore, là, j'ai compris que c'était en fait une industrie.
Quel président allez vous être ?
Je vais tenter d'apporter à tous les membres du jury l'éclairage que je peux avoir sur le cinéma italien. Leur faire comprendre, aussi, ce qu'est l'Italie d'aujourd'hui. Mais mon mot d'ordre sera : Amusez-vous et profitez de ce bon moment.
Justement, après des années fastes, le cinéma italien a marqué le coup avant de connaître un renouveau. Quelle est votre explication ?
Pendant la guerre, le fascisme a tué dans l'œuf la création en Italie. Dans les années qui ont suivi la fin de cette époque, ont émergé des réalisateurs géniaux qui faisaient des films engagés. Visconti, Fellini, Pasolini ont impulsé ce renouveau. Et puis il y a eu l'arrivée, dans les années quatre-vingt, d'un certain Berlusconi. Ce dernier a mis en coupe réglée toute l'industrie du cinéma italien.
De quelle manière a-t-il opéré ?
C'est très simple. Il maîtrisait la télévision et la distribution des films. Du coup, il a privilégié ce que l'on appelait en Italie « il cine panetonni et il cine vacanza ». Les séries B, C, D de mon enfance étaient de la sorte présentées comme des chefs-d'œuvre. Et les grands réalisateurs qui tentaient de dire des choses dans leurs films se retrouvaient sans le moyen de projeter leur œuvre.
Comment expliquer ce renouveau alors ?
Tout cela est dû en grande partie à la France. Les films de Moretti, Begnini et Scola ont connu en France de beaux succès. Ensuite, cela les a propulsés sur le plan international. Le Parti communiste a toujours soutenu ce cinéma qui voulait dire quelque chose pour s'opposer à l'industrie de Berlusconi. Malgré tout, aujourd'hui, il y a toujours cette créativité et cette vision juste de l'Italie dans des films comme Gomorra ou Diaz qui a remporté le Grand Prix du festival de Bastia l'an dernier.
Mais il y a aussi des œuvres comme La Grande Bellezza de Paolo Sorentino qui vient de rafler un Golden globe à Hollywood et que l'on verra le 5 février au théâtre de Bastia. C'est une grande année pour le cinéma italien et je suis très heureux de le défendre lors de ce formidable festival.
« J'avais très envie de passer derrière la caméra »
Cette talentueuse comédienne qui, tout au long de sa carrière, a su voguer entre le rire et les larmes, a en effet décidé de passer derrière la caméra. Elle présentera donc Christine, Cristina dont le rôle principal est tenu par sa propre fille, Amanda Sandrelli.
«Cette oeuvre historique m'a permis de traduire à travers des images, la vie peu connue de la poétesse Christine de Pizan, explique Stefania Sandrelli. Arrivée en France dans son enfance, son père ayant été nommé astronome à la cour de Charles V, Christine de Pizan devint, à la fin du XIVe siècle, l'une des seules voix féminines de la poésie mais, surtout, l'une des premières mères de famille à vivre de son métier. Et ce, à une époque dite obscure, à l'aube des premières conceptions humanistes ».
Il sera intéressant de découvrir ce film qui, outre Amanda Sandrelli, est interprété par Alessio Boni qui, rappelons-le, a obtenu le Prix d'interprétation masculine lors du Festival italien 2007 pour sa prestation dans Arrivederci amore ciao de Michele Soavi.En marge du cinéma, une exposition aura lieu dans le péristyle du théâtre pendant toute la durée du festival. C'est l'artiste-peintre Anne-Marie Rocca-Serra qui présentera ses oeuvres à cette occasion. Le vernissage de son expo aura lieu le samedi 6 février à 18 heures.
D'autre part, l'association Dante Alighieri organisera deux conférences. Le samedi 6 février, à 16 heures, dans la salle des congrès du théâtre, Attilio Maggiulli posera un regard sur la commedia dell'arte. Le samedi 13 février, même lieu même heure, c'est l'universitaire Marika Galli qui dévoilera les secrets de la cuisine italienne.
La soirée
d'ouverture sera
animée quant à elle par la soprano Maryline Leonetti, le ténor Thomas
Bronzini, le baryton Jean-Mathieu Alberghi et les choeurs de l'Ecole
Kalliste Musique. Tous et toutes (ils seront une vingtaine
sur scène) interpréteront de grands airs d'opéras italiens.
Enfin, pour la
cérémonie de
clôture, le public bastiais aura le plaisir d'écouter les plus célèbres
mélodies italiennes grâce aux chanteurs-musiciens du groupe Intimità,
en l'occurrence Thomas Bronzini, Éric Salvarelli et Jean-Pierre Motroni.
Source : Corse Matin
du vendredi 29 janvier 2010
J'ai
bien cru ce cinéma disparu à jamais avec les années Berlusconi, et j'ai reçu
un choc avec La Meglio Gioventù (Nos meilleures
années) de Marco Tullio Giordana, qui est un des plus beaux films qui
m'aient été donnés de voir.
Nos
meilleures années
raconte l’histoire d’une famille italienne de la fin des années
soixante à aujourd’hui. Le récit tourne autour de deux frères : Nicola
et Matteo. Au début, ils partagent les mêmes rêves, les mêmes espoirs,
les mêmes lectures et les mêmes amitiés, jusqu’au jour où la rencontre
avec une jeune fille souffrant de troubles psychiques (Giorgia)
détermine le destin de chacun : Nicola décide de devenir psychiatre,
Matteo abandonne ses études et entre dans la police.
Tous les personnages sont extrêmement attachants et nous deviennent
familiers, depuis le père Angelo, Adriana (la mère), admirable,
Giovanna, la fille aînée, Francesca, la cadette, qui épousera Carlo, le
meilleur ami de Nicola, qui deviendra pour cela une cible possible du
terrorisme durant les années de plomb. Il y a également Giulia, la
grande histoire d’amour de Nicola, qui donnera naissance à Sara, et
puis Mirella, qui croisera, à des époques différentes, le chemin de
Matteo et de Nicola.
La figure de Matteo hantera longtemps les mémoires. Ces personnages
nous font vivre les évènements et les lieux qui ont joué un rôle
crucial dans l’histoire italienne : l’inondation de Florence, la lutte
contre la mafia, les mouvements étudiants, le terrorisme...Ce film est
la fresque d’une génération qui – avec ses contradictions, sa fougue
tantôt ingénue, tantôt violente, avec sa rage parfois déplacée – a
essayé de ne pas se résigner au monde tel qu’il est, mais de le rendre
un peu meilleur.
Les six heures de projection passent trop vite !
La meglio
gioventù est un film
admirable
d'intelligence et de sensibilité. A travers les destins contrastés de
Nicola, qui agit lucidement pour rendre le monde un peu meilleur et de
Matteo, qui refuse, jusqu'à en mourir, de supporter la réalité, ce film
est tout simplement un hommage à la vie, avec les joies, les peines,
les moments comiques, les drames. Ce qui en ressort, au-delà des
moments d'intense émotion, c'est une irrépressible joie de vivre. S'il
porte un message, c'est que la vie vaut vraiment la peine de la vivre à
fond, avec les autres.
Avec (il faut citer tous les comédiens):
Luigi Lo Cascio (Nicola Carati), Alessio Boni (Matteo), Jasmine Trinca
(Giorgia), Maya Sansa (Mirella), Lidia Vitale (Giovanna), Adriana Asti
(Adriana), Andrea Tidona (Angelo Carati), Sonia Bergamasco (Giulia) et
Fabrizio Gifuni (Carlo Tommasi)
C'eravamo tanto amati est
un de mes films préférés.
Ettore Scola met en scène dans ce film tourné en 1974, à travers la vie
de trois amis et d'une jeune femme qui passera de l'un à l'autre,
trente ans d'histoire de l'Italie contemporaine (1945-1975). Cette
comédie est également un hommage mélancolique à Vittorio de Sica.
Gianni Borego
(Vittorio
Gassman), Antonio (Nino Manfredi) et Nicola Palombo (Stefano Satta
Flores) se sont connus dans le maquis, se sont retrouvés à la
Libération, ont formé les mêmes espoirs dans une société plus juste, et
ont vécu les premières déceptions de l'après-guerre.
La première scène est en fait la scène finale (Nicola, Antonio et Luciana, croyant Gianni pauvre, découvrent sa superbe villa et préfèrent rebrousser chemin). Puis l'image passe au noir et blanc pour évoquer la Résistance.
Au lendemain de la
guerre,
Gianni, jeune avocaillon, refuse d'assurer la défense d'un promoteur
sans scrupules, avant de devenir son collaborateur. Il épousera sa
fille Elide (Giovanna Ralli) par intérêt et dépassera en cynisme son
patron et beau-père (Aldo Fabrizi); Antonio travaille comme infirmier
dans un hôpital. Nicola est enseignant, passionné de cinéma. Renvoyé de
son poste après une altercation avec les notables locaux, il
abandonnera sa famille pour devenir critique de cinéma à Rome. Antonio
fait la connaissance de Luciana (Stefania Sandrelli) dont il tombe
amoureux. mais celle-ci succombe bientôt au charme de Gianni. Scène
savoureuse quand Gianni vient s'excuser auprès d'Antonio. Après une
tentative de suicide, c’est chez Nicola que Luciana ira vivre.
Superbe fresque
désenchantée,
ce film est servi tout d'abord par un scénario très riche d’Age et
Scarpelli, traversant le cinéma italien (De Sica, Fellini, Mastroianni)
et la vie politique, passant de moments hilarants (Manfredi ramené par
l'ambulance après son altercation Place de Trevi) à des passages
mélancoliques (la scène du photomaton précédée de la reconstitution de
la scène du landau dans le Cuirassé Potemkine).
Magnifique séquence
quand
Manfredi, qui n’a pas vu Gassman depuis plus de vingt ans, le prend
pour un gardien de parking (alors qu’il est richissime), discourt sur
son idéalisme si mal récompensé par cette société pourrie, et lui donne
un pourboire que Gassman n’ose pas refuser, ne voulant pas le détromper.
C’eravamo tanto
amati
bénéficie également d'un quatuor d'acteurs en état de grâce.
Manfredi dans son rôle d'homme du peuple sincère et réaliste, Gassman
en riche homme d'affaires ayant raté sa vie, Satta Flores en
jusqu'au-boutiste malheureux, sans oublier une magnifique et sensible
Stefania Sandrelli.
Ce film sur les
idéaux trahis
(« nous voulions changer le monde, mais c’est lui qui nous a
changés ») est finalement plus émouvant qu‘amer, car le regard
acéré porté sur les personnages est malgré tout indulgent, même s’il
est souvent négatif.
Merveilleux passage du noir et blanc à la couleur, belle musique d’Armando Trovajoli : un chef d'œuvre, vous dis-je !
Edition en DVD d'un des chefs d'oeuvre de Dino Risi et du cinéma italien : Une vita difficile (1961). Malheureusement, comme Les Nouveaux Monstres, cette édition se limite à la version doublée en français, ce qui est proprement scandaleux.
Alors, parlons seulement du film :
C'est l'histoire d'un idéaliste (Alberto Sordi, grandiose) qui va tout perdre par fidélité à ses idéaux. Abandonné par sa femme (Lea Massari), petite-bourgeoise fascinée par la réussite économique, fauché, emprisonné, seul, il finit par se résoudre à "être réaliste". Jusqu'au sursaut final...
Cette évocation grinçante qui pourrait être sinistre est rythmée de scènes irrésistibles. On retiendra notamment l'entretien d'embauche et surtout le dîner chez les aristocrates le soir du référendum de 1946, où Sordi et Léa Massari boivent du champagne seuls après la proclamation de la fin de la royauté.
Un film à sketches comme l'Italie en
produisait dans les années soixante. Trois épisodes sur le thème des
complexes : Una giornata decisiva de Dino
Risi, Il complesso della schiava nubiana de
Franco Rossi et Guglielmo il dentone de Luigi
Filippo d'Amico.
Ce film
est une illustration en sept épisodes de déviances érotiques
diverses. Certains épisodes sont très drôles, d'autres émouvants, tous
sont servis par un très grand Nino Manfredi. Avec aussi Sylva
Koscina dans son propre rôle, Véronique Vendell,
Umberto D'Orsi et Daniela Giordano...
1/ La Diva. -
L'actrice Sylva Koscina recueille un blessé grave qu'elle porte à
l'hôpital le plus proche. Là, les médecins et les infirmiers lui
portent une telle attention qu'ils en oublient le blessé et le laissent
mourir.
2/ A uscio chiuso. - Un paysan demeuré passe en jugement pour avoir violé une poule..."Elle m'a cherché. On n'est pas de bois", dit-il pour sa défense.
3/ Ornella. - Ercole est un jeune employé de poste timide et homosexuel refoulé qui entretient une correspondance, sous le pseudonyme d'Ornella, avec Carlo Rinaldo. Quand celui-ci, en visite à Rome, décide de venir faire la connaissance d'Ornella, Ercole se fait alors passer pour le frère d'Ornella. Mais Carlo découvre peu à peu la vérité, et l'accepte.
4/ Il guardone. - Un culturiste myope croyant observer une jeune fille se déshabillant devant une fenêtre qui fait face à la sienne s'excite en fait à la vue de son propre corps se reflètant dans un jeu de miroirs.
5/ L'ultima vergine. - Une petite oie blanche provinciale prend un
réparateur de téléphone pour le maniaque sexuel dont on parle à la
radio et se donne à lui pour avoir la vie sauve.
6/ Motrice mia. - Nino, traumatisé par les bombardements durant la guerre, abandonne chaque soir sa très belle femme pour aller se coucher entre les rails et jouir quand passe au-dessus de lui, à pleine vitesse, le Paris-Rome. "Anche quella del Brennero ?", lui demande son épouse résignée.
7/ Vedo nudo. - Le directeur d'une agence publicitaire est atteint d'une maladie singulière : il voit nues toutes les femmes qu'il rencontre. Après avoir suivi un traitement dans une clinique psychiatrique suisse, il reprend ses fonctions, apparemment guéri...
La notoriété de Comencini commence par un gigantesque malentendu : ses Pane amore e fantasia (Pain, amour et fantaisie) et Pane amore e gelosia (Pain, amour et jalousie) furent qualifiés de comédies à l'eau de rose, signant la fin du néo-réalisme, alors que son engagement social fut évident dès notamment Tutti a casa (La Grande pagaille, 1960) et A cavallo della tigre (A cheval sur le tigre, 1961). Lo scopone scientifico (L'Argent de la vieille, 1972) est une fable grinçante sur la fatalité de la misère, tandis que Delitto d'amore (Un vrai crime d'amour, 1973), évoque le travail en usine.
Mais Comencini est surtout connu à juste titre pour sa peinture de l'enfance
: si Incompreso (L'incompris) fut hué à Cannes, ce
film est reconnu depuis comme un grand chef d'oeuvre. Comencini
réalisera également Infanzia e prime esperienze di Giacomo
Casanova, veneziano (Casanova, un
adolescent à Venise, 1969) qui retrace la jeunesse du séducteur en
restant très fidèle à ses Mémoires, puis Le Aventure di
Pinocchio, véritable hymne à la liberté individuelle. On
retiendra également Mio Dio, come sono caduta in basso !, La
donna della domenica et Il Gatto, satires
de la bourgeoisie.
Filmographie
:
1937 :
La novelletta (court métrage)
1946 : Bambini in città (court métrage)
1948 : Proibito rubare
1949 : Il museo dei sogni (court métrage)
1949 : L'imperatore di Capri, 1949
1950 : L'ospedale del delitto (court métrage)
1951 : Persiane chiuse
1952 : La tratta delle bianche
1952 : Heidi
1953 : La
valigia dei sogni
1953 : Pane amore e fantasia
1954 : Pane amore e gelosia
1955 : La bella di Roma
1956 : La finestra sul Luna Park
1957 : Mariti in città
1958 : Mogli pericolose
1959 : Und das am Montag Morgen
1959 : Le sorpese dell'amore
1960 : Tutti a casa
1961 : A cavallo della tigre
1962 : Il commissario
1963 : La ragazza di Bube
1965 : La bugiarda
1965 : Il compagno Don Camillo
1967 : Incompreso
1968 : Italian secret service
1969 : Senza sapere niente di lei
1969 : Infanzia, vocazione e prime esperienze di Giacomo Casanova
veneziano
1970 : I bambini e noi
1972 : Pinocchio
1972 : Lo scopone scientifico
1974 : Un delitto d'amore
1974 : Educazione civica (court métrage)
1974 : Mio Dio, come sono caduta in basso !
1975 : La donna della domenica
1977 : Il gatto
1978 : L'amore in Italia
1979 : L'ingorgo
1980 : Voltati, Eugenio
1984 : Cuore
Plus des épisodes dans les fims à sketches collectifs :
Tre notti
d'amore
La mia signore
Le
bambole
Signore e signori, buonanotte
Basta che non si sappia in giro !
Quelle strane occasioni
Mario Monicelli s'est suicidé le 29 novembre 2010, à l'âge de 95 ans, en se jetant par une fenêtre du service d'urologie de l'hôpital romain San Giovanni où il était soigné pour un cancer de la prostate. Son père Tomaso, écrivain et journaliste connu, s'était lui aussi donné la mort en 1946, à 63 ans. "La mort ne me fait pas peur, elle me dérange. Cela me dérange par exemple que quelqu'un puisse être là demain et que moi je n'y sois plus. Ce qui m'ennuie, c'est de ne plus être vivant, pas d'être mort", avait confié Monicelli en 2007 à Vanity Fair.
Mario Monicelli était l'un des maîtres de la comédie à l'italienne, qu'il avait rendue populaire avec ses compères réalisateurs Dino Risi et Luigi Comencini.
"Mes chers amis", où l'on découvrait l'acteur français Philippe Noiret en journaliste florentin partant faire les 400 coups avec ses copains quinquagénaires, dont Ugo Tognazzi, est resté comme un sommet du genre et l'un de ses meilleurs films. L'ancien maire de Rome et ex-leader du Parti démocrate (PD) Walter Veltroni a rendu hommage à "un homme extraordinaire" : "Il était considéré par tous comme le grand ancien du cinéma italien". De son côté, l'acteur-réalisateur Michele Placido a salué un "homme d'une grande énergie : personne n'arrivait à le suivre".
Ironie
Mario Monicelli était né le 15 mai 1915 à Viareggio, en Toscane, où il a passé toute son enfance. À 19 ans, il met en scène deux courts-métrages avec son ami Alberto Mondadori : Cuore rivelatore et I ragazzi della via Paal, déjà remarqué à la toute nouvelle Mostra de Venise, créée deux ans plus tôt. Jusqu'à la fin des années quarante, il collabore à une quarantaine de films, parfois comme scénariste, d'autres fois comme assistant-réalisateur. À partir de 1953, Monicelli se lance seul dans la réalisation, mettant en scène les petits travers de la société de l'époque, en pleine évolution.
Monicelli sait manier avec un style inimitable l'ironie et l'humour qui ont fait le succès de ses films jusqu'à la fin des années 1970. Lundi soir, le cinéaste et ancien directeur de la Mostra Carlo Lizzani a d'ailleurs salué "l'universalité du sens comique" de Monicelli. "Sa durée dans l'histoire du cinéma italien donne la mesure de sa stature", a-t-il ajouté. Le conseil municipal de Rome, réuni au moment de l'annonce de son décès, a observé une minute de silence.
65 films
Monicelli a fait tourner les plus grands : en 1958, il réunit Vittorio Gassman, Marcello Mastroianni et Claudia Cardinale dans Le pigeon. Avec La grande guerre (1959), toujours avec Gassman, sa réputation dépasse les frontières. Le film lui vaut un Lion d'or à Venise et une nomination aux Oscars. Monicelli, qui a aussi travaillé pour le théâtre et la télévision, a tourné en tout 65 films. "Il est mort comme il avait vécu, en homme, avec un courage exemplaire. C'était un irréductible", a réagi Riccardo Tozzi, producteur de Bienvenue dans le Sud, remake italien du film phénomène français Bienvenue chez les Ch'tis.
Mario Monicelli, proche de la gauche, était très critique de la société actuelle. Il avait collaboré à un documentaire sur le sommet du G8 à Gênes en 2001, lorsque des centaines de militants altermondialistes avaient été blessés dans des affrontements avec la police. En juin, il avait encore provoqué une polémique en appelant des étudiants à "se rebeller" contre des coupes dans le budget culture prévues par le gouvernement de Silvio Berlusconi. "Vous devez utiliser votre force pour subvertir, pour protester, faites-le vous qui êtes jeunes, moi, je n'en ai plus la force", avait lancé Monicelli, à une assemblée d'élèves de l'Institut d'État pour la cinématographie et la télévision.
"L'Italie est connue à l'étranger seulement pour sa culture, et c'est justement cela qu'on cherche aujourd'hui à combattre", avait-il estimé, dénonçant à l'inverse une "culture de l'enrichissement".
Le Point.fr - Publié le 30/11/2010
Biographie
Mario Monicelli naît le 6 mai 1915 à Viareggio. Son père Tomaso était journaliste et fut aussi critique de théâtre et dramaturge. Après des études à Rome et à Viareggio, il fait ses études universitaires à Milan. là il rencontre Riccardo Freda, Remo Cantoni, Alberto Lattuada, Mondadori e Vittorio Sereni et fonde avec eux le journal "Camminare", dans lequel Monicelli tient la critique cinématographique.
Il entre dans le cinéma très tôt (à l'âge de 19 ans) alors qu'il réalise son 1er court métrage avec son ami Alberto Mondadori en 1934 intitulé Il Cuore Rivelatore puis un moyen métrage I ragazzi della via paal tourné en 16 mm et primé à Venise, inspiré de the boys of paul street de Ferenc Molnar. En 1937 il réalise Pioggia d'estate (pluie d'été) sous le pseudonyme de Michele Badiek. Il fait ses preuves jusqu'en 1949 en tant qu'assistant-réalisateur aux côtés de Gustav Machaty, Pietro Germi, Giacomo Gentilomo, Mario Camerini, ou encore Mario Bonnard. De 1939 à 1942 il contribue à l'écriture d'une quarantaine de scénarii.
Les années 1949 à 1953 sont marquées par sa collaboration prolifique avec Stefano Vanzina, plus connu sous le nom de Steno, avec huit films à succès en 4 ans pour l'acteur Totò, parmi lesquels Totò cerca casa (Toto cherche un appartement) , (Lion d'or à Venise en 1949, et Guardie e ladri (1951).
En 1953 il commence à travailler seul. Pendant sa longue carrière il collabore avec tous les plus grands acteurs italiens : Alberto Sordi, Totò, Aldo Fabrizi, Vittorio De Sica, Sophia Loren, Amedeo Nazzari, Marcello Mastroianni, Vittorio Gassman, Ugo Tognazzi, Adolfo Celi, Walter Chiari, Elsa Martinelli, Anna Magnani, Nino Manfredi, Paolo Villaggio, Monica Vitti, Enrico Montesano, Gigi Proietti, Gastone Moschin, Giancarlo Giannini, Giuliano Gemma, Stefania Sandrelli, Ornella Muti, Ivo Garrani e Gian Maria Volonté.
I soliti ignoti en 1958 rassemble une distribution exceptionnelle : Vittorio Gassman, Marcello Mastroianni, Totò et Claudia Cardinale, ainsi que Tiberio Murgia, et est considéré par la critique quasi unanime comme le premier film de ce qu'on appellera "la comédie à l'italienne". Ce film rassemble comme scénaristes Monicelli lui-même et Age, Scarpelli et Suso Cecchi D'Amico. Dans Totò e Carolina (1955) l'extraordinaire acteur napolitain joue le rôle d'un carabinier. La censure de l'epoque ne prend pas bien l'ironie sur les forces de l'ordre. L'année suivante, Monicelli tourne ce que certains considèrent comme son meilleur film : La grande guerra, Lion d'Or à la Mostra del cinema de Venise en 1959, avec les interprétations mémorables d'Alberto Sordi et Vittorio Gassman. En 1963 il tourne I compagni (Les Camarades) qui est nominé aux oscar dans la catégorie meilleur scénario et qui reçoit l'oscar du meilleur film.
Avec L'armata Brancaleone (1966) et, un ton en-dessous, avec Brancaleone alle crociate (1969), Monicelli met en scène un Moyen-Âge tragi-comique, dans une langue bizarre.
Autres films notables dans son abondante filmographie, La ragazza con la pistola, (1968), Romanzo popolare (1974), Amici miei (1975) et sa suite, Amici miei 2 (1982).
Un borghese piccolo piccolo (1977) rompt avec sa verve tragi-comique. c'est un film profondément dramatique.
En 1991 on lui décerne le lion d'or pour sa carrière ; à cette occasion il déclare : " le cinéma ne mourra jamais, maintenant il est né et ne peut pas mourir . La salle de cinéma mourra peut être, mais de cela je m'en fous ".
La force de Monicelli réside assurément dans ce mélange de générosité et d’esprit sardonique qui lui permirent de considérer ses congénères avec une rare acuité. Pas plus que ceux de Risi, ses films ne prétendent à être ceux d’un grand styliste façon Visconti ou Fellini (encore que Monicelli leur tint la dragée haute dans le super-film à sketches Boccace 70), Antonioni ou Bertolucci. Mais à leur manière faussement désinvolte, ces comédies témoignent sans doute encore mieux de leur époque: celle de la défaite salutaire, de la course effrénée au bien-être des années 1960-1970, et pour finir celle de la vulgarité télévisuelle triomphante.
En fin de carrière, Monicelli trouva parfois refuge au petit écran (Feu Mathieu Pascal, d’après Pirandello), mais à contrecœur et sans lui faire de concessions. De Mesdames et messieurs, bonsoir (1976) à Un autre monde est possible (2001), il fut de tous les combats collectifs, constatant avec terreur l’emprise croissante de la pieuvre Berlusconi sur l’Italie. Même si ses derniers films sont clairement plus faibles, il résista ainsi jusqu’à son ultime court-métrage, en 2008.
Filmographie
* 1948 : Les Misérables ou L'Évadé du bagne (I Miserabili) de Riccardo Freda (co-scénariste)
* 1948 : Le Cavalier mystérieux (Il Cavaliere misterioso) de Riccardo Freda (co-scénariste)
* 1949 : Al diavolo la celebrità (co-scénariste et co-réalisateur, avec Steno)
* 1949 : Totò cherche un appartement (Totò cerca casa)
* 1951 : Totò et le roi de Rome (Totò e i re di Roma)
* 1951 : Gendarmes et voleurs (Guardie e ladri)
* 1954 : Du sang dans le soleil (Proibito)
* 1955 : Un héros de notre temps (Un eroe dei nostri tempi)
* 1956 : Donatella
* 1957 : Pères et fils (Padri e figli)
* 1958 : Le Pigeon (I soliti ignoti)
* 1959 : La Grande Guerre (La grande guerra)
* 1960 : Larmes de joie (Risate di gioia)
* 1962 : Boccace 70 (Boccaccio '70), segment Renzo et Luciana
* 1963 : Les Camarades (I compagni)
* 1964 : Haute infidélité (Alta infedeltà), segment Gente Moderna
* 1965 : Casanova 70 (Casanova '70)
* 1966 : L'Armée Brancaleone (L'armata Brancaleone)
* 1966 : Les Ogresses (Le fate) segment Fata Armenia
* 1968 : La Fille au pistolet (La ragazza con la pistola)
* 1970 : Drôles de couples (Le coppie)
* 1970 : Brancaleone s'en va-t'aux croisades (Brancaleone alle crociate)
* 1971 : Mortadella (La mortadella)
* 1973 : Nous voulons les colonels (Vogliamo i colonnelli)
* 1974 : Romances et confidences (Romanzo popolare)
* 1975 : Mes chers amis (Amici miei)
* 1976 : Bonsoir, Mesdames et Messieurs (Signore e signori, buonanotte), co-réalisation
* 1976 : Caro Michele
* 1977 : Un bourgeois tout petit petit (Un borghese piccolo piccolo)
* 1977 : Les Nouveaux Monstres (I nuovi mostri), segments Autostop et First Aid
* 1979 : Voyage avec Anita (Viaggio con Anita)
* 1980 : Rosy la Bourrasque (Temporale Rosy)
* 1981 : Chambre d'hôtel (Camera d'albergo)
* 1981 : Le Marquis s'amuse (Il Marchese del Grillo)
* 1982 : Mes chers amis 2 (Amici miei atto II)
* 1985 : La Double Vie de Mathias Pascal (Le due vite di Mattia Pascal)
* 1986 : Pourvu que ce soit une fille (Speriamo che sia femmina)
* 1987 : I Picari (Une catin pour deux larrons)
* 1990 : Il male oscuro
* 1991 : Rossini ! Rossini !
* 1992 : Une famille formidable (Parenti serpenti)
* 1995 : Facciamo paradiso !
* 1998 : Panni sporchi
* 2006 : Le rose del deserto
Le cinéma italien de 1911 (Inferno) à 2011 (Habemus papam). Préface de Ettore Scola.
Editions La Martinière
Indispensable à tous les amateurs de cinéma italien.
Dans une scène des Nouveaux Monstres, un cardinal en panne de voiture échoue dans une paroisse ouvrière. Dès son arrivée, il connaît un vif succès au détriment du prêtre progressiste qui s'efforce de rénover la liturgie. En rétablissant le culte traditionnel, il attire soudain la foule à l'église... Touché par la grâce du mauvais esprit, Dino Risi entrevoyait ainsi, dès 1977, un phénomène que la plupart des cinéastes ne pouvaient saisir, emprisonnés dans les codes du modernisme ou de l'engagement : le retour massif du religieux, voire de l'obscurantisme.
Présents à ses côtés dans ce film à sketches, les maîtres de la comédie italienne ont toujours privilégié les paradoxes, les personnages veules et une vision du monde désabusée, voire cynique, pour saisir la condition humaine dans sa drôlerie déconcertante. Pour la même raison, on les a regardés comme de vilains petits canards, quand Rossellini, Pasolini, Visconti ou Fellini portaient le septième art italien à ses sommets.
Sauf que personne comme eux, dans les années de l'après-guerre, n'a su mettre en scène des pauvres types désargentés tentant de monter des coups foireux (le Pigeon, de Monicelli), de jeunes machos ridicules jusqu'à en devenir touchants (le Fanfaron, de Risi), ou des rapports de classe totalement immoraux (l'Argent de la vieille, de Comencini) ; autant de scénarios qui réinventent la comédie populaire en jetant un regard aigu sur la modernité.
La parution des Mémoires de Dino Risi est un événement, vu la minceur de la bibliographie sur le sujet. Disparu comme son compère Monicelli à 90 ans passés, le maître de la comédie italienne ne livre pas un récit chronologique, mais une multitude de souvenirs, organisés en petits chapitres, comme autant d'anecdotes qui auraient pu nourrir ses films. Elles nous conduisent de Milan sous la botte de Mussolini à Rome au temps de la dolce vita.
Elles nous proposent des portraits de ses grands amis, tels Vittorio Gassman ou Ugo Tognazzi, qui, frappé par un léger AVC, subit - dans une scène digne des Monstres - l'étonnante diatribe du médecin lui reprochant d'avoir trop profité de la vie et lui annonçant que, maintenant, c'est fini !
Elles dressent surtout le portrait d'un homme sensible à chaque détail de la vie, plus intéressé par les femmes (comme en témoigne son beau Parfum de femme) que par la théorie cinématographique. Il parle aussi de sa relation complexe avec Paris, ville qu'il juge hautaine malgré ses liens étroits avec la France illustrés par Trintignant (dans le Fanfaron) ou même Coluche dans le Bon Roi Dagobert.
On perçoit dans ce regard tout ce qui différencie la comédie italienne de la nouvelle vague : les jeunes Français étaient critiques, étudiants, intellectuels ; ils voulaient jeter un regard cinématographique sur le monde. Les Italiens étaient plus souvent caricaturistes, comme Fellini (qui commença lui aussi par la comédie), ou arrivés par hasard au cinéma, comme Risi.
Ils voulaient saisir par l'image la drôlerie toute crue du monde. Ils y sont parvenus de façon incomparable, pendant une trentaine d'années, dans quantité de films qu'on s'indigne de ne guère trouver en réédition, moins encore en version française - ce qui témoigne d'un fâcheux rétrécissement de notre mémoire cinématographique.
Benoît Duteurtre pour Marianne
Comment décrire cette sensation unique
qui saisit le spectateur dès la première image d’un film, pour ne
jamais le quitter tout au long d’un spectacle qu’il voudrait voir se
prolonger bien après sa fin ? Comment parler d’une de ces œuvres
tellement pleines, tellement riches qu’on sait tout de
suite qu’on les gardera longtemps en soi ?
Etreintes
brisées est une magnifique
déclaration d'amour à une actrice, Pénélope Cruz, mais aussi au cinéma,
et à l'amour même. Un metteur en scène, Mateo Blanco (Lluis Homar)
tourne une comédie, Filles et valises, qui
s'inspire très
franchement de Femmes au bord de la crise de nerfs.
La vedette en est une
débutante, la femme qu'il aime et qui l'aime, Lena (Pénélope Cruz),
devenue pour s'en sortir la maîtresse d'un magnat magouilleur, Ernesto
Martel (José Luis Gomez), autoproclamé producteur pour ne pas perdre
Lena. Martel a un fils complexé (et secrètement amoureux de Mateo)
chargé de réaliser le making of de Filles et valises,
afin
d'espionner les deux amants...
Tout ça, on le saura plus tard, car, à
présent, Mateo s'appelle Harry Caine, il a tué son nom en tuant Lena
dans un accident de voiture qu'il a rendu aveugle. Il écrit des
scénarios, veillé par Judit, sorte de louve aimante et jalouse (Bianca
Portillo) et le fils de celle-ci, Diego. Passé et présent s'entremêlent
intimement, l'intrigue se fait de plus en plus riche et intrigante,
ainsi Mateo est trahi, profitant de sa cécité, on lui vole Filles et
valises qui est remonté pour en faire un mélo absurde, chaque
scène
est si pleine de vie, de drames et de péripéties, si nourrie du plaisir
de filmer, d'inventer, de raconter qu'on en demeure pantois, ravis, au
tapis. Un personnage prononce cette phrase banale: «Il aime
beaucoup le gaspacho.» Et l'on voit plein écran le rouge
éclatant
d'une tomate sur laquelle glisse une goutte d'eau. C'est sensuel et
génial...
Pénélope
Cruz est extraordaire. Tour à tour
blonde évaporée à la Jean Harlow ou brune distinguée à la Audrey
Hepburn, elle est en même temps enfantine et fatale, maladroite et
géniale, belle comme une tempête et griffée de fatigue, folle de joie
et sûre du malheur à venir, époustouflante.
Ultime malice d'Almodovar, Etreintes brisées, qui nous laisse
brisés d'émotion, s'achève sur une dernière pirouette
scénaristique,
"Ours d'or" à Berlin en 2004 pour Head On, Fatih Akin est un Allemand né de parents turcs. Cette cohabitation de ses deux cultures est au cœur de ses films
Prix du
scénario au Festival de Cannes 2007, De l'autre côté
est un film magnifique.
En faisant se
croiser ses personnages entre Turquie et Allemagne, le film de Fatih
Akin orchestre une ambitieuse réflexion sur l'identité et l'altérité.
L'amour, la
mort, le deuil, le pardon, sont les thèmes de ce film bâti autour de
deux morts violentes et de trois face à face familiaux : un père et son
fils qui ont du mal à se comprendre et deux mères et leurs filles. De
l'autre côté évoque le dialogue, souvent difficile, entre les
générations et leurs relations fortes et complexes. Le jeune professeur
et son père, la prostituée et sa fille activiste, la jeune étudiante
allemande et sa mère : aucun de ces personnages ne restera figé dans sa
posture initiale, poursuivant dans l'éloignement un échange nourri par
un amour silencieux.
C'est dans la dextérité avec laquelle il entremêle les destins de ses six protagonistes que Fatih Akin étonne et émeut. Les personnages vont se croiser, se chercher, se rater, mais aussi s'apprivoiser, s'aimer, s'adopter. On suit avec passion les personnages et les événements.
Construit avec
un efficace sens de l'ellipse, ce film impressionne par sa maîtrise, sa
profondeur humaine, son plaidoyer pour l'échange culturel, la sérénité
de l'apaisement. Scandé par l'ironique transit des cercueils, l'un
renvoyé en Turquie, l'autre renvoyé en Allemagne), ce film magnifique
culmine avec la visite de Susanne , la mère de Lotte, qui va "incarner"
de façon bouleversante le thème principal du film : la réconciliation.
Nejat, de son côté, va retrouver son père de l'autre côté du Bosphore.
Fatih Akin, dont on avait déjà aimé Head-on, construit son film en boucle, avec des ruptures de ton et de temps : des histoires parallèles qui se recoupent sans cesse, des personnages qui se cherchent sans se croiser et se croisent sans le savoir. Ainsi la jeune femme que l'on voit dormir à poings fermés, lors du cours que Nejat donne à l'université, est celle - mais on l'apprendra bien plus tard - qu'il va s'obstiner à chercher...
Sans lourdeurs
ni caricature, le cinéaste évoque aussi la minorité turque d'Allemagne,
le désir du retour au pays et les expulsions, la soif de connaissance
et de partage, la tentation du racisme et du repli sur soi…
Le Synopsis officiel du film:
Malgré les réticences de son fils Nejat (Baki Davrak), Ali (Tuncel Kurtiz) , qui est veuf, décide de vivre avec Yeter (Nursel Koese), une prostituée d'origine turque comme lui. Mais Nejat, jeune prof d'allemand, ne tarde pas à se prendre d'affection pour Yeter lorsqu'il comprend qu'elle envoie presque tout son argent à sa fille en Turquie, pour lui payer des études supérieures. La mort accidentelle de Yeter éloigne durablement le père de son fils. Nejat se rend à Istanbul dans l'espoir de retrouver la trace d'Ayten (Nurgul Yesilcay), la fille de Yeter. Mais Nejat ignore qu'Ayten, activiste politique d'une vingtaine d'années, a fui en Allemagne pour échapper à la police turque. A Hambourg, Ayten sympathise avec Lotte (Trycia Ziolkowska), une étudiante allemande aussitôt séduite par le charme et l'engagement politique de la jeune Turque. Lotte propose même à Ayten de l'héberger chez elle, malgré les réticences de sa mère, Susanne (Hanna Schygulla). Arrêtée et placée en détention, Ayten est finalement reconduite à la frontière puis incarcérée en Turquie. Sur un coup de tête, Lotte décide de tout abandonner et de se rendre en Turquie, où elle se heurte à une bureaucratie pesante : tous les efforts pour faire libérer Ayten semblent vains. Elle rencontre Nejat par hasard et devient sa colocataire. Un événement tragique fait prendre à Susanne la décision de venir à Istanbul pour remplir la mission de sa fille. En se rapprochant de Susanne, Nejat ressent le besoin de renouer avec son père qui vit désormais en Turquie, au bord de la mer Noire. Il décide alors de partir à sa recherche …
Dans un bel hôtel troglodyte d’Anatolie profonde vivent Aydin, le propriétaire, ancien comédien fortuné, actuellement rédacteur de chroniques pour la feuille de chou locale, sa jeune et belle épouse Nihal et sa sœur Necla, récemment divorcée. Il y a aussi l'homme à tout faire, Hidayet et son épouse Fatma. La fortune d'Aydin, qu'il tient de son père, lui permet de posséder des biens partout dans la région. Les clients sont rares (deux touristes japonais et un motard globe-trotter), la vie semble douce. Cette tranquillité engourdie par l’arrivée de l’hiver va être perturbée par un incident : un gamin jette une pierre sur la voiture d’Aydin. Le petit garçon ne supporte pas les humiliations que subit son père endetté de la part de ce propriétaire apparemment insensible à la détresse d'une famille pauvre victime d’une saisie d’huissier pour cause de loyers impayés.
Cet incident déstabilise Aydin, renvoyé brutalement à son statut de propriétaire exploiteur. Et petit à petit le malaise s'installe au sein du trio. Aydin, Nihal et Necla finissent par se dire leurs quatre vérités. C'est d'abord un affrontement entre Aydin et sa soeur, qui le méprise et quitte bientôt la maison. Puis c'est entre Aydin et Nihal. Nihal collecte des fonds pour améliorer le quotidien des écoles de la région. La vie qu'elle mène ne lui convient pas, avec un mari qu'elle n'aime plus mais qui est prêt à tout pour la garder.
Quelques illuminations dans ce film "contemplatif", inspiré des trois nouvelles de Tchékov : le galop de chevaux sauvages, le cheval épuisé qui sort de l'eau, le lapin blessé, l'enfant qui s’évanouit, l'homme humilié qui jette un paquet de billets au feu…
Ce film est très long (3h 16 !) et quasiment sans action ; pourtant, on ne s'ennuie pas une seconde. On ne ressent aucune empathie avec le personnage principal, homme riche et suffisant, persuadé d'être aimable et humaniste, finalement névrosé et imbu de lui-même, incapable de s'intéresser à autre chose qu'à lui-même. Au fur et à mesure que le film avance, ses certitudes vont se craqueler. Les acteurs impressionnent par leur souffle et leur subtilité, donnant à ces longs échanges l’intensité de scènes d’action. En particulier Haluk Bilginer (Aydin) offre une magnifique prestation.