Paesi è pievi

Calvi
Dernière mise à jour : 02/09/2022

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Bordée à l'ouest par le territoire de la commune de Lumio et au sud par celui de Calenzana, le territoire communal comprend une large façade maritime.

Entre la plaine de la Figarella et le littoral occidental, se trouve un maillon du chaînon montagneux du massif de l'Argentella situé plus au sud, sur la commune de Calenzana avec pour point culminant le Capu di a Veta (703 mètres). Au nord, dominant la ville du haut de ses 218 mètres d'altitude, ont été bâtis la chapelle Notre-Dame-de-la-Serra et un cimetière.


Un peu d'histoire

L'origine du nom Calvi serait le latin "calvus". L'élimination des couches superficielles des granites, donnerait au littoral un aspect rappelant la calvitie. Cette éthymologie n'est pas attestée, le nom pourrait venir également de “Sinus Casalvi” voulant dire baie, ou peut-être encore de “Cales”, ville de Campanie).

C'est dans la deuxième moitié du XIIIe siècle qu'a été édifiée la Haute ville, à l'est de la Punta San Francesco. Selon la légende d'Ugo Colonna, existait au Moyen Âge « Cordovella, ville fortifiée, bâtie à l'endroit où est aujourd'hui Calvi ».

Une escale Romaine...

Les nombreux vestiges néolithiques identifiés dans la micro-région de Calvi attestent la présence de l’homme depuis plus de 2000 ans. Après leurs expéditions successives en Corse, entre 259 et 111 avant notre ère, les Romains s’établissent durablement et y développent l’Agriculture. Les grecs sont quant à eux à l’origine de la plantation de milliers d’oliviers et de la fabrication de l’huile sur toute la micro-région qui par la suite empruntera le nom de Balagne qui signifie oliveraie en grec.

500 ans sous l’influence de Gênes...

Dans la seconde moitié du Vème siècle, les invasions barbares détruisent Calvi qui n’était encore qu’un village ramassé sous son rocher. La cité se redresse sous l’administration Pisane. Au XIIIème siècle, les seigneurs de la Cirnaca se disputent la ville et son promontoire. Giudice di Cirnaca y assiège Giovanninello seigneur du Nebbio, qui se réfugie sur le rocher là où seront érigées les premières fortifications de la haute-ville. Sièges et tueries se succédent de 1245 à 1272. Les calvais excédés, demandent en 1278 protection à Gênes qui commence à édifier la citadelle. Lors de l’expédition d’Alphonse V d’Aragon, Calvi après une longue résistance, est conquise en 1420. Mais l’année suivante, apprenant l’échec de l’Aragon devant Bonifacio, les habitants de Calvi se révoltent et massacrent la garnison espagnole. Pietro Baglioni qui prit la tête du soulèvement gagne à cette occasion le surnom de « libertà ». Calvi reste toujours fidèle à Gênes. En 1453, l’Office ou l’administration de Saint-Georges prend la direction de la ville et du reste de la Corse. C’est à cette époque que fut construite la tour du sel (servant d’entrepôt) où l’on prélevait la gabelle.

Peste noire sièges et razzias...

La peste frappe Calvi de 1527 à 1529 qui perd « 2000 âmes ». En 1547 une seconde épidémie ravage la ville tandis que les barbaresques se font chaque année plus présents.

Le siège franco-turc...

En 1553, les français, en collaboration avec les turcs et les troupes de Sampiero Corso, assiègent Calvi. En 1555 a lieu un nouvel assaut de l’alliance franco-turque. 11.000 boulets sont tirés et les calvais n’attendent plus de secours que de Dieu. A quelques heures de l’assaut final, ils promènent en procession le Christ Noir de San Giovanni Battista. Les français se replient et le 15 août tout est dit : le Christ noir devient le Christ des miracles. Gênes fait apposer une plaque toujours visible à l’entrée de la citadelle sur laquelle on peut lire : « Civitas Calvi semper fidelis » (Calvi toujours fidèle).

Calvi capitale éphémère de la Corse...

Calvi s’agrandit et devient même pour un temps la capitale de la Corse. La papauté reprend en main le Clergé corse. L’évêque de Sagone installe un vicaire général à Calvi. II y viendra lui-même en 1625. Au début du XVIIIème, Niolo et Balagne se font la guerre. La révolte éclate en 1729. Calvi méfiante envers les villageois « paesani » sert de base aux troupes françaises de Maillebois venues en 1739 pour soutenir Gênes contre les insurgés de Giacinto Paoli et Théodore de Neuhoff. Lorsqu’en 1755 Pascal Paoli prend la tête de l’ultime insurrection, Calvi n’adhère pas à ce nouveau pouvoir. En 1768, elle reçoit à nouveau les troupes françaises de Marboeuf.

Le siège des anglais de 1794...

Pendant la révolution de 1789, les français enfermés à Calvi résistent aux anglais, alliés de Paoli. En 1794, ces derniers assiègent Calvi sous le commandement du général Stuart, qui compte parmi ses officiers, Horatio Nelson, futur vainqueur d’Aboukir et de Trafalgar. Si les bombardements sont intenses, la riposte ne l’est pas moins. Le 12 juillet Nelson perd son œil lors d’un assaut. Mais les batteries sont conquises l’une après l’autre. Les calvais résistent tout de même 40 jours. Le 10 août 1794, la garnison française se retire avec les honneurs. De la ville accablée sous 24.000 boulets, il ne reste plus grand chose. La ville mettra plus d’un siècle avant de retrouver la prospérité. Ce siège marque la fin de l’influence génoise. Calvi deviendra anglaise pendant deux ans avant de devenir française.

Tourisme et plaisance...

A la fin du XIXème siècle, les marais sont asséchés et l’eau courante est installée. Le port est agrandi en s’ouvrant aux bateaux de plaisance et aux paquebots. Puis le train désenclave la Balagne. L’activité viticole est encouragée par le développement du tourisme. Calvi a su ainsi préserver le charme de son passé tout en devenant une cité balnéaire ouverte au tourisme. Les premières infrastructures d’accueil y fleurissent à partir des années 20 et, au fur et à mesure, les moyens d’accès et de communication se multiplient. Le port de commerce existe depuis le début du siècle, le port de plaisance depuis 1970, l’aéroport depuis 1951.

Depuis la fin du XXe siècle, le centre vital de la ville s'est déplacé vers sa sortie sud. Entre deux supermarchés existants, se sont créés de nombreux commerces et services en rez-de-chaussée de nouveaux immeubles d'habitations récemment construits. Une banque y a même transféré son agence qui était auparavant dans la Basse ville. Le visage de la cité est en train de changer. Ville fleurie (3 fleurs), Calvi se développe actuellement vers l'est. De nombreuses villas voient le jour dans le quartier de Pietramaggiore, un grand lotissement a été créé à Campu Lungu face à la zone artisanale, un grand complexe sportif avec piscine a été construit à l'intersection des routes D151 et D451, etc.

Chapelle de la Confrérie Saint Antoine Abbé, gardienne des traditions calvaises : L'Oratoire

Il a été construit au début du XVIème , à l’époque où Calvi était le siège du pouvoir génois en Corse. Sa disposition architecturale intérieure a été fortement remaniée au XIX ème par l’ajout de voûtes. Une « lavagna » (linteau ornemental) en ardoise du XVème représentant saint Antoine accueille le fidèle.

Deux statues de ce même saint ont récemment été replacées dans leur contexte historique : un saint Antoine de petite dimension de facture pisane datant de la fin du XIV ème qui fut probablement la première statue de procession de la confrérie, et un second en position assise de tradition ligure et daté de 1440.

Un très beau triptyque peint sur bois représentant la Crucifixion, du XVème , ainsi que des fresques murales, notamment une Crucifixion datée de 1513, complètent ce bel ensemble.

La Confrérie Saint Antoine Abbé

L’intitulé exact de la confrérie est "Confrérie de Saint Antoine Abbé, de l’Annonciation et des des Saints Stigmates de Saint François". Les témoignages de l’existence de cette confrérie remontent à peu près au XIVème siècle. Au début du XVIème siècle cette confrérie va construire un bâtiment entier de trois étages dans la citadelle, l’oratoire Sant’Antone Abbate è Beata Nunziata, qui est encore de nos jours, la chapelle de la confrérie. Felix Battistini dans son livre Calvi au XVIème siècle la décrit comme la confrérie la plus vivante et la plus puissante de la cité. Sous la chapelle de l’oratoire, deux étages étaient réservés à l’accueil des malades, des indigents, des plus pauvres, qui est une des fonction principales de la confrérie. La confrérie agissait alors un peu comme la Sécurité Sociale d’aujourd’hui...

D’ailleurs, en Corse, les confréries de Saint Antoine sont également connues sous le nom de Sant’Antone à l’alloghju, ce qui témoigne de la fonction d’accueil de ces confréries. Outre la participation aux différentes cérémonies religieuses de l’année liturgique, la confrérie Saint Antoine a pour fonction principale l’entraide entre ses membres, elle peut porter un soutien financier à un de ses confrères, à la famille d’un confrère disparu, à une famille calvaise dans le besoin avec, toujours un soucis de discrétion. En cas de besoin, la confrérie prend à sa charge les frais liés à l’enterrement d’un de ses confrères. La charité sans se vanter, voici le sens même des confréries à Calvi et en Corse, d’une façon générale. Aujourd’hui encore, il arrive que les confrères de Saint Antoine accueillent de temps à autre, des gens qui ne savent plus où ils en sont, des fois ces personnes on juste besoin qu’on les écoute, des fois un accueil chaleureux suffit. La confrérie Saint Antoine participe, avec la confrérie Saint Erasme, à la vie religieuse de la cité réfléchissant continuellement à l’évolution des coutumes calvaises dans le plus pur respect de la tradition.

VIDÉO. Orages en Corse: les images de la destruction du toit de l'oratoire Saint-Antoine ce jeudi à Calvi

La Corse a été balayée par de violents orages dans la matinée de ce jeudi 18 août 2022. La façade ouest de l'île a été particulièrement touchée par le phénomène, avec des rafales de vent qui ont provoqué la mort de cinq personnes et occasionné de lourds dégâts. En Balagne, le vent est monté à près de 200 km/h à Calvi. Cette vidéo tournée au plus fort de l'événement à l'oratoire Saint-Antoine montre l'intensité de la tempête. La toiture du bâtiment arrachée par la force des rafales a été détruite à près de 80 %.

La saga des Kerefoff...

Par: Laurent Casasoprana
Publié le: 26 novembre

Véritable institution pour de nombreux noctambules insulaires et touristes en période estivale, Chez Tao demeure un temple du divertissement où « le soleil se lève toujours trop tôt » pour le « clan Kerefoff » et ses convives.

Un cabaret, niché en plein cœur de la citadelle semper fidelis, berceau du fameux chanteur et pianiste Tao By. Mais pour mieux comprendre ce qui a forgé cet esprit de fête immédiatement associé à son nom, encore faut-il se replonger au milieu du siècle dernier.

Dans l'ambiance particulière et festive initiée dès les années 1930 par Tao Than Bey Kerefoff. Soldat du Tsar Nicolas II, Tao Than Bey doit fuir la Russie après la révolution bolchevique de 1917 et se rend d'abord à Constantinople puis débarque à Nice avant de s'installer à Paris comme beaucoup de Russes blancs. Dans les années vingt, il décide de partir pour New York où il danse avec sa troupe au cabaret L'Aigle russe à Broadway.

Tao Than Bey Kerefoff, père du chanteur Tao By, et fondateur du célèbre cabaret Chez Tao à Calvi. - L.C

Là-bas, il rencontre le prince Félix Youssoupov qui lui proposera de revenir quelque temps en France, sur la Côte d'Azur pour des soirées de gala et de bienfaisance, avant de convaincre son compatriote de le rejoindre à Calvi.

C'était en 1927, précise l'un de ses fils, Tao By : « A la faveur d'une invitation du prince russe qui connaissait bien la Balagne, mon père est tombé sous le charme de la microrégion et a décidé de s'y installer définitivement en découvrant, dans la citadelle de Calvi, une bâtisse de quatre étages qui n'était autre que l'ancienne résidence d'été des évêques de Sagone, le palais des évêques. »

Opportuniste, et en vrai précurseur, il acquiert la demeure et « crée en 1935 l'un des premiers établissements de nuit sur l'île », ajoute l'un de ses petits-fils ayant hérité du même nom, Tao. À cette époque, l'ancien officier de la garde impériale du Tsar Nicolas II rencontre Janette Maestracci, une jeune femme originaire de Lumio.

Ensemble, ils fondent une famille dans cette petite ville au bord de l'eau et auront quatre enfants : Zalim, Tao By, Jean Temir et Léna. Bien intégré, et fort d'un carnet d'adresses bien rempli, Tao Than Bey Kerefoff ne tarde pas à faire de son cabaret un lieu incontournable. Le cadre idyllique avec vue imprenable sur la baie de Calvi, allié aux ambiances festives créées par le Caucasien séduit de nombreuses personnalités. Mais pas seulement.

En fait, dès les débuts, toutes les catégories sociales se croisent Chez Tao. « Souvent jusqu'à l'aube et toujours dans la bonne humeur. » Des pêcheurs, des marins, la jeunesse calvaise mais aussi l'aristocratie et la jet-set, amis du propriétaire. Des mélanges improbables dans un lieu incroyable qui a vu défiler Winston Churchill, l'Aga Khan et même Elisabeth Taylor « qui n'avait pas hésité à esquisser quelques pas de danse avec un pécheur du coin », dixit Jean-Temir Kerefoff.

Dans les années soixante, celui que Jacques Brel appelait amicalement « le vieux russe qui savait créer des ambiances de fêtes », bénéficie même d'un gros coup de pub dans la presse, se souvient Tao By : « Des reporters de Paris Match avaient remarqué qu'un Russe installé sur l'île de beauté faisait mettre les Anglais à genoux devant Napoléon. En fait, mon père avait instauré un rite. Tous les soirs à minuit, les lumières étaient éteintes au bar où se trouvait le chapeau de Napoléon. Puis il entonnait la chanson l'Ajaccienne de Tino Rossi et lorsqu'arrivait le couplet, A genoux citoyens et frères..., tout le monde devait se mettre à genoux. C'était assez folklorique, d'autant que le cabaret accueillait de nombreux Britanniques en vacances... »

La renommée de l'endroit dépasse alors largement l'île.

En 1973, à la mort du patriarche, ce sont ses trois fils qui reprennent le flambeau. Jean Temir, qui officie comme DJ à Paris, revient en Corse et modernise le lieu « pour lui donner un second souffle avec un esprit très rock and roll », au moins jusqu'au milieu des années quatre-vingt.

Puis, la mode des pianos-bars faisant fureur, Tao By lui emboîte logiquement le pas en interprétant ses chansons où l'âme russe côtoie la poésie d'un Georges Brassens et l'humour d'un Boby Lapointe. Il faut dire que le musicien connaît le lieu par cœur pour y avoir passé son enfance et son adolescence, les yeux et les oreilles rivés sur la salle de bar cabaret.

Des nuits entières à observer et à s'abreuver de cette fiesta permanente. Très jeune, Tao by découvre ainsi le piano, son instrument de prédilection. Tout le monde comprend alors que le gamin est un musicien né. Plus tard, dès l'âge de 19 ans, c'est dans la capitale qu'il s'émancipera en musique. Chez Patachou notamment, où il accompagne son ami balanin Michel Mallory.

Dans ce célèbre cabaret montmartrois, il côtoie le petit monde du showbiz et y rencontre un certain Michel Sardou. En 1965, Tao By est remarqué par la maison de disques Polydor et enregistre deux 45 tours. Seulement voilà, l'artiste est rattrapé par son devoir militaire.

Une parenthèse qui ne l'empêchera pas de reprendre rapidement du service, mais cette fois comme pianiste de Michel Sardou justement, dès 1969.

Dans les années 1970, il ouvre même son propre piano-bar dans la capitale, rue Mermoz. Là encore, le gratin de la chanson française s'y presse, à commencer par Johnny Hallyday. Une période où l'artiste alterne les saisons entre son club parisien et le cabaret familial à Calvi.

En véritable maître de cérémonie, chaque été, il accueille, avec ses frères Zalim et Jean Temir, les plus grandes vedettes du showbiz : Serge Gainsbourg, Jacques Higelin, Jacques Dutronc, Didier Lockwood, Louis Bertignac, Carlos, Yannick Noah, Axelle Red, Christophe Mae, Hervé Villard, Johnny Hallyday, Guy Bedos, Carlos, Michel Petrucciani, Enrico Macias, M, Izia et tant d'autres qui ont partagé le micro ou le piano avec Tao. Des moments inoubliables pour les Kerefoff.

Et Tao By en particulier. Le musicien qui évoque certains de ses souvenirs : avec Philippe Léotard, par exemple, « qui chantait Vanille et framboise de Boby Lapointe. » Ou encore avec Michel Petrucciani, « qui passait parfois la nuit au piano. J'ai toujours en mémoire une soirée ou je me suis surpris moi-même à jouer un quatre mains improvisé au clavier avec lui. C'était fabuleux, il m'amenait là où il voulait tout en musique. »

Seul regret : « Sans doute celui de ne jamais avoir pu recevoir Claude Nougaro », reconnaît le chanteur balanin. « Nous avions fait un bœuf ensemble à Montauban et il m'avait promis de passer me rendre visite, mais la maladie l'a finalement empêché de venir faire la fête à Calvi. » 

C'est bien connu, les Kerefoff aiment prolonger les nuits et surtout l'amitié. Avec leur frère de cœur, Jacques Higelin, plus particulièrement. « Jacques venait chez nous avec sa guitare dès les années soixante », se remémore Jean Temir, ému en repensant à ce jour ou l'auteur de Tombé du ciel l'a appelé pour lui faire écouter en avant-première La Balade de Chez Tao. Un morceau spécialement écrit et composé en hommage à Tao et à la famille Kerefoff.

Il faut dire qu'avec eux, la musique est édifiée au rang sacré. Un bouillonnement artistique existe même depuis toujours dans cet endroit ayant fortement influencé la vie culturelle calvaise. « La station locale, initialement baptisée radio Tao et devenue par la suite Radio Calvi Citadelle, était installée dans l'ancien four à pain qui se trouvait dans le cabaret. Nous avons aussi pris part à de nombreuses manifestations avec l'association 'Svegliu Calvese' », rappelle Jean-Temir.

Une tradition de rencontres et d'échanges intacte

Chaque année, en juillet, l'établissement de nuit est aussi partenaire du festival de musiques actuelles Calvi on the rocks. Tout en ayant considérablement évolué, le club demeure un endroit incontournable de la vie nocturne insulaire où l'improvisation est souvent l'une des recettes du succès en première partie de soirée, avant l'arrivée de DJ's de renom jusqu'aux premières heures du matin.

Depuis quelques années, une troisième génération de Kerefoff a pris le relais avec la même logique : s'adapter aux tendances, aux modes, en continuant à « profiter de l'instant et du temps qui passe. » De manière parfois insouciante, mais sous le regard bienveillant des « anciens ».

Notamment des grands-parents fondateurs, Tao Kerefoff et son épouse Janette, semblant émerger de la citadelle dans une fresque pop art dessinée à l'intérieur du cabaret par le peintre Anto.

Une tradition de rencontres et d'échanges intacte, « malgré une année 2020 de mauvais vin, à oublier », lance Tao by, ébranlé par la disparition de son frère Zalim, la vie et la fête continuent envers et contre tout. Pour le plus grand plaisir de leurs convives et de leurs amis, les Kerefoff, Tao By en tête, perpétuent ainsi la tradition instaurée par leur aïeul.

Un esprit festif qui sera plus que jamais de mise pour son grand cabaret RCFM dans la cité impériale avec la complicité de nombreux musiciens et « un hommage appuyé qui sera rendu à notre regretté ami Petru Guelfucci », annonce Tao By. « Alors vivez heureux aujourd'hui, car demain il sera trop tard », conclut l'artiste, fidèle au carpe diem symbolisant plus que jamais l'invitation à célébrer la joie de vivre en cette période de pandémie !

02/09/2022

Du Caucase à la Corse, l'épopée des Kerefoff

Par: Aliénor Bierer
Publié le: 02 septembre 2022
Dans: Culture - Loisirs / Patrimoine

Ce dimanche, le propriétaire de Chez Tao, Jean Temir, a accueilli à l'aéroport des membres de la famille de son père, Tao Khan Kerefoff, fondateur du cabaret-bar en 1935. De Naltchik, en 1901, à Calvi, en 2022, la saga de cette famille caucasienne ne cesse de s'écrire.

« Mon père est né en 1901 en Tcherkessie, dans le Caucase. » C'est ainsi que Jean Temir, actuel propriétaire de Chez Tao, l'emblématique boîte de nuit de la Citadelle, créée par son père Taou Khan Kerefoff, attaque le récit. Ce 28 août, il revient tout juste de l'aéroport, où il a réceptionné sa famille paternelle, ou plus précisément, le fils d'un cousin tcherkesse de « Tao », longtemps pensé disparu.

« Un jour, un type de Nice nous téléphone, d'origine russe, se souvient Jean Témir. Il souhaite parler à Monsieur Tao Kerefoff. » À ce moment-là, au début des années 1980, son père est décédé depuis une dizaine d'années. « Est-ce que ça vous intéresserait de retrouver des gens de votre famille ?, me demande-t-il », poursuit le Calvais. « De fil en aiguille, nous les avons contactés. » En 1982, ont lieu les premières retrouvailles, ici, à Calvi. Le fils du cousin de son père, accompagné de sa femme, ne parle pas anglais. Par chance, un Géorgien, à Montemaggiore, peut faire office de traducteur. « En discutant avec eux, on a appris beaucoup de choses. Mon père était persuadé que toute sa famille avait été éliminée. En réalité, son cousin était au Goulag. »

Seconde visite à Calvi

Le prince russe Félix Felixovitch Youssoupoff avait acheté la « maison rose », en face du palais des évêques, qui deviendra en 1928 la résidence de Tao Khan Kerefoff. - Olivier Sanchez/Crystal Pictures

Aujourd'hui, ils reviennent, avec enfants et petits-enfants. Cette fois, ils peuvent se parler en anglais, puisque leur fils est installé en Allemagne. « Pour moi, c'est un moment fort en émotion de les accueillir ici. » Le soir même, un dîner est prévu dans la discothèque. Là où habituellement se meut sur la piste une foule assoiffée, la famille réunie va « manger, boire, et surtout, communiquer » dans un lieu qu'un homme a créé il y a presque cent ans. « Il n'y a pas que moi qui peux raconter l'histoire, livre le descendant. Il faut que, ensemble, nous racontions l'histoire de Tao, et de son père, pour qu'ils comprennent comment on est tcherkesse, comment on est corse. » « Ils », ce sont les enfants et petits-enfants.

Cette biographie est un privilège qu'il n'a pu que toucher du doigt. « Papa ne nous a jamais raconté son histoire, déplore-t-il. Tout ce que je sais, c'est ce que j'ai entendu et des recherches. On a retrouvé des lettres, ma mère, Corse, m'a raconté quelques bribes. » Et pourtant, Jean Témir ne veut qu'une chose, reconstituer les pièces de ce puzzle familial et historique, où transparaissent l'éclat du fer et l'ébullition de la fête.

Lui voulait voir où son père était né, à Naltchik, ce que « Tao » ne voulait pas, par crainte qu'il ne se fasse emprisonner. Depuis plusieurs dizaines d'années, avec une amie de la famille, le fils tire le fil de la vie rocambolesque de ce patriarche, intimement liée à l'évolution de Calvi.

Raconter l'histoire

Il faut avancer rapidement, en arrachant quelques souvenirs aux « vieux Calvais ». Certains se souviennent de « Tao », en tenue blanche traditionnelle du Caucase, en train de danser « en bas », dans le Cabaret bar fondé dans les années 1930. D'autres ont des révélations plus surprenantes. « Comme 'Félix le pêcheur', explique Jean Témir. Il m'a dit : Ton père, je l'ai vu sauter à cheval au-dessus de feux dans la pinède. On a appris plein de choses sur Calvi en recherchant des informations sur Tao. »

L'origine même de son arrivée sur l'île de Beauté est renversante. Exilé à Istanbul à la suite de la révolution russe, « Tao » se rend ensuite à New York, où il exercera en tant que danseur dans un cabaret caucasien de Broadway.

Arrive le prince Youssoupoff, connu pour sa flamboyance et son rôle dans l'assassinat de Raspoutine.

Tombé sous le charme de la qualité de danseur et le caractère de celui qu'on nomme encore « Taou », le prince l'emmène jusqu'à Paris, où il deviendra une personnalité importante, à en croire les archives. Puis à la fin des années 1920, Calvi verra débarquer sur de grands chevaux les deux amis, qui traîneront derrière eux toute une génération de Russes blancs.

D'ailleurs, le prince russe dépeint les débuts de « Chez Tao » dans ses mémoires, En Exil, rédigées entre 1928 et 1933. « Cet établissement, bientôt connu pour le meilleur de l'endroit, demeurait plein jusqu'aux heures les plus tardives. Nous étions souvent réveillés la nuit par le bruit des voitures qui montaient et descendaient. De grands yachts étaient ancrés dans le port, et la plage encombrée de corps nus étendus au soleil. Calvi, envahi de touristes, n'était déjà plus le lieu de rêve et de beauté qui nous avait tant séduits », écrit ainsi l'héritier d'un monde déjà révolu. Une bande-dessinée, un roman, une série télévisée, qu'importe le support tant que l'histoire de son père est racontée, explique Jean Témir. « Comme tout le monde, je vais partir », poursuit le fils, désormais âgé de soixante-dix-sept ans. Et comme beaucoup, il ne voudrait pas voir s'envoler une page de l'Histoire.

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