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Itinéraires de randonnées en Corse

Récits : les randos commentées

Dernière mise à jour : 11/11/2021

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Sur cette page, plus question d'itinéraire détaillé, de repères, de balisage, mais des récits de randonnées, avec des impressions, des souvenirs, des anecdotes amusantes...

Sommaire

A la découverte de la haute montagne corse

L‘étape à travers le « Cirque de la Solitude » m‘attirait depuis plusieurs années, parce qu‘elle est considérée comme la plus difficile du GR 20, le sentier de randonnée alpin par lequel on peut traverser l‘île par sa longueur. Nous en réalisons chaque année une ou quelques étapes, du fait de mon manque de condition physique pour accomplir tout le trajet.

Tout a commencé le 18 septembre avec le vol de Francfort à Calvi. Sitôt débarqués, nous sommes allés chercher la voiture de location.
Après le trajet vers l‘intérieur de l‘île, nous avons fait une petite randonnée pour nous acclimater : la très jolie vallée de Tassineta, entre Asco et Haut-Asco, jusqu‘à la Cascade de l‘Ondella. Nous avons trouvé la marque de ce sentier sans problèmes - après avoir renoncé à la chercher dans une autre vallée...

Le soir, nous nous sommes installés dans le gîte de l‘hôtel à Haut-Asco (1 400m), au milieu des montagnes les plus hautes de l‘île. Il était possible de réserver le logement avec demi-pension (petit déjeuner et dîner, dont nous avons profité deux fois).

Le lendemain matin, nous nous sommes mis en route pour notre objectif, un cirque qu‘on devait traverser en étant assuré par des chaînes et des cables (nous nous étions déjà entraînés l‘été sur la « Via ferrata » à Hirschbach en Allemagne).

Nous avons réussi le passage à travers le "Cirque de la Solitude" sans problèmes ; le sol était sec et il a fait soleil toute la semaine. La descente au Refuge de Tighiettu (notre logement) a été désagréable parce qu'il y avait beaucoup d‘éboulis et de rochers. Le refuge est bien tenu et j‘ai passé une des nuits les plus paisibles et les plus romantiques de ma vie : je regardais de ma couche un ciel étoilé, et bien qu‘il y ait seulement le croissant de la lune, le ciel n‘était pas complètement obscur.

Le matin, nous sommes partis pour la plus longue marche de cette étape : l‘ascension de la plus haute montagne de la Corse, le Monte Cinto (2 700 m).

On nous avait dit que la montée durait 4 heures et la descente 5 heures - mais nous avons mis chaque fois une heure de plus. Il y avait beaucoup de pierrailles, ce qui compliquait l‘ascension. Nous étions observés par quelques mouflons méfiants.

Et quand nous avons cru avoir atteint notre but, nous avons dû descendre encore une fois pour, un peu plus tard, grimper sur des rochers pour atteindre enfin le sommet. Là, il y avait de l'orage et nous sommes descendus peu après, sur un champ de pierrailles et en traversant une vallée idyllique avec une cascade.

Le lendemain, nous sommes retournés à la vallée pour nous reposer...

Le lundi, nous sommes montés à "A Muvrella" (2 148 m) et nous avons eu une vue fantastique sur le sommet et la baie de Calvi.

Mais les détails ont aussi leur charme : il y avait des pierres de toutes les couleurs, quelques-unes couvertes de lichens verts.
On trouve souvent dans les petites fentes des "edelweiss corses", une plante avec des fleurs blanches.(*)
En plus, il y avait comme plantes des genévriers et des berbéris.
(*) il s‘agit probablement de ceraistes de Soleirol (Ceraistum soleirolii)

Après la dernière nuit dans le gîte de l'hôtel de ski, nous avons quitté Haut Asco et nous sommes allés dans la vallée de Pinara. près du village de l‘Asco. Là, nous avons rencontré un groupe de cinéastes qui tournait un film (**). Un sanglier leur avait été amené par hélicoptère.

(**) Il s'agit probablement de "Liberata".

Nous avons passé la nuit près de la côte balanine dans le gîte "luxueux" de Calenzana (chambre double avec salle de bains privée).

Le mercredi, nous avons traversé le "Cirque de Bonifatu", une région avec beaucoup d'arbres. Etant partis de la Maison forestière de Bonifatu, nous avons passé deux passerelles suspendues, jusqu‘à un site où nous avons vu a Muvrella, mais d'un autre point de vue, du côté du nord, et nous avons bu du thé avant le Refuge de Carrozzu (qui est aussi un hébergement pour le GR 20).

Au retour, nous avons rencontré quelques moines (équipés de chapelet, portable et casquette).

Nous avons passé la nuit dans la Maison forestière de Bonifatu (à 20 minutes de l‘aéroport de Calvi) où nous avons mangé un très bon menu corse et avons eu la possibilité de faire le bilan de nos expériences des derniers jours.

Malgré les paysages fantastiques que nous avons rencontrés, ce sont les randonneurs qui m‘ont impressionnée la plupart d‘entre eux étaient aussi randonneurs ce sont des gens complètement différents qui font des efforts pour réussir le GR, se lèvent vers 6 heures et ils marchent en portant un sac à dos de 20 kg!

Nous avons rencontré non seulement des étudiants, mais aussi des gens de soixante ans (on nous a même cité un homme qui avait 84 ans).

Et aussi que, simplement en commençant d‘attaquer le sentier, on ressent une vraie jouissance à vivre le moment présent. Le chemin est ainsi fait qu'on doit être concentré chaque seconde pour ne pas risquer une chute. Pendant plusieurs heures, l‘attention totale est de rigueur, seulement rompue par des temps de repos et par la vue du paysage grandiose. Le calme règne dans la tête et les problèmes du monde semblent très loin.

Dans le guide de A. Rother sur les randonnées en Corse, il est dit que "dans la solitude de ces lieux, où il n‘y a pas d‘autre échange qu‘avec les éléments (nuages, brouillard, pluie, grêle, neige, froid, vent, chaleur du soleil), on sent qu‘on est au lieu rêvé pour considérer - au plus profond de son âme - d‘une autre façon les évènements de la vie"

Texte écrit par Ursula Glöckner, traduit de l‘allemand par Dorothee Krause.
Je les remercie toutes deux très chaleureusement pour cette contribution.

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Entre Haut Asco et le Col Perdu
(Punta Culaghia ?)

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Le Cirque de la Solitude
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Les ceraistes de Soleirol
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Vue du Cinto
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Près du refuge de Carrozzu
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Entre Carrozzu et A Muvrella
Pour marcher sur les traces d‘Ursula et Bruno :
Le col de l‘Ondella

Départ du lieu-dit Giunte, entre Asco et la station d‘Asco, repérable par la présence de deux ponts sur le ruisseau de Stranciacone. Le sentier démarre entre le pont et la "maison du mouflon". Le sentier suit la rive droite du torrent, et atteint en 1 heure environ la bergerie ruinée de Tassineta. Le sentier remonte alors la rive droite du ruisseau d‘Ondella et passe au pied de la cascade. En contournant le ressaut rocheux de la cascade, on atteint le refuge de l‘ONC. Le chemin, peu marqué, monte au col d‘Ondella (1 932 m). Compter environ 6 h de randonnée, avec un dénivelé de 900 m.

Le Cirque de la Solitude

Depuis le stade de neige de Haut-Asco (1 4230 m), suivre le sentier balisé rouge et blanc (direction sud-ouest). Le GR 20 atteint deux petits lacs, avant d‘atteindre la bocca Tumaginesca (dite aussi col Perdu). De là, on descend dans le Cirque de la Solitude, avant d‘atteindre le refuge de Tighiettu
(1 680 m).

Monte Cinto

Du refuge de Tighiettu, redescendre un peu vers l‘est pour rejoindre les abords du ruisseau de valle di Stagni. Vers 1 850 m, passer rive gauche pour gravir la longue pente d‘éboulis. Descendre ensuite en versant est la pente très raide menant au lac du Cintu (2 289 m) où l‘on retrouve l‘itinéraire venant du refuge de l‘Ercu. Du lac, monter en direction nord-est puis nord pour atteindre la longue crête séparant le Niolu du versant d‘Ascu. Gravir d‘abord le versant sud puis redescendre un peu au sud-est en contournant une antécime. On atteint le sommet en environ 5 heures. Compter au moins autant pour la descente.

La Corse en vélo et à pied, quelle aventure !

Les sentiers de randonnée en Corse sont merveilleusement beaux, uniques, une expérience - mais ils ne conviennent pas comme piste cyclable. Je l'avais supposé déjà avant, mais maintenant, après quelques essais sans succès (et des égratignures en plus), nous en avons la certitude.

Mais il y a les petites routes secondaires (qui sont asphaltées), qui unissent les petits villages de l'arrière-pays. Là, il est agréable de faire du vélo-avec la possibilité d'un regard sur la mer et les montagnes, mais qui ne doit durer qu‘une seconde à cause des abîmes, des trous et des animaux sur la route (qui nous regardaient sans comprendre).

Un moment fort à vélo fut pour moi un trajet, avec beaucoup de virages, sur la route qui va de A Bocca di a Battaglia (1 100 m) au village de Speloncato, avec 500 m de dénivelé.

Un autre trajet plus fatigant, mais moins excitant fut celui à travers le "Désert des Agriates" (désert de pierres). Je n‘avais jamais vu avant un désert si humide et vert. Les deux jours avant, il avait plu tout le temps et les grands trous étaient rempli de l'eau. Le sentier ressemblait à un lit de rivière avec beaucoup de pierres.

Partis de a Bocca di Vezzu, nous sommes descendus pendant 12 km sur un mauvais sentier ressemblant au lit d'un fleuve sans eau à la plage magnifique de Malfalcu que nous dûmes seulement partager avec quelques guêpes.

Nous avons eu une rencontre intéressante avec deux français âgés qui étaient en chemin pour une semaine avec un âne de location qui portait les bagages. C'est la manière la plus lente, mais peut-être la plus intense de faire l‘expérience de la nature corse.

Notre rayon d‘action était bien plus grand avec le vélo. Nous avions une petite location à Ile Rousse sur la côte nord. Le logement était situé au-dessus de la ville et nous avions une vue fantastique sur l'île et sur le village de Monticello qui est situé sur les montagnes.

Il était nécessaire de monter à Monticello (200 m) pour commencer les excursions en vélo vers les autres villages dans les montagnes. L'étape la plus longue (46 km et 960 m de dénivelée) fut un trajet à Montemaggiore dans l'arrière-pays de Calvi. Malheureusement, il y avait eu les années précédentes un incendie qui avait détruit presque toute la forêt. Le chemin parcourait donc un paysage très poussiéreux et pauvre, qui ressemblait à un désert, davantage que le désert couvert de maquis où nous étions passés avant.

Pour reprendre des forces, mais ce fut en fait plus fatigant que les tours en vélo... nous avions prévu deux randonnées. Comme notre location devenait moins agréable à cause des travaux d'aménagement (dans un nouveau quartier), nous avons quitté le logement pour une randonnée de deux jours, de la Maison forestière de Bonifatu au Refuge d‘Ortu di u Piobbu.

Pendant que nous nous approchions du refuge, nous étions accompagnés par un helicoptère. A ma remarque: "Ils livrent du vin et des spaghetti pour le dîner", Bruno répliqua qu'il était évident qu'ils étaient en train de construire quelque chose. Quand nous avons atteint le refuge quelque temps plus tard, nous avons trouvé une masse de matériaux pour bâtir, la nouvelle construction des établissements sanitaires devait commencer le lendemain. Mais nous avons eu un autre problème: la livraison n‘était pas encore terminée et l'hélicoptère venait plusieurs fois et faisait tourbillonner la poussière, le linge et tout ce qui n'était pas fixé.

Après avoir vu un coucher de soleil magnifique et après une nuit paisible, nous avons quitté le lendemain matin le refuge pour marcher sur le GR 20, un sentier de randonnée corse que nous connaissions déjà. L'étape durait 6 heures et nous sommes tout le temps montés et descendus sur des rochers et des roches. Mais nous avons eu une vue fantastique sur les montagnes. La destination de cette étape était le Refuge de Carrozzu, mais pour nous, ce n'était pas la fin de la marche. Nous devions descendre (2 heures) à la vallée pour retourner à la Maison forestière de Bonifatu. Le soir, nous étions très fatigués.

La deuxième marche n'était pas difficile sous l‘aspect physique, mais psychologique. Nous sommes allés à Speloncato pour faire l'ascension du Monte Tolu (1 330 m) pendant qu‘il faisait soleil. Quelques années avant, nous avions déjà essayé de monter, mais nous n‘avions pas trouvé le chemin.

Cette fois, nous avons encore perdu la marque du chemin et après avoir franchi a Bocca di a Battaglia, nous avons atteint le sommet. Mais nous n'avons pas eu de chance: il y avait beaucoup de nuages et de brouillard. Ainsi, nous avons seulement eu une courte vue sur des rochers et un village. C'était curieux d'être là-haut, comme si on était seul au monde. Quand nous sommes retournés au bord de mer, il faisait soleil…

Nous allons essayer de monter au Monte Tolu une troisième fois, et si nous avons de la chance, nous ferons l'expérience de la vue magnifique sur la Balagne.

Ursula Glöckner, traduction de Dorothee Krause

3
Entre Lavataggio et Lumio

2
Dans le désert des Agriates

1
Vieux moulin à L‘Ile Rousse

4
Montemaggiore

ortu
Ortu di u Piobbu

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Dans la descente du Col d‘Avartoli par le Réfuge de Carrozzu (GR 20)

6
Avant A Bocca di a Battaglia
(sur le chemin du Monte Tolu)

Aux sommets de la Paglia Orba et du Monte Rotondo

La Paglia Orba (2 555m), la montagne la plus belle de la Corse, était une des nos destinations cette année. Le village de Calasima était le point de départ de nos randonnées à trois jours.

Nous avons quitté Calasima et nous avons passé la Bergerie de Prugnoli pour atteindre le refuge Ciottuli di i Mori. Le lendemain matin, nous avons fait l'ascension de la Paglia Orba. Là, nous avons eu une vue fantastique sur les montagnes de la Corse du Nord et sur la mer. Nous avons eu de la chance avec le temps, comme les deux jours avant : six jours de soleil pour les randonnées. Après la descente du sommet, nous avons suivi le GR 20 jusqu‘au refuge de Tighiettu où nous avons passé une nuit paisible.

Le lendemain matin, nous sommes retournés à Calasima. Le même jour, nous sommes allés au centre de l'île à Corte, la vieille ville universitaire. Le "Gîte d'étape" était comme les refuges, il était affiché complet. Dans les refuges, on rencontre un mélange de toutes les nationalités: des Français, des Allemands, des Anglais, des Italiens, des Hollandais, même des Australiens et des Canadiens. Pour communiquer, je commençais quelquefois une phrase en français et je la finissais en anglais !

La différence des gîtes par rapport aux refuges dans les montagnes était qu'il y avait de la lumière et de l'eau chaude en quantité suffisante. Dans les refuges, il y avait seulement de l'eau chaude pour les plus rapides et de la lumière seulement le soir pour faire la cuisine (grâce à une pile solaire). L'eau est, au moins en septembre, toujours disponible parce que les logements sont situés près d‘un ruisseau ou d‘une fontaine. Le refuge de Petra Piana, où nous avons passé la nuit suivante, était une exception: il était exploité par une femme et il y avait de l‘eau chaude jusqu'au soir, mais il n'y avait pas de lumière!

De Corte, nous sommes allés aux bergeries de Grotelle en passant par la vallée de la Restonica. Là, nous avons commencé la montée du lac de Melo et la Bocca a Siglia (2 050m) où nous avons atteint le GR 20 après 700 mètres de dénivelée. Le chemin traversait un décor de montagne fantastique. Au refuge de Petra Piana, nous avons fait l‘expérience d'une brutale chute de température: il y avait beaucoup de nuages et un vent glacial.

Mais le lendemain, il faisait soleil. Nous sommes montés au Monte Rotondo, une des montagnes les plus hautes de Corse (2 600 m).
Ferdinand Gregorovius écrit dans ses notes en 1852: « L'horizon qu‘on embrasse du regard du Rotondo est plus beau que celui du Mont Blanc ». Nous avons été aussi impressionnés par la vue, mais nous n'avons pas pu rester longtemps à cause de la descente à la vallée de la Restonica. Nous avons atteint le lac di l'Oriente en passant des restes du neige. Nous avons tenté (sans succès) de trouver un raccourci pour rejoindre la vallée, mais nous avons laissé tomber après quelques essais infructueux. Après au total 12 heures de marche, nous avons atteint le soir la bergerie de Grotelle et nous étions contents de passer une nuit paisible et reposante à Corte.

Mais ces efforts ont connu leur récompense, et ce congé consacré aux randonnées dans les montagnes corses a laissé derrière lui une empreinte durable.

« Le destin m'a jeté dans un pays où une cabane est le lieu de résidence le plus spacieux. Cette tente renferme des vertus. Si la justice, l‘abstinence, l‘intelligence et la connaissance de choses divines et humaines y vivent, c'est plus beau que tous les temples. »

Sénèque (qui fut banni en Corse par Rome)

Ursula Glöckner, traduction de Dorothee Krause.

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Sur le chemin de la Paglia Orba

ciottulu
Près du refuge de Ciottulu di i Mori



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Nuages à Petra Piana



lavu
Lavu di Bellebonne

Circuit au cœur de la Corse

Après avoir découvert le centre de l‘île par des randonnées d‘un jour lors de nombreux séjours précédents, nous nous sommes finalement risqués en septembre 2002 à un circuit d‘une semaine sac au dos. Nous avions obtenu les informations nécessaires sur l‘équipement et la nourriture par internet et par des guides de randonnée, et nous sommes arrivés bien préparés (après le vol Francfort - Calvi et le voyage en chemin de fer) à Corte.

Nous avons passé la nuit dans le Gîte d‘étape, et le matin un taxi nous fit faire les 16 km pour nous déposer aux Bergeries de Grottelle, au bout de la vallée de la Restonica.
Après la montée et le petit déjeuner au lac de Melo, que nous connaissions déjà d‘un précédent séjour - toutefois cette fois là il était couvert de glace - nous sommes montés au lac de Capitello qui se trouve à 1 930m d‘altitude dans un cirque rocheux grandiose. Plus tard, avec un soleil étincelant et un ciel d‘un bleu profond, la vue vers le bas avec les deux lacs et la montagne environnante était encore plus impressionnante. Nous avons suivi le marquage du GR 20, passant maintenant (après une montée totale de presque 1 000 mètres) le point le plus élevé de notre randonnée, la Brèche de Capitello (2 25m).

Après une descente laborieuse par un pierrier, l'après-midi nous avons enfin heureusement atteint, fatigués, le Refuge de Manganu. Malgré la présence d‘une trentaine de personnes dans le dortoir, la nuit fut très calme.

Le lendemain matin il se produisit un incident : en emballant ses affaires, un randonneur est tombé du 2e étage du refuge et s'est cassé l‘épaule (ce qui était un moindre mal). Ce qui nous a impressionnés, c‘est qu‘en 20 minutes l'hélicoptère de la Protection civile était déjà là pour l'amener à l‘hôpital.
Pour nous, la journée fut plus réjouissante : nous avions un trajet un peu moins difficile que la veille, mais long, devant nous. Il traversait des prairies plates, avec de nombreuses vaches, pour arriver au lac de Nino et de là, sur un beau sentier ancien, de la Bocca à Reta au Col de St. Pierre avec ses arbres bizarres, avant que nous n‘atteignions notre destination, le Castel de Verghio après environ 8 heures de marche.
Là, en plus du bon repas et des douches chaudes, la rencontre avec deux porcs gras (un noir, et un rose), et avec un renard peut-être domestique nous a réjouis.

Pour notre troisième jour nous avons suivi le marquage du sentier de randonnée « Mare à Mare ». Il a plu légèrement, mais nous devons peut-être à cette pluie la rencontre de deux salamandres de Corse.

Les nuages d'orage qui nous ont suivi ce jour-là, ne nous ont pas atteints. Après la forêt, le chemin traversait une vieille plantation de châtaigniers, d‘impressionnants blocs rocheux, passait sur un vieux pont gênois et finalement le long du lac de barrage à Calacuccia. Là nous avons pris nos quartiers dans un hôtel et, comme nous n‘avions probablement pas encore assez fait d'exercice, nous avons couru encore une fois le soir, jusqu'à un restaurant de poisson à Sidossi, 2 km plus loin. Mais le chemin en valait la peine !

Après une nuit reposante, nous avons eu une vue magnifique sur la montagne enneigée, par chance compte tenu des conditions météo nous avons quitté les montagnes à temps ! Le soleil a finalement brillé, de sorte que nous avons utilisé le jour de repos que nous avions prévu pour aller sur l‘antique sentier qui traverse les gorges de la Scala di Santa Regina — ce fut un circuit de six heures par le jour le plus chaud de notre semaine.

Notre cinquième jour devait nous conduire sur le sentier « Mare à Mare » - avec une belle vue rétrospective de Calacuccia et du lac de barrage - vers le haut sur la Bocca à l'Arinella sous l'orage en direction du Refuge de Sega. Mais par la faute d‘un balisage trompeur, au lieu de ça nous sommes arrivés à la Bergerie de Menta, avons dû rebrousser chemin et avons enfin atteint le nouveau refuge de Sega. Il est situé dans un très beau site, au bord du Tavignano, surplombé par des pins immenses dans une vallée humide. Le logement est conçu largement, mais à peine 2 ans après l’ouverture sont apparus de sérieux désordres de construction : comme dans les douches, de même que dans les dortoirs, on ne pouvait pas ouvrir les fenêtres, des marques de moisissure s‘étaient déjà formées.

Nous avons vécu la nuit la plus froide de la semaine et étions heureux, le matin, de continuer la randonnée. Nous connaissions déjà le chemin d‘un ancien séjour ; il longe le plus souvent en descente le Tavignano en descente, passe une passerelle suspendue et se poursuit par un chemin muletier presque pavé jusqu‘à Corte. Nous avons eu encore le temps pour un tour de la ville, avant de reprendre l‘après-midi le train de retour pour Calvi. Nous avons passé la nuit (à Calvi) dans un hôtel et avons pris le lendemain matin le vol du retour. Ce fut notre première, mais assurément pas la dernière randonnée de plusieurs jours dans ce paysage merveilleux, qui crée véritablement une dépendance !

"Toutefois si quelqu‘un me demande pourquoi je gîte dans ces montagne bleues, alors je souris gaiement, mais je ne réponds pas...
L‘eau descend dans les lointains naissants
Le monde ici est autre
Ce n‘est pas l‘espace des hommes "
(Li-Tai-Pe)

Texte rédigé par Ursula Glöckner, traduction par Jean-Claude Casanova

capitello
Vers le lac de Capitello

capitello
La brèche de Capitello

stpierre
Le col de St Pierre

salamandre Salamandre

stp
Le col de St Pierre

renard
Renard



albertacce
Vers Albertacce

calacuccia
Le lac de Calacuccia

Sur les pentes du Capu Tafunatu et de la Paglia Orba

Parmi les sommets de la Corse, la Paglia Orba et le Capu Tafunatu m’ont toujours fasciné.
Avec ses 2 525 mètres d’altitude, la (ou "le", les avis divergent) Paglia Orba est le sommet le plus remarquable de Corse : il est en effet relativement isolé, et domine la côte ouest de l'île ; avec sa silhouette caractéristique (en étrave de bateau ou en "baretta misgia" selon la perspective), on lui attribue parfois le qualificatif de « Cervin corse » (de Matterhorn corse, me souffle Ursula) ou de « Reine des montagnes corses ». Ajoutons que l’on trouve à son pied la source du Golo.
Quant au Capu Tafunatu, l’immense arche naturelle qui lui vaut son nom est fascinante. Elle semble d’ailleurs à l’origine du nom de la Paglia Orba : « orbu », qui signifie « aveugle » s’opposant au Tafunatu, qui, possédant un « œil », le fameux trou, n’est pas aveugle.

Je rêvais donc depuis des années de monter au Capu Tafunatu, tout en sachant que ce serait difficile pour moi, vu ma condition physique et ma surcharge pondérale. Mon amie Ursula, qui connaissait déjà la randonnée (et connaît mes capacités), m’assura que je pourrais, sans nécessairement monter jusqu’à cette immense curiosité naturelle, m’en approcher suffisamment. Nous décidâmes donc de tenter la randonnée en septembre 2010. Nous ne disposions que d’un créneau très limité compte tenu de nos dates de vacances respectives et de la proximité des Rencontres polyphoniques de Calvi. La chance nous sourit, car notre choix des 12 et 13 septembre nous permit de bénéficier de conditions météorologiques optimales.

Et à l’aube de ce dimanche 12 septembre, nous quittons la douceur calvaise pour affronter la haute montagne du Niolo. Nous traversons sans encombre la Scala di Santa Regina, déserte à cette heure matinale. Un arrêt pour prendre un café à Albertacce, un autre arrêt pour admirer le pont génois en contrebas de la route et la Paglia Orba, et nous garons la voiture dans le virage dit « du Fer à Cheval ».

A peine descendus de voiture, nous sommes assaillis par un troupeau de chèvres attirées par notre baguette de pain, allant jusqu’à monter sur la voiture ! Après cet intermède comique, les choses sérieuses commencent. Sac au dos, nous nous engageons sur le sentier qui s’élève vers le nord-ouest dans une forêt de bouleaux. Bientôt, nous rejoignons le GR 20 venant du col de Vergio (cette variante est légèrement plus longue que celle que nous avons choisie). Nous continuons vers le nord sur le GR20 et son balisage rouge et blanc. On sort bientôt de la forêt pour atteindre la bergerie de Radule (1 370 m). Le chemin contourne la bergerie et s'élève vers le nord-ouest dans un petit vallon où coule le Golo, bordé de pins laricio centenaires. Nous sommes désormais dans une forêt plus clairsemée, dominée par des pics rocheux (Capu a a Merula) et de grands arbres isolés. Une passerelle franchit le Golo, permettant de passer en rive gauche au-dessus de la cascade de Radule. Nous continuons de monter sur le vieux sentier de transhumance Niolu - Falasorma dans un défilé pierreux jusqu'au débouché du vallon de Tula, à la sortie de la forêt, pour parvenir à un magnifique endroit avec de grandes dalles rocheuses creusées de vasques. Un peu plus loin, une véritable piscine naturelle. Des jeunes gens plongent dans l’eau froide du Golu. Je me promets d’en faire autant, mais au retour. Je crains l’effet de l’eau glacée sur mes muscles échauffés. Le chemin est encore long pour rejoindre le refuge, que nous apercevons au loin, dominé par les masses imposantes du Tafunatu et de la Paglia Orba.

Nous nous arrêtons néanmoins pour prendre un peu de repos et nous restaurer. Le soleil commence à chauffer agréablement. Nous reprenons le chemin, qui longe le Golu en rive droite. Peu après nous rencontrons une grande croix plantée sur un monticule de pierres, en hommage à un berger mort en ce lieu (1544 m). Un peu plus loin, l'ancien chemin de transhumance bifurque vers la gauche pour rejoindre la Bocca Guagnerola. Le GR20 continue tout droit jusqu'aux bergeries ruinées de Tula, puis bifurque à 90° vers la gauche (nous sommes ici à 1 700 m d’altitude) pour éviter les alpages du haut vallon de Tula. Nous optons pour le chemin direct, qui s’élève tout droit pour gravir les 300 m de dénivelé restants.
La montée est raide, le sac est lourd, et j’ai besoin de m’arrêter souvent pour reprendre mon souffle. Mais nous nous rapprochons petit à petit et arrivons finalement au refuge de Ciottulu di i Mori (1 991 m).

Nous avions réservé préalablement, et le rude gardien nous assigne nos places, non sans nous avoir ordonné d’ôter nos chaussures de marche avant de pénétrer dans le dortoir. Nous prenons un café réconfortant sur la terrasse du refuge, avec d’autres randonneurs de toutes nationalités. Nous allégeons les sacs et nous préparons à monter au col des Maures. Le chemin semble facile après la rude montée au refuge. Nous admirons les roches couvertes de lichens verts et rouges.
Juste sous le col, nous décidons de nous séparer : Ursula veut s’approcher du Tafunatu : la montée au trou du Tafunatu est relativement facile (une vire et quelques passages de II) et ne prend qu’une vingtaine de minutes. La vue sur le golfe de Porto est magnifique. La vire continue ensuite et est assez aérienne. Pour ma part, je suis allé gravir les pentes de la Paglia Orba pour tenter d'être en face du trou. Les voies ne sont pas évidentes à trouver, le terrain, un pierrier constitué de pierres de toutes dimensions ne demandant qu’à rouler sous nos pieds, est difficile… et le brouillard arrive. Nous décidons de ne pas nous engager trop avant, et commençons à redescendre. Mais le ciel se dégage et nous montons jusqu’au col des Maures (2 155 m). Magnifique vision de l’autre côté, où subsistent quelques plaques de neige.

Nous redescendons lentement vers le refuge. La vue est magnifique, les nuages ornent les sommets, ménageant des éclairages somptueux, d’autant que le soleil commence à décliner.

Nous rejoignons la majorité des randonneurs, qui font la queue devant l’unique douche située dans un petit bâtiment en contrebas du refuge. C’est un moment très amusant : chaque personne entrant dans la douche pousse des cris, car l’eau vient directement de la source du Golu : c’est glacé ! L’avantage, c’est que personne ne reste longtemps sous la douche… J’observe que les hommes crient très fort, alors que les femmes, censées être plus frileuses, restent sinon stoïques, du moins très discrètes…

C’est l’occasion aussi de discuter avec les randonneurs. Un groupe de trois corses explique qu’il fait le GR20 en doublant systématiquement les étapes : arrivant vers midi aux refuges, ils préfèrent reprendre le chemin plutôt que passer l’après-midi à s’ennuyer. Quelle santé !

Le soir tombe et les couleurs changent. La Paglia Orba devient ocre, le spectacle est magnifique, et la température chute rapidement. Nous passons dans la cuisine du refuge. La vaisselle est rare, et les uns doivent attendre que les autres aient terminé pour récupérer verres et assiettes. Le refuge sert des menus mais nous avons prévu le nécessaire, juste agrémenté d’un Patrimonio rouge. Il est 20 h, il fait nuit noire et tout le monde va se coucher dans le dortoir commun. Auparavant, nous admirons la voûte étoilée (l’affrescu stillatu, comme le chante Paul dans Médée). Le ciel est dégagé et le spectacle est somptueux, magique. Des milliers d’étoiles scintillent dans le ciel.

Le sommeil est difficile à trouver après les épreuves et l’excitation de la journée. Et le réveil est matinal, car la plupart des randonneurs poursuivent le GR20, certains vers le nord, certains vers le sud. Nous sommes moins pressés et prenons notre temps pour nous préparer, profitant de la lumière matinale pour photographier les montagnes et les oiseaux. Un chocard pas farouche du tout joue les stars, un petit oiseau également. Nous nous engageons enfin sur le GR20 pour la descente. Il longe d'abord le massif du Tafunatu, décrit une boucle en restant en crête, ce qui ménage une belle vue sur le golfe de Porto. Au loin, on aperçoit dans la brume le Capu Rossu. Puis on oblique vers la gauche dans un pierrier pour descendre 200 m et rejoindre le Golu.

Un arrêt à la « piscine », et je me jette à l’eau. J’étais préparé au choc mais l’eau est encore plus glaciale que prévu. Je fais trois brasses et me hisse hors de l’eau, la peau bleuie par le froid. Heureusement, le soleil me réchauffe rapidement et nous reprenons notre longue descente (« comment ai-je fait pour monter tout ça ? », me dis-je tout en marchant). Nous arrivons enfin à la passerelle puis aux bergeries, retrouvons la forêt de bouleaux. L’arrivée est proche et la fatigue se fait sentir. Un bon repas à Albertacce nous remet d’aplomb et nous retrouvons bientôt la Balagne et Calvi.
Une randonnée inoubliable.

Voir la galerie photo de la randonnée (nouvelle version).

Muvrella et cirque de Trimbulacciu

Après une journée de pluie diluvienne, le beau temps est revenu progressivement le lundi et la météo de ce mardi s’annonce optimale. Nous faisons la route de Calvi à Asco en prenant notre temps, avec quelques arrêts pour admirer les montagnes, puis un arrêt petit-déjeuner au Haut-Asco.
Départ vers 8h45 du parking de Haut Asco, à plus de 1 400 mètres d'altitude. Le départ du sentier est situé juste derrière le refuge. Dès le début, la montée est raide. D’abord en sous-bois, le GR20 s’élève ensuite dans une sorte de couloir rocheux en direction de a Bocca di Stagnu. S’il ne présente aucune difficulté technique, ce sentier est éprouvant pour le souffle. Nous nous arrêtons fréquemment pour admirer le paysage et constater que le parking, en contrebas, ne semble pas beaucoup s’éloigner ! Après près de 3 heures de montée, nous parvenons enfin au col, à l’altitude de 1 985 mètres. Nous sommes ici à la séparation entre la vallée de l'Asco et le secteur de Bonifatu.

Après une longue pause consacrée au déjeuner et aux photos, nous cherchons à apercevoir le lac de la Muvrella. Peine perdue. Nous quittons le GR20 pour emprunter grosso-modo la ligne de crête qui s'élance vers le Nord. A quelques dizaines de mètres du sommet de la Muvrella, le sentier semble se partager en deux. Le côté droit (sud) nous semble plus praticable. Grave erreur ! Après cinq minutes de montée, nous nous trouvons quasiment coincés par la muraille rocheuse. Fatigué, je ne souhaite pas aller plus loin. Ursula parvient à se hisser et à franchir la barre rocheuse. Après de longues minutes d’attente, je l’entends m’appeler. La vue est stupéfiante, je dois absolument monter jusqu'au sommet ! Escaladant tant bien que mal les rochers, je parviens à trouver un passage. Effectivement, cela aurait été dommage de ne pas monter jusqu'au sommet ! La visibilité est excellente, permettant de profiter pleinement du panorama exceptionnel depuis ce sommet : on découvre toute la partie nord-ouest de la Corse. Au premier plan, la barrière impressionnante de la Pisciaghia, plus haute paroi de Bonifatu, et derrière, la pointe de la Revellata, Calvi et sa citadelle… Sur la gauche, la vallée sauvage de Spasimata. Vers le Sud, tout le massif du Cinto, du Verdatu au Tafunatu. Mais le lac d'A Muvrella reste invisible, probablement presque à sec et caché par la végétation...

Une pause bien méritée, et nous redescendons vers a Bocca di Stagnu, croisant un randonneur allemand cherchant son sac, et abordons la longue descente. La désescalade est encore plus éprouvante que la montée, certains passages sont glissants, nous sommes fatigués, et nous parvenons enfin au Haut-Asco à 18h30.

Le lendemain, les courbatures sont là mais nous avons prévu une randonnée relativement courte : le cirque de Trimbulacciu. Le sentier emprunte le chemin d’accès au Cintu, cheminant d’abord en sous-bois. La lumière du petit matin est magnifique, mais troublante pour la balance des blancs automatique des appareils photos ! D’où l’intérêt d’enregistrer en raw plutôt qu'en jpeg. Nous franchissons un torrent de manière un peu acrobatique puis quittons la forêt. Nous parvenons bientôt à de gros cairns marquant une stèle commémorative érigée à la mémoire de deux alpinistes. Peu avant la passerelle qui franchit le torrent de Tighetu, nous laissons à gauche le chemin du Cintu pour rester en rive gauche du torrent. La vue sur le cirque est superbe et nous décidons de nous arrêter là. La randonnée de la veille a laissé des traces. Mais je reviendrai certainement une autre fois pour faire jusqu'au bout cette belle randonnée assez facile.

Les photos de ces deux randonnées sont visibles en suivant les liens ci-dessous.

Muvrella

Trimbulacciu

De Montestremo au refuge de Puscaghja

Ursula et moi étions arrivés tôt à Montestremu, mais, trompés par le panneau du parc et la pancarte "Caprunale", nous nous sommes arrêtés au pont. En fait, le vrai sentier commence plus haut, à l'extrémité du village, juste au-dessus du gîte d'étape "A Funtana".
Après les dernières maisons, le sentier commence en descente, puis remonte. Bientôt apparaît le Capu Tafunatu. La lumière passant à travers le trou nous laisse espérer de magnifiques photos ! Nous marchons dans la forêt de chênes verts et au bout d'une petite heure nous arrivons à proximité des ruines (pas évidentes) du couvent Santa Maria Stella, et traversons la rivière sur de grosses pierres. Après une série de lacets, on finit par rejoindre la piste partant du pont di E Rocce.
On arrive à une première fontaine, toujours sous le couvert des grands chênes verts de la forêt d‘Omita. Le paysage devient plus minéral. Le sentier monte régulièrement. On atteint enfin la deuxième fontaine, squattée par un troupeau de vaches qui font leur transhumance seules. On admire au passage le bel ouvrage routier datant de Napoléon III, les restes de murs de soutènement, et l'on regrette sa dégradation.
Nous aimerions trouver l'endroit idéal pour un arrêt déjeuner. Mais la faim et la fatigue sont trop fortes, nous décidons de faire halte dans un large lacet. Mauvaise idée car, après avoir transpiré dans la montée, nous sommes dans un courant d'air pas très chaud...
Il nous reste environ trois quarts d'heure de montée, avec des vues superbes sur la massif du Tafunatu (dont le trou n'est plus visible depuis longtemps). Nous atteignons enfin le col de Caprunale (1 329 m) près de 5 h après notre départ, après être venus à bout des 19 lacets.
Au col, le paysage change complètement. Le sentier descend au vallon de l‘Onca (ou de la Lonca, c'est selon). Il est bordé de pins laricio tourmentés, forme habituelle quand ils poussent isolés, fichés dans les fissures des rochers. Certains sont brûlés, foudroyés par les orages; l'un d'eux gît à terre après s'être consumé de l'intérieur. Après de nombreux arrêts photo, nous arrivons enfin au refuge de Puscaghja où nous sommes accueillis par Dumè, le sympathique gardien des lieux. Il nous parle de sa montagne et de son projet d'obtenir le classement du sentier, seul moyen selon lui pour qu'il soit enfin remis en état et entretenu après des années d'abandon.
Après une nuit paisible au refuge et un copieux petit déjeuner, nous quittons notre hôte avec regret pour affronter la montée au col par sa face sud. La lumière est magnifique, l'air est doux. Puis c'est la longue, très longue descente vers Mont'estremu où nous retrouvons avec plaisir notre véhicule. Une magnifique randonnée, qui donne envie d'aller plus loin. Peut-être rejoindre le col de Verghju par Guagnerola, ou Evisa par Cuccavera ? Ce sera pour une prochaine fois !

Malheureusement, nous ne reverrons plus Dumè : il s'est éteint le 16 décembre 2013, terrassé par une crise cardiaque...

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C'est Pierre Maestracci qui a repris le flambeau.

La galerie photo de notre rando est visible en cliquant sur ce lien.

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Mission "Tafonu"
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Le projet d’aller jusqu’au Trou du Capu Tafunatu m'occupe déjà depuis quelques années. La première fois que je me suis approchée de l'impressionnant Capu Tafunatu, situé au centre de la Corse, j'ai eu des difficultés à trouver la montée vers la Paglia Orba, la montagne d'à côté, et, après avoir enfin atteint le sommet, je n'avais plus assez de temps pour explorer cet étonnant trou dans le Capu Tafunatu, que l'on voit même depuis le Capu di a Veta au-dessus de Calvi.

Au deuxième essai, des nuages passant dans le trou et gênant complètement la vue m'avaient obligée à rebrousser chemin.

Mais, comme on dit, jamais deux sans trois ! Cette année, j'ai loué une voiture dès mon arrivée à Calvi pour arriver aussi vite que possible au col de Vergio et j'ai passé une belle soirée (et une bonne nuit !) dans le gîte, en compagnie de trois gentils israéliens, que j'ai retrouvés pour ma randonnée du lendemain.
Je suis montée par le GR20 jusqu'à la bifurcation vers le refuge de Puscaghja, et j'ai suivi le sentier jusqu'au col de Guagnerola pour regarder la suite du sentier de l’autre côté en vue d’un prochain circuit.
Puis sous un vent terrible, je suis allée sur la crête vers le refuge de Ciottulu di i Mori. Là, un de nos amis israéliens m'a attendue, et en chemin vers le col des Maures nous avons retrouvé les deux autres. Tous les quatre, nous nous sommes lancés dans l’ascension vers le trou dans la montagne.
Le gardien du refuge nous avait alertés sur le vent très fort qui s'engouffre dans le trou. Pendant la montée, on est protégé par la roche, mais au niveau du trou, le vent était tellement fort que je n'ai pas osé rester debout sous le grand arc de pierre : je suis restée accroupie. J'avais du mal à prendre des photos tellement le vent me faisait bouger les bras. C'est un endroit magique : on est sous des rochers, avec une vue magnifique sur les montagnes jusqu'à la mer où le vent soulevait des vagues blanches. Prudemment, nous sommes retournés par le chemin étroit. Nous nous sommes quittés près du refuge, les trois hommes retournant au col de Vergio.

J'ai passé la nuit - une nuit froide - dans le refuge. Au dîner, j'ai fait la connaissance de deux randonneurs qui ont décidé d'arrêter là leur tour.
Leur voiture étant garée à Corte, le mieux pour eux était de retourner au col de Vergio pour, de là, rejoindre Francardo pour y prendre le train. Ils m'ont demandé si je pourrais les emmener le lendemain matin, et évidemment j'ai accepté. Nous sommes descendus ensemble au col et nous nous sommes mis en route. Malheureusement, nous avons trouvé un bouchon dans la Scala di Santa Regina ; des cars ne parvenaient pas à se croiser et bloquaient la route. Nous avons perdu beaucoup de temps et sommes arrivés très en retard à la gare de Francardo, mais ... en même temps que le train qui lui aussi était en retard ! Un au revoir rapide et mes deux amis ont disparu dans le train.
J'ai continué vers Calvi pour me rendre aux Rencontres de chants polyphoniques où m'attendaient les "amis de la fougère". Je suis arrivée complètement épuisée, mais contente et heureuse d'avoir fait ces expériences de nature et d'amitié.

Ursula Glöckner (texte rédigé en français)


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refuge

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Le lac de Nino
Photos Jean-Claude Casanova (sauf indication contraire) ninu

Toute la semaine, la météo avait annoncé le maintien du beau temps jusqu'au mercredi ; aussi, le lundi soir, sommes-nous partis, Ursula et moi, très confiants. Mais le lendemain matin, une mauvaise surprise nous attendait : avec l'aube la pluie est arrivée, nous offrant un bel arc-en-ciel. Information prise au Castel de Vergio, cela ne devrait pas durer. Mais cela nous rappelle qu'avant toute course en montagne, il est indispensable de consulter la météo.

Un peu avant 8 heures nous voilà donc partis pour la Fontaine Caroline (dite aussi "de Chiaraggio"), située quelques kilomètres en contrebas du Col de Vergio. J'avais préféré cet itinéraire à celui plus court mais a priori plus difficile partant de la Maison forestière de Poppaghja, nous réservant la possibilité de revenir par ce chemin au retour.

Nous prenons le chemin sous les arbres, le long du ruisseau, accompagnés par une petite pluie fine. Nous traversons après 20 minutes de montée une piste carrossable et retrouvons un sentier qui va nous mener au col de St Pierre. Rapidement, nous avons trop chaud : on s'échauffe vite en montant, même si la pente n'est pas bien raide, et le vêtement de pluie fait transpirer. Nous nous arrêtons pour enlever une couche de vêtements, ça va mieux...

La montée se poursuit au milieu des hêtres. On croise le chemin de ronde de Valdo Niello et le GR20 venant du col de Verghio. Derrière nous se profilent dans les nuages les sommets du Tafunatu et de la Paglia Orba. Cette fois, nous sommes sur le GR20, et bientôt nous apercevons le col San Petru et parvenons au petit oratoire. Nous sommes partis depuis 2 h (oui, nous n'allons pas très vite !). Du col, la vue sur le Capo Tafonato et sur la pyramide de la Paglia Orba est très belle. Un peu plus loin, quelques hêtres aux formes tourmentées par le vent, et plus bas la forêt de Valdu Niellu et le Niolu.

Après le col, le sentier oblique vers la gauche, toujours en montée, à flanc du Tritore (1 790 m). On rencontre quelques chevaux sauvages, et aussi pas mal de randonneurs. On n'ose imaginer ce sentier en plein mois d'août !

C'est le moment de faire un petit arrêt casse-croûte, d'autant que la pluie s'est arrêtée. Nous reprenons la montée pour arriver à un petit col qui nous fait passer sur l'autre versant, dans la Serra di San Tumasghju. Plus loin sur la gauche, le monte Tozzu. Au loin, vers le sud-ouest, on aperçoit le golfe de Sagone sous un ciel assez dégagé.

Mais ici la pluie reprend de plus belle, plus forte que précédemment ; nous devons ranger le matériel photo et mettre en place la protection des sacs à dos...

Il est 12h30 quand nous atteignons enfin a Bocca à a Reta, à 1 883 m d'altitude, marquée par une croix et un énorme tas de pierres.

On surplombe bientôt notre objectif : le lac de Nino et ses pozzines. Une descente en lacets à travers des aulnes mène au lac. La pluie se calme enfin et nous en profitons pour nous restaurer.

Il tombe encore quelques gouttes quand nous foulons les pozzines pour arriver au lac, accueillis par des vaches en liberté et, plus loin, par des chevaux. Nous entamons lentement et avec précaution le tour du lac, le deuxième de Corse en superficie (6 ha). C'est un formidable exemple de lac glaciaire situé sur un large plateau parsemé de pozzines.

Le Tavignanu naît ici, nous le traversons pour regagner l'autre rive. La lumière très particulière de cette journée sans soleil ajoute encore au côté si particulier de ce lieu. Nous passons près des chevaux pour monter à la fontaine.

Il est plus de 14 h, nous renonçons à l'idée de revenir par a bocca â Stazzona, et entamons la remontée vers bocca à a Reta, sous un ciel plus dégagé qu'à l'aller. Puis c'est le sentier caillouteux de la Serra di San Tumasgiu, avec le golfe de Sagone dans le lointain.

On passe en versant nord, en surplomb de la forêt de Valdu Niellu. Petit à petit le sentier se rapproche de la crête, puis commence à descendre jusqu'à a bocca San Petru. Les pieds se font douloureux.

Le sentier quitte ce col pelé en plongeant brutalement vers l'est, en lacets assez larges. On retrouve bientôt l'embranchement avec le chemin de ronde du Valdo Niello et notre sentier qui nous ramène enfin à la fontaine.

Il est 18 h, c'est avec un grand plaisir que nous retrouvons la voiture !

Découvrez le "récit photographique" de cette randonnée dans la galerie photo.

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La Corse de l’est au nord

11 septembre

Après un bon vol et quelques problèmes pour recevoir la voiture louée à l’aéroport de Bastia (la file d’attente était infinie),  quelques difficultés pour trouver un supermarché encore ouvert le samedi soir et enfin pour trouver l’hôtel dans l’obscurité à Moriani Plage (tout s’est bien passé), j’ai commencé l’aventure des randonnées en Corse  après un petit conflit de priorité avec une vache équipée d‘impressionnantes cornes qui s’était placée au milieu d’un petit pont et m’a interdit le passage, au Pont de l‘Enfer (bon début !) pas loin de Poggio-Mezzana pour aller au village abandonné de Fiuminale.

Bien que je sois souvent venue en Corse, je n’avais jamais entendu parler de cet endroit avant que mon fils me donne un petit livre, écrit par un jeune homme (copain d’études) impressionné après être passé là pendant une randonnée. Animée par ce livre je suis montée par le très joli sentier qui  longe le ruisseau au-dessous des magnifiques chataîgniers qui ont donné le nom à cette région.

J’étais seule ce matin dans la vallée ; c’est seulement quand j’ai atteint les  premières maisons après une heure de marche que j’ai rencontré quelques personnes qui ont passé la nuit là. Quelques maisons sont en rénovation et surtout la petite église est en bon état, restaurée "en douceur"  sans détruire l’atmosphère de ce lieu.
Je me suis assise sur un banc et je me suis imaginée comment les habitants ont vécu ici, ont travaillé, ont sûrement passé des hivers très durs…. mais ont sûrement passé aussi de très beaux moments comme moi ce jour là.

Pour zoomer/dézoomer, cliquer sur la photo
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Je suis montée encore plus haut jusqu‘à  la fontaine de San Fabiano où plus tôt peut-être des bergers se sont reposés. Sur le chemin du retour j’ai pris beaucoup plaisir de la belle lumière, des rochers, des reflets dans l’eau, de toute la nature de cet endroit.

On entend l’eau, on entend les oiseaux,   
et derrière chaque rocher on s‘attend à voir une nymphe se baigner….  

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12 septembre

J’ai passé une nuit calme à Piedicroce dans l’hôtel "Le Refuge d’Orezza" (à conseiller) et le matin je suis partie vers le Col de Prato pour monter au Monte San Petrone. En chemin j’ai regardé les ruines du Couvent d’Orezza. Dommage qu’on ne fasse rien pour le sauvegarder et ne pas laisser les murs s’écrouler complètement... Et j’ai rencontré la soeur de la vache d‘hier  !
Du col, j’ai pris le sentier agréable vers le San Petrone et le midi , après 3h de montée, j’ai atteint les deux croix du sommet. Malheureusement, on n’avait pas une bonne vue (trop brumeux), mais le beau temps avait attiré quelques gens dans les montagnes.
Sur le chemin du retour, suivant les conseils de Paul, j’ai cherché la ruine de la chapelle San Petruculu d’Accia que j’ai vraiment trouvée, quoique le sentier n’était pas balisé ; elle était dans un meilleur état qu‘attendu. Un très joli endroit tranquille que j’ai beaucoup aimé.

Après le retour au col j’ai pris la route en direction de Morosaglia qui était pleine de virages comme tous les chemins de Castagniccia. Des virages, rien que des virages, et après chaque virage une belle vue des montagnes et des  petits villages collés sur les pentes.

Tard l’après-midi je suis arrivée à Corte, prête pour la prochaine aventure.

 
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Couvent d'Orezza - La vache ! - San Petrone
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San Petruculu d'Accia - La citadelle de Corte

13 septembre

Et ce fut une aventure. A 8h30 j'ai garé la voiture dans la vallée de Restonica a un emplacement (heureusement libre) près du pont de Timozzo pour monter au lac de l'Oriente où j'étais déjà passée il y a longtemps en revenant du Monte Rotondo. Pour ces 1000 m de dénivelé il était annoncé une montée de 3 heures qui a duré et duré ! Un sentier pas difficile mais fatiguant qui a commencé dans une forêt et plus tard a libéré une belle vue sur les montagnes.

J'ai rencontré un long serpent qui était effrayé comme moi et quelques vaches. La bergerie de Timozzo, je l'ai vue de loin pendant la montée en plaçant un pas après l'autre. Derrière chaque terrasse des rochers de granit j'ai espéré voir enfin le lac, mais rien. Je commençais à avoir des doutes : y avait-il vraiment un lac (parfois ils ne sont pas là où on les attend). Le temps est devenu de plus en plus nuageux, le sommet du Ritondu ( le nom corse du Rotondo) était dans les nuages quand j'ai enfin atteint le lac. Excepté un couple qui est arrivé un peu plus tard, je n'avais vu personne ce matin. Et soudain le soleil s'est montré ! Le lac a changé sa couleur de gris en bleu, c'était magnifique !

J'ai fait un pique-nique sur un grand rocher en haut du lac et j'ai pris beaucoup de photos. Après un petit repos j'ai fait une promenade autour du lac et j'ai regardé les pozzines. Un peu plus tard le soleil s'est couvert de nouveau, les nuages sont arrivés et il a fait assez froid (frais ? ;-). Pendant la descente j'ai entendu de temps en temps le tonnerre derrière moi mais le temps est resté sec. Je suis allée prudemment pour ne pas tomber et quand j'avais fait environ la moitié de la descente, j'ai rencontré un homme qui montait, sans sac à dos, sans même une bouteille d'eau. Un bonjour rapide et il avait disparu. J'ai continué mon chemin et j'ai atteint la voiture à 16h30. Pendant que je me reposais un peu avant de reprendre la route, l'homme qui montait en courant est passé. Je lui ai dit : "Déjà de retour ?" et il a répondu "Je suis seulement allé jusqu'au lac". Seulement! Cela sonnait comme une excuse. Peut-être que normalement il monte au Monte Ritondu l'après-midi. Pour moi c'était assez. Une randonnée de 8 heures, avec une heure d'arrêt au lac, cela suffit !

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14 septembre

J’ai quitté Corte le matin vers le nord. A 9h j’ai commencé une randonnée à Pedanu près de Pietralba pour chercher un sentier à la croix du Cima de Pinzali que je n’avais pas trouvée l’année passée. Cette fois j’ai eu du succès et j’ai atteint la croix avec son poème "A croce di Cirnu" au-dessous. Du sommet on a une très belle vue mais il a fait très chaud, aucune ombre, et le midi heureusement j’étais retournée de retour au village.

Mon objectif suivant était la maison forestière de Tartagine pour y passer la nuit. J’y étais passée en vélo il y a quelques années quand on a installé un gîte d’etape dans la vieille maison. Une occasion de passer une nuit dans un endroit extraordinaire. J’ai pris la route par Belgodere, Speloncato et Bocca di a Battaglia. La route qui va dans la vallée de Tartagine est dans un très mauvais état mais des travaux de restauration ont commencé. L’année prochaine, dit le très gentil jeune gardien, elle sera mieux.
Avant le dîner (qui sera très bon) j’ai encore fait une promenade sur un joli sentier vers Olmi Cappella et je suis retournée à temps avant la pluie. On verra pour le Monte Tolu demain.    

 
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15 septembre

Le matin le soleil était revenu, alors on avait des bonnes conditions pour la montée au Monte Tolu et une belle vue après la pluie comme cadeau additionnel. J’ai passé une nuit tranquille dans ce nouveau gîte d’étape bien à conseiller. Après le retour à la Bocca di a Battaglia c’était un grand plaisir de marcher vers le sommet, à voir à gauche les nuages se lever des montagnes et à droite la côte ensoleillée. Tout le panorama ! Après deux heures de marche  j’ai atteint le sommet et étais un peu choquée à la vue de la croix de cette jolie montagne :  deux petites branches fixées avec du Tesa-film. Elle aurait mérité une plus jolie croix, peut-être celle qu’on a installé à Bocca di Croce d’Ora qu’on ne voit presque pas à cet endroit. J’ai rencontré au sommet un jeune couple d‘autrichiens qui font leur premier voyage en Corse et ont encore tellement des belles choses à découvrir. Ils m’ont demandé quels endroits j’aime le mieux en Corse après avoir fait tant de visites. Quelle question !

Après avoir retrouvé la voiture et une petite visite à Speloncato, je suis allée à Calvi pour rencontrer des amis et assister aux Rencontres de chants polyphoniques. Une autre aventure m’attend, cette fois musicale.   

Ursula Glöckner
  

 
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Découvrir la Corse en vélo

La Corse - un rêve pour faire des randonnées. Mais en vélo ? Même pour les mountain-bikers bien entraînés, les sentiers dans les montagnes sont presque impraticables sauf à devoir porter le vélo sur les épaules. Et, sur le littoral, il faut partager la route avec des colonnes de véhicules.
Mais il existe une autre possibilité: choisir des régions de l’île pas trop fréquentées, aller sur les petits routes entre les villages de montagne où l‘on fera de magnifiques découvertes.

Une semaine en Castagniccia

Une région idéale pour faire des randonnées en vélo si l’on aime les routes sans trafic et les sentiers tranquilles. Une région presque déserte où l‘on a même du mal à acheter du pain sans devoir utiliser la voiture, une région sans supermarchés mais pleine de petits trésors. On n‘y trouve pas de hautes montagnes ni de grandes aventures, mais des découvertes inattendues, des habitants très gentils et toujours prêts à proposer leur aide, de magnifiques forêts de châtaigniers qui donnent de l’ombre, des fontaines pour se rafraîchir et prendre de l’eau.
Notre point de départ était Stazzona, où nous avions loué un appartement, et nous avons fait des tours vers les villages à proximité: Piedicroce, Carcheto, Campodonico, Morosaglia, La Porta, Verdèse...

Les tours en vélo:
1. Stazzona, Piedicroce, Pie d’Orezza, Carcheto-Brustico, Carpineto, Source Minerales d’Orezza, Stazzona, 24 km, dénivelé (positif) : 455m
2. Stazzona à La Porta, 36 km, dénivelé 690 m
3. Stazzona à Campodonico, puis randonnée au Bocca à Prato, dénivelé (in summa) 900 m
4. Stazzona, Verdese, Nocario, Campana, Piedicroce, Stazzona, 34 km, dénivelé 700 m
5. Stazzona à Morosaglia, 34 km, dénivelé 750 m

Les plus beaux moments:
Trouver la cascade de Carcheto et les autres endroits qu’on peut voir dans la vidéo du chant « Corsica » de Patrick Fiori et Patrick Bruel. Et le très bon dîner au restaurant « Armand » à Carcheto-Brustico avec la belle vue sur la vallée d’Orezza.
La randonnée à la Bocca a Prato (1 296m), avec la vue sur les montagnes du centre de l’île (avec la Paglia Orba bien reconnaissable) et la belle vue du Monte San Petrone (où je suis montée l’année passée).
Et la randonnée de la Parata à la chapelle San Bartolomeo/Bertoli, où on trouve une bergerie et où l’on a une belle vue jusqu’à la mer et sur quelques maisons du hameau de Fiuminale.
Les petits villages et leurs églises (comme celle de La Porta) et chapelles (malheureusement souvent en mauvais état), les vieilles maisons qui ont vu tant de destins de leurs habitants, des pierres qui parlent d’un passé parfois mieux mais dur, assemblées pour former murs et toits et qui un jour retombent dans leur état initial.

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Cascade de Carcheto 
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Fontaine de Stazzona - Route de Castagniccia
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Eglise de Parata 
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La Porta - Belle vue 
Une semaine dans le Sartenais

La belle ville de Sartène donne par ses maisons très hautes et ses rues étroites une impression rébarbative et un peu austère. Pour les tours aux alentours, il faut être prêt à passer de nombreux cols et apprendre que tous les villages appelés "Foce" (qu’on trouve souvent en Corse) se trouvent toujours en haut. C‘est très beau de faire un tour de Sartène à Campomoro en passant par les villages de Bilia et Grossa mais il faut monter 1000 m de dénivelé. Mais pour le retour on peut choisir l‘itinéraire direct par la D21 et profiter de la longue descente.
Egalement à conseiller, un tour au très beau site du village de Ste Lucie de Tallano et au joli hameau de Mola, où restent très peu d’habitants.
Et évidemment, on a la possibilité de faire de belles randonnées: le sentier littoral de Tizzano au phare de Senetosa ou visiter les sites préhistoriques : les alignements de menhirs à Cauria et Pagliaju. Et on peut faire des balades sur les sentiers entre les villages ou aux collines (très beau: le sentier de Giuncheto) qui donnent une belle vue sur la mer ou/et sur les montagnes. Souvent les dents de Bavella saluent de loin.

Les tours en vélo:
1. Sartène, Bilia, Foce di Bilia, Grossa, Belvédere, Campomoro, Grossa, Sartène, 62 km, dénivelé 1050 m
2. Sartène, Granace, Olmiccia, Ste-Lucie-de-Tallano, Macchia, Spin’a Cavallu (pont génois), A Castagna, Sartène, 41 km, dénivelé 805 m
3. Sartène à Mola, 26 km, dénivelé 620 m
4. Sartène, Foce, Bilzese, 28 km, dénivelé 660 m

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Sartène - Ste Lucie de Tallano
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Spin’a Cavallu - Tour de Campomoro
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Alignement de Palaghju - Mola 
Une semaine dans la région de Vico (Deux Sevi)

Ceux qui ont toujours rêvé d’aller un jour sur la D1 ont ici la possibilité de le faire. Vico est un point de départ idéal pour faire des tours en vélo. On découvre de jolis villages comme Letia, Arbori ou Balogna (avec des peintures artistiques bombées sur quelques murs) où l’on ne serait jamais passé parce-que c’est la fin de la route.

Les tours en vélo:

1. Vico, Murzo, Muna, 27 km, dénivelé 630 m
2. Vico à Arbori, Parapoghiu, 21 km, dénivelé 290 m
3. Vico à Balogna, 12 km, dénivelé 120 m
4. Vico à Letia, 25 km, dénivelé 500 m

De Vico il faut évidemment aller à Soccia et faire la randonnée au lac de Creno, un des „quatre grands“ de la Corse (avec Melo, Capitello et Nino) qui malheureusement se présente cette année avec peu d’eau. Les pozzines sont à sec et il faut espérer que l’hiver les remplira...

Mais l’évènement le plus fort c’était d’aller en vélo au village (presque) abandonné de Muna, une route étroite qui traverse des forêts, puis longe des rochers, passe plus tard par les gorges du Liamone à la Bocca a Verghju, tout en offrant une belle vue dans la vallée et aux montagnes, et atteint enfin le hameau de Muna. Il faut faire bien attention à ne pas rater l’entrée par l’escalier qui monte en haut du village et serpente entre les maisons ; quelques-unes sont tombées en ruine mais la plupart, comme l’église, se trouvent dans un meilleur état qu’attendu. La vie est revenue dans les maisons, utilisées comme hébergements de vacances.

Une autre possibilité pour visiter ce bel endroit est d’aller à pied depuis le pont de Belfiori (entre Vico et Murzo) en longeant le Liamone, utilisant l’ancien sentier, la vieille route de Muna et monter à la Bocca a Verghju où l’on rejoint la route. Quel bel endroit, quelle belle vue ! D’un côté, on voit Vico, de l’autre côté quelques maisons de Muna (où l’on peut aller en continuant le sentier) et en bas le Liamone. Le rêve !

Et pour finir un mot sur Vico, un village vivant qui présente tout ce dont on a besoin : petits magasins, restaurant, fontaine, endroits pour se rencontrer et un trafic chaotique mais tout se passe sans conflit. Les rues des petits villages sont trop étroites pour les voitures, surtout les camions et autobus, et il faut communiquer, attendre que l’autre passe. Quelle différence avec la circulation en Allemagne, où chacun veut passer en premier...

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Vico - Arbori
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Route de Muna - Eglise de Muna 
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Lac de Crena - Balogna 

Nous avons exploré trois très belles régions de la Corse qui vont bien pour les cyclistes pas si entrainés.
Que raterait-on si on ne les visitait pas ? De très belles vues, une paysage incroyablement beau, des rencontres avec des habitants, avec d’autres randonneurs et cyclistes... et des Belges qui crient « bravo ! » depuis leur voiture en dépassant un cycliste montant vers le col...

Et pour le final des vacances, les Rencontres de Calvi qui se déroulent chaque année en septembre. Mais c'est une autre histoire, à lire sur L’Invitu.

Ursula Glöckner (octobre 2017)

“Aller guten Dinge sind drei”(*) (Jamais deux sans trois)

J’ai arrêté de compter combien de fois je suis allée en Corse, parfois seule, parfois avec mon mari. Chaque fois c’est un grand bonheur de revoir cette Île de rêve et surtout ses montagnes.
Cette anné́e nous étions bien installés dans un bel appartement de vacances à Venaco, près de Corte. J’avais prévu quelques randonnées au centre de l’île où j’avais déjà passé quelques jours (à Vivario) deux ans avant.
J’avais surtout deux sommets sur la liste : le Monte d’Oro et le Monte Renoso (2 352m). Sur celui-ci, la plus facile des hautes montagnes en Corse (dénivelé́ de moins de 700 m à partir de la Station de ski de Capanelle), j’avais fait une belle randonnée il y a deux ans ; temps magnifique encore au lac de Bastiani, mais avant d’atteindre le sommet des nuages sont arrivés et on avait du mal à voir la croix. Rien de la belle vue annoncée sur toutes les descriptions de ce tour. Alors il faut recommencer.
Cette fois tout s'est bien passé́, pas de nuages, assez brumeux, mais il ne faut pas demander trop. Le sentier du lac de Bastiani est facile (mais en Corse même un sentier facile demande de l’attention). Malheureusement les pozzines qui étaient là avant sur le pré ont sé́ché... Sur un plateau encore plus haut, joli point de vue sur le lac situé dans un creux devant la montagne. À droite du lac on continue la montée vers le sommet que l’on atteint après avoir passé un plateau pierreux qui fait penser à la surface de la lune. Pas de belle vue des montagnes ce jour-là mais je peux reconnaître la Paglia Orba, le Monte Cinto, le Monte d’Oro.

Photos : Ursula Glöckner - Cliquer/décliquer pour agrandir/réduire les photos
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Le lac de Bastiani, le Renoso et le sentier vers le sommet
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Le sommet du Renoso
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Le sommet du Renoso

Le lendemain nous avons choisi la "Boucle de la Chapelle Santo Eliseo" (dénivelé : 900 m) qui commence à Santo-Pietro-di-Venaco. Un très joli sentier avec de belles vues sur les villages en bas; on passe à côté de quelques bergeries (à la Bergerie de Bicciaghju en été on peut faire un arrêt), et au pied du Monte Cardo on trouve plus tard dans un très beau site la Chapelle Santo Eliseo qui est chaque année, le 29 août, la destination d’un pélerinage. Sur les traces des pèlerins, nous sommes descendus à Santo-Pietro-di-Venaco en longeant quelques vestiges du passé pastoral (une aire de battage, une cave à fromage, une bergerie ruinée). Pendant la descente nous avons entendu des bruits depuis la vallée qui nous ont fait penser à des travaux en forêt, mais quand il s’est répété depuis la vallée d’en face, nous avons compris que c’étaient des cerfs ! Un peu plus bas nous avons trouvé un panneau d'explication sur le cerf corso-sarde. Mais malheureusement nous n’avons même pas vu le bout du nez d’un de ces cerfs bruyants.

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Santo-Pietro-di-Venaco et Santo Eliseo
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Bergerie de Bicciaghju, Santo Eliseo
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Chapelle Santo Eliseo
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Le cerf corso-sarde

Pas de sommet mais jour de repos dans la vallée du Manganello. Très belle randonnée à partir de Canaglia (en passant la cascade de Meli) au-dessous des arbres à la Bergerie de Tolla (durée pour y aller environ 1,5h) où l'on peut boire de la Pietra et acheter du bon fromage. Sur le chemin, de beaux endroits pour se baigner dans le ruisseau de Manganello.

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Et puis vient le jour de s’approcher du sommet du Monte d’Oro (2 389m). On pourrait faire une boucle pour y aller mais je n’ai pas la condition physique suffisante pour une montée de 1 500 m et pour les 10-12h de marche dont j’aurais besoin. J’ai donc décidé de m’approcher le plus près possible du sommet.
J’avais déjà fait deux essais : une fois depuis le Col de Vizzavona, j’ai longé les Cascades des Anglais (GR 20), passé la passerelle de Tortetto et suis montée jusqu’à quelques murs (les restes d’une bergerie ?) avant de commencer le chemin du retour. Prendre beaucoup des photos des belles cascades m’a pris trop de temps et il était trop tard pour aller plus haut.
L’autre fois, j’ai essayé de l’autre côté sur un sentier (aussi très beau) depuis Vizzavona et je suis montée au-delà d’une prairie herbeuse en terrasse derrière le couloir “La Scala” d’où on a une belle vue sur les montagnes de l’autre côté.
Alors, cette fois nous avons encore choisi ce sentier, également parce que j’avais cru avoir raté les Bergeries de Pozzatelli annoncées sur les poteaux indicateurs. Nous sommes partis tôt, mais pas assez, car un orage était annoncé pour l’après-midi. Près de la source au-dessous de “la Scala”, deux randonneurs français très gentils qui revenaient du sommet nous ont déconseillé d’aller plus haut. Pendant la conversation ils nous ont montré une photo qu’ils ont pris de la croix au sommet, ce qui m’a donné un peu le sentiment que j’y étais allée moi aussi. Et je les ai interrogés sur la bergerie, mais ils m’ont assuré qu’ils n’avaient pas vu de bergerie sur le chemin, même pas en ruine. Bon, nous avons suivi leur conseil et avons commencé la descente, mais nous n’avons pas été assez rapides : l’orage nous a trempés quelques minutes avant d’atteindre la voiture. En allemand on dit “Aller guten Dinge sind drei”, mais pour une montagne corse, peut-être faut-il faire quatre essais....

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A g.,Vizzavona
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Au centre : La Scala - à droite : Le plateau herbeux

Le Monte Tolu (1 332 m) que nous avons visité sur le chemin de Calvi (où̀ nous avons passé la deuxième partie de notre séjour) est une montagne plus accessible : moins de 300 m à monter. Il est vrai que pour lui aussi nous avions déjà fait deux essais (1ère fois : pas trouvé le sentier, 2e fois : sommet complètement dans le brouillard) mais j’y étais déjà avant et aussi cette fois il s’est montré de son beau côté. Quelques nuages, mais une assez belle vue sur Speloncato et les autres villages et montagnes autour.

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Bocca di Croce d'Olu - Speloncato
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Monte Tolu

Une montagne au nord que nous n’avions jamais visitée avant, c’est le Capu Tondu (839 m) près de Galéria. Sur le guide Rother il est écrit : « 800m de dénivelé, montée moins de 2h, descente 1 1/2h, total 3 1/2h, randonnée assez facile ». Bon, ça semble bien réalisable. Finalement, chercher le début du sentier nous a pris beaucoup de temps (heureusement une femme à qui nous avons demandé nous a donné une bonne indication) et aussi, trouver les cairns n’était pas aussi facile qu’attendu. Quand on voit deux pierres l’une sur l’autre, difficile de juger si c’est la bonne direction ou si c’est fait par une vache ! Conséquence : j’ai perdu mon mari (qui est plus rapide que moi), parce que j’ai suivi un sentier des vaches, et plus tard, j’ai vu depuis une colline le sentier en contrebas ... mais pas mon mari. Je m'interroge : « il m’attend, il retourne pour me chercher ou bien il est déjà passé et m’attend au sommet ? » Pas de réponse à mes appels, pas de connexion au mobile... J’ai décidé qu’atteindre le sommet était la priorité, et heureusement il a pensé la même chose. Nous nous sommes retrouvés plus tard sains et saufs au pied du sommet, et nous avons gravi ensemble les derniers mètres.
Du sommet, jolie vue sur la côte (littoral) et les montagnes. Mais mon sommet préféré, la Paglia Orba, s’est caché derrière un nuage bien que nous ayons attendu assez longtemps, il ne s’est pas montré. Alors nous sommes redescendus, cette fois sans problèmes, et retour à Galeria après une randonnée de 6h.

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Galeria
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Le sommet du Capu Tondu
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Sur proposition de Jean-Claude, nous avons prévu une randonnée au “Petit Monte Cintu” (801 m) au sud de Calvi, parce que le grand frère surpasse nos capacités. Mon mari et moi y étions il y a longtemps, mais je n’aurais pas envie de faire encore une fois cette ascension fatigante. Alors, OK pour un sommet moins haut qui convient mieux aux gens d’un âge avancé. Il est dit que le sentier du Petit Cintu, pas encore très connu dans le milieu des randonneurs, commence à la Bocca di Marsulinu et nous avons eu du mal à le trouver dans le maquis. Un sentier qui semblait prometteur au début, dans la bonne direction, s’est interrompu après quelque temps au milieu de marquis. Alors nous avons cherché un passage vers le sommet à travers les plantes qui piquent le moins. C’était fatigant et cela nous a pris beaucoup de temps. Mais heureusement, pendant la montée, on a pu voir derrière nous pour quelque temps la belle silhouette de la Paglia Orba. Quand nous avons enfin atteint une hauteur pas loin du sommet qui nous a permis une assez belle vue sur le littoral de l‘autre côté, des nuages de plus en plus noirs sont arrivés, annonciateurs d’un orage. Il était temps de commencer le retour... maintenant passablement bien guidés par des cairns bien visibles pour nous montrer le bon sentier, qui évidemment n’était pas là où nous l’avions cherché.
Bien, il nous reste un deuxième essai pour atteindre le sommet, espérons sur ce chemin l’année prochaine...

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La vallée du Marsulinu - Au loin, la baie de Calvi - Recherche d'un sentier
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Alors encore un "au revoir la Corse !"

Rédigé (en français) par Ursula Glöckner (novembre 2020)

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(*) La phrase exacte est : "Das rechte Maß aller guten Dinge ist drei" (Littéralement : "La juste mesure de toutes les bonnes choses est trois", l'équivalent allemand du dicton "Jamais deux sans trois".

Par les petits villages de montagne

Aller en vacances, pour moi cela signifie voir des régions que je ne connais pas. Faire des excursions, à pied, en vélo, vivre des aventures. Comment faire cela mieux qu'en Corse, cette île tant aimée, aux endroits peu touristiques, avec ses montagnes, ses collines, ses petits villages malheureusement parfois très peu peuplés.
Les villages et les vieilles maisons racontent beaucoup d'histoires. Leurs habitants m'ont toujours attirés, peut-être parce-que je viens de la campagne ; ils me donnent un sentiment d'être chez moi.
Après une semaine passée à visiter la Drôme Provençale, évidemment dans un très joli village perché près des rochers : "La Roche sur le Buis", me voilà de nouveau en Corse.
Il y a quelques années, nous avions déjà passé une semaine en Corse, en Castagniccia à Stazzona (pas loin de la source d'Orezza). Mais cette fois, j'ai trouvé une maison de vacances dans le hameau de Rebbia à Sant‘ Andrea di Boziu.
La loueuse, Felitia Poli, nous a chaleureusement accueillie dans la maison de ses grands-parents, construite en 1800. J'avais déjà loué quelques maisons en Corse, mais cette maison m'a profondément impressionnée. Une maison très ancienne, rénovée avec l‘amour du détail. Des meubles antiques, des coffres utiles aux artisans et aux agriculteurs, des livres qui décrivent la vie des ancêtres. On se sent comme dans un musée. Par contre, la cuisine est moderne, bien équipée, on y trouve tout ce dont on pourrait avoir besoin. (il y a même une cuisinière à induction)

Pour voir des photos de la maison ou faire une réservation:
https://www.abritel.fr/location-vacances/p1745377?adultsCount=2&noDates=true&uni_id=1920834

A proximité, nous avons visité l'église Sant’ Andrea (construite en 1721) avec un campanile impressionnant de 38m de haut. La pluie est tombée et une très belle vue s’offrait à nous : on a pu voir les montagnes et les villages des alentours, même Corte était beau à voir.
La Castagniccia est une région idéale pour faire des tours en vélo. Des montées pas trop raides, de belles et longues descentes, très peu de trafic. Il était fréquent que pendant un tour de 5-6h, nous ne rencontrions qu’une dizaine de voitures, mais sur la route, on doit bien se concentrer, car les yeux sont attirés par de magnifiques paysages, des collines et des montagnes qui s'empilent l'une derrière l'autre, entrecoupées par de jolis villages, chacun dominé par le campanile d'une église. On trouve des petites routes qui présentent une vue d’une beauté incroyable et je ressens de la pitié pour ces gens pour qui faire du vélo en Corse signifie rouler sur la route du littoral, où on y sent les gaz d'échappement et non l'odeur du maquis. Après chaque virage, on a d'envie de s’arrêter, de regarder et de prendre des photos. On se trouve au milieu de la nature, le parfum des plantes vous pénètre, on est fasciné par d‘innombrables nuances de verts et de bruns qui pigmentent la végétation.
Ici, de nouveau des châtaigniers impressionnants façonnent le paysage. Malheureusement, ces arbres sont menacés par un insecte ravageur, le cynips du châtaignier (dryocosmus kuriphilus), une micro-guêpe originaire de Chine, arrivée avec des plantes importées. Souvent dans le paysage on ne voit que des squelettes d’arbres immenses, détruits aussi par le manque d'eau et parfois par des feux. Dans le temps, les châtaignes avaient beaucoup d’importance. Nourriture riche et solide pour les habitants, aujourd'hui encore, elles sont utilisées pour réaliser de nombreuses recettes corses. Le gâteau à la farine de châtaignes est délicieux.

Pour les balades en Castagniccia, il ne faut pas s‘attendre à trouver une boulangerie ou un café. Il vaut mieux se préparer un bon casse-croûte. Parfois, on croise un petit bar. Rares sont les restaurants ouverts. Heureusement, des commerçants ambulants passent presque tous les jours dans les villages. Si on a la chance de connaître l‘heure de leurs passages, on peut acheter, selon les marchands, des légumes, de la viande, du pain et des gourmandises. Il y a de quoi se régaler. La seule chose pour laquelle il ne faut pas se faire de souci, c'est l'eau. Dans les villages, on trouve toujours des fontaines pour remplir sa bouteille d’eau bien fraîche. Le soir, si on a de la chance, un verre de bon vin corse vous attend.

Nos tours en vélo :

Très beau tour avec belle vue sur la mer:
Rebbia – Campidondicu– Col de Fuata (vers Zuani) – Pianellu/Poggio – San Pancraziu – Castelluccu – Mazzola – Rebbia
26 km, 720 m dénivelé (à monter)

Magnifique vue aux hautes montagnes:
Rebbia – Mazzola – Bustanicu – Sermanu – San Martino – Santa-Lucia-di-Mercurio (retour par la même route)
37 km, 600 m dénivelé

Belle vue aux montagnes et à Corte:
Rebbia – Arbitru – Erbajolu – Pinellu – Arbitru – Rebbia
30 km, 655 m dénivelé

Belle vue et passage aux villages :
Rebbia – Mazzola – Bustanicu – Sermanu– Féo – Pinello – Arbitu - Rebbia
30 km, 610 m dénivelé

Parfois on croise le sentier nord "Mare à Mare“. Celui-ci est beaucoup moins fréquenté que le très connu GR20. Lui aussi est très beau, et moins fatiguant que son grand-frère. Nous l’avons fait partiellement, en 1997. A certains endroits, j'ai bien reconnu des lieux de notre dernier passage. Surtout un gîte d'étape, qui aujourd’hui, est fermé. Nous y avions passé une nuit.
Dans cette région, par les sentiers du Boziu, de Pianellu, de Bustanicu et d‘Erbajolu, on trouve des boucles bien balisées.
Comme randonnée, ce jour-là, nous avons choisi le "Sentier patrimonial d'Erbajolu", distance 5,3 km, dénivelé 260m, durée 2-3h. Départ sur la place de l'église, marquage/balisage en orange.
On descend à la Chapelle Saint-Martin (datant du XIe siècle) qui est malheureusement dans un très mauvais état. Le toit est perméable, il aurait besoin d’être remis en état. Pas besoin de clé pour ouvrir la porte. Elle est fermée par une pièce de bois. Le campanile n'a plus de cloche. Sur le guide de "Visorando“ (trouvé dans "notre“ maison), il est écrit : "La légende raconte que pendant les invasions barbaresques du Moyen âge, les villageois ont caché leur magnifique cloche en bronze pour qu’elle ne soit pas volée. Les années passèrent et jamais plus on ne la retrouva. Bien sûr, aujourd'hui, plus personne ne sait où elle se trouve...“
Une information encore intéressante, donnée par le guide, sur les tombeaux qui entourent la chapelle : “on peut, en cherchant , découvrir d'anciennes tombes. Elles sont toutes délimitées par deux pierres, une petite et une plus grande, qui sortent du sol. La grande est plantée au niveau de la tête, la petite quant à elle, se situe au niveau des pieds. On peut en conclure, après avoir étudié ces différentes tombes, que les habitants de cette région n'étaient pas très grands.“

Plus en bas du sentier, on trouve le village abandonné de Casella qui ressemble un peu à Occi, près de Lumio. On voit des ruines d'une dizaine de maisons. L'église est dans un assez bon état. On peut y sonner sa petite cloche. Le village a été détruit par un feu en 1945. Seule l'église a été épargnée par l'incendie.
En descendant, nous passons devant les restes de deux villages abandonnés : - Poghiu et Cherbinaghjola. Plus tard, le sentier monte et dévoile une belle vue sur les montagnes et sur quelques villages. Et c’est le retour vers l'église d'Erbajolu. Ce beau sentier nous a donné des informations sur le passé et a été le point final de notre beau séjour au Castagniccia.
(Merci beaucoup à Felitia pour la correction)

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Rebbia
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Pianello - Vue sur Arbitro - Vue sur Corte
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Santa Lucia di Mercurio - St Martin
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Bustanico - Castelluccio
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À gauche : Ancien Gîte d'étape - Au centre et à droite : Sermanu

 

Notre destination suivante : le Niolu, où nous avons déjà séjourné, quelques années auparavant, à Pietra-Zitambuli (toujours dans une vieille maison). Cette année, comme nous n’avons jamais habité dans une maison en bois en Corse, j'ai décidé de louer un chalet à Lozzi (près de Calacuccia), situé à 1020m, le plus haut village de la Corse.  
La maison est bien située avec une belle vue sur le Cintu, les montagnes voisines et le lac. Mais l'équipement est le contraire de la maison de Rebbia: il n’y avait que le strict nécessaire. Mais on se contente de peu, le principal ce sont les excursions que l'on peut faire.
Ici, ce n’est pas l‘endroit idéal pour faire des balades en vélo. Nous ne voulions pas emprunter la route principale, ou utiliser la voiture pour le transport des vélos. Et nos vélos ne sont pas adaptés pour les sentiers de VTT.

Voici les tours en vélo choisis :

Très belle vue sur la Paglia Orba :
De Lozzi à Calasima (jusqu'à la fin de la route), 23 km (aller et retour), 280 m dénivelé (à monter)

Autour du lac de Calacuccia - très belle vue de toute la chaîne des hautes montagnes
Lozzi - Albertacce - Casamaccioli – Calacuccia – Lozzi, 20 km, 370 m dénivélé

En haut du lac, encore avec belle vue:
Calacuccia – passage sue le barrage du lac – monter par une petite route, plus tard une piste (proposée pour VTT) – descente à Casamaccioli – Sidossi – Calacuccia – Lozzi,
26 km, 700 m dénivilé

 

A Lozzi on est bien situé pour les randonnées au Cintu ou à partir du Col de Verghio.
Notre plus grand défi était la montée du Fer à Cheval au refuge de Ciuttulu di i Mori (GR 20) et par là au trou du Capu Tafunatu (cela faisait longtemps que je l'avais déjà visité). 
Une longue et fatigante randonnée de 10h (pauses incluses) et presque 1000 m de différence d'altitude. Et nous avons perdu du temps pour chercher le sentier par le Col des Maures pour monter vers le trou, trop peu de cairns à trouver. Après, nous l'avons enfin trouvé. Mais un randonneur rencontré en haut nous a informé qu'il existait un autre sentier moins difficile de l'autre côté, bien équipé avec des cairns. C’est celui que nous avons pris pour la descente. 
Une aventure impressionnante d'être situé au-dessous du grand arc du rocher que l’on a vu si souvent de loin. 

La dernière randonnée dans cette région était la montée à la Bergerie Petra Pinzuta, mentionnée dans le chant „A Muntagnera“ d'A Filetta, à trouver sur le sentier pour aller au Monte Cintu par le Refuge d'Ercu. On passe au camping en haut de Lozzi, puis on prend une piste avant de suivre un sentier balisé avec des cairns et des taches oranges (de temps en temps). Sur le chemin on passe des grands rochers et la „ruine“ de la chapelle „A' sa' Lisei“ qui ne sont pas vraiment les restes d'une église mais des murs qu'on a empilés pour montrer son ancienne forme. Après monter encore plus et faire le tour d'une colline, on voit une vallée et la bergerie devant nous, qui est utilisée encore aujourd'hui. Au-dessus s'élève le massif du Cintu, gris et repoussant....une randonnée trop longue et trop fatigante pour avoir d'envie de la faire !
600 m de montée et 5 heures de marche (aller et retour), c'est assez.

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A gauche : Vue depuis la maison de Lozzi (au fond, I Cinque Frati); Centre et droite : Calasima
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G : Lac de Calacuccia - D: Au loin, le Capu Rossu et le golfe de Portu
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Ciottulu di i Mori
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Col des Maures
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Capu Tafunatu
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Descente vers le Fer à Cheval
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Calacuccia
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Capella A' Sa' Lisei - Petra Pinzuta

Après-cela nous sommes allés en Balagne, une semaine à Muro, situé à 320m dans l’arrière pays avant le Monte Grosso, entre Ile Rousse et Calvi, partie des „villages balcons“ de la vallée du Regino. Un joli village avec une belle église baroque: Santissima Annunziata, construite au milieu du 17e siècle.

Encore une fois nous avons loué une vieille maison avec belle vue sur le village et les montagnes.
Nos destinations de tours en vélo étaient des villages à proximité qui collent aux abîmes comme des décorations, assez faciles à différencier par les campaniles de ses églises. Et au loin, on voit glisser le bleu de la mer.  

Nos tours en vélo:

Muro à Speloncato (et retour): 23 km, 420 m de dénivelé 
et pour ceux qui sont plus forts comme mon mari, la montée additionnelle au „Col de la Bataille“:
36 km, 770m dénivelé

Muro à la chapelle Notre Dame de la Stella (près du village abandonné d'Occi) -  San Antonino – Muro: 25 km, 450 m dénivélé

Avant, la chapelle Notre Dame de la Stella était un endroit tranquille, aujourd'hui c'est un parking pour ceux qui aiment faire une promenade courte à Occi et il semble être une destination préférée pour les animateurs de quads qui font leur tours poussiéreux et bruyants sur le terrain à côté de la chapelle.

Muro au Lac de Codole, retour par Speloncato et Féliceto:
32 km, 550 m dénivélé

Nos randonnées:

Muro – Bocca di Muro (et retour):  3 km, 340 m dénivelé
Le sentier monte, passe des rochers avec des grand cactus et présente une belle vue du village et du Monte Grossu.

Muro - Bocca à Fugata: 350 m dénivéle
Randonnée avec belle vue du col sur les montagnes, sur Calenzana et sur  les autres villages à proximité.

Felicetu - Casa di u banditu: 400 m dénivélé, 4h (aller/retour)
La maison du bandit, fut construite par un ancien maire en XVIIè siècle, sur un „nid d'aigle“ à 600m d'altitude en haut de Felicetu. Le bandit André Spada y aurait séjourné quelques jours.
https://iflyer.corsica/la-maison-du-bandit-a-feliceto.fr.html

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Muru
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Speluncatu - Felicetu - Avapessa
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Notre Dame de la Stella - Sant'Antoninu
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À gauche : Cateri - Au centre et à droite : Sentier de Bocca di Muru
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La Maison du bandit au-dessus de Felicetu
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Bocca à a Fugata / Bocca di Muru
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À dr. : Lac de Codole

Après trois très belles semaines pleines d’impressions, on avait du mal à quitter cette belle île. Mais il reste l'espoir de pouvoir revenir l'année prochaine pour explorer encore des endroits inconnus ou revoir des lieux qu'on avait visité il y a longtemps. La Corse garde des inépuisables découvertes et une vie n'est jamais assez pour tout prendre en soi. A la prochaine fois !    

Rédigé (en français) par Ursula Glöckner (septembre 2021)

 

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http://gr20.corse.free.fr/

"En voyage!", un blog avec de nombreux récits, donc le GR20 :
http://www.en-voyage.info/recit/8-GR20-en-Corse

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(site randonner-malin.com)

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