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L'actualité corse 2013

Dernière mise à jour : 02/04/2014

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Décembre 2013

Une libre opinion de Pierre Poggioli

« Après Minicale, Paul-Jo Caïtucoli… Jean-Paul Poletti : 3 dossiers emblématiques »

Avec l’affaire « Jean-Paul Poletti », victime de tracasseries « administratives » qui menace de faire une grève de la faim, difficile de ne pas faire le lien avec les problèmes rencontrés par deux autres militants de la culture et de la ruralité, réduit au chômage pour l’un, Minicale, ou victime d’acharnement  dans son emploi, pour l’autre, Paul-Jo Caïtucoli….

Alain Bitton Andreotti dit Minicale

Il a été lui aussi membre-fondateur du groupe « Canta u Populu corsu. il est expert violoneux entre-autres facettes..  Après une coupe sombre dans le financement 2012 de la Fédération « Tutti in Piazza », qui œuvre pour la défense et promotion des danses traditionnelles corses ( réduction inattendue de subvention de plus de 60% , intervenue bien sûr à la toute fin d’année), la Fédération était au bord du gouffre. Cette subvention accordée à Tutti in Piazza n’avait été mise en place que pour financer l’emploi de formateur que Minicale exerçait au Centre de Musiques Traditionnelles, emploi supprimé du CMTC, à la demande de la même Région, suite aux recommandations de l’étude du cabinet Quiot. Avec le montant accordé cette année, très en dessous des attentes,  combler le déficit 2012 s’avère impossible et encore moins à avoir les moyens de continuer à salarier Minicale. D’où il est licencié et renvoyé à la précarité.

Paul-Jo Caïtucoli

Après la cessation d’activité du Comité Régional d’Expansion et de Promotion Agricole de la Corse, CREPAC (8 novembre 2011), la Collectivité Territoriale Corse s’engage via l’ODARC,  office de développement agricole et rural de la Corse, dépendant de la Collectivité territoriale à récupérer les missions, les projets, les financements et les trois salariés du CREPAC, dont Paul Jo Caïtucoli, chargé de mission au sein de cet organisme depuis plus de vingt ans. En 2012, puis en 2013 l’Assemblée de Corse vote la titularisation des trois salariés et le budget équivalent à ces emplois. Après deux CDD (contrat à durée déterminée) consécutifs de 18 mois, seul Paul Jo Caïtucoli n’est pas titularisé !
Pourtant son travail et son expérience sont unanimement reconnus en matière de développement et de promotion du secteur agricole et rural depuis 25 ans, ce que refuse de prendre en compte l’ODARC.
l’ODARC ne respecte pas le vote de l’assemblée de Corse actant le CDI (Contrat à Durée Indéterminée) de Paul Jo Caïtucoli.
Le travail effectué par ce dernier sur le transfert et la relance des projets du CREPAC vers l’ODARC durant les 18 mois écoulés est ignoré par l’ODARC.
Il fait l’objet campagne de dénigrement inacceptable et injuste dont (cf. article de CORSE MATIN du 26 Septembre).
Son investissement sur le terrain, le sérieux et l’intégrité de l’homme dans son engagement politique, syndical et associatif, est ignoré
Paul-Jo Caïtucoli gagne son procès aux Prud’hommes, qui condamne l’ODARC et ordonne sa réintégration. Se rendant à l’Odarc pour réintégrer ses fonctions, comme l’ordonnait la décision du conseil de prud’hommes, le directeur de l’Odarc, qui l’attendait devant l’entrée du bâtiment ajaccien de l’office et lui en interdit l’accès.
L’office a fait appel, mais cela ne rend pas le jugement suspensif. « l’odarc a donc saisi la cour d’appel pour qu’il le devienne »..  “C’est de l’acharnement, les responsables de l’Odarc préfèrent payer 250 euros  par jour de retard , plutôt que le réintégrer… ».
Paul-Jo Caïtucoli a fait constater la situation par un huissier.

Jean-Paul Poletti

Jean-Paul Poletti, (membre fondateur du groupe mythique “Canta u Populu Corsu” et auteur-compositeur de renom) directeur artistique du centre d’art polyphonique a été sanctionné financièrement par la CTC pour ses absences répétées à son poste de travail.

Le chanteur et directeur artistique du centre d’art polyphonique s’est vu adresser le 4 décembre dernier un courrier de son employeur, la Collectivité territoriale de Corse, lui indiquant une retenue sur son salaire.
Raison invoquée  : ses absences au travail durant les mois de juillet, août, septembre. Jean-Paul Poletti a réagi immédiatement, dénonçant ses conditions de travail.
« On me demande d’être présent dans un centre qui est fermé. On me demande en somme d’occuper un emploi fictif. Si c’est une manière de me pousser vers la sortie, qu’on me le dise clairement! ».
Pour le Président de l’Exécutif: « Les locaux administratifs du CAP sont ouverts.
L’administration a constaté que M. Poletti ne se rendait plus sur son lieu de travail depuis plusieurs mois. La collectivité applique la règle. Elle estime qu’elle n’a pas à payer des gens qui ne travaillent pas, mais il n’a jamais été question de mettre M. Poletti à la porte
Nous demandons qu’il effectue le travail pour lequel il est payé, à savoir monter des projets artistiques« .
Le chanteur, qui a reçu le soutien de la municipalité de Sartene, menace quant à lui d’engager des actions plus conséquentes dans les prochains jours (grève de la faim) pour protester contre la sanction financière signifiée par son employeur, la CTC, pour absences répétées au travail.
Jean-Paul Poletti rappelle que le CAP est toujours fermé au public à ce jour. Et qu’il assure de ce fait son activité artistique et professionnelle dans les anciens locaux, cours Soeur-Amélie.
Jean-Paul Poletti envisage également de porter l’affaire devant les tribunaux.

Il faut réagir

Dans les années 70-80, nombre de celles et ceux  qui aujourd’hui, sont aux commandes du mouvement nationaliste dans sa diversité, n’étaient pas encore nés ou arrivaient tout juste à l’adolescence.  Dans ses années-là, à droite et à gauche, nombre d’élus ou responsables des divers partis, flirtant avec ce qui allait donner la CFR, ne se privaient pas de faire preuve d’anti-nationalisme plus ou moins virulent, et s’opposaient plus ou moins violemment aux précurseurs de la langue et la culture qu’étaient notamment Minicale et Jean-Paul Poletti.

Aujourd’hui, la droite et la gauche globalement ont revu leurs positions, du moins pour certains officiellement, car ce qui arrive aujourd’hui à deux militants culturels de la première heure, et ce qui est imposé à Paul-Jo Caïtucoli, défenseur infatigable de la ruralité, de ses agriculteurs, de ses productions, terreau de notre culture ancestrale et gardienne de nos traditions,  ne peut que nous conduire à nous interroger.

Un problème corso-corse

Dans ces cas précis, on ne peut incriminer l’État ou les pouvoirs publics « anti-corses », la triste réalité est que la répression vient de nos rangs corses, et la majorité de la CTC est « à gauche ».

Alors, ne pouvant m’adresser à cette gauche, ni  à cette droite, même si elle a évolué sur la question corse, car les hommes et les femmes issus de leurs rangs ne faisaient pas partie de nos amis durant ces années 70-80, bien au contraire, je m’adresserai aux nationalistes d’aujourd’hui, et en premier lieu à celles et ceux qui nous représentent au sein des différentes instances politiques .

Ils ne peuvent oublier que c’est grâce à l’action, voire l’abnégation de ces hommes-là qu’ils sont aujourd’hui ce qu’ils sont et là où ils sont ?
Ils ne peuvent accepter que des fonctionnaires, – bien assis dans leurs bureaux,  exigent de gens de terrain, de créateurs, de poètes, de porteurs d’idées, d’organisateurs émérites et reconnus par tous du fait de leur action continue au service de la corse, de sa culture, de sa langue, de ses terroirs, qui, depuis des années labourent « le terrain corse » sans répit, tant la Corse est attachée à leurs semelles-, puissent se permettre d’engager une telle action répressive à leur encontre.
Ils ne peuvent accepter sans réagir de voir d’autres élus, remettant en cause leur travail pourtant reconnu par tous, leur adjoignant de prouver des résultats, selon des logiciels technocratiques pour Paul-Jo Caïtucoli, de rester assis dans des locaux désertiques et inadaptés  pour Jean-Paul Poletti, ou de cesser ses activités pour aller pointer au chômage pour Minicale …

Les élus nationalistes doivent taper du poing sur la table

C’est désormais aux nationalistes, surtout les élus, de monter au créneau et d’exiger le règlement de ces contentieux. Ils ont aujourd’hui, avec ces trois dossiers emblématiques,l’occasion de montrer qu’ils n’oublient rien et surtout pas la reconnaissance qu’ils doivent à ceux et celles qui dans les années difficiles des balbutiements nationalistes, à l’époque où même se dire nationaliste était dangereux, et souvent fermait la porte à toute demande d’emploi, leur ont montré la voie. Les élections, c’est bien, les avancées institutionnelles, il les faut, mais ces avancées de peuvent et ne doivent surtout pas être déconnectée des « petits » problèmes que rencontrent les Corses et à plus forte raison ceux et celles qui se battent pour la faire avancer et l’améliore en lais laissant sur le carreau.  Eux aussi, au-delà de l’admiration  pour leurs œuvres ou leur action ont droit à leur salaire et à leur emploi,  minimum vital de légitime reconnaissance, pour continuer leur action de créateurs, de poètes et de défenseurs du rural.

Les élus nationalistes doivent donc  imposer à la CTC, le règlement urgent de ces trois dossiers. Représentant une force politique importante, ils doivent le faire savoir aux autres décideurs politiques de cette Collectivité et ne pas accepter que ces hommes-là soient laissés pour compte.

Et que l’on ne vienne surtout pas parler de contraintes budgétaires ou s’abriter derrière des chiffres à propos de ces dossiers, car la culture ne se monnaye pas, surtout lorsqu’on voit qu’en 24 heures, près de 200 000 euros ont été débloqués par la CTC pour une exposition d’un photographe qui n’a rien à voir avec la Corse, ou que des centaines de milliers d’euros ont été octroyés à certaine série télévisée (Mafiosa), sans même s’interroger sur les méfaits causés à notre jeunesse  avec de tels exemples.

 Poggioli Pierre

19 décembre 2013   

Le conflit entre Jean-Paul Poletti et la CTC

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Le projet Cors'Odissea

corsodissea

Le feuilleton du Centre d'art polyphonique

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CAP

L'Ile-Rousse : Décès de Marcel Acquaviva

Marcel Acquaviva, 85 ans, est décédé hier vendredi 13 décembre á L'Ile-Rousse. Une nouvelle qui, dès qu'elle a été connue, a jeté un voile de deuil sur la ville et la région où il était très connu et estimé.

marcel acquaviva

Appartenant á une honorable famille de commerçants, il était père de huit enfants dont les propriétaires de la grande surface Leclerc et notamment aussi de Jean-Claude Acquaviva, le leader du groupe A Filetta. Marcel Acquaviva qui a été conseiller municipal de L'Ile-Rousse lors de la première mandature de Pierre Pasquini, dans les années 70, et président de l'Office du tourisme, avant d'être élu vice-président du Conseil économique et social de la Corse, devait s'impliquer pour l'aboutissement des grands dossiers de la Balagne. Ainsi, il a été le fer de lance de la revendication du lycée, de l'hôpital, mais aussi de l'aéroport de Calvi-Santa-Catalina pour l'ouverture au trafic de nuit afin de permettre aux avions de se poser jusqu'á 21 heures l'hiver. Président du comité de défense et de promotion de la plate-forme aéroportuaire, dont il disait qu'elle est "le poumon par lequel la Balagne respire", il en a transmis le flambeau á son fils François. Progressiste, farouche partisan du développement maîtrisé, Marcel Acquaviva croyait en l'avenir du Pays de Balagne. Un concept auquel il adhéra pleinement, lui qui avait déjá contribué á l'élaboration du Plan d'aménagement rural (PAR) de l'entité Balagne, d'où le projet et la construction du barrage du Reginu. Très affecté par le décès de son épouse née Franceschini, sentant ses forces défaillir, il s'était retiré chez lui où ses enfants l'entouraient de soins constants et affectueux. A tous, Marcel Acquaviva laisse une leçon de vie et un exemple de militantisme désintéressé au service de sa région. Ses obsèques seront célébrées ce dimanche 15 décembre á 14 heures en l'église de L'Ile-Rousse. En cette douloureuse circonstance, Corse Net Infos présente á toute sa famille et á toutes les personnes que ce deuil afflige, ses condoléances émues et attristées.

Source : CorseNetInfos

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La culture sacrifiée ?

culture

Il y a dix ans Natale Luciani...

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Sondage

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A scola di Natà

natale

pdc17

corsica

Novembre 2013

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Contre la violence

artistes

Marche contre le racisme

racisme

Une pétition de Cultura Viva

Contrairement à ce qui avait été affirmé dans la feuille de route présentée en 2011 à l’Assemblée de Corse, le rôle de la culture dans le développement durable est actuellement minoré, voire marginalisé.
Les choix budgétaires, sans préjuger de leur éventuelle insuffisance globale, tels qu’ils sont effectués témoignent au minimum d’un manque de cohérence et laissent apparaître de graves écarts entre les mots et les choses. En témoigne la surprenante listes des subventions versées en 2012 sur le chapitre culture et patrimoine, si tant est qu’elle soit l’exact témoignage de la réalité.
En effet, loin de favoriser la formation, la création, les pratiques culturelles et la diffusion comme des activités pérennes sur le territoire, une partie non négligeable des fonds sont affectés soit à des activités temporaires, soit à des opérateurs extérieurs.
D’autres points nous préoccupent : l’imprécision des procédures, la lenteur des prises de décision et surtout les délais de paiement qui occasionnent des frais d’agios considérables qui, s’ils font le bénéfice des banques, obèrent par leur importance notre capacité d’action.
En conséquence, à l’heure où s’élabore le PADDUC, et avant que la déception ne se transforme en amertume, et l’amertume en désespoir, nous demandons à l’Assemblée de Corse et à son Conseil Exécutif de réunir de nouvelles ASSISES DE LA CULTURE, afin que dans le respect mutuel s’élaborent concrètement les actions qui élèveront le niveau de culture et contribueront ainsi pour une part à faire retomber le niveau d’inculture et donc de violence qui affecte nôtre île.
POUR UNE POLITIQUE PUBLIQUE DE LA CULTURE,
La pétition peut être signée ici : http:// www.petitions24.net/ cultura_viva

"La Sardaigne nous dit d'arrêter"

Après les inondations qui ont durement frappé la Sardaigne, une analyse très lucide de Paolo Fresu pour le quotidien L'Unità que je reproduis in extenso ici :

Paolo Fresu: «La Sardegna ci sta dicendo di fermarci»

«La Sardegna è una sorta di laboratorio», dice il musicista sardo. «Primi nel nucleare, primi su Internet. Ma ciò che accaduto è il simbolo di una contraddizione tipica dell'isola...»

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Continuavo a guardare le immagini in tv ma presto mi sono staccato. Perché al di là degli aggiornamenti c’è un’unica realtà: sono morte delle persone, in un’isola già profondamente martoriata che vive uno dei momenti più difficili della sua storia. Una terra che esprime un’incredibile dicotomia tra come viene vista all’esterno - simbolo di bellezza, consumo, leggerezza - e la sua realtà del quotidiano. Dicotomia forse più acuta nei luoghi colpiti.

Credo che quasi tutti se la possano prendere con il malcostume del mattone nel nostro territorio e certo c’è una responsabilità oggettiva della cementificazione, ma in questo momento vorrei tentare una riflessione più ampia. La Sardegna è una sorta di laboratorio. Da noi nel 2011 si è tenuto il primo referendum sul nucleare, da noi internet è arrivata prima che altrove in Italia.

Ma è anche il luogo che nell’immaginario collettivo ha rappresentato la ricchezza favolosa dell’Aga Khan, il luogo pronto a vendersi per poco, e che ha ceduto una delle sue perle come l’isola di Budelli - una cosa ridicola, perché il cielo e il mare non sono solo dei politici che l’hanno venduta, sono anche miei. Ciò che accaduto allora è il simbolo di una contraddizione che è tipica della Sardegna, ma non solo sua. La tragedia che l’ha colpita poteva verificarsi in qualsiasi altro luogo - non dimentichiamo gli effetti dell’alluvione in Liguria -, perché la nostra isola è l’emblema di un’economia capitalista che vacilla.

E allora potremmo prendercela con il governo o con la Regione, facciamolo pure ma non basta. Dobbiamo ripensare al modo in cui abbiamo vissuto, sapendo che oggi tutto è collegato, e che ad esempio quello che compriamo qui può sconvolgere gli assetti di un altro continente. Quello che voglio dire è che temo ci sia molta colpa di tutti in quanto successo: abbiamo costruito un enorme castello, un altissimo grattacielo, ma senza fondamenta. E ora sta crollando, lasciando danni enormi e una ferita profonda.

Mi chiedo e chiedo, insomma, se non ci siano altre strade per costruire un grattacielo più piccolo, più ospitale e soprattutto funzionale alle nostre vere esigenze. Oggi la nostra società pensa solo in grande ma l’attenzione per se stessi passa da questa alle piccole cose fino al territorio: basta un tombino dimenticato a creare un problema. E se non pensi al tuo territorio, anche nelle sue più piccole pieghe, sapendo che oltretutto le scelte sbagliate ricadono sul tuo vicino, non potrai essere in grado di pensare al resto. Così però le persone muoiono. È come quando un fiume scorre a valle, se si getta una bottiglia a monte non importa se tu non c’entri perché quella bottiglia ti arriverà addosso. È la somma di piccole azioni sbagliate a provocare un’onda enorme. E così mi domando se la pioggia eccezionale caduta sulla Sardegna non abbia avuto per questo conseguenze molto più gravi. Per essere chiaro: a mio vedere non può esistere l’idea di modificare il Piano paesaggistico regionale e di togliere dei vincoli. Capisco la necessità di creare un’economia che dia sollievo alla fame di lavoro, ma non è sulla cementificazione che dobbiamo puntare. La Sardegna è un paradiso che va preservato, lo dico da persona che gira tutto il mondo e che ha visto le grandi città dai Caraibi alle Mauritius. In un mondo in cui ormai i luoghi tendono a essere tutti uguali quest’isola ha un’identità e delle tradizioni che sono beni da scambiare. Esistono insomma tanti modi per fare un turismo più intelligente e contemporaneo.

Noi ci abbiamo provato con il festival che abbiamo organizzato a Berchidda, il mio paese, a 20 chilometri da Olbia dove incredibilmente non ci sono stati danni: ogni anno qui arrivano 30 mila persone, che creano un indotto da 1,5 milioni, ma il guadagno non è solo economico. Noi investiamo sulle persone, sui giovani che così possono aprirsi al mondo, portando avanti una riflessione sul consumo di energia (siamo stati appena premiati come festival «green» per il nostro ridotto impatto ambientale).

Ecco, c’è un economia verde da sviluppare, partendo da quello che possediamo realmente: territorio, identità, tradizioni. Lo facciano i politici, di destra o di sinistra. L’unico che ha provato a arrestare la cementificazione è stato Renato Soru, subito fermato, e si è chiusa una finestra. Le scelte economiche per la Sardegna inoltre non sono mai state in mano ai sardi. E siamo stati anche un po’ codardi, diciamolo: ci hanno imposto industrie e miniere, abbiamo contribuito al benessere dell’Italia e cosa abbiamo avuto in cambio? Forse solo un calcio, siamo davvero l’ultima colonia, e su questo la nostra classe politica non è stata all’altezza.

E noi ci siamo accontentati dell’elemosina. Spero allora che quanto accaduto ci spinga almeno a cercare strade di sviluppo diverso. E al governatore Cappellacci chiedo: dia finalmente ai sardi gli strumenti per valorizzare quello che veramente siamo. La nostra storia, la nostra creatività, beni e prodotti locali. È questo di cui abbiamo bisogno, e non altro.
(testo raccolto da Adriana Comaschi)

L'association Inseme aide les malades à se rendre sur le continent

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Paroles de Corse

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Octobre 2013

Les difficultés du CMT
cmt

Communiqué de presse de Femu a Corsica,
en réponse à la lettre ouverte envoyée par le collectif Aïtone 2013 aux élus d'Assemblée de Corse


Femu a Corsica communique, avec prière d’insérer

Evisa : Soutien à Jean Jacques et Gigi Ceccaldi

Depuis des mois, la famille Ceccaldi d’Evisa vit une situation dramatique. Dans ce contexte, la démarche du collectif Aïtone qui mène une action de sensibilisation d’ampleur, utile et solidaire, est exemplaire. Elle la mène depuis plusieurs semaines aux côtés des Ceccaldi, dont l’entreprise vient d’être durement frappée pour la deuxième fois en l’espace de 6 mois.
Femu a Corsica tient à saluer l’initiative prise cette semaine par le collectif, à savoir une lettre envoyée aux élus de l’ile pour alerter la Corse, face à l’inacceptable et au prévisible. Cet appel solennel nous interpelle car il exprime une profonde inquiétude que nous partageons, quant à la situation subie par une famille dont le seul défaut est de vouloir « vivre et de travailler au village ». Un drame économique et humain se profile dans un lascia corre quasi institutionnalisé et un silence pesant.
Cette lettre du 26 septembre 2013 prend valeur de symbole, face au renoncement et au fatalisme ambiant ; Pouvons-nous accepter d’y répondre par un simple accusé de réception ? Pouvons-nous, les uns et les autres, laisser une famille de travailleurs de ce monde rural vivre encore longtemps dans la crainte du pire ? Nous savons nos mots et nos communiqués insuffisants et pour l’heure incapables d’arrêter les spirales de mécanismes mortifères. Ils disent pourtant notre volonté profonde d’en finir avec des actes et un système qui détruisent chaque jour un peu plus les fondements et les valeurs de notre communauté.
C’est pourquoi, au nom de notre combat au service d’un autre avenir pour le Peuple Corse, Femu a Corsica reste mobilisé, est, et sera, dès demain, partie prenante de tous les engagements prônant le respect d’autrui ainsi que la recherche de la paix et du développement, à Evisa et partout ailleurs. En ces circonstances difficiles, Femu a Corsica assure la famille de Jean Jacques et de Gigi Ceccaldi de sa profonde amitié et de son soutien face à l’épreuve, et appelle les corses à se joindre à l’appel du collectif Aitone.
Inseme, tutti, perchè chì stu paese si merita un’avvene di pace !

pdc

Septembre 2013

Lettre ouverte du collectif Aitone 2013

A

Monsieur Dominique Bucchini, Président de l’Assemblée de Corse
Monsieur Paul Giacobbi, Président du Conseil exécutif
Mesdames et Messieurs les Présidents de groupes,
Mesdames et Messieurs les élus,

Nous, simples citoyens et électeurs de demain, demandons à chaque groupe et représentant élu, de condamner fermement et publiquement les pratiques que subissent depuis de trop longs mois, Jean-Jacques Ceccaldi, chef d’entreprise à Evisa, et son épouse. Au-delà de cette condamnation, nous vous demandons également, de prendre clairement position sur le déni de Justice auquel ils sont confrontés, et comme eux, tant d’autres …

Non au racket !
Menaces de mort, tentatives d’extorsion de fonds, attentats : Jusqu’où vont-ils aller ?
Une vie de travail détruite et des enquêteurs impuissants face à l’angoisse d’une famille !

Le 19 septembre dernier, l’entreprise de travaux publics AITONE TP, était victime d’un incendie criminel : trois engins de chantier étaient brûlés dans la cour du hangar, avec pour seuls témoins des caméras que l’entrepreneur, Jean-Jacques CECCALDI avait lui-même dû faire installer.

Si Jean-Jacques CECCALDI a eu recours à ce système de surveillance, c’est que, depuis bientôt deux ans, il est en butte à des menaces de mort et à des tentatives d’extorsion de fonds auxquelles il n’a pas voulu obtempérer.

L’affaire a commencé en 2011, par l’incendie criminel des engins de chantier appartenant à une entreprise sous-traitante, sur un chantier de travaux publics dont l’entreprise AITONE TP avait obtenu la maîtrise d’ouvrage.
Cet attentat était suivi d’une demande de fonds à hauteur de 50 000 euros directement adressée à Jean-Jacques CECCALDI par téléphone accompagnée de l’injonction de ne plus faire travailler de portugais.
Plainte était déposée pour ces faits.

Quelques jours à peine après le dépôt de cette plainte JJCECCALDI était directement appelé sur son téléphone portable : une voix anonyme l’informait "que puisqu’il avait déposé plainte ce serait désormais pour lui comme pour les portugais" !
Ces menaces furent effectivement mises à exécution : coups de téléphone anonymes, menaces de mort, tentatives de plasticage en 2012 d’un engin, demande ensuite à nouveau de 100 000 euros de fonds, le tout subi pendant de longs mois dans l’isolement et le silence, la plus grande discrétion lui ayant été demandée afin de ne pas gêner l’enquête et les enquêteurs.
….jusqu’à cette nuit du 9 mars, où son hangar et tout le matériel qu’il contenait, furent complètement détruits !

Depuis le début de cette affaire, Jean-Jacques CECCALDI et son épouse, qui assure la partie administrative de l’entreprise, ont fait le choix de la légalité et de la Justice.
Rien n’y a fait puisque les malfaiteurs sont arrivés à leurs fins, détruisant ainsi le 9 mars dernier toute une vie de travail !
Ils ont alors rompu leur silence et crié leur indignation et leur colère devant un système jusque là demeuré impuni et destiné à les réduire à l’impuissance.

Un collectif, sous le nom d’AITONE 2013, saluant leur courage et leur volonté de vouloir reconstruire malgré tout, s’est constitué, mais malgré les soutiens manifestés publiquement et la dénonciation du système d’oppression économique et individuelle qui gangrène la Corse jusqu’au plus petit village de l’intérieur, les malfaiteurs continuent d’agir en toute impunité sous le nez et à la barbe des enquêteurs !

Cette affaire est symptomatique d’une Corse qui se meurt, d’une Corse qui disparaît, celle où les valeurs positives du travail, du courage et de la solidarité, étaient la règle, surtout en milieu rural. Une Corse à identité suffisamment forte pour se rebeller contre toute injustice ou toute oppression, pour défendre la Liberté, à commencer par celle de tout homme de vivre et de travailler chez lui.
Aujourd’hui, à quoi bon lutter contre le désert rural et défendre la terre, si l’homme qui en fait le sel a disparu ? A quoi bon parler la langue, si ceux qui la pratiquent ne véhiculent pas les valeurs morales qui la transcendent ?


«  Core in fronte è strada diritta, o ghjuventù ! » s’exclamait PAOLI en s’adressant à la jeunesse Corse.

Ùn ci hè piu, oramai, nè core nè fronte, ancu menu strada diritta !


Aurons-nous encore en nous la capacité de nous indigner, de nous rebeller contre l’oppression, même si l’oppresseur, comme ici, est surtout intérieur ?
Aurons-nous la dignité de nous dresser contre cette intolérable injustice, qui oblige ceux qui vivent de leur travail, au paiement de la dîme et au silence ?
Aurons- nous encore le courage de dénoncer haut et fort des pratiques qui gangrènent le lien social, et s’érigent en système, dans une économie exsangue, où les travaux publics deviennent source d’enjeu, et les procédures d’appel d’offres, le terrain d’une guerre larvée, qui justifie les pires moyens pour éliminer la concurrence ?

Peut on rester insensible devant cette escalade programmée, alors qu’ une entreprise corse lutte pour sa survie, qu’ un homme et sa famille vivent dans une angoisse permanente, dans un canton où la suspicion délite un peu plus chaque jour le lien social!


Que doit-on faire quand on est un honnête citoyen et que l’on se refuse de se soumettre à "la loi de la jungle" ? Quel recours individuel a - t’on lorsque le non droit prime la Loi, et que l’on est condamné à l’impuissance ?

Il semble plus facile en Corse d’user des services de l’Etat pour surveiller les propriétés privées de quelques notabilités bien en cour, que d’assurer la protection d’un petit entrepreneur menacé de mort.


Le deuxième attentat, survenu dans la nuit du 19 septembre, a marqué la détermination implacable de ceux qui veulent enterrer la Corse, celle que nous aimons et voulons continuer à défendre, dans un silence mortifère.

L’Etat, après avoir dénoncé l’omerta et fustigé le recours à la vendetta, invoquera certainement l’insuffisance de moyens et la difficulté des enquêtes en milieu rural : « on ne peut pas mettre un gendarme derrière chaque arbre ».
Or il est seul garant de notre sécurité. Et si l’Etat n’est pas protecteur de nos Droits et Libertés Fondamentales, c’est qu’il faillit une fois de plus ici, à une de ses missions essentielles !
En bon donneur de leçons, on nous renverra encore à nous-mêmes, nous jetant, ainsi, par défaut de justice, dans les bras tentateurs de l’auto défense, pour mieux nous condamner ensuite.

Un cycle pervers et une logique qui, depuis des décennies, ne se démentent ni ne se remettent en cause, et qui continuent ainsi à alimenter le mal en le laissant impuni.
Mais, il faut à un moment s’interroger : à qui profite le Crime ? Et que fait- on pour engager notre Ile sur la voie d’un véritable redressement, celui avant tout des consciences ?

Le domaine de prédilection de ces pratiques, souvent tues et parfois malheureusement mortelles, est le domaine des marchés de travaux publics, et au cœur de ces marchés et de leur attribution, l’élu lui-même devient une cible potentielle.

La condamnation claire par ceux qui nous représentent, de ces comportements crapuleux, qui polluent notre société et portent atteinte à la démocratie, et l’isolement de ceux qui les perpétuent, pourront seuls inverser la donne, et faire changer la peur de camp.

Jean-Jacques Ceccaldi et son épouse ont voulu eux même donner l’exemple de ce redressement, retroussant les manches pour reconstruire, et ainsi, montrer qu’ils avaient choisi le camp de la Vie et de la Dignité dans le Travail.
Ils ont reconstruit leur hangar, racheté et emprunté du matériel, voulu montrer que leur entreprise serait opérationnelle dès la saison hivernale.

Mais en dehors du courant de sympathie qu’ils ont suscité et du soutien des amis regroupés en collectif, et malgré la gravité des faits et leur répétition, aucune surveillance ou protection n’a été mise en place ni même proposée.
Seuls, ils ont dû faire face à la nécessité de se défendre, en s’équipant d’un nouveau système de vidéo surveillance pour tenter d’empêcher un renouvellement des faits pourtant prévisible.
Cette volonté de redressement et leur courage ne pouvaient être tolérés par ceux qui veulent les anéantir.

Et c’est ainsi que, dans la nuit du 19 au 20 septembre, date anniversaire de la Libération de la Corse, un nouvel incendie détruisait une pelle et la déneigeuse volontairement prêtée par un entrepreneur solidaire pour affronter les rigueurs de l’hiver à venir.
Une fois de plus tout était mis en œuvre pour empêcher l’entreprise d’honorer son marché, sans crainte de pénaliser ainsi toute l’activité d’une micro-région.

Sur le territoire d’une Corse hier libérée par le courage et le sacrifice d’hommes valeureux, faut-il laisser prospérer les sombres canailles et malfaiteurs associés qui ne visent qu’à opprimer l’autre pour satisfaire leurs intérêts personnels ?
Pour ce genre de crapules, le silence des élites vaut caution.


Nous vous remercions de votre attention.

Jean-Claude Acquaviva, compositeur, Marie – José Bellagamba, avocat, Dominique Bianconi, enseignante, membre du Svegliu Calvese, Jean-Baptiste Calendini, universitaire, Thierry Casanova, directeur du CER, Bianca Fazi, médecin, Marcel Torracinta, directeur général d’établissements médico-sociaux, Jean-Pierre Orliac, enseignant , Antoine Versini, agriculteur.

Collectif contre les assassinats et la loi de la jungle

« Les assassinats et les tentatives d’assassinat continuent. Le pire serait qu’ils se banalisent. Nous ne l’acceptons pas. Il importe de le signifier collectivement. Les dérives criminelles hypothèquent gravement l’avenir de notre société, celle où vivront nos enfants. Nous ne pouvons laisser faire. Pour débattre des conditions d’une mobilisation citoyenne la plus large, le collectif « Contre les assassinats et la loi de la jungle » et son comité de soutien organisent une rencontre samedi 21 septembre 2013 à partir de 14h30 à Corte à l’Université de Corse (fac de droit). Cette réunion est ouverte à tous.  »

Signataires : Jean Claude ACQUAVIVA (artiste). Jacques FUSINA (universitaire). Philippe GATTI (ancien bâtonnier). Isabelle LUCCIONI (journaliste). Joselyne MATTEI FAZI (présidente de l’association des maires de Corse-du-Sud). André PACCOU (élu national ligue des droits de l’homme). Gaston PIETRI (prêtre). Linda PIPERI (ancienne bâtonnière). Patrizia POLI (artiste). Noëlle VINCENSINI (présidente d’honneur d’ava basta). Ange-Pierre VIVONI (président de l’association des maires de Haute Corse)

Avec le soutien de Michèle ACQUAVIVA-PACHE (écrivain et journaliste). Agathe ALBERTINI (chef d’entreprise). Jean Christophe ANGELINI (élu territorial). Paul ANTONETTI (journaliste et écrivain). François-Aimé ARRIGHI (diacre et responsable d’EHPAD). Jean Pierre ARRIGHI (sportif). Léo BATTESTI (chef d’entreprise). Jean Michel BIONDI (syndicaliste). Jean Pierre BONNAFOUX (religieux Oblat). Jérôme CAMILLY (écrivain). Paul CASALONGA (architecte). Jean-Marie COLIN (médecin). Marie-Luce COLIN (expert-comptable). Gabriel-Xavier CULIOLI (écrivain). Jean Sébastien DE CASALTA (avocat). Anne DE GIAFFERRI (réalisatrice). Petru D’ORAZIO (sturianu). Tumasgiu D’ORAZIO (conseiller municipal délégué langue et culture corses ville d’Ajaccio). Hélène DUBREUIL-VECCHI (inspecteur d’Académie en retraite). Philippe DUBREUIL (inspecteur général de l’éducation nationale en retraite). Lucien FERRACCI (entrepreneur). Dumè FERRARI (musicien). Bernard FILIPPI (peintre). Pierre-Jean FRANCESCHI (diacre permanent). David FRAU (militant syndical et associatif). Gérard GALIARDI (syndicaliste). Patrizia GATTACECA (enseignante et chanteuse). Fabienne GIOVANNINI (élue territoriale). Vanina GIUDICELLI (enseignante). Antoine-Marie GRAZIANI (historien). Henri GRAZIANI (cinéaste). Evelyne LAMIABLE (éducatrice). Norbert LAREDO (formateur). Christian LECA (maire de Vero). Christian LE PREVOST. Anne-Marie LUCIANI (adjointe au maire d’Ajaccio). Christophe MAC-DANIEL (musician). Daniel MAOUDJ (poétesse). Francis MARCANTEI (fondateur de tavagna club). Marie Antoinette MAUPERTUIS (professeur des Universités). Patrick MAUREL (syndicaliste, présidente de la CPAM 2A). Gérard MORTREUIL (citoyen) . François NATALI (médecin spécialiste/Sagone). Marie-Jeanne NICOLI (militante des droits de l’Homme). Francette ORSONI (artiste-conteuse). Jacques ORSONI (professeur d’économie émérite). Jean-Charles ORSUCCI (maire de Bonifacio). Dominique OTTAVI (artiste). Xavier PERALDI (professeur d’université). François PERNIN (chirurgien). Don Georges PINTREL (avocat et syndicaliste). Noël PINZUTI (ancien directeur des archives départementales). Jacky POGGIOLI (journaliste-documentariste). Jean-Paul POLETTI (artiste). Lydia POLI (conseillère en formation continue et chanteuse). Jacques PONCIN (architecte honoraire). Paul-Félix RAFFINI (musicien). Dominique RENUCCI (présidente section de Corse de la LDH). Didier REY (universitaire). Marie-Claire RIGAUX-DEVICHI (enseignante retraitée). Yves RODRIGUEZ (professeur en retraite). RODRIGUEZ-ANTONIOTTI Maddalena (plasticienne et essayiste). Sampiero SANGUINETTI (journaliste et écrivain). Jean-Claude VIGNOLI (président de « Fratellanza »). Liliane VITTORI (journaliste).

Qui en veut à Jean-Jacques Ceccaldi ?

aitone

Cors'Odissea

odissea

Août 2013

Et une libre opinion en réponse à Dominique Bucchini

resident

Assemblée de Corse: "La Corse d'en bas vise un seul statut celui d'élever son pouvoir d'achat"

23 août 2013  
« La Corse d'en bas vise un seul statut, celu - 22330990.jpg
Dominique Bucchini : « La majorité doit surmonter des difficultés restées en suspens en 2010 ».
(Archives Corse-Matin)

C’est ce qu’affirme Dominique Bucchini.
Du statut de résident aux divergences avec l’Exécutif territorial, le président de l’assemblée de Corse donne son avis sur les sujets qui ont fait polémique cet été

Paul Giacobbi voudrait limiter l'accès à la propriété aux non-Corses. Que pensez-vous de cette proposition qui suscite la polémique jusqu'au niveau national ?

La spéculation n'est en rien spécifique à la Corse. Elle est même internationale. Quand on évoque le cas de ce « prince oriental qui vient d'acquérir une des cinq versions des Joueurs de Cartes de Cézanne pour 250 millions de dollars, qui peut acheter, s'il le souhaite, la moitié de notre territoire », et qu'on en tire la conclusion « qu'il faut donc limiter l'accès à la propriété foncière en Corse pour les non-résidents », j'ai la conviction que l'on se trompe de débat.

Clarifiez le débat…

Personne n'achètera « la moitié de notre territoire » qui est aujourd'hui la propriété de centaines de particuliers ou de collectivités. Pour y parvenir, il faudrait au préalable convaincre tous ces propriétaires de vendre ! Ce qui paraît difficile à réaliser, sauf à considérer que les propriétaires corses sont tous corruptibles ; et alors, il n'y a plus rien à faire pour sauver le territoire de l'appétit de ceux qui l'habitent… L'excès dans la comparaison tue le raisonnement. Car la question posée par l'exemple cité est bien, d'abord, celle de l'argent et des règles nationales et internationales qu'il faut imposer à sa circulation et à ses détenteurs.

Mais il est acquis que les choses ne pourront rester en l'état...

Comment peut-on imaginer que la Corse pourrait, par dérogation au droit de propriété ou aux règles mondiales du commerce, empêcher la spéculation sur son seul territoire ? « Si on peut acheter un terrain en Corse aussi aisément qu'une tablette de chocolat sur le rayon d'un supermarché, on court à la catastrophe ». Là encore, la comparaison est trompeuse : tout le monde, ou presque, peut s'acheter une tablette de chocolat. Qui peut s'acheter mille mètres carrés sur la route des Sanguinaires ou à Palombaggia ? Certainement pas les 80 % de Corses que leurs revenus rendent éligibles au logement locatif social. Et qui sont, par définition, inéligibles à toute forme de propriété, quel que soit leur « statut de résident ».

Selon vous, le statut de résident est-il à rejeter ?

Le seul statut qui intéresse la Corse d'en bas, la « Corse maigre », celle qui représente une très large majorité des « résidents », est bien celui qui élèvera son pouvoir d'achat et sa capacité à se loger comme locataire ou comme propriétaire. Juguler la spéculation foncière et immobilière est une nécessité absolue.

Mais si l'on aborde le problème en ignorant la force de l'argent, en Corse et ailleurs, on ne pourra satisfaire aucune des grandes aspirations populaires et on aboutira à renforcer le pouvoir des riches, résidents ou non…

Que proposez-vous ?

Il appartient à la puissance publique de prendre des mesures afin de réguler le marché du foncier et de l'immobilier et de contenir la spéculation à l'origine des dérives actuelles de type mafieux ou affairiste. Il s'agit donc de mettre en place, au niveau national et européen, des mécanismes législatifs et fiscaux qui soient réellement anti-spéculatifs et qui auront des effets. Ces mesures, si elles ne sont pas, aussi, de niveau européen, risquent fort de n'être que cosmétiques. En Corse comme ailleurs.

Une plainte a été déposée pour racisme et discrimination. N'est-ce pas une pierre dans le jardin de l'assemblée de Corse ?

C'est une initiative isolée qui ne peut avoir d'écho dans notre assemblée délibérante.

Paul Giacobbi marche sur les pas des nationalistes. Comme beaucoup d'élus qui prônent la République une et indivisible, êtes-vous gêné en tant qu'allié de la majorité régionale ?

Il ne sert à rien de tenter d'opposer le président de l'exécutif et le président de l'assemblée de Corse… Vous avez noté que Paul Giacobbi s'est prononcé contre la notion de citoyenneté corse. C'est là un point de divergence essentiel avec le nationalisme. Pour le reste, vous avez observé que nous pouvions débattre sérieusement, avec nos différences, et que les grands dossiers de la Corse étaient examinés et discutés avec une volonté collective d'aboutir. La République que je prône c'est celle qui permettra l'émergence d'une société nouvelle. Pour construire cette société démocratique sociale et solidaire le verrou à faire sauter c'est bien celui du libéralisme.

Êtes-vous d'accord politiquement avec votre ami Francis Riolacci qui considère que l'exécutif a trop d'accointances avec les indépendantistes ?

Il ne vous a pas échappé que Francis a souhaité que le débat ait lieu dans notre formation politique et dans le cadre de la rencontre trimestrielle des animatrices et animateurs du Front de gauche. C'est légitime. Celle-ci aura lieu en septembre, je m'y exprimerai sans détour.

Quelles sont les divergences entre les élus du Front de gauche et l'exécutif régional ?

Nous avons fait notre liste au 1er tour en 2010, précisément parce qu'il y en avait. Elles n'ont jamais été cachées, notre vote contre la délibération définissant la DSP maritime l'a montré. Mais, quand il s'agit de battre la droite et de travailler à faire réussir la gauche, nous ne sommes jamais en retrait. Il était impossible de définir autre chose que quelques lignes d'action entre les deux tours de l'élection. Nous avons donc à surmonter aujourd'hui les difficultés restées en suspens à ce moment-là. Nous le faisons avec la volonté, non d'aggraver la situation de la Corse, mais en travaillant très sérieusement pour avancer.

N'avez-vous pas été amer que Maria Guidicelli, élue du Front de gauche, participe aux journées nationalistes de Corte ?

Nous allons en débattre sereinement et surtout sans amertume.

Pourquoi le Front de gauche a accepté cette année l'invitation, alors qu'il avait décliné l'offre l'an dernier ?

Nous avons fait le choix de vivre sans crainte de la diversité. C'est certes plus exigeant dans le fonctionnement et l'expression publique mais c'est une richesse pour l'action politique dont l'efficacité dépend finalement de la cohésion et de son maintien. Maria, explique dans son courrier aux élus du groupe qu'elle a choisi d'y aller. Le courrier est public mais il n'engage pas le groupe dont la position n'a pas varié d'une année à l'autre.

Dans quelle mesure faut-il modifier la Constitution pour que le Padduc aboutisse ?

La réponse à cette interrogation ne peut intervenir qu'à la fin du travail d'élaboration et non en préalable. Nous avons délibéré ; chacun sait que nous sommes pour beaucoup dans l'adoption de ces délibérations, s'agissant du statut de la langue et du transfert de la fiscalité sur le patrimoine. Nous savions que sur ces deux points il fallait toucher la Constitution. Nous préférons cette manière précise de procéder et non la confusion d'un principe général de dérogation.

Le Président de l'Exécutif bouscule les Républicains. Vous sentez-vous à l'aise dans cette majorité ?

Je me sens surtout motivé. Pour ce qui est du républicain, je pense qu'il faut changer cette constitution et aller à une VIe République éthique, solidaire et démocratique favorisant l'épanouissement social et culturel de la Corse.

Votre fonction et votre alliance ne vous obligent-elles pas à faire certaines concessions contre-nature ?

Il faut dire lesquelles sinon c'est du procès d'intention. Le compromis n'est pas la compromission. Sur ce plan, on me connaît et les élus du groupe aussi. Notre travail est souvent reconnu pour sa qualité. Nous n'avons pas la culture de la différence ni celle de la dilution. Nous l'avons dit dès le premier jour où notre majorité s'est constituée : nous sommes une force politique autonome et responsable. Dans chaque réunion de majorité dont je conduis les débats, nos échanges sont le reflet d'approches différentes mais aussi, et autant que faire se peut, de construire la meilleure position commune.

Corse : La non-violence face à l'effet miroir de la criminalité, des médias dominants et de la série Mafiosa.

24 août 2013 |  Par LILIANE VITTORI

En Corse, les assassinats mafieux font redouter une inversion des valeurs. Cette violence se double d’un effet miroir encourage par certains médias dominants parisiens, et une série de Canal+ . « Les voyous font rêver Mafiosa. Nous, ils nous font souffrir ! », réagit Jean-François Bernardini, le leader du groupe I Muvrini qui préside à Bastia AFC- Umani, l’Association pour la Fondation de Corse, investie dans le puissant antidote qu’est la non-violence (NV). 

La comédienne Hélène Fillière, qui interprète Sandra Paoli dans la série Mafiosa (localisée en Corse - CanalPlus 5e saison ) déclare en Une du magazine Corsica (n° 167- été 2013) : « Moi, les voyous me font rêver… ».  C'est le monde à l'envers et l'inversion des valeurs. Mêlant fiction et  réalité sans subtilité ni envergure, elle aligne les clichés « du rapport à la famille, des liens du sang, de la parole donnée ». Des comportements censés gouverner le milieu des criminels de Mafiosa. Elle précise : « Eux (les voyous), ils vont à la dure, sont capables de tuer  leur propre frère, leur meilleur ami, de passer d’un clan à l’autre. » Pourquoi rêver ainsi de voyous dont les synonymes sont d’après le dictionnaire : « écorcheur, écumeur, carambouilleur, coupe-jarret, crapule, escroc, fripouille, gouape, gredin, incendiaire, malfaiteur, margoulin, nervi, requin, scélérat, souteneur, terreur, truand et vaurien » ? Cet interview (publié, pourtant et hélas, dans un magazine insulaire) recèle un condensé de l’ensemble des préjugés sur la Corse, lesquels prolifèrent à longueur d’années. La réalité insulaire est toute autre. Plus nuancée, plus complexe, plus paradoxale. 

Faire rêver L’histoire de la Corse (dont le territoire et le biotope sont fragiles et exceptionnels) révèle une longue liste de véritables héros de la liberté qui, eux, méritent de nous faire rêver. Parmi lesquels le grand résistant Jean Nicoli et Pasquale Paoli qui fit de la Corse un modèle politique pour l’Europe au Siècle des lumières. En effet, outre l’effet de miroir lié à la criminalité que pointe l’historien Antoine-Marie Graziani, d’autres forces sont en jeu en Corse. Notamment l’engagement de Jean-François Bernardini, qui organise dans l’île de nombreuses actions et formations dédiées au cursus intellectuel et moral d’une non-violence active et consciente. Dont une conférence internationale en juin 2013 à Bastia,  conjointement avec Henri Malosse, président du Conseil Economique et Social Européen (CESE).  

 Justice privée. Dans son essai La violence dans les campagnes corses du XVIe au XVIIIe siècles (Ed. A. Piazzola, 2013), l’historien Antoine-Marie Graziani note « Longtemps la question de la violence a été traitée de façon réductrice, en la renvoyant au seul phénomène du banditisme. La lecture romantique de la vendetta à aboutit à la construction d’un banditisme « d’honneur » pour touristes et cartes postales, avant de l’être pour les Corses eux-mêmes par un jeu de miroir. La réalité est toute autre, surtout si on interroge des périodes plus anciennes. » Docteur des Universités de Paris I et de Corse, il a proposé de nouvelles perspectives lors de son intervention  à la conférence Scritti Isulani à Penta-di-Casinca, les 13 et 14 août 2013. Notamment sur les tragiques impacts sociaux dans l’île, de la terrible justice privée telle qu’elle fut imaginée par le République de Gènes du XVIe aux XVIIIe siècles. Une recherche qui interpelle la « violence contemporaine, politique ou de droit commun ».

Il faut rappeler aussi que, en Corse, la multiplication des assassinats criminels liés à des activités mafieuses se déroule aujourd’hui dans un contexte d’impunité quasi totale due, selon les observateurs, aux nombreuses défaillances du ministère de l’Intérieur et du ministère de la Justice dans l’île. En cause, dit-on, les manques d’effectifs dans les services de la police et les tribunaux.  

Les Indiens dans les westerns. Sur l’effet miroir, Jean-François Bernardini s’est montré percutant aussi lors de sa conférence à Ile-Rousse (U Spazziu-20 août 2013). « Les Corses sont diabolisés dans certains médias, comme les Indiens dans les westerns toujours montrés comme cruels, sauvages. De la même façon, des idées fausses sur la Corse s’impriment dans les consciences et créent , aussi chez les Corses, une auto-image d’eux-mêmes. Comme un effet miroir qui lance une injonction : Deviens comme je te définis ! Non, les voyous ne me font pas rêver. Nous, ils nous font souffrir ! »

Librement inspiré de l’action politique non-violente de Gandhi en Inde et de Martin Luther King aux Etats-Unis, les équipes de Jean-François Bernardini oeuvrent dans toute la Corse pour la diffusion des principes et méthodes de la non-violence. Il s’agit d’un vaste dispositif multiforme composé de techniques codifiées et éprouvées que l’on découvre en Corse, via des stages, des journées de sensibilisation et des parcours-expos organisés dans les entreprises et les établissements scolaires. Un succès qui pourrait agir comme un antidote social. Désormais 2 500 adultes et élèves sont impliqués dans l’île  dans « la résolution des conflits » et la « régulation  des désaccords par le dialogue » (www.afcumani.org). Soit 1% de la population et, pour AFC-Umani, un budget NV de 100 000 euros (de 2011 à 2013). Sont prévues prochainement à Bastia diverses opérations d’excellence, de type  « formations de formateurs  à la non-violence ». 

Une riposte déstabilisante. La NV est un dispositif qui s’adapte à tous les types de conflits naissants dans la famille, l’école, l’entreprise. Elle fonctionne, dès la première parole, comme une riposte déstabilisante pour les néophytes ou ceux qui doutent. Elle n’est pas assimilable à l’indifférence ou à la lâcheté. Et dans l’univers de la politique, cela ne consiste pas à « désigner une cible » (comme l’a si bien fait remarquer Nathalie Kosciusko-Morizet à propos du Front national). 

La non-violence, qui n’est pas un pacifisme béat, ne fait pas non plus le jeu du système, de l’exclusion, de la stigmatisation, de la criminalité (celle des voyous chers à Helène Fillière) qui détruit le tissu social et les solidarités. Quand on se proclame non-violent, il ne s’agit pas de fermer les yeux mais de faire face. C’est, ajoute Jean-François Bernardini, «un combat citoyen qui déclenche, lors des concerts de I Muvrini, des ovations debout en Allemagne, avec des gens qui en ont les larmes aux yeux». 

En Corse perdurent aussi « I Paceri-les faiseurs de paix » et ce vieux dicton « Mieux vaut mourir que tuer ». Sans doute une réaction de résilience sociale après les exactions commises par la République de Gènes et sa justice privée. «  La non-violence est une chance historique pour la Corse. La seule voie pour l’île de dire sa vérité. Un défi à la face du monde et pas seulement pour la Corse. Notre île a-t-elle la volonté de se prendre en mains ? Basta cusi !  Il ne faut pas croire aux miracles. Nous devons être à la hauteur de ce qui nous arrive en terme de corruption, de compromission et de loi du silence. Et on veut des outils pour cela », résume le leader de I Muvrini. 

Pour des raisons évidentes, la non-violence sera un acte social prioritaire de survie pour l’ensemble des habitants d’une planète, dont les ressources et l’espace vital diminuent. Quant aux criminels qui exécutent d’autres êtres humains en Corse et ailleurs (dans la vraie vie et pas sur les écrans de Canal Plus), Hélène Fillière devrait poser enfin les bonnes questions. Les « voyous » dont elles rêvent sont-ils admirables ou dégouttants (de sang) ? Une certaine presse magazine les hisse en couverture, mais ces voyous aident-ils les jeunes Corses à grandir et à devenir des adultes responsables de leurs actes et du devenir de l’île ? 

La Corse est-elle victime d’un matraquage médiatique et d’une contamination via la pensée unique du racisme anti-corse ?  S’agit-il des séquelles du colonialisme ? Pour Jean-François Bernardini  : « Les voyous évoqués par Corsica, c’est cela aussi, hélas, le prisme colonial ! Ici même la presse en Corse a du mal à imaginer que quelque chose de bien , de salutaire puisse venir de chez nous. Qu’il puisse y avoir ici ,en Corse, des cellules en bonne santé ! Alors je le redis : chacun doit faire le travail de transformation intérieure vers la non-violence… »

 Liliane Vittori

Article publié sur le blog Mediapart de Liliane Vittori, le 24 août 2013 suite à la conférence de Jean-François Bernardini, le 20 août au Spaziu, à Isula Rossa, sur le thème :

"Diventemu artigiani di nò-viulenza
Devenons artisans de non-violence"

" Justice pour Yvan Colonna" : Une tribune à trois voix…

Sous le titre "Justice pour Yvan Colonna", "Le Huffington Post" publie une tribune signée par Jean-Claude Acquaviva, Guy Bedos et André Paccou qui sont tous trois membres de la Ligue des Droits de l'Homme.

' Justice pour Yvan Colonna' : Une tribune à trois voix…

La Justice peut être injuste. L'histoire du monde, à travers les siècles, en témoigne.
Nous, membres de la Ligue des Droits de l'Homme, considérant qu'Yvan Colonna, condamné à la prison à vie pour l'assassinat du préfet Erignac, n'a pas eu droit à une justice équitable, décidons, à partir de cette tribune, d'exposer, sous le regard de l'opinion publique et de ceux qui nous gouvernent, les traitements indignes d'une démocratie, dont cet homme est victime depuis dix ans.
Le 6 février 1998, à Ajaccio, Monsieur Claude Erignac, préfet de région, est assassiné.
L'affaire est confiée à l'antiterrorisme. D'autres services de police ne l'acceptent pas. Entre eux, c'est la guerre. De son côté, le nouveau préfet de Corse, Bernard Bonnet, mène son enquête "officieusement". Conséquences de ce désordre, des opérations de police-spectacle pour impressionner l'opinion publique, des centaines d'interpellations, la pagaille parmi les institutions de la République, Bernard Bonnet, se croyant toujours plus au-dessus des lois, finalement condamné, un gouvernement décrédibilisé.
Dans ce contexte, la police antiterroriste interpelle quelques individus appartenant à un commando qui seraient censés être responsables de cet assassinat. Après des témoignages extorqués dans des conditions très douteuses, Yvan Colonna est désigné comme le tueur du préfet Erignac. Il décide de prendre le maquis et clame son innocence dans une lettre envoyée à la presse. En 2003, il est arrêté.
Le ministre de l'Intérieur de l'époque se nomme Nicolas Sarkozy. Très vite, il fait cette déclaration publique : "La police française vient d'arrêter Yvan Colonna, l'assassin du préfet Erignac", privant, d'entrée, Colonna de la présomption d'innocence. Suivront selon nous, Nicolas Sarkozy devenu président de la République, une instruction partisane et trois procès "de convenance".
Tous les témoignages favorables à Colonna - y compris ceux qui émanent de proches du préfet - sont écartés.
Une reconstitution des faits, essentielle en matière criminelle pour rechercher la vérité, est organisée, a minima, dix ans après l'assassinat, à l'occasion du troisième procès. Mais dans leurs motivations les juges persistent et signent : Les témoignages, constants depuis le début de la procédure, des personnes présentes le soir de l'assassinat, et qui ne reconnaissent pas Yvan Colonna, sont aléatoires. Ceux du commando, fluctuants, sont utilisés à charge pour justifier la condamnation.
Le parti des accusateurs - la corporation préfectorale, évidemment traumatisée, des procureurs, des ministres de l'intérieur, des hommes du Président - s'est bien mobilisés, menant campagne et faisant pression efficacement. Fait invraisemblable, en plein procès, une Garde des sceaux condamne les propos d'un avocat de la défense devant la Cour d'assises spéciale de Paris. Malgré la vacuité de l'accusation, le doute qui en résulte, et qui doit profiter à l'accusé comme le dit le Code de procédure pénale, la raison d'Etat a le dernier mot. Yvan Colonna sera condamné à l'emprisonnement à vie.
La raison d'Etat ne s'arrête pas là. Elle sévit derrière les barreaux des prisons. Détenu particulièrement signalé depuis dix ans et à ce titre, soumis à une surveillance renforcée, Colonna est accusé aujourd'hui par la haute administration pénitentiaire, de vouloir préparer une évasion à coups d'explosif. Cette révélation surprend les personnels qui ont en charge de le surveiller sur place. Peu importe. Peu importe également qu'il ait été considéré comme un détenu exemplaire dans les prisons où il aura séjourné, Fresnes, Toulon et Arles. Il est immédiatement transféré à la prison de Réau, qui regroupe les détenus de France les plus dangereux. C'est bien de cela qu'il s'agit ; continuer à fabriquer un personnage hors norme, irrémédiablement dangereux, l'éloigner un peu plus des siens, et de la possibilité d'être un jour détenu en Corse.
Désormais Yvan Colonna fait appel à la Cour Européenne des Droits de l'Homme. Nous savons qu'il lui faudra attendre plusieurs années avant de connaître les conclusions des juges européens. Ce temps-là, il le passera en prison, loin de ses enfants et de son épouse que l'on punit également. La vengeance d'Etat n'est pas la justice. Il faut que cesse l'acharnement.

23 août 2013

Le statut de résident en Corse soutenu par le président du CES européen

Le Monde | 22.08.2013

Le président du Conseil économique et social de l'Union européenne (CESE), le Français Henri Malosse, soutient la proposition de celui de la Collectivité territoriale de Corse, Paul Giacobbi, d'instaurer un statut de résident pour devenir propriétaire dans l'île afin de combattre la spéculation immobilière.

"Le problème est réel, il se pose en Corse et sur toutes les zones côtières. On ne peut nier la flambée des prix du foncier et la spéculation immobilière avec toutes ses conséquences pour les résidents permanents qui ont du mal à se loger", déclare M. Malosse dans un entretien au journal Corse-Matin publié jeudi 22 août. Approuvant la proposition de M. Giacobbi d'instaurer une condition d'au moins cinq ans de résidence permanente dans l'île avant de pouvoir y acheter un bien, M. Malosse a souligné que si la Corse "a échappé jusqu'à présent [...] à la bétonisation intensive, cela ne durera pas".

D'AUTRES EXEMPLES EUROPÉENS

Pour M. Malosse, "le rôle de l'Europe est de mettre en exergue les solutions qui ont été trouvées dans d'autres régions européennes". "Contrairement à ce que j'ai entendu dire, ici ou là, l'Union européenne ne pourra pas s'opposer à cette mesure, sauf si elle présente des aspects discriminatoires", a-t-il ajouté.

Il a rappelé que "les statuts de résidents existent dans d'autres régions confrontées aux mêmes difficultés", notamment au Tyrol autrichien, dans les îles Aland au Danemark, en Ecosse ou encore dans l'île française de Chausey. Ces "réussites", selon M. Malosse, montrent que l'Europe "ne doit pas compliquer la vie des gens [...] mais apporter des réponses et préserver nos identités et nos patrimoines".

Pour le président du CESE, "la base d'un certain nombre d'années de résidence" est un "bon critère" pour pouvoir acheter un bien immobilier en Corse. M. Malosse a estime, au vu des exemples évoqués, que "cela permet une bonne intégration" et constitue "une logique raisonnable pour que les prix du foncier restent accessibles".

Giacobbi visé par une plainte pour "discrimination et racisme"

17.08.2013

Une plainte pour "discrimination et racisme" a été déposée à Grasse contre le président du conseil exécutif territorial, Paul Giacobbi (PRG), qui s'est récemment prononcé en faveur de restrictions à "l'accès à la propriété foncière en Corse pour les non résidents", a-t-on appris samedi 17 août auprès du plaignant.

Hubert Souillard, ancien adjoint au maire de Maisons-Laffitte (Yvelines), actuellement en résidence à Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes), a déposé cette plainte auprès du procureur de la République de Grasse quelques jours après les déclarations, début août, du député de Haute-Corse. "Il s'agit d'une discrimination pure et simple, d'une forme de racisme anti-non Corse", affirme M. Souillard dans le document dont l'AFP a obtenu copie. "Qu'entendrait-on si, par exemple, M. Huchon, président du conseil régional d'Ile-de-France, déclarait vouloir interdire aux non-franciliens d'acheter du foncier ou de l'immobilier en région, sous prétexte que la crise du logement y est très sévère, et certainement davantage qu'en Corse ?", relève ce "citoyen français, sans ascendance corse, résidant sur le 'continent' et sans aucun intérêt en Corse". Contacté, le parquet de Grasse n'était pas en mesure samedi de confirmer le dépôt de cette plainte.

LIMITER L'ACCÈS À LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE

Paul Giacobbi a indiqué vouloir "limiter l'accès à la propriété foncière en Corse pour les non résidents", et estimé que le délai pour devenir acquéreur pourrait être fixé "à cinq ans de résidence ou se fonder sur l'attachement familial à la Corse afin de ne pas pénaliser les Corses de l'extérieur".
Cette revendication, longtemps l'apanage des nationalistes, trouve désormais beaucoup d'écho au sein de la majorité de gauche et même de la droite, qui y voient un moyen de casser la spirale spéculative effrénée autour de l'immobilier faisant souvent le jeu des organisations de type mafieux.
De telles réformes, qui nécessiteraient une modification de la Constitution et pourraient se révéler difficilement compatibles avec le droit européen, doivent être insérées dans un Plan d'aménagement et de développement durable de la Corse (Padduc), en cours de rédaction.

Source : "Le Monde", édition du 17/08

Le décès de René Caumer

Nous apprenons avec tristesse le décès de René Caumer, père du Calvi Jazz Festival, qui nous apporté tant de joie, de partage, de moments inoubliables et profondément ancrés dans nos coeurs et nos esprits. Cet homme bon, cultivé, généreux et tendre nous manque déjà tellement...

Lire aussi un portrait en page Jazz.

Guy Bedos critique "l'acharnement pénitentiaire" contre Yvan Colonna

L'humoriste Guy Bedos critique "l'acharnement pénitentiaire" contre le nationaliste corse Yvan Colonna, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Érignac, dans un entretien publié vendredi 16 août par le quotidien Corse-Matin.

Yvan Colonna avait été transféré en juillet de la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône) vers celle de Réau (Seine-et-Marne) après des suspicions de projet d'évasion à l'explosif. "Aujourd'hui, au lieu de le rapprocher de sa famille, comme la loi l'autorise, on éloigne Yvan Colonna qui est considéré depuis dix ans comme un détenu exemplaire", explique Guy Bedos, membre de la Ligue des droits de l'homme (LDH).

"La perpétuité ne suffit pas, il faut qu'il en bave. C'est aussi une double peine pour sa famille qui doit payer de plus en plus cher pour lui rendre visite. Après l'acharnement judiciaire, on assiste à un acharnement pénitentiaire", s'indigne Guy Bedos, de passage dans sa maison de Lumio en Balagne (Haute-Corse).

Guy Bedos, qui a entretenu une correspondance avec Yvan Colonna, émet également des doutes sur les raisons véritables de son transfert à Réau, au moment où ses avocats ont lancé une procédure afin de lui retirer son statut de détenu particulièrement signalé (DPS), dans le but d'obtenir son rapprochement à la prison de Borgo (Haute-Corse).

Bedos s'exprime en tant que membre de la Ligue des droits de l'homme

Présent à ses côtés, le représentant en Corse de la LDH, André Paccou, ajoute que l'"on nous fabrique un homme irrémédiablement dangereux. Et par voie de conséquence, nécessitant un traitement carcéral d'exception, avec en perspective, l'exil à perpétuité."

"Choqué par le traitement judiciaire de l'affaire depuis le début", Guy Bedos a décidé de s'exprimer sur le transfert d'Yvan Colonna non pas en qualité "de pinzutu (continental, ndlr), d'humoriste ou de people", mais en tant que membre de la LDH, animé par "un goût profond pour la justice", ajoute-t-il.

À la question du quotidien insulaire lui demandant si derrière cet engagement ne se cachait pas "la volonté de se faire bien voir en Corse, où il possède une résidence secondaire", l'humoriste répond: "Non".

"Mon engagement est humaniste. Il n'y a pas si longtemps, je me suis rendu en Tunisie pour soutenir les opposants au gouvernement islamiste. Et si Colonna, un homme présumé innocent avec tout contre lui, était venu chez moi à l'époque pour demander l'hospitalité, je l'aurais hébergé", déclare-t-il, en ajoutant respecter "la douleur de la famille Érignac".

Corse : Paul Giacobbi veut réserver l'accès à la propriété aux résidents

le Jeudi 8 Août 2013

Dans une interview accordée mercredi à Corse Matin, le président du Conseil exécutif de Corse explique qu'il veut "limiter l'accès à la propriété foncière pour les non-résidents". Une proposition qui pose notamment des problèmes juridiques.

"Si on peut acheter un terrain en Corse aussi aisément qu'une tablette de chocolat sur le rayon d'un supermarché, on court à la catastrophe" affirme Paul Giacobbi qui est aussi député PRG de Haute-Corse.

Et il reprend à son compte une idée défendue depuis des années par les nationalistes : réserver l'accès à la propriété aux résidents, en créant "une sorte de statut dérogatoire" qui, il l'admet, "pose un problème de droit européen". Mais là où les nationalistes fixaient le seuil à dix ans de résidence, lui propose "un délai de cinq ans de résidence". Une condition qui ne concernerait pas les Corses installés hors de l'île puisqu'il estime qu'il pourrait être possible de "se fonder sur l'attachement familial à la Corse afin de ne pas pénaliser les Corses de l'extérieur".

Resterait alors à définir qui pourrait bénéficier de cette dérogation, qui serait reconnu comme "Corse de l'extérieur", la notion de "peuple corse" ayant été retoquée par le Conseil constitutionnel en 1991.

Comme l'aurait sans doute été la coofficialité de la langue corse et du français adoptée par l'Assemblée de Corse le 17 mai dernier et rejetée par Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur.

Dimanche dernier aux "Journées internationales" du parti nationaliste Corsica Libera, Jean-Guy Talamoni a critiqué les réactions du gouvernement aux travaux de l'Assemblée de Corse, "le produit de la mauvaise foi et du racisme anti-corse conjugués": "Paris devra revoir sa copie s'il ne veut pas subir en Corse ce qu'il a subi sous d'autres cieux: les déconvenues et le déshonneur". Et le leader nationaliste avait appelé Paul Giacobbi à "s'abstraire de la tutelle parisienne".

Par Sylvie Johnsson pour France Info

citadelle

Juillet 2013

Corscia: in mimoria di l'Impiccati di Niolu

30/07/2013

impiccati


(Michaël Andreani - Alta Frequenza) - O Corsu, ùn ti scurdà di a to storia ! Eccu u missaghju chì sarà trasmessu dumani (marcuri) in Corscia à u Spaziu Marcu Maria duranti una ghjurnata dedicata à a mimoria di l’ondici Impiccati di Niolu di u 1774, calchì annu dopu à a disfatta di Ponte Novu. Di ssa paghjina tragica di a nostra storia, a municipalità di Corscia è l’Associu Marcu Maria ani vulsutu fà ni una manifestazioni di u ricordu, cù par asempiu una cunfarenza è dibattiti cù un sturianu, riflessioni è pruposti nant’à u duveri di mimoria, senza sminticà una messa à partasi da 7 ori di sera eppo canti. Un duveri di mimoria impurtanti pà u paesi, a pievi ma dinò a Corsica sana.

Stemi à senta à Ghjiseppu Maestracci pà l’Associu Marcu Maria, chì volta cù noscu nant’à ssu mumentu di a storia isulana chì ùn devi micca essa piattu.

O Corsu, ùn ti scurdà di a to storia ! Ce message sera transmis demain (mercredi) à Corscia à l'Espace Marcu Maria à l'occasion d'une journée dédiée à la mémoire des onze Pendus du Niolu en 1774, quelques années seulement après la défaite de Ponte Novu. La municipalité de Corscia ainsi que l'Association Marcu Maria ont décidé d'organiser une manifestation du souvenir autour de cette page tragique de notre histoire, avec par exemple une conférence et des débats avec un historien, des réflexions et propositions sur le devoir de mémoire, sans oublier une messe à partir de 19 heures suivie de chants. Un devoir de mémoire important pour le village, la pieve mais aussi pour la Corse entière.

Expo-vente au Spaziu

spaziu

Tchernobyl : le déni de justice

Jeudi 25 Juillet 2013

La catastrophe de Tchernobyl, en 1986, a gravement touché la Corse. L'Europe et l'Italie notre voisine ont pris rapidement des dispositions pour protéger les populations. Ici, l'Etat a préféré choisir la voie de la dénégation cynique; puis, par la suite, il a fait constamment obstruction à la manifestation de la vérité. En 2013 une expertise internationale concluante a été réalisée et a confirmé la progression préoccupante des atteintes du corps thyroïde dans l'île. Pas pour l'Etat. Cette attitude est consternante. Non seulement, il a manqué en 1986 à son devoir de protection de la population; celle-ci, correctement informée, aurait pu prendre des précautions alimentaires notamment. Aujourd'hui, l'Etat refuse de prendre ses responsabilités pour ne pas avoir à assumer les conséquences de ces défaillances coupables. Il est coutumier du fait -on l'a vu à Mururoa-, surtout en Corse (Affaire des Boues Rouges en 1973 etc..). Pour cette raison, nous avons décidé de publier le communiqué ci-dessous de Femu à Corsica.
Tchernobyl : le déni de justice
Communiqué Femu a Corsica 24 juillet 2013
 
La réponse de Marisol Touraine à la question orale de Paul Giacobbi s’est faite dans un brouhaha indigne, qui exprime soit une ignorance totale des souffrances endurées depuis 27 ans par la population corse, soit, une fois de plus, un mépris intolérable. Sur le fond, le Ministre de la Santé, donc l’Etat, persistent dans leur refus de reconnaître, contre l’évidence, le lien de causalité entre les retombées radioactives du nuage de Tchernobyl et l’explosion des pathologies de la thyroide dans l’île. L'enquête épidémiologique commandée par l’Assemblée de Corse, et menée de façon totalement indépendante par une équipe de l’ospedale Galliera de Genova composée d’experts européens de renommée internationale est pourtant on ne peut plus claire. S’appuyant sur une méthodologie irréprochable, elle débouche sur des chiffres implacables. Chez l’homme : + 78% de thyroïdites (+55% chez la femme), + 65% de nodules, + 103% d’hyperthyroïdies, +28% de cancers. Forte augmentation aussi chez l’enfant (+62% de thyroïdites), des leucémies aigues (lymphoblastiques myéloïdes) etc.. Malgré cela, l’Etat, refuse de reconnaître sa responsabilité politique et juridique dans la gestion fautive des suites de Tchernobyl, comme il refuse, par exemple, de reconnaître sa responsabilité dans la catastrophe de la Caravelle Aiacciu-Nice, ou dans le drame de Furiani et ses suites. La Corse et le peuple corse ne doivent plus accepter pareil mépris et pareilles injustices. Femu à Corsica propose une mobilisation collective d’ampleur et proposera à l'Assemblée de Corse de prendre sans délai une initiative d'ampleur en ce sens. Basta l’inghjustizia è u disprezzu.

YVAN COLONNA ou LA MALÉDICTION DE L'INNOCENCE

22 juillet 2013 |  Par Roland LAURETTE

Yvan Colonna vient d'être transféré de la centrale d'Arles à celle de Réau dans la région parisienne.

Il a raconté à son épouse, Stefanina, dans quelles conditions a eu lieu ce transfert. Très tôt, au petit matin, il dort encore. Sa cellule est soudain envahie par des hommes du GIGN. Ils braquent leurs armes contre lui avec une telle violence qu'il croit sa dernière heure venue et qu'on a décidé de se débarrasser de ce prisonnier encombrant. Mais pour l'instant, il ne s'agit pas de l'éliminer par les armes. On veut l'obliger à signer un papier dans lequel il reconnaîtrait avoir cherché à s'évader.

J'avoue être sidéré par ce dernier point. On en est donc là, en France ? N'ayant contre Yvan aucun commencement de preuve, on veut lui faire signer des « aveux » écrits arrachés par la force ? Pour le coup : quel aveu de la part de la chancellerie !

Après quoi, Yvan Colonna est emporté en fourgon jusqu'à Réau, non loin de Melun. Tout cela, « justifié » par une « suspicion de tentative d'évasion ». C'est-à-dire, j'insiste, sans aucune preuve d'aucune sorte. Exactement comme pour ses trois condamnations à la perpétuité.

L'absence de preuve qui met hors d'affaire la plupart des prévenus, est une malédiction dans la vie d'Yvan Colonna. Une circonstance aggravante en toutes choses. Il semble voué à subir les effets du syllogisme favori des juges indignes. Il n'y a pas de preuve contre lui. S'il n'y en a pas c'est qu'il les a bien cachées. Donc il est coupable.

Pour des raisons obscures, on lui avait, jusqu'ici, refusé la prison de Borgo à laquelle il aurait eu droit au titre du rapprochement familial. Et donc, non content de lui refuser ce qui n'est nullement un privilège mais une simple mesure d'humanité visant à améliorer les conditions de vie dans les prisons françaises ( qui en auraient bien besoin ), on l'éloigne encore plus de sa famille. On lui retire ainsi l'un des éléments essentiels qui lui permettent de tenir et d'être ce prisonnier exemplaire dont se félicitent tous les surveillants des prisons où il a été incarcéré jusqu'ici. Un prisonnier exemplaire parce qu'il ne se trompe pas d'adversaire. Il sait bien que ce ne sont pas les gardiens de prison qui l'ont mis là. Ses combats, il les réserve aux vrais responsables de ce qu'il subit.

L'acharnement

Les administrations policière et judiciaire n'en sont pas avec lui à leur coup d'essai.

Simple rappel :

Arrêté le 4 juillet 2003, il avait été immédiatement mis à l'isolement absolu. Alors que la loi prévoit que ce régime ne peut excéder une période de dix jours renouvelable une seule fois, lui, restera confiné au secret pendant un an. Un an sans visites, quasiment sans courrier ( sinon très ralenti ), sans activités, sans contact avec d'autres détenus. Ce sont des magistrats chargés de faire respecter la loi qui en ont ainsi décidé. L'instruction a été menée à charge et seulement à charge. On lui a refusé pendant des années des actes de justice pourtant indispensables en pareil cas : confrontations, vérification des accusations portées contre lui, reconstitution... On a escamoté des pièces qui étaient autant d'éléments à décharge. L'a-t-on conduit à un « tapissage » ? Il a été, pendant des heures, menotté dans le dos, encagoulé et aveuglé par des lunettes opaques de sorte qu'il fût physiquement et moralement affaibli. Les trois Cours spécialement constituées qui l'ont jugé n'ont tenu aucun compte des deux piliers fondamentaux de toute justice démocratique : c'est à l'accusation de fournir la preuve de la culpabilité ; le doute doit bénéficier à l'accusé. Alors qu'il n'y avait contre lui aucune preuve matérielle, que la totalité des témoins apportaient au contraire, les preuves de son innocence, que les accusations portées contre lui par les assassins du préfet Érignac avaient toutes été rétractées à de nombreuses reprises et étaient, de toute façon, tellement contradictoires qu'elles tombaient d'elles-mêmes, il s'est trouvé trois Cours d'assises françaises pour le condamner à la peine la plus lourde du code pénal. Et, par surcroît d'acharnement névrotique, on le maintient depuis des années, dans ce régime de D.P.S. (détenu particulièrement signalé) qui fait de lui un paria parmi les parias.

Malgré de tels traitements qui durent depuis dix ans, Yvan Colonna n'a pas varié d'un iota dans l'affirmation de son innocence, il n'a rien cherché à négocier et, pendant tout ce temps, et avec de tels moyens, on n'a rien trouvé ni personne qui vienne témoigner contre lui.

J'affirme ici – j'ai montré ailleurs - que les éléments qui militent en faveur de son innocence sont tellement précis et concordants qu'on ne voit pas comment cet homme a pu être condamné. Sinon pour complaire à... À qui, au fait ?

À la Chancellerie : manoeuvres et cacophonies.

On n'aura pourtant reculé devant rien pour briser sa volonté et sa résistance. Jusqu'à la pantalonnade tragi-burlesque de ces derniers jours.

Dans AgoraVox, Caroline Groizeleau a fait le point sur cette journée du vendredi 12 où Yvan Colonna a été transféré après le réveil musclé évoqué plus haut. En milieu de journée, la Chancellerie « communique » sur cette affaire. Comme elle ne le fait quasiment jamais, cette communication répond donc à un plan prémédité. C'est là qu'est évoqué un projet d'évasion avec explosifs. Il sera même question d'hélicoptère un peu plus tard. Toute cette opération ne peut s'imaginer sans un vaste réseau, actif et professionnel, de complices.

La Chancellerie explique aux journalistes qui l'interrogent qu'elle avait eu des « informations recoupées de l'intérieur et de l'extérieur de la prison ». Certes, on ne disposait d'aucun élément matériel (une fouille avait été pourtant organisée dans toute la centrale d'Arles quelques semaines plus tôt à la seule fin d'explorer la cellule d'Yvan. Elle n'avait rien donné). La seule chose qui avait intrigué, c'était les exercices physiques qu'Yvan pratiquait systématiquement à son réveil ( les fameuses pompes !), vers cinq heures et demie, chaque matin. Un détenu qui refuse de s'avachir, et même s'entretient physiquement, est forcément un détenu qui prépare son évasion !

Ces informations sont donc diffusées en début d'après-midi, ce vendredi 12, par le porte-parole adjoint de la Chancellerie. Il dit, sans aucun recul ni précaution, qu'Yvan Colonna songeait à s'évader de manière très violente. Mais ces déclarations sont en contradiction avec celles de la directrice d'Arles qui affirme qu'il n'y avait pas de tentative d'évasion et celles de l'un des représentants syndicaux des surveillants qui n'était pas au courant. Où sont donc les informations venues de l'intérieur ?

Les avocats d'Yvan Colonna réagissent avec vigueur. Leurs commentaires sont relayés systématiquement par toute la presse. Aussitôt, le ton change dans la bouche du porte-parole - en titre cette fois - de la Chancellerie. Il admet « qu'Yvan Colonna ne préparait rien du tout ». Mais on a agi par pure « précaution ». Les informations de départ étaient peu fiables voire fantaisistes. L' « enquête » suppute qu'Yvan Colonna « aurait pu rencontrer un détenu d'Arles qui aurait pu lui parler d'une évasion ».

On reste abasourdi par le caractère fumeux de la justification après-coup. Il me fait songer à la réplique d'un autre détenu, marseillais, répondant à son juge d'instruction qui lui reprochait ses relations en prison : « Peuchère ! Si vous m'aviez mis dans un monastère, je n'aurais rencontré que des moines ! » Poussé dans ses retranchements, le même porte-parole admet auprès des journalistes : « On s'est mal compris. Ce sont des choses qui arrivent. » Quel aveu là encore ! La Chancellerie n'a plus rien de tangible qui justifie ce transfèrement à grand bruit. Depuis, échaudée, elle recherche le silence.

Cela ne doit pas toutefois nous éviter de réfléchir sur les tenants et les aboutissants de toute cette sombre histoire.

La Chancellerie manoeuvre en recul ? Très bien. Mais ce n'est pas suffisant. Il semble qu'à divers échelons de cette administration on n'ait pas été sur la même longueur d'onde ? Alors, qui a décidé et de quoi ? Qui est responsable de ce pataquès ? A-t-on suscité chez quelque Iago de cabinet, une lettre anonyme d'insinuations qui aura servi de justification à cette indignité ? Qui a décidé de filer le délire fantasmatique : les explosifs, les hélicoptères, la référence au souvenir cuisant de Redoine Faïd... ?

Pourquoi tout ce tintamarre ?

Quelques explications possibles :

Les avocats ont déposé un recours auprès du tribunal administratif pour faire lever le régime abusif de DPS. S'agit-il, dès lors de se donner les moyens de le maintenir pour verrouiller le transfert à Borgo ?

Une partie notable de l'opinion n'a pas digéré la condamnation à la perpétuité qui ne s'appuyait sur rien d'incontestable. S'agit-il de répandre l'image d'un hors-la-loi (l'évasion), violent (les explosifs) et agissant en bande organisée (une évasion à grand spectacle et à grands moyens) ? On ferait ainsi admettre a posteriori que le verdict était juste et que la sévérité du régime auquel il est soumis est inévitable.

Yvan Colonna a déposé un recours devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme. Celle-ci doit dire à la fin de l'année si elle accepte d'instruire ce dossier. S'agit-il alors de pousser la CEDH à refuser de traiter le cas d'un délinquant immoral et dangereux ?

Yvan me dit régulièrement l'importance qu'il attache à ce pourvoi. Un condamné à la perpétuité ne peut pas espérer déposer une demande de libération conditionnelle avant dix-huit ans. S'il était enfin acquitté, Yvan gagnerait donc au moins trois ans. Et certainement beaucoup plus car, si on en juge par l'acharnement dont il est l'objet, son incarcération durerait vraisemblablement plus de dixhuit années. Mais surtout, c'est le seul moyen en sa possession qui lui permette d'espérer la réhabilitation. Il ne veut pas sortir de prison parce qu'il aurait bénéficié d'une mesure de clémence. Il veut sortir innocenté.

Précaution.

Je demande que dans l'attente des décisions de la CEDH, on mette en oeuvre pour Yvan Colonna le seul principe de précaution qui vaille : qu'on lui applique sa peine avec le maximum d'humanité.

Que se passera-t-il si, comme je le crois, la CEDH condamne la France ? Dénoncera-t-on alors tous ces policiers de haut vol, ces magistrats d'exception qui, en souillant l'image de notre Justice se seront déshonorés ? Les accusera-t-on de forfaiture ?

La discrétion retrouvée de la Chancellerie ne doit pas nous faire oublier que les conditions de détention d'Yvan se sont dégradées à l'occasion de ce transfert abusif et qu'on lui doit donc au minimum le retour à Arles. Et, puisqu'il s'avère que son comportement n'a rien de répréhensible, qu'on le change de statut et qu'on le transfère enfin à Borgo.

Roland LAURETTE

Pigna : prix national des architectures de terre crue

pigna

Le premier discours en corse prononcé au Parlement européen

05/07/2013
parlement
Autour de François Alfonsi, des conseillers territoriaux ainsi que des parlementaires européens
favorables à un nouveau statut de la langue corse, comme José Bové et Jean-Luc Bennahmias.

L’intergroupe des députés européens qui défend les minorités traditionnelles et linguistiques avait organisé ce jeudi à Strasbourg un débat sur l’avenir de la langue corse et le statut de coofficialité

Ce jeudi, l'Intergroupe des minorités traditionnelles, communautés nationales et langues du Parlement européen*, coprésidé par François Alfonsi, s'est saisi de la question de la langue corse à la lumière du récent vote de l'assemblée de Corse en faveur du statut de coofficialité de la langue corse. Pour cette occasion, Marie-Thérèse Olivesi, conseillère exécutive, Saveriu Luciani, Jean-Christophe Angelini et Mattea Lacave, conseillers territoriaux du groupe Femu a Corsica, s'étaient spécialement déplacés à Strasbourg pour présenter et débattre avec les députés européens des évolutions récentes et des perspectives pour la langue corse avec, pour la première fois au Parlement européen, un discours en langue corse, traduit en français, espagnol et allemand.

Roumanie, Hongrie, Lettonie à l'écoute...

Les conseillers territoriaux ont présenté les détails de la délibération et du statut de coofficialité de la langue corse tel qu'il a donc été adopté par l'assemblée de Corse en insistant sur le fait que la survie et la pérennité de la langue corse dépendaient d'un tel statut qui nécessite une modification constitutionnelle et se désolait de la réaction et de l'attitude du gouvernement français refusant d'ouvrir un dialogue sur une évolution possible vers un tel statut et retardant une fois de plus la ratification de la Charte européenne des langues régionales et langues minoritaires.

De nombreux députés européens étaient présents pour débattre avec les élus corses, dont José Bové, Catherine Greze (groupe les Verts-ALE), Jean-Luc Bennahmias (groupe Démocrates et Libéraux), Eric Andrieux (groupe Socialistes & Démocrates), des parlementaires européens des principaux groupes politiques de Roumanie, Hongrie, Lettonie, Pays Basque espagnol, Galice, Catalogne, Allemagne et du Tyrol italien ainsi qu'un représentant du Conseil de l'Europe. Alain Lamassoure (groupe PPE) avait également envoyé un message de soutien au préalable.

La France invitée à venir s'expliquer

Les échanges avec les parlementaires européens ont porté sur le refus du gouvernement français de ratifier la Charte européenne des langues régionales et langues minoritaires malgré les engagements pris par François Hollande lors de la campagne présidentielle.

L'intergroupe compte demander à la France de venir exposer sa position et politique à ce sujet.

En concluant, les députés européens ont réaffirmé la nécessité de donner un véritable statut aux langues régionales ou minoritaires notamment dans les États membres les plus en retard dans ce domaine tels que la France ou la Roumanie.

*Cet intergroupe regroupe des parlementaires issus des principaux groupes du Parlement Européen et mène une action continue de soutien aux peuples sans État et aux langues et cultures minoritaires au sein des institutions européennes.

Source: Corse Matin

sinistre

Le n°66 de Corsica :

corsica

 

pdc

Juin 2013

Felicetu : L'hommage à Dédé Nobili

Le 22 juin une soirée était organisée à Felicetu en hommage à Dédé Nobili disparu le 28 juin 2012. Le groupe U Celu accueillait Canta u Populu Corsu, E Duie Patrizie, U Fiatu Muntese, Isulatine, I Mantini, Chjar di Luna, ainsi que Michel Frassati qui a retracé le parcours culturel de Dédé.

Jean-Claude Acquaviva: «Je préfère la violence civile à la clandestinité»

Par PAULE CASANOVA-NICOLAÏ (Corse Matin du 24 juin 2013)
La coofficialité, la naissance du collectif contre les assassinats, le nationalisme… Autant de thèmes évoqués, dimanche soir, par le chanteur d’A Filetta, Jean-Claude Acquaviva, lors de l’émission Cuntrastu

Lien vers l'émission : http://corse.france3.fr/emissions/cuntrastu

Cuntrastu a choisi un artiste pour achever le cycle annuel de l'émission. Jean-Claude Acquaviva, figure emblématique du groupe polyphonique corse A Filetta, était hier soir l'invité de Jean-Vitus Albertini (France 3 Corse), Roger Antech (Corse-Matin) et Patrick Vinciguerra (RCFM). Avec sa voix, grave et hiératique, le chanteur balanin a porté un son aigu sur l'actualité régionale.

D'emblée, le thème de la langue corse est arrivé sur le plateau télévisé. Bien entendu, Jean-Claude Acquaviva s'est réjoui que l'assemblée de Corse ait adopté une délibération sur la coofficialité.

« Personne n'a voté contre le rapport. C'est important sur le plan de la symbolique. Cela signifie qu'aujourd'hui il y a consensus sur un certain nombre de sujets », assure le chanteur.

Certes, dans l'immédiat, la coofficialité n'est qu'une mesure symbolique. Il en a conscience.« Il faudra du temps pour que cette initiative se mette en place de façon harmonieuse. C'est un sursaut nécessaire. Une bonne chose car la société corse vit mal son identité », affirme Jean-Claude Acquaviva, sans pour autant nier les obstacles à venir : la réforme de la Constitution, le problème de la formation, le repli sur soi.

« La contrainte permet l'épanouissement »

« Il faudra être exigeant, vigilant et ne pas tout sacrifier à une forme de glorification de la langue », note l'invité, insistant sur les choix indispensables à opérer : « On ne peut pas mettre des gens qui sont incompétents dans une tour de contrôle parce qu'ils parlent l'anglais ».

Jean-Claude Acquaviva en est persuadé : la contrainte n'est pas systématiquement liberticide. « La contrainte est nécessaire pour le bien vivre ensemble », glisse l'artiste, donnant des références philosophiques sur la contrainte qui n'est, selon lui, pas symbole d'aliénation. « La contrainte peut permettre l'épanouissement. C'est comme le pianiste qui doit faire deux heures de gammes pour améliorer son talent. Pour s'épanouir, la langue corse à besoin de cet outil juridique ».

Jean-Claude Acquaviva en convient, la question de la langue corse a été, longtemps, prisonnière de la sphère politique et particulièrement des nationalistes. « C'était inévitable dans la mesure où la question pose un problème politique. On le voit bien, on va buter sur un problème constitutionnel. Les nationalistes se sont emparés du problème car il était consubstantiel de leur combat. C'est la classe politique traditionnelle qui s'est arc-boutée. Aujourd'hui, les mentalités ont évolué. C'est positif », estime le chanteur, assurant « qu'une société bilingue ne peut être qu'un atout ».

S'il n'a jamais senti le besoin de s'exprimer au sein d'un parti politique, « peut-être parce que je ne m'y retrouve pas », précise l'homme de gauche, Jean-Claude Acquaviva a mené de nombreux combats. Il fait désormais partie des onze citoyens composant le collectif « contre les assassinats et la loi de la jungle».Pour lui, la société corse ne s'empare pas suffisamment des problèmes qui la concernent. Les raisons sont diverses et variées.

« La Corse n'a pas besoin de justice particulière »

Forcément, les journalistes l'ont interrogé sur les propos de Manuel Valls qui reproche aux Corses de ne pas s'exprimer suffisamment face à ces phénomènes de violence. Y a-t-il un rapport ambigu des Corses face à la violence ? « Je pense que la violence est largement enracinée », assène-t-il, dénonçant cependant les propos de Manuel Valls. « La violence n'est pas ancrée dans la culture corse, mais il y a une circonstance historique qui a fait qu'une certaine violence s'est exprimée. Il y a en Corse une certaine défiance par rapport à la justice, car l'État n'a jamais navigué clairement dans ce pays. Les propos du ministre sont donc irresponsables parce qu'il fait abstraction de tout ça. Cependant, on ne peut pas éternellement s'auto-exonérer de nos responsabilités. Il faut un examen de conscience », affirme-t-il, citant Dostoïevski. « On a engendré une génération de ce que j'appelle le "sò indè mè et t'amerdu". Ça, c'est la jungle ». Au chapitre de l'ambiguïté, les journalistes l'ont titillé sur l'ambivalence du nouveau collectif qui préconise une société débarrassée de la loi de la jungle et du grand banditisme, mais qui, d'un autre côté, conteste les juridictions d'exception qui sont amenées à lutter contre ce type de dérive. « La Corse n'a pas besoin de justice particulière, elle a besoin d'une justice ordinaire ». Mais peut-on se contenter d'une justice normale face à une situation anormale ? «Ça relève des compétences de l'État qui doit mettre en place une justice ordinaire, implacable, mais sans moyens spéciaux. La fin ne peut pas justifier les moyens », indique-t-il, réfutant l'idée que le collectif puisse être manipulé.

Jean-Claude Acquaviva reconnaît que le nationalisme a permis de porter un certain nombre de combats, mais qu'il a aussi commis un certain nombre d'erreurs. Il demande une clarification des uns et des autres sur le choix du projet politique. Et que pense l'humaniste de la violence clandestine ? « On ne peut pas faire un constat d'échec… La clandestinité a été un mal nécessaire, mais je regrette que l'on ait recours à ce mal. La clandestinité est, par certains côtés, dangereuse, elle peut-être porteuse de dérive. Il vaut mieux l'éviter », plaide-t-il, posant le problème de l'engagement citoyen. « Est-ce qu'il fallait que ce soit la violence clandestine qui monte au créneau ? Je préfère le combat citoyen à visage découvert. Je préfère la violence civile ».

cuntrastu

Le n°65 de Corsica :

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Le n°12 de Paroles de Corse :

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Mai 2013

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casanonga

Avril 2013

Le n°10 de Paroles de Corse :

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Le n°163 de "Corsica" :

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Les obsèques de Dumè Gallet

22/04/2013
dume

Un militant, une voix de Canta s'en est allée

18/04/2013

dume

Quandu a terra move », ce chant venu du cœur qui le caractérisait, ce chant qui le transcendait… avà ghje mossa è ti si hà pigliatu.

A nutizia hà spartu u so velu di tristezza eri sera, Dumè Gallet si n'hè andatu. Dopu una cusi longa maladia, dopu avè rinvivitu, cusi pocu… Dopu avè vistu parte à so moglia da a listessa maladiaccia. Ella dinù era rinvivita per cascà cusi prestu. Bruttu destinu.Dumè era statu è era sempre un puntellu maio di Canta u Populu Corsu, di u cantu è a musica di sta terra.

Agé de 56 ans, militant engagé de la première heure, il a toujours œuvré sans que son univers pétri d'humanisme en soit affligé, bien au contraire.

Il avait dû quitter la Corse pour la Nouvelle-Calédonie pendant quelque temps et cette « autre île » l'avait adopté comme lui-même s'en était pétri. D'ailleurs pour tous ceux qui le côtoyaient, il était le symbole même du frère dans toute sa dimension, « ô fratè » cette expression si galvaudée aujourd'hui avait toute sa dimension lorsqu'elle s'appliquait à Dumè. Musicien hors pair, à la fois violoneux et violoniste, sa voix profonde et son timbre si particulier donnaient toute sa dimension aux groupes qu'il côtoyait sur scène et dans les studios d'enregistrement. Ceux qui l'écoutaient disaient souvent « J'en ai la chair de poule ». C'est vrai qu'il était grand. Une présence affirmée, un charisme à fleur de peau, discret et communicatif. Sensible et ouvert. Rompu à toutes les bonnes causes, du cœur et de l'esprit.

« Chì disgrazia… corciu à ellu è à i so figlioli », me disait quelqu'un hier soir…
A prestu Dumè, in un paese duve ellu si canta sempre per quelli chì li piace tantu sta musica, stu cantu, sta libertà, sta vita chì avà ghje sfughjita.

Jacques Paoli pour Corse Matin

Dumè Gallet : il était une voix

Il était l'une des voix de "Canta". Dumè Gallet est décédé le 17 avril. Sa vie fut  marquée par son engagement politique au sein du mouvement nationaliste. 
Un hommage lui est consacré sur ViaStella à travers un magazine et un documentaire ce vendredi 19 avril à partir de 21h30.

L'un des membres fondateurs du groupe "Canta u Populu Corsu", présent dès le Riacquistu  en 1973, est décédé ce mercredi 17 avril des suites d'une longue maladie, comme l'on dit pudiquement. Dumè Gallet ne fut pas seulement militant culturel, mais aussi acteur politique, représentant de la C.C.N dont il fut le porte parole dans les années 80, puis élu à l’Assemblée de Corse avec Pierre  Poggioli et Yves Stella en 1984. Fondamentalement humaniste, il s'était engagé pour les droits de l’homme et  le soutien des prisonniers politiques.

De son séjour de 10 ans en Nouvelle Calédonie, il livre un récit : "Lumière des îles, Itinéraire en terre kanak " Dumè Gallet a sans doute mieux que quiconque pénétré dans l'autre culture insulaire, celle des kanaks, Dumè Gallet était rentré en Corse à Riventosa. Il enseignait le violon traditionnel à l’université de Corte, 

Parmi les très nombreux hommages, celui de A Filetta :

Si n'hè andatu Dumenicu, anima chjara è core tamantu. A Filetta pienghje l'omu, u cumpagnu, u miltante chi' ci avia apartu e porte di a so "Kanakia" cara.

"Mare, Mare, Mare
ristà mi ne n'ùn possu
ma lu mio core mossu
hà torna primure chjare"

Cun affettu, un abbraccione à i soii. Spartimu u so dulore.

A Filetta

Et celui de Ghjacumu Fusina :

Omaggiu

Procès des soutiens de Colonna : Deux réquisitions sévères et deux relaxes

11 Avril 2013

Le procès en appel des cinq personnes soupçonnées d'avoir aidé Yvan Colonna pendant sa cavale s’est ouvert ce jeudi après-midi à Paris en l’absence du principal intéressé qui, comme Corse Net Infos l’avait annoncé hier, a refusé d’y participer. Les prévenus campent, tous, sur la même ligne de défense. Lors d’une audience au pas de course, le ministère public a requis deux relaxes, trois peines allant de 2 à 5 ans de prison avec sursis et privations des droits civiques, civils et familiaux, ainsi qu’un an ferme contre Yvan Colonna pour détention d’armes. Les plaidoiries de la défense se poursuivront vendredi après-midi. Le jugement sera mis en délibéré et rendu d’ici à un mois.


André Colonna d'Istria, Marc Simeoni et Patrizia Gattaceca
André Colonna d'Istria, Marc Simeoni et Patrizia Gattaceca

Patrizia Gattaceca, Frédéric Paoli, Claude Serreri, André Colonna d'Istria et Marc Simeoni comparaissent, donc, pour la deuxième fois, au Tribunal de Paris, presqu’une décennie après les faits. Leur ligne de défense n’a pas bougé : les quatre premiers reconnaissent avoir hébergé le berger de Cargèse durant sa cavale de 1999 à 2003, le dernier nie toute implication. Yvan Colonna, poursuivi pour détention d’armes au moment de son arrestation, a refusé d’être extrait de sa cellule de la centrale d’Arles pour assister au procès. Il a, également, demandé, à ses défenseurs de ne pas prendre la parole. Il est vrai que, déjà condamné à perpétuité pour l’assassinat de Claude Erignac, le jeu n’en valait pas la chandelle. « Yvan Colonna a refusé d’assister à son procès. C’est son choix, il faut le respecter », a déclaré l’avocate générale qui a requis contre lui un an de prison ferme.
 
Les raisons d’un appel
Après un rapide examen des faits et des questions ciblées sur l’appartenance ou non des prévenus à un mouvement nationaliste, le réquisitoire, mené tambour battant, a repris, quasiment à l’identique, les réquisitions de peines prononcées en première instance.
L’avocate générale a expliqué que le Parquet avait interjeté appel, non pas sur le quantum des peines qui étaient toutes assorties de sursis comme il l’avait demandé, mais sur le fait que l’accusation de « relation avec une entreprise terroriste » n’avait pas été retenue. Dans ce cas, le Tribunal aurait du se déclarer incompétent et renvoyer l’affaire devant une juridiction compétente, à savoir celles d’Ajaccio et de Bastia. « L’appel du ministère public était inévitable. Le Tribunal ne nous a pas laissé le choix », a-t-elle déclaré.
 
Deux relaxes
Ensuite, l’avocate générale, qui s’est défendue de faire « le procès d’un peuple corse », a scindé les degrés de responsabilité et demandé la relaxe pour Frédéric Paoli et Claude Serreri. Elle a estimé que le premier, propriétaire de la bergerie où a été arrêté Yvan Colonna en juillet 2003, est « une victime » qui a agi « sous la contrainte », il n’est donc « pas pénalement punissable ». Pas plus que ne l’est le second, qui a reconnu avoir apporté, une fois, de la nourriture à son ex-beau-frère en cavale et avait déjà été relaxé en première instance.
Elle a requis 2 à 3 ans avec sursis contre André Colonna d'Istria, le gérant du camping qui a servi de relais, saluant comme « courageux » son geste de reconnaître à la barre sa participation au réseau de soutien au militant nationaliste en cavale.
 
La volonté de sanctionner
Les réquisitions les plus lourdes ont été menées contre Patrizia Gattaceca et Marc Simeoni, dans une volonté manifeste de sanctionner fermement. L’avocate générale a réclamé, non seulement des peines de, respectivement, 3 et 5 ans avec sursis, qu’elle relie à l’accusation de « relation avec une entreprise terroriste », mais également de sévères privations de droits civiques, civils et familiaux qu’elle justifie en invoquant des raisons « d’ordre moral ».
Considérant que la chanteuse, qui a hébergé son ami dans sa maison de Penta-Acquatella, « croit en son innocence » et « revendique et assume son combat indépendantiste », elle a réclamé, contre elle, 3 ans avec sursis et 3 ans de privation de droits civiques, civils et familiaux.
 
Une atteinte professionnelle
Sans surprise, la représentante de l’accusation a réservé sa plus forte charge contre Marc Simeoni, l’accusant de « ne pas avoir le courage d’admettre ce qu’il a fait ». Qualifiant son attitude à l’audience « d’ironique », elle s’en prend à son statut de professeur d’université et d’expert près de la Cour d’appel de Bastia, qui lui donnait, selon elle, plus qu’aux autres prévenus, « l’obligation morale de ne pas héberger une personne recherchée » ! Elle a requis à son encontre 4 ou 5 ans de prison avec sursis, mais surtout la peine maximale, et rarement encourue, de 5 ans de privation de droits civiques, civils et familiaux. Le but clairement affiché est de l’atteindre, à la fois, professionnellement et moralement.
La défense, qui a déjà entamé ses plaidoiries, va concentrer son argumentation, vendredi après-midi, sur l’absence de preuve concernant le lien avec une entreprise terroriste.
N. M.

La position de la LDH de Corse

"Pour la Ligue des  Droits de l’Homme, comme très certainement pour de nombreux citoyens, le procès actuel des personnes accusées d’avoir hébergé Yvan Colonna pendant sa cavale semble le legs d’une mauvaise époque. Il est la conséquence d’un appel du ministère public après un premier jugement qui avait écarté l’accusation invraisemblable d’entreprise terroriste. Avant le procès en première instance, la LDH avait lancé un manifeste de la désobéissance contre la justice d’exception co-signé par des personnalités et signé par des centaines de personnes. Aujourd’hui, elle réitère son soutien aux accusés, notamment Patrizia Gattaceca qui courageusement a revendiqué un geste d’hospitalité. Il ne faut pas oublier le contexte d’une époque marquée par des dérives répressives touchant des centaines de Corses et le mépris souverain de Nicolas Sarkozy pour la présomption d’innocence. Dès lors que ce contexte est rappelé, il n’y a pas d’anachronisme mais une fois de plus, l’évidente nécessité pour la justice de contribuer à l’apaisement ici et maintenant."  

Parlemu Corsu se mobilise pour une société bilingue


Ce mardi, 2 avril, à Corte, à la Faculté de Sciences, sur le parking du campus Grimaldi, se tiendra, de 20 heures jusqu’au milieu de la nuit, une grande mobilisation pour une société bilingue, organisée par le Collectif Parlemu Corsu. Plus de 70 associations, venues de toute l’île, et de nombreux élus seront présents à cette fête de la langue qui réunira à la fois des groupes culturels traditionnels, des groupes de Hip Hop et un DJ du Bronx. Un programme éclectique et revendicatif, détaillé par Michel Leccia, président du Collectif, qui appelle tous les Corses au rassemblement.

(Photo Agnès Di Meglio)
(Photo Agnès Di Meglio)

- Quel est le but de cette manifestation du 2 avril ?
- C’est une action originale pour poser de façon concrète et militante notre revendication d’une société bilingue et des moyens pour y parvenir. Il faut avoir conscience que l’Etat n’est pas prêt, pour l’heure, à modifier la Constitution pour donner à la langue corse un statut de coofficialité. Nous disons à nos élus, qui se prononcent en faveur de ce statut, qu’ils doivent être en mesure de faire entendre leurs voix et d’engager, si nécessaire, un rapport de force avec l’Etat. Nous pouvions appeler à manifester, mais au lieu de choisir de faire un défilé traditionnel dans la rue, nous avons décidé d’envoyer une image beaucoup plus positive et dynamique avec la réalisation d’une fête revendicative.
 
- Comment cette fête sera-t-elle revendicative ?
- Grâce aux discours qu’elle va véhiculer, aux banderoles que nous allons étendre sous le chapiteau, à la pétition que nous ferons signer et qui sera la condition, avec un droit d’entrée de 5 €, pour accéder à la fête. D’autres langues minoritaires vont délivrer un message de solidarité et de soutien pour ce qui se passe en Corse et ce qui a été acquis, tout en exprimant leurs propres revendications. La solidarité profite à tout le monde, c’est pour cela que nous tenons à diffuser tous ces messages. Puis au cours de la soirée, sera prononcé un discours revendicatif qui va resituer les choses parce que les gens viennent, à la fois, pour faire la fête, mais aussi pour revendiquer une société bilingue.
 
- Pourquoi avoir choisi l’université comme lieu de la fête ? Est-ce symbolique ?
- Oui. Nous avons choisi l’université parce que c’est un lieu où il y a toujours eu des manifestations pour défendre la langue corse et un lieu qui représente la jeunesse. Nous voulons montrer que non seulement la population dans son ensemble se soucie de la langue corse, mais aussi la jeunesse qui est très active puisqu’elle crée des magasines, des sites et des blogs où la langue corse occupe une grande place. Nous allons les mettre à l’honneur et leur rendre hommage. Beaucoup d’associations présentes, mardi soir, sont, d’ailleurs, présidées par des jeunes.
 
- Quelles associations participent ?
- Un panel de 70 associations qui se manifesteront de façon originale comme, notamment l’Adecec de Cervione, les associations des foires de Bocognano et de Casinca, Scolca de Marignana, Alivetu du Cap Corse, A Capella de Patrimoniu… Nous avons réalisé un véritable maillage de l’ensemble du territoire insulaire avec le tissu associatif. Certaines associations ont la langue corse comme un de leurs objectifs. D’autres en sont plus éloignées, mais s’en soucient en tant que citoyen. Toutes, en tant qu’acteurs de la société civile, sont au contact de nombreuses personnes et ont du poids sur le terrain. Toutes sont prêtes à s’unir pour porter, d’une seule voix, le message de notre volonté d’obtenir une société bilingue et les mesures adéquates pour l’accompagner. Pour montrer qu’elles sont parties prenantes, elles arboreront, toutes, un drapeau avec leur logo et le nom de la commune ou de la microrégion qu’elles représentent. Histoire de bien montrer que du Cap à Bonifacio, à l’Est comme à l’Ouest de l’île, la Corse entière et l’ensemble de la société civile se mobilisent pour une cause commune : la défense de la langue corse.
 
- Quel est le programme de cette soirée ?
- C’est un mélange des genres. Nous voulons montrer que la langue corse a sa place dans tous les domaines de la société et même là où on ne l’attend pas. Aussi y-a-t-il, bien évidemment, des groupes traditionnels culturels qui se sont créés dans les années 70, entre 1973 et 1979, et qui existent encore aujourd’hui. Ils forment un plateau impressionnant : Canta u populu corsu, Chjama Aghjalesi, Tavagna, A Filetta, Diana di l’Alba et I Surgenti. Pour l’occasion, va se recréer I Due Patrizie, Patricia Gatacecca et Patricia Poli. La soirée débutera avec trois groupes de dance Hip hop et Robin Santelli, champion de France en 2010, puis les groupes culturels, et finira avec Big Ali, un DJ américain de Bronx, de renommée internationale, et ses danseurs.
 
- Quel est le rapport de Big Ali avec la langue corse ?
- La langue corse sera présente grâce à Jean-Charles Papi qui va installer un échange avec le public, le faire chanter en corse, l’interpeler et obtenir des réponses en corse. Il y aura des chansons dont les paroles seront traduites en corse et des chansons corses remixées. Symboliquement, nous espérons que Big Ali prononcera quelques mots en corse, une façon de dire qu’une personnalité extérieure soutient la démarche du Collectif Parlemu Corsu et qu’il n’y a pas de langue supérieure aux autres, mais que toutes les langues sont égales. Pour donner encore plus de couleurs et de dynamisme à la fête et pour bien porter notre message revendicatif, nous allons distribuer, au milieu du concert des groupes traditionnels, 2000 écharpes aux couleurs du Collectif Parlemu Corsu avec l’inscription : « Societa bislingua ». Ce sera, avec le discours prononcé, le moment fort de la soirée, vers 22h30.
 
- Des élus seront-ils présents ?
- Les invitations ont été lancées. On sait que les élus nationalistes seront présents, on espère que les élus des partis traditionnels, qui se sont prononcés pour la coofficialité, le seront aussi. C’est vraiment un rendez-vous à ne pas manquer puisqu’il fera la preuve que la population corse, dans son ensemble, se soucie de la langue corse et de son avenir.
 
- Combien de personnes attendez-vous ?
- Le chapiteau a une capacité d’accueil de 2500 personnes, nous avons imprimé 2000 écharpes, ce qui donne une idée du nombre de personnes que nous attendons. Nous avons prévu, d’ailleurs, toute une organisation de sécurité et de secours pour pouvoir gérer une telle foule.
 
Propos recueillis par Nicole MARI
 


Parlemu Corsu se mobilise pour une société bilingue

Parlemu Corsu : Une démarche originale et complémentaire pour défendre la langue corse
 
Ce collectif, composé de particuliers issus de l’ensemble de la société insulaire et de nombreuses associations, œuvre, depuis six ans, pour la construction d’une société bilingue. Il agit concrètement en effectuant tout un panel d’actions diverses avec différents acteurs pour montrer que la langue corse peut occuper tous les domaines de la société. Des actions toutes simples pour faire parler la langue, comme, par exemple, les stondi qui sont des rencontres sur un thème précis, défini à l’avance, où seul le corse est parlé. Egalement des conférences-débats, des journées à thème avec des ateliers déclinés dans des secteurs variés : les entreprises, les professions comme pêcheur, boulanger, etc. Le Collectif travaille avec les musées, les Offices, le parc naturel, toutes sortes d’organismes... et propose des animations pour les enfants. Son objectif est de démontrer que les insulaires ont un réel engouement pour la langue corse et pour sa pratique de façon générale.
 
Une action revendicative
A côté de ces actions concrètes de promotion de la langue, Parlemu Corsu a engagé une action revendicative auprès des pouvoirs publics. Car la bonne volonté sur le terrain ne suffit pas face à l’ampleur de la tâche. Il revendique, donc, des mesures conséquentes pour aider et accompagner la volonté populaire. Ces revendications sont résumées en 16 points sur une pétition qui demande, non seulement la coofficialité avec un statut de la langue corse, mais aussi avec un contenu et des moyens. Le Collectif développe deux mesures phares.  La première stipule l’immersion des enfants à l’école dans un bain total de la langue, au moins, au primaire pour un vrai apprentissage. Le but est qu’ils accèdent au secondaire dans un véritable bilinguisme. Ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle. La seconde décline une formation obligatoire dans les entreprises, ainsi que d’autres idées pour créer un environnement plus favorable à l’apprentissage du corse. Ce programme, complet et ambitieux, demandant énormément de moyens humains et financiers et du temps, le Collectif, tout en insistant sur l’urgence à agir, veut faire prendre conscience de la nécessité d’accompagner ce plan avec des moyens conséquents.
 
N.M.

Source : Corsica Net Infos

Mars 2013

Quand un magazine corse censure sa propre enquête... en collant les pages

Deux pages d'enquête du dernier numéro de «Corsica Magazine» ont été collées au dernier moment par les responsables du magazine, de peur d'ennuis judiciaires.

Deux pages d'enquête du dernier numéro de «Corsica Magazine» ont été collées au dernier moment par les responsables du magazine, de peur d'ennuis judiciaires. | L'Express.fr

Chez Corsica Magazine, plus c'est gros, plus ça passe. Alors que l'édition du mois de mars de ce mensuel était déjà sortie des rotatives, ses responsables ont décidé au dernier moment de supprimer une enquête «gênante» étalée sur deux pages...en les collant l'une à l'autre ! Seul hic, l'article était annoncé en Une et ce petit bricolage n'a pas dupé longtemps les lecteurs, comme le révèle l'Express ce jeudi.

L'article en question, consacré au détournement à grande échelle de subventions départementales destinées à la création de gîtes ruraux sur l'île, est annoncé en couverture et dans le sommaire sous le titre: «Les gîtes du clientélisme», et annoncé en pages 48-49. En feuilletant le magazine, on se rend toutefois vite compte que l'on passe directement de la page 47 à la page 50 , le verso de la première étant scellé au recto de la seconde...

La peur de la condamnation

Le directeur de la publication du magazine assume totalement cette opération de collage, d'un coût estimé à 4000 euros. Interrogé sur France 3 Corse, Frédéric Poletti reconnaît ainsi avoir fait sceller les pages incriminées, portant la photo de Paul Giacobbi, l'ex président du conseil général de Haute-Corse, avant de s'en expliquer plus longuement auprès de l'Express : «En cas de condamnation pour diffamation, poursuit-il, les frais sont très lourds pour une petite structure comme la nôtre, explique-t-il. J'aurais aimé que les choses se passent différemment mais nous n'avons pas eu le temps de discuter avec le rédacteur suffisamment en amont.»

Comment lire la fameuse enquête? il suffit de décoller les deux pages à la vapeur, un sport devenu «très prisé» en Corse ces derniers jours, s'amuse l'Express.

15 Mars 2013

La disparition de Frédéric Graziani

graziani

Le milieu du cinéma corse a appris avec stupeur la disparition d’une de ses plus sûres valeurs, le cinéaste et comédien Frédéric Graziani qui était un des piliers de la série Mafiosa dans laquelle il interprétait, avec un talent unanimement salué par la critique, le rôle de Manu, formant un tandem d’hommes de main avec son ami et complice Éric Fraticelli. Il avait réalisé trois courts métrages avant de tourner en 2003 son premier grand format Le cadeau d’Éléna avec Michel Duchaussoy et Andréa Ferreol, là encore très bien accueilli.

Dix ans plus tôt, il était à l’affiche du film La place d’un autre, une comédie dramatique de René Féret où il donnait la réplique à Samuel Le Bihan et Elsa Zylberstein. La réalité rejoignant parfois la fiction, il avait été appelé récemment à la barre du procès du cercle Wagram, affaire très médiatique dans laquelle il avait été mis hors de cause par la justice.

Originaire de Sisco dans le Cap Corse et épris de l’île de beauté, il était d’un caractère entier et généreux, connu et apprécié pour ses grandes qualités humaines. Frédéric Graziani, ravi bien trop jeune à l’affection de ses proches, laissera aussi un vide immense auprès de tous ceux qui l’ont côtoyé, tant sur le plan personnel que professionnel.

(Source : Corse Matin)

La Corse invisible

Si pour la Corse c'est toujours "Accusée, levez-vous!", pour une seule fois j'aurais envie de dire "J'accuse".

J'entends dire qu'il faut enfin que nous soutenions la justice, et surtout que si la justice n'est pas rendue dans l'île, cela serait de notre faute. J'entends dire que ma violence serait génétique, endémique .
On nous répète depuis plus d'un siècle que nous serions violents par tradition, fascinés par les armes, complaisants avec le crime, et forcément dans la confidence des tueurs en tous genres.
C'est bien ainsi que l'île où tout le monde saurait tout, sauf les juges et la police, est devenue le paradis du crime parfait.
Dans ce paradis-là, les vrais criminels, cachés, bien à l'abri derrière ces contre-feux médiatiques et politiques, doivent se frotter les mains.

La Corse brûle de l'intérieur. Ce sont les justes qui y dorment mal. La Corse est opprimée par le crime.
La Corse est encore plus opprimée par l'impunité.
Puisqu'il paraît que seuls chez nous les chiffres parlent, écoutons-les: 85 meurtres non élucidés entre 2004 et 2011. Imaginons à l'échelle de la France: cela ferait 17000 meurtres impunis en 8 ans. Il y a en matière de grande criminalité, 18 fois plus d'impunité en Corse qu'en terre continentale. N'est-il pas là, le scandale d'Etat jamais nommé ?
Dans pareil cas, en quel état seraient , ailleurs , les populations et leur vie quotidienne?
Est-il si facile, pour tant de familles et pour une société entière, de digérer cette "normose ", ce scandale judiciaire?
Comment vivre la douleur, supporter l'impunité, et encaisser en plus le reproche muet: "Il doit y être pour quelque chose", car en terre de Corse, une victime ne peut pas être innocente. Ou plus cynique encore: "Lui au moins doit savoir pourquoi il est mort…" Il est vrai qu'avec ces soupçons-là, on est moins forts pour réclamer justice.

Et pourtant, comment se fait-il que malgré cela, malgré ces faits qui feraient hurler de rage et de désespoir n'importe qui, la Corse ne soit pas à feu et à sang? Comment expliquer que la délinquance n'envahisse pas les rues de nos villes? Comment expliquer que la Corse est par ailleurs la région de France la moins touchée par la violence scolaire?   Apparemment, cette île a des vertus qui la protègent du pire.

99 % de la population bâtissent la paix au quotidien .Ce sont les familles qui réparent. C'est la solidarité et la dignité qui sauvent la cohésion sociale, malgré cette tyrannie.
Si la Corse a la capacité à maintenir un équilibre précaire, une paix douloureuse, si elle a le courage de ne pas céder à la colère et au desespoir qui déchireraient tout le tissu social, ces vertus-là ne comptent pour rien et restent invisibles.

Cette performance sociale et psychologique est loin d'être perçue à sa juste valeur. Pire encore, cela se retourne contre la Corse à qui l'on renvoie sans cesse l'insupportable reproche culturo-génétique: "C'est la Corse, ce sont vos moeurs, c'est vous qui protégez le crime".  

Cela me rappelle l'enfant battu à qui l'on répète, impassible : "Tout est de ta faute, tu l'as bien voulu." Mieux encore, au lieu d'attaquer les vrais problèmes, au lieu de combattre la criminalité, on condamne un territoire. De la sorte, meurtres et impunité, les deux réunis, sont le véritable moteur à explosion de la Corse. Là est la loi impitoyable que l'on applique aux citoyens de chez nous.

Pour l'heure, l'Etat s'en sort avec la meilleure conscience du monde, et les criminels, introuvables et invisibles, doivent exulter devant ce cadeau régalien. "On ne peut pas reprocher son inefficacité à la justice, tant que les Corses ne feront pas leur devoir de citoyen!" (1) dixit le nouveau procureur de la République à Ajaccio, en octobre dernier, avant même de prendre ses fonctions.
De toute évidence il n'a pas manqué de confier sa trouvaille à M. le Ministre de l'Intérieur. En commençant par cette sentence, le procès est déja fait. Aucune chance que la vérité éclate un jour.

Exposés à ce harcèlement pernicieux - sur lequel sociologues et psychologues pourraient nous éclairer - il n'est pas étonnant que nombre de Corses cèdent à l'auto-culpabilisation. "C'est de notre faute, nous ne sommes pas comme les autres." Rien de mieux pour te faire douter de toi-même et bétonner le mensonge.

Sommes-nous vraiment complices, coupables, lâches, génétiquement violents? A force de dire à l'enfant battu que c'est lui le responsable, il finit toujours par croire qu'il n'est pas comme les autres.
C'est ainsi que nos vertus se retournent contre nous-mêmes.

Ailleurs dans le monde, les criminologues les plus sérieux reconnaissent que "l'on assiste aujourd'hui à un véritable effondrement criminel d'une partie de la planète. L' argent est blanchi là où le risque politique est faible. La criminalité y progresse. Ce qui est important se joue en coulisses avec les phénomènes criminels, ou dans la salle avec les marchés. Un territoire criminalisé ne se reconnaît pas toujours à l'oeil nu. Quand l'Etat se montre incapable d'empêcher ou d'élucider, il permet au monde du crime dans une logique de "survie du plus fort et du mieux adapté", de se doter d'une élite plus aguerrie, donc plus redoutable.

La Corse connaît cette double évolution depuis les années 1980. - Contrairement à une idée reçue, il est faux de considérer que cela "débarrasse". (2) Les experts, auteurs de cet ouvrage-là, sont d'ailleurs tous deux citoyens français. Et en quête de vérité, comme nous.

Eh bien, disons la verité. Contrairement à ce que nous répète la rengaine bien connue, nulle part, jamais, la criminalité n'est génétique ou endémique. Mais elle peut devenir "épidémique", là où l'injustice règne, là où l'Etat de droit est absent, impuissant. C'est dans ce contexte que la Corse souffre, se débat, et traîne sa double peine.

Comment peut-on continuer à condamner tout un peuple, et un peuple qui souffre autant? A-t-on jamais demandé aux Italiens, aux Mexicains, aux Norvégiens, aux Américains s'ils étaient violents par nature ou par tradition? Entre la tyrannie de la criminalité, le cynisme de l'impunité, et la sentence d'une culpabilité collective (omertà, vendetta ...) la Corse est piegée, sans issue , entre enclume et marteau.
Que peut le citoyen lambda face à des crimes exécutés avec une précision et un sang-froid à toute épreuve, par des professionnels portant casques et cagoules, agissant et disparaissant en 20 secondes, sans laisser une trace ?
L'Etat exige-t-il que la justice en Corse soit rendue par des bénévoles et des amateurs? Tandis que l'on ne se gêne pas de demander l'impossible à la population, des syndicats de police et des juges dénoncent les dysfonctionnements locaux : "guerre des polices, rétention d'informations entre les services, inefficacité des investigations, disparition des pôles financiers..." (3)

L'omertà n'est pas toujours là où on la soupçonne. Tout citoyen, chaque être humain, a le droit et le devoir d'imaginer, de vouloir autre chose. L'urgence impose d'attaquer le véritable ennemi, de démasquer la criminalité, de relever les énormes défis, de se dresser contre le mépris de la loi.

Puisqu'il paraît que la spéculation et l'avidité sévissent en Corse, puisque la "malédiction de la beauté" serait à l'origine de tant de convoitises mortifères dans l'île, le procureur d'Ajaccio devrait commencer par décerner la médaille du courage au "Collectif loi littoral", aux Associations Environnementales qui, dans la non-violence, avec des moyens nobles pour une cause juste, font le dernier rempart, là où l'Etat ne fait pas son devoir.

J'accuse l'ignorance, les sentences autosatisfaites, la manière insidieuse de s'acquitter de toute responsabilité en terre de Corse.
J'accuse le béton dans les têtes, le mur de mensonges et de clichés qui nous séparent de la vérité.
J'accuse la pensée unique, sclérosée, volontairement aveugle , qui ne voit qu'un problème de génome, de privilèges, de tradition et de culture, là où la criminalité triomphe de tout, et même de la démocratie.
J'accuse le masque de la compétence politique, que l'on ose afficher, devant l'échec écrasant.
J'accuse aussi notre manque de conscience et de force face à une réalité dont nous sommes co-responsables. Devant une criminalité qui se sert de ce contexte pour mieux s'implanter encore, invisible, tissant chaque jour un peu mieux la toile de ses intérêts, les habitants de Corse préféreraient un peu plus d'humilité, le simple courage de dire, à la manière d'un juge Falcone: "Nous avons échoué, mais nous sommes à vos côtés pour enfin combattre le vrai ennemi."

"La criminalité progresse là où le risque politique est faible", nous disent les experts. La justice commence là où l'Etat cesse de se dédouaner, de se cacher derrière des contre-feux et des faux diagnostics . La vérité avance là où les citoyens ouvrent les yeux et marchent ensemble. Cette Corse-là existe. Seule l'intelligence saura la rendre visible.

Jean-François Bernardini 11 janvier 2013

(1) Libération 18-10-2012
(2) "Géostratégie du crime" – J-F. Gayraud et F. Thual (Editions Odile Jacob)
(3) Corse-Matin 31-10-12
JF Bernardini est artiste au sein d' I Muvrini, il préside l'Association pour une Fondation de Corse –UMANI, et est membre de la Fondation "non-violence XXI". Depuis 2010 la Fondation de Corse a initié à la non-violence plus de 1340 personnes (adultes et juniors), dont des directeurs d'école. Par leur engagement et cette soif-là , les Corses confirment une espérance , une confiance dans la bonne direction .

Disparition à 84 ans du journaliste et historien Paul Silvani

07/03/2013

Son nom s’inscrivait depuis tant de décennies en bas des articles ou sur la première page des livres qu’on le pensait éternel.Paul Silvani nous a quittés à 84 ans. Il incarnait le journalisme insulaire

Il est des noms qui incarnent une seule époque. Paul Silvani les a traversées. Des années soixante jusqu'à ce début de XXIe siècle. Du Provençal-Corse dont il a été le directeur jusqu'à son dernier ouvrage Visites présidentielles et problème corse, paru il y a quelques jours à peine aux éditions Albiana.

Pendant ces décennies, Paul ne s'est pas contenté de vivre. Journaliste avant tout, il observait, l'œil bienveillant mais critique. Et si l'historien s'était, petit à petit, substitué au chroniqueur de l'actualité, c'était toujours avec le même esprit, la même distance, la même connaissance fine des subtilités de la politique.

Bienveillance et solidarité

Ce qui revient de cet homme au sourire immuable, à l'humeur égale, c'est une constante bienveillance. Avec les jeunes journalistes qu'il a formés et à qui il avait coutume de dire : « Ce métier c'est un apostolat. Le bon journaliste c'est celui qui ne se prend pas pour un journaliste… » Avec les confrères des autres médias qu'il abordait toujours avec une extrême courtoisie et très souvent avec un mot gentil.

Lorsqu'il dirigeait la rédaction du Provençal, il était un chef exigeant mais qui« défendait ses troupes » et ne s'offusquait pas que tous le saluent d'un « Bonjour Paulucciu »le matin. Ceux qui l'ont côtoyé au quotidien lors des conférences de rédaction et des bouclages se souviennent qu'il répétait : « Il y a une règle dans ce métier. Il est trop exposé pour faire l'économie d'être soudés en interne ».

La passion du verbe

L'amour des mots l'avait conduit à écrire. Mais comme tous ceux qui sont profondément ancrés dans la culture corse, Paul Silvani aimait aussi le verbe parlé. Souriant, affable, mais tenace, il aimait défendre ses idées (particulièrement dans cette matière politique qu'il connaissait si bien). « Certaines conférences de rédactions étaient plus longues que prévues… », se rappellent les journalistes ajacciens. Certaines conférences de presse aussi d'ailleurs. Car Paul n'hésitait pas à débattre avec les organisateurs lorsqu'il estimait que leurs affirmations, n'étaient pas conformes à la réalité. Certains préfets de Corse s'en souviennent encore…

La chance d'exister ailleurs

En 1989, lors de la fusion entre Le Provençal et le Méridional, il passe de directeur à directeur adjoint. Jean-René Laplayne vient d'arriver à Ajaccio avec l'objectif de « booster » l'édition insulaire de La Provence qui s'appelle désormais La Corse.

Il aurait pu en concevoir de l'aigreur. Il ne l'a, en tous les cas, jamais fait sentir.

Mais il avait cette chance « d'exister ailleurs ». Correspondant du Monde pour la Corse et déjà historien reconnu, il continue à se consacrer au journalisme. Mais le métier d'écrivain prendra petit à petit le pas.

Pour devenir prépondérant dix ans plus tard, à la fusion entre Corse-MatinetLa Corse.Il continuera néanmoins à tenir une chronique historique hebdomadaire dans La Corse votre Hebdo, le supplément du vendredi du quotidien.

Amoureux de la vie

Epicurien, amateur de bonne chère, de bons vins (qu'il était capable de décrire avec des accents purement lyriques), charmeur avec les femmes, ancré dans le terroir corse, Paul Silvani aimait avant tout la vie.

Il aimait également avec passion son village de Bocognano en particulier, mais la Corse en général. Et était capable d'en parler durant des heures avec cette pointe d'accent dans le français littéraire de ceux dont ce n'est pas la langue maternelle…

Plus de vingt-cinq ouvrages

Il laisse derrière lui une somme d'ouvrages historiques. Qui lui ont valu le prix du Livre Corse, le prix du Mémorial, le prix littéraire national de la Résistance.

Le dernier en date est sorti il y a quelques jours aux éditions Albiana.

En Afrique, on dit que lorsqu'un ancien meurt, c'est une bibliothèque qui disparaît.

L'expression vaut pour un homme qui avait voué sa vie à la défense de l'Histoire et de la mémoire.

Mais pour ceux qui l'ont côtoyé c'est juste un grand vide qui restera. Un vide qu'on pourrait résumer en deux mots : « Au-revoir, Paulucciu… »

Février 2013

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Le décès de Maria Leandri

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Janvier 2013

La 3ème édition de Musicanti

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Le décès de Pierre Ciabrini

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Pierre Ciabrini est décédé dans la nuit. Agé de 49 ans, journaliste à Corse-Matin, il était chef des agences de Porto-Vecchio, sa ville et de Sartène.

Il avait ainsi en charge l'extrême-sud de l'île pour Corse-Matin. Il était aussi pour les lecteurs du quotidien et les visiteurs de son site, la plume de "A Dilla Franca", rubrique dominicale en langue corse, sa langue natale.

Une rubrique qu'il a tenue jusqu'au bout de ses forces. En hommage à Pierre Ciabrini, elle reste consultable sur corsematin.com. Elle montre l'attachement de ce journaliste à sa terre corse.

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15/01/2013

Estru Paisanu: partage et valorisation de la musique traditionnelle

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Damien Delgrossi, président du Centre de musique traditionnelle (à gauche)
et Antoine-Marie Leonelli, médiateur de musiques traditionnelles au
musée de la Corse, présentent la quatrième édition d'Estru Paisanu.
Photo : Michel Luccioni

Restituer toutes les archives du patrimoine sonore insulaire au public, tel est l’objectif du projet porté par le musée de la Corse et le Centre de musique traditionnelle. Rendez-vous à partir du 19 janvier...

Ni du folklore et encore moins une vision passéiste de ce qui se faisait avant. Mais tout simplement une volonté : faire partager au plus grand nombre ce qu'est ou était la musique traditionnelle corse. Le musée de la Corse, à Corte, abrite des collections d'objets ethnographiques et iconographiques de la Corse. Il comprend aussi une phonothèque qui a pour missions la conservation des fonds sonores « historiques » et l'enrichissement de la collection par des campagnes de collectages. C'est à partir de cette richesse incroyable qu'est né le projet d'Estratu Paisanu-Territoires sonores.

Des musiques accessibles à tous

Car la diffusion de ces fonds auprès des publics est assurée par le service de la médiation musique traditionnelle du musée qui a pour vocation la vulgarisation, et le développement de la musique traditionnelle, tout en valorisant les fonds sonores archivés favorisant ainsi l'accessibilité de ces ressources à tous. « Le projet Estru paisanu est bien porté par le musée de la Corse en partenariat avec le Centre de musique traditionnelle (CMT). Il a pour but de partager le patrimoine sonore insulaire », explique Antoine-Marie Leonelli, médiateur de musiques traditionnelles du musée, et qui se déplace pour quadriller les différentes pievi et restituer dans les villages les voix enregistrées qui ont été capturées par des collecteurs. « Ces archives sonores sont notamment valorisées au cours de séances d'écoute lors de sa mise à disposition auprès de tous les publics », ajoute Damien Delgrossi, directeur du CMT. Lui aussi, s'appuie sur diverses associations pour organiser chaque année, maintenant depuis quatre ans Estru paisanu.« Cette année, nous avons mis en place six séances d'écoute, d'environ une heure chacune, du nord au sud de l'île. Mais au-delà, c'est également l'occasion d'organiser un dialogue avec les habitants des microrégions qui apportent leur témoignage »,notent les deux jeunes hommes.

L'attente de la population, des spécialistes ou tout simplement des curieux et des amoureux de la musique corse est grande.

Et Estru paisanu - Territoires sonores réussit son pari : valoriser et restituer in situ le patrimoine sonore collecté. « Avec le concours d'associations présentes dans les microrégions concernées, il s'agit de partager les chants, improvisations ou morceaux instrumentaux, faisant partie de la mémoire collective insulaire, le temps d'une séance d'écoute et plus encore », précise Damien Delgrossi.

Antoine-Marie Leonelli rappelle que certaines archives sonores remontent à... 1917. « Elles sont extrêmement rares. La plupart datent de 1948. Au total, le musée possède environ 2 000 heures de documents sonores ».

Début d'Estru paisanu, ce samedi 19 janvier à Aleria, à 16 heures. Une belle occasion d'honorer la tradition orale musicale. Tous les habitants de la microrégion y sont conviés : les jeunes et les moins jeunes. « C'est ouvert à tous et le rendez-vous est gratuit. Bien évidemment une séance d'écoute réussie, c'est quand le partage entre les anciens et ceux qui découvrent ces documents, s'établit. Alors tout ce patrimoine musical insulaire semble, au-delà du temps passé, l'expression d'une vie au sein d'une région ».

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Mission voix en Corse

CAP

Décès de Marie-Jo Allegrini à Calvi

Marie-Jo Allegrini s'est éteinte. Pour lui rendre hommage, je reproduis ici ces paroles de Jean-François Vega qui racontait sur la page de l'Alba la genèse du groupe :

"Marie Jo, qui souffre d'une grave myopathie depuis sa naissance, est pour moi un exemple de force et de courage, son combat contre la maladie me touche profondément. La musique l'aide beaucoup, elle ne peut vivre sans, c'est ce qui nous relie. Je pense à elle régulièrement, elle a marqué ma vie jusqu'à présent, elle me rend combatif. Elle était le centre, le coeur de l'Alba et pour moi elle l'est encore car elle m'a transmis cette passion infinie de la musique."

J'avais contacté Marie-Jo pour une interview, elle avait accepté immédiatement mais nous n'avons malheureusement jamais eu l'occasion de concrétiser cet entretien...

Maria Lanfranchi - Alta Frequenza) - La culture Corse a perdu l’une de ses militantes, Marie Jo Allegrini, est décédée à Calvi, sa ville d’origine. Cette balanine convaincue, avait su surmonter son handicap en se consacrant aux autres, et à la musique. Chanteuse, elle avait créé le groupe L’Alba, et on la retrouvait sur scène aux côtés d’A Filetta, de Felì, et même de Lara Fabian. Marie Jo Allegrini, s’était également engagée comme conseillère municipale de sa ville chérie, de 2001 à 2008, afin de défendre l’intérêt commun. Calvi, où elle s’est éteinte à l’âge de 48 ans, et où elle sera inhumée aujourd’hui à 15H00 (jeudi), en l’église Sainte-Marie-Majeure.

mariejo

Corse Net Infos


Calvi : L’hommage à Marie-Jo Allegrini

Charles Monti | Jeudi 3 Janvier 2013

Marie-jo Allegrini s’est éteinte le premier jour de cette année 2013, entourée de l’affection de sa maman Gracieuse et de ses proches. Elle avait 48 ans. Ses obsèques se sont déroulées ce jeudi à 14h30 en l’église Sainte-Marie Majeure de Calvi, en présence d’une foule immense venue l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure.

Calvi : L’hommage à Marie-Jo Allegrini
Depuis, c’est un immense voile de tristesse qui s’est abattu sur Calvi, en Balagne, aux quatres coins de la Corse mais aussi sur le continent.
« Mijo » était pour beaucoup une icône. Toute sa vie , face à la maladie, elle a fait preuve de beaucoup de courage, gardant toujours espoir qu’un jour la médecine arriverait à vaincre le mal.
Tous ceux qui ont eu le bonheur de vivre à ses côtés,  de la côtoyer ou simplement de la rencontrer ont été en admiration face à sa soif de vivre, sa volonté de transmettre son énergie et son dynamisme.
« Mijo » forçait respect et admiration.
Elle s’intéressait à tout, elle était une fervente supportrice du SC Bastia, de la fameuse épopée européenne à aujourd’hui. En 1981 lorsque « son Sporting » a gagné la coupe de France, c’est avec un immense bonheur qu’elle a vu Dame coupe lui rendre visite à son domicile.
Pour bien des générations, « Mijo » a été la confidente, l’amie, toujours à l’écoute, prête à rendre des services.
« Mijo » avait aussi un sacré talent de chanteuse. Chacun se souvient de ses duos avec Feli, avec Francine Massiani et bien d’autres. Sa présence sur des scènes était pour tous des moments privilégiés
Ambassadrice du Téléthon, elle a toujours répondu présent pour porter la bonne parole et donner l’espoir, n’hésitant pas malgré son handicap à se rendre à Paris, dans les studios de France2 pour chanter, représenter la Corse et soutenir l’opération du Téléthon avec force et détermination.
A chaque sollicitation d’un média elle répondait toujours favorablement. La rencontrer, discuter avec elle du quotidien, de sa vie, de ses projets était toujours un moment enrichissant et une belle leçon de la vie.
Très coquette, ne manquant pas d’humour, elle se pliait aux séances photos avec beaucoup de grâce et d’élégance.
Affectée ces dernières années  par le décès de son père, le regretté « Cécé », « Marie-jo » effectuait de moins en moins de sorties.
L’hommage qui lui a été rendu jeudi est à la hauteur de tout ce qu’elle a pu donner dans sa vie.
« Mijo » on l’aimait et on l’aimera toujours. A tout jamais elle restera gravée dans nos cœurs.
En cette bien triste circonstance, CNI présente à sa mère Gracieuse et à tous ses proches ses sincères condoléances.

Jean-Guy Talamoni.: "L'usage privé des armes n'a jamais été glorifié en Corse"

03/01/2013

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« Littérature et construction politique : l’exemple du Primu Riacquistu corse (1896/1945) ». C’est l’intitulé de la thèse soutenue par Jean-Guy Talamoni. L’auteur révèle ici ses plus passionnantes découvertes

Les recherches universitaires de l'élu nationaliste portent sur la démarche de renaissance linguistique, littéraire et politique qui s'est développée du tournant du siècle écoulé à la Seconde Guerre mondiale. Elles mettent au jour les mécanismes culturels et idéologiques à l'œuvre au sein de la société corse afin d'apporter un éclairage nouveau à l'action politique à venir. Pas mal d'idées reçues sont battues en brèche.

Par quels chemins intellectuels le juriste que vous êtes a dû passer pour entreprendre un travail littéraire de cette envergure ?

Si le droit est indispensable à l'organisation de la société, la vérité humaine et la sensibilité sont dans la littérature. Par ailleurs, les œuvres littéraires constituent des sujets de méditation utiles à l'action politique car elles recèlent l'esprit d'un peuple, ses singularités, les représentations qu'il élabore, en un mot son imaginaire. Outre le plaisir de la lecture et de l'écriture, j'ai conçu ce travail comme une étude de « recherche appliquée ». En effet, il s'agissait de dévoiler les mécanismes à l'œuvre au sein de la société corse - celle-ci étant appréhendée dans ce qu'elle a de constant - en vue d'agir sur ces mécanismes. J'ai estimé qu'une telle démarche serait de nature à améliorer la qualité de ma propre contribution au débat public, en tant qu'élu. Je crois que l'action politique ne devrait jamais être déconnectée du monde de la pensée.

« Militants culturels et politiques »

Pour vous, le Riacquistu ne date donc pas des années 1970 mais de bien avant…

Effectivement. On qualifie en général la première renaissance corse, au tournant du siècle, de Mantenimentu (Maintien), et celle des années 1970 de Riacquistu (Réappropriation). Or la biographie des auteurs de la première moitié du XXe siècle, et surtout leurs œuvres, montrent qu'ils n'étaient pas de simples « mainteneurs » comme les félibres provençaux, mais des militants culturels et politiques. Leur référence était la période paolienne. Ce qu'il s'agissait de se « réapproprier », c'était la dignité d'une nation. En 1914, la revue A Cispra l'exprime à travers une formule devenue célèbre : « A Corsica ùn hè micca un dipartimentu francese : hè una Nazione vinta chì hà da rinasce ! »

Qu'avez-vous appris de l'enquête menée auprès des familles des auteurs ?

Notamment que tous ces écrivains considéraient la langue et la littérature comme une arme ou un instrument pour défendre l'identité corse, ce qui confirme le caractère hautement politique de la démarche. Ou encore qu'une forte majorité d'entre eux étaient favorables à l'autonomie de l'île, depuis Petru Rocca jusqu'à des écrivains comme Lucciardi, pourtant connus pour leur loyalisme pro français. Sans compter ceux qui prônaient, déjà, l'indépendance…

Comment s'est fait le basculement entre l'italien et le corse ?

À cet égard, le rôle de Santu Casanova a été décisif. En 1896 il crée A Tramuntana, journal en langue corse. Dès 1901, il indique dans ses colonnes qu'il refusera désormais les textes en toscan. Il s'agit là d'un geste fondateur. Casanova opère une rupture avec l'idée selon laquelle le corse serait une variété de l'italien.

Quels enseignements majeurs tirez-vous des œuvres de cette période ?

Comme nous venons de le voir, c'est à cette époque que s'opère « l'individuation » de la langue corse. Elle devient également la norme centrale d'un nouveau champ littéraire, sur lequel d'âpres luttes politiques se mèneront bientôt, notamment entre les corsistes d'A Muvra et les pro français de L'Annu Corsu. Mais ce que l'étude des œuvres montre surtout, c'est une grande permanence à travers le temps des thèmes, des motifs, des figures, donc de notre imaginaire national, et ce par-delà les siècles et les changements de langues, italien, français, corse.

Qu'entendez-vous précisément par « imaginaire national » ?

Simplement les représentations que se fait, notamment d'elle-même et des autres, une entité culturelle et politique suffisamment forte et singulière pour être qualifiée de nation. Or, c'est justement l'un des enjeux de ma thèse de démontrer cette force et cette singularité.

Quelles conclusions tirez-vous de cette permanence de l'imaginaire corse ?

D'un point de vue pratique, j'apporte ma contribution au débat, toujours actuel, autour de la question « Qu'est-ce que la littérature corse ? ». Certains réservent ce label à la littérature de langue corse. Cette position ne me convient pas parce qu'elle conduirait à exclure les textes du XVIIIe et du XIXe siècles en langue italienne ou les textes d'aujourd'hui en français. Doit-on écarter Salvini, Salvatore Viale ou Marie Ferranti ? Je ne le pense pas. L'autre position est celle de Hyacinthe Yvia-Croce qui, dans sa belle anthologie des années vingt, faisait une place à tous les auteurs d'origine corse, même ceux qui n'ont pas connu notre île. Aujourd'hui, cette position est très contestée : avoir un ascendant corse n'apparaît pas comme un critère pertinent. En ce qui me concerne, je propose de considérer que font partie de la littérature corse les textes qui mobilisent des éléments de l'imaginaire corse.

S'agit-il vraiment d'un critère objectif ?

Oui, si l'on se fonde sur une analyse concrète des textes, ce que j'ai fait pour une collection de pièces - nécessairement réduite - dans le cadre de ma thèse. La démarche pourrait être étendue à un corpus beaucoup plus large. L'idée est de repérer, sous les variables linguistiques, l'invariant que constitue la littérature corse.

Dans votre perspective, le prix Goncourt de Jérôme Ferrari, c'est de la littérature corse ?

Personnellement, je n'ai pas le moindre doute à ce sujet, même si on ne peut le réduire à cela. Il en est de même pour le précédent roman de l'auteur, Où j'ai laissé mon âme : la guerre d'Algérie tient aujourd'hui une place non négligeable dans notre imaginaire.

Quelles sont les idées reçues, sur la violence, la justice, les bandits d'honneur, la culture des armes ?

Lorsque l'on rompt avec la pensée simplifiante et que l'on se penche sur ce que les textes disent réellement, on se rend compte que certains critères de « corsité » relèvent largement du cliché. Deux exemples significatifs, la vendetta et les armes. S'agissant de la vengeance privée, on se rend compte qu'à la différence de ce que l'on peut trouver par exemple dans la littérature albanaise, le vengeur n'est pas glorifié. Il est considéré comme victime d'un malheur (disgrazia). De plus, systématiquement, les textes justifient la vendetta en faisant état d'une injustice commise par les institutions judiciaires. On pense ici au fameux lamentu de Jean-Camille Nicolai évoquant le « jury perfide » qui, ne lui rendant pas justice, l'a contraint à recourir à la vengeance. Dans tous les textes étudiés, la vendetta apparaît comme un choix par défaut et non comme un marqueur de « corsité ».

« Briser les clichés serait utile »

Et s'agissant des armes ?

Dans les textes littéraires analysés, les armes et les qualités guerrières ne sont valorisées que lorsqu'elles ont un usage public, à savoir la guerre pour défendre le pays, qu'il s'agisse de la Corse ou de la France. En revanche, l'usage des armes dans les conflits privés est stigmatisé par les textes, au XVIIIe comme au XXe siècle. Ici encore, la comparaison avec le cas albanais est édifiante.

Comment toute cette période littéraire peut éclairer la situation politique corse d'aujourd'hui ?

Pour les politiques, une connaissance approfondie de la société dont ils ont la charge est indispensable. Cette connaissance peut venir de l'histoire, mais également de la littérature. Lorsque, au siècle dernier, Miguel de Unamuno s'est penché sur des textes littéraires pour y chercher « L'essence de l'Espagne », ses perspectives étaient clairement politiques.

Comment les Corses peuvent-ils en tirer profit ?

Déjà, quelques décennies après la publication de Colomba, Émile Bergerat observait que nombre de Corses se conformaient, dans leurs attitudes, aux clichés véhiculés par la nouvelle de Mérimée ! Aujourd'hui encore, le poids de la littérature, et surtout du cinéma, sur les représentations qu'une société se fait d'elle-même, est considérable. Il est donc utile de briser les clichés, de rompre avec la pensée simplifiante et de refuser l'image déformée que l'on nous présente de nous-mêmes. Nous avons déjà suffisamment de problèmes réels à affronter sans y ajouter les fantasmes nourris à l'extérieur de l'île.

Quel livre recommanderiez-vous le plus chaudement à Manuel Valls ?

La Giustificazione della Rivoluzione di Corsica, publiée par Don Gregorio Salvini en 1758. Il y apprendrait que les Corses élaboraient et appliquaient des principes républicains, à une époque où les Français tremblaient sous le joug d'un roi de droit divin. Cela le conduirait peut-être à davantage de modestie et à cesser de nous donner des leçons. Il y apprendrait également que les Corses, avec de faibles moyens, ont su mettre un terme à quatre siècles de domination génoise. La conquête française de l'île date de moins de 250 ans…

Dans quelle mesure votre engagement politique de nationaliste a influencé votre travail ?

Dans les objectifs poursuivis. Il s'agissait notamment d'affranchir nos représentations de l'ethnotype fabriqué par la littérature romantique française et par les œuvres cinématographiques d'aujourd'hui : l'image du Corse vivant une relation fusionnelle avec son arme, irréconciliable avec l'état de droit, etc. J'ai cherché à montrer que les critères de « corsité » étaient bien plus complexes à appréhender. En tout état de cause, même après avoir écarté l'ethnotype et avoir identifié ce qui relève authentiquement de la tradition corse, demeurent des choix à opérer. La question est : que voulons-nous conserver de cette tradition ? Car c'est bien aux générations actuelles de décider de ce que doit devenir la Corse et de construire un véritable projet de société. Comme l'écrit le poète René Char : « Notre héritage n'est précédé d'aucun testament ». Il appartient donc aux Corses d'aujourd'hui d'écrire, ensemble, ce testament.

Par Jean-Marc Raffaelli (jmraffaelli@corsematin.com)

Le numéro de novembre-janvier de Stantari est paru.

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