DECEMBRE 2019
NOVEMBRE 2019
par Maria Bettina Colonna le Jeudi 28 Novembre 2019 - CorseNetInfos
Dans un tweet publié ce 27 novembre, Gilles Simeoni, a répondu publiquement à une lettre de la préfète de Corse dans laquelle Josiane Chevalier affirmait que recruter du personnel corsophone dans un établissement bilingue « pourrait être considéré comme discriminatoire ».
Dans sa missive la représentante de l'Etat aurait invité le président de l'exécutif à modifier, sans délais, l'annexe 4 de la délibération favorisant l'embauche de personnels corsophones dans la crèche bilingue Laetitia à Ajaccio.
Dans sa réponse Simeoni souligne que toutes personnes ayant vocation à être recrutées dans cette crèche, le seront sur la base de leurs compétences en matière de petite enfance et il rappelle qu'au contraire "il s'agit de la prise en compte d'une compétence linguistique", en langue corse ici.
Le président de l'Exécutif de Corse conclut sa réponse en précisant que le document ne sera donc pas retiré.
Née à Bonifacio d'un père Kabyle et d'une mère Corse, l'actrice Marie-Josée Nat est décédée ce jeudi à Paris à l'âge de 79 ans. A Calvi où elle aimait séjourner, elle avait notamment inauguré une édition de la Rencontre d'Art Contemporain et avait prêté sa voix lors d'un son et lumière pour le traditionnel feu d'artifice du 15 août
L'annonce du décès à Paris de l'actrice Marie-Josée Nat à l'âge de 79 ans, des suites d'une longue maladie a été ressentie en Corse avec beaucoup de tristesse.
Il est vrai que l'actrice au visage angélique aux yeux et cheveux très noirs était chez elle dans l'île de beauté.
C'est en effet à Bonifacio en 1940 qu'elle a vu le jour au foyer d'un papa kabyle et d'une maman Corse.
Malgré l'immense succès de sa carrière, Marie-Josée Nat avait besoin de revenir régulièrement en Corse pour se ressourcer.
Bonifacio représentait beaucoup pour elle mais c'est aussi en Balagne et plus particulièrement à Calvi qu'elle aimait flâner, rencontrer des gens et profiter pleinement de la vie.
Sollicitée pour être la marraine d'une des éditions de la Rencontre d'Art Contemporain de Calvi, elle avait accepté sans la moindre hésitation, tout comme elle a donné son accord pour prêter sa voix lors d'un son et lumière, spectacle pyrotechnique du 15 août à Calvi.
Dans le cœur des calvais, elle laissera le souvenir d'une grande Dame d'une extrême gentillesse
Marie-Josée Benhalassa est née à Bonifacio d'une mère bergère corse et d'un père militaire kabyle. Très rapidement, la famille s'installe à Ajaccio, rue Bacciochi. Elle est décédée ce 10 octobre 2019 à Paris
Marie-José Nat entame sa carrière en 1955 en remportant un concours du magazine Femmes d'Aujourd'hui qui lui permet de devenir la partenaire de Jean-Claude Pascal dans un roman-photo intitulé L'amour est un songe. Au cours du tournage, l'acteur lui trouve son pseudonyme « Nat » en raison des longues tresses qui entourent son visage. Encouragée par cette première expérience, elle se forme au métier de comédienne au cours Simon.
Elle débute discrètement au cinéma, éclipsée par des jeunes premières plus ou moins confirmées : Marina Vlady, Nicole Courcel, Michèle Mercier, Danielle Godet...
Denys de La Patellière lui donne son premier grand rôle en 1959 dans Rue des Prairies, aux côtés de Jean Gabin, dont elle joue le rôle de la fille.
Suivent, l'année d'après, un sketch de René Clair aux côtés de Claude Rich et Yves Robert puis, un rôle important dans La Vérité de Henri-Georges Clouzot où elle est la rivale de Brigitte Bardot auprès de Sami Frey.
Elle devient l'interprète favorite de Michel Drach qui lui donne la vedette, de 1961 à 1977 d'Amélie ou le Temps d'aimer, La Bonne Occase, Safari diamants, Élise ou la vraie vie, Les Violons du bal, Le Passé simple, avec pour partenaires Jean Sorel, Jean-Louis Trintignant, Victor Lanoux ou Bernadette Lafont.
À la même époque, elle tient des premiers rôles sous la direction de Gérard Oury (La Menace avec Robert Hossein), Alexandre Astruc (L'Éducation sentimentale avec Jean-Claude Brialy), André Cayatte (le diptyque Jean-Marc ou la Vie conjugale et Françoise ou la Vie conjugale avec Jacques Charrier), Claude Autant-Lara (Le Journal d'une femme en blanc où elle joue une jeune gynécologue), Michel Boisrond...
Elle partage d'autres affiches avec Jean Marais, Richard Roundtree, Mireille Darc, travaille avec le cinéaste algérien Ahmed Rachedi, le Belge Jean Daskalidès, s'essaie même au péplum en compagnie des acteurs Pierre Brice et Georges Marchal.
Elle est la première actrice à avoir fait la une du magazine Télé 7 Jours paru d'abord sous le nom 7 Jours le 26 mars 1960.
Dans les années 1980, Marie-José Nat arrête son activité cinématographique après avoir tenu le premier rôle féminin dans le film fantastique Litan de et avec Jean-Pierre Mocky. Dix ans plus tard, elle participe à des coproductions internationales (Rio Negro avec Ángela Molina, Train de vie de Radu Mihaileanu) et collabore avec Abdelkrim Bahloul.
En 2001 elle participe en tant que membre du jury de Krzysztof Zanussi lors du 36e Festival international du film de Karlovy Vary.
En 2010 elle participe au jury du 24e Festival de Cabourg, sous la présidence des présidents du jury Tonie Marshall et Pascal Bonitzer.
Épouse de 1960 à 1961 du comédien Roger Dumas, Marie-José Nat en divorce pour épouser le cinéaste Michel Drach, avec qui elle a trois enfants. On lui connaît aussi une liaison de plusieurs années avec le comédien Victor Lanoux.
En octobre 2005, elle se marie avec le peintre, écrivain, auteur de chansons Serge Rezvani. (Notre photo en haut)
Jean-Baptiste Marcellesi vient de s'éteindre à 89 ans dans le Var. L'enfant de Sotta laisse l'empreinte d'un père fondateur de sa discipline en France. Pour la langue corse, il reste celui qui a développé le concept de polynomie.
Son œuvre et son envergure scientifique étaient à la hauteur de sa légendaire discrétion. Son décès dans le petit village varois de Nans-les-Pins, où il s'était retiré, remet inévitablement en lumière la dimension du sociolinguiste qui bouscula une donne trop établie à son goût, à partir de l'idée selon laquelle une langue ne pouvait être dissociée de son environnement social.
À l'heure de l'hommage que ses pairs ne manquent pas de lui rendre, un document fait autorité. Un entretien filmé en 2001, accessible sur internet et préparé par l'Université de Rennes II. On y découvre Jean-Baptiste Marcellesi répondant aux questions de deux de ses anciens étudiants qui s'adressent à lui comme à une icône. Il leur répond dans son style caractéristique, avec cet accent corse qu'il n'avait jamais perdu, distillant ses propos érudits de la voix tranquille du grand sage, prenant plaisir à évoquer son enfance à Purgu, petit hameau de Sotta, profitant d'un bilinguisme rural naturel, d'une grand-mère maternelle qui apprenait aussi les prières en français à ses petits-enfants.
Fils d'enseignant, le petit Jean-Baptise suivit l'école primaire à Porto-Vecchio, à Sartène, avant d'entrer au lycée Fesch d'Ajaccio. Après son bac, il fréquenta le lycée Louis-Le-Grand à Paris, puis l'École normale supérieure de Saint-Cloud. Agrégé de grammaire en 1956, il retourna au lycée Fesch pour y faire ses débuts d'enseignant, avant de partir exercer sur Paris. Il s'y maria, s'engagea aussi dans le militantisme politique au sein du Parti communiste, mais c'est à la fin des années soixante que son parcours entra dans le monde qui allait faire sa renommée.
Réfractaire à la norme unique et à l'académisme
Après avoir participé à l'édition d'un dictionnaire en langue corse, il devint assistant de linguistique auprès de Jean Dubois, le spécialiste du vocabulaire politique à la faculté de lettres de Nanterre. Après une thèse soutenue en 1970, il devint professeur en 1975 pour s'engager dans des travaux linguistiques se réclamant de l'analyse des discours à entrée lexicale. Le grand personnage de la sociolinguistique prenait alors son envol, pour des travaux de référence à l'échelle nationale que n'oublient pas, à l'Université de Corse, ceux qui avouent volontiers avoir été influencés par les idées de Jean-Baptiste Marcellesi. "Dès les années quatre-vingt, il a été considéré comme l'un des plus grands sociolinguistes français, insiste Alain Di Meglio. Il a toujours lié sa discipline à une forme de démocratie linguistique, lui le réfractaire à la norme unique et à l'académisme. Il a toujours été favorable à la variation linguistique jusqu'à développer pour le corse, le concept de langue polynomique".
Faisant de sa langue maternelle le socle de ses travaux, le professeur Marcellesi s'intéressa à toutes les langues régionales qu'il préféra toujours appeler "minorées" plutôt que "minoritaires". Durant sa carrière universitaire essentiellement accomplie à Rouen, il développa tout un appareil théorique jusqu'à travailler sur la glotopolitique, ce rapport entre la politique et les langues qui le passionnait. Comme beaucoup d'autres choses.
Le regret du désenchantement
Jacques Thiers, dont Marcellesi fut le maître de thèse, rappelle que "l'idée de coofficialité vient de lui. Il s'y est intéressé dans le cadre de ses travaux de linguistique sociale à contre-courant d'une adhésion à la norme unique. Il a toujours considéré qu'il fallait prendre d'abord en compte la manière dont les gens parlaient une langue". Jacque Thiers se souvient aussi d'un directeur de thèse "d'une grande exigence intellectuelle et en même temps d'une bienveillance extrême. Je ne peux oublier non plus son immense culture. Je garde notamment en mémoire une anecdote, le jour où j'ai assisté à une conversation entre Jean-Baptiste Marcellesi et Jean-Marie Arrighi. Ils évoquaient le Manuel des lettres latines. J'ai fini par me rendre compte qu'ils le connaissaient par cœur. Mon directeur de thèse brillait aussi par son humilité et sa discrétion. Le jour de ma soutenance, il avait réuni des gens incroyablement inaccessibles, mais d'une humilité égale à la sienne".
À la fin de sa carrière, le professeur Marcellesi se montra volontiers critique sur l'état des lieux de la sociolinguistique et de ses perspectives. "Elle est victime d'un désenchantement, de ceux qui ont besoin de s'en démarquer, de se retirer. C'est une erreur. Je connais beaucoup de chercheurs qui ont beaucoup apporté à la sociolinguistique et qui disent aujourd'hui qu'ils ne sont pas sociolinguistes, qu'ils sont autre chose. Selon moi, il y aura toujours de la sociolinguistique et une réflexion profonde autour de cette discipline".
Par J.-F.P.--28 septembre 2019
Deux mois après sa création, une réunion de travail a eu lieu en milieu de semaine, à l'hôtel Regina de Calvi. Délégation par délégation, les représentants de l'association ont fait part des avancées obtenues et rendu compte des rencontres qui ont eu lieu avec les institutions, les élus et les acteurs privés.
Le port de commerce de L'Île-Rousse a ouvert les discussions : "Notre port est le troisième de Corse mais également le plus proche du continent français, a rappelé André d'Oriano. Sans lui, le port de Bastia serait asphyxié. La priorité est d'agrandir et d'aménager les terre-pleins et les quais. Il faut améliorer la gare maritime qui est minuscule. Nous préconisons également d'agrandir la digue afin de pouvoir recevoir des bateaux par tout temps. En plus de ces aménagements, il faut revoir le coût des escales à la baisse."
Et à l'hôtelier Jean-Pierre Pinelli de compléter : "La CCI 2B a prévu une partie de ces aménagements qui doivent être opérationnels pour décembre 2021. Nous sommes d'accord sur la nature et le montant des travaux mais nous demandons que cette programmation soit accélérée. C'est simplement une question de délais afin de gagner une saison."
Dans sa configuration actuelle, le port de Balagne ne peut accueillir à quai qu'un seul bateau de type Mega contre huit à Bastia. Il manquerait une centaine de mètres pour que L'Île-Rousse puisse en réceptionner un deuxième.
Les représentants de l'association balanine ont également rencontré Pierre Mattei, le président de la Corsica Ferries, pour "consolider la rotation entre Nice et la Balagne".
"Rendre à la Balagne ses lettres de noblesse"Dans l'aérien, la situation n'est guère meilleure et le trafic ne compense en rien la perte de passagers sur le maritime. L'idée "d'acheter" des flux, par des subventions ou une offre de service public, a été retenue par l'association.
"La compagnie Volotea, quatrième low cost européen, était sur Calvi jusqu'en 2015, a rappelé François Acquaviva. Elle n'y est plus à cause de quelques déroutements. Quatre ans se sont écoulés sans que personne n'ait bougé. Volotea reviendrait à nouveau si la CdC et la CCI acceptent de prendre en charge les frais de déroutement. D'autre part, il nous faut améliorer l'offre de service public en ajustant le nombre de places selon les périodes de pointe, soit environ 12 semaines. Enfin, nous souhaitons que la liaison Calvi-Nice soit quotidienne, été comme hiver, notamment pour raisons médicales."
L'attractivité de la destination Balagne semble être en perte de vitesse face à une concurrence devenue planétaire. Ce constat semble partagé par tous et chacun semble prêt à se remettre en question pour "rendre à la Balagne ses lettres de noblesse".
Cela passerait notamment par la formation en langues étrangères, une meilleure disponibilité des taxis ou encore la création d'un parcours de golf dans la microrégion.
En résumé, ce sont les transports et l'attractivité touristique qui devront être améliorés en priorité.
Pour que le scénario de la prochaine saison touristique ne ressemble pas à celui de 2019.
Les chiffres de l'institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) sont désormais en libre accès sur son site internet. L'agence immobilière Corse-Expertise s'en est servie pour réaliser un document qui compare les communes sur des données relatives au marché de l'immobilier. Ainsi, des statistiques de 2016 indiquent que Calvi dispose de 4 994 logements au total. Environ 55 % de ces logements sont inoccupés : il y a en effet 2523 résidences secondaires et 336 logements vacants. La typologie de ces habitats est répartie comme suit : 3 889 logements sont des appartements et 1093 sont des maisons individuelles.
En comparant ces données calvaises aux moyennes départementales et régionales, la cité Semper Fidelis affiche des particularités bien prononcées. La part de résidences principales est inférieure de 15 points de pourcentage à la moyenne insulaire (environ 42 % à Calvi contre 61 % en Haute-Corse et 58 % en Corse).
Logiquement, la part de résidences secondaires est très haute : 35 % en Haute-Corse, 40 % en Corse-du-Sud et plus de 50 % dans la capitale balanine.
En remontant sur les 50 dernières années, on s'aperçoit que le nombre de résidences secondaires n'a supplanté que récemment celui des résidences principales.
La dynamique s'accélèreDe la fin des années 1960 au milieu des années 1980, l'écart était important entre les deux courbes : environ un millier de résidences principales pour quelques dizaines de résidences secondaires tout au plus.
Les constructions se sont accélérées dans les années 1980 pour arriver à ce que les courbes se rejoignent en 1990. Depuis cette date et jusqu'aux années 2010, à Calvi, résidences principales et secondaires ont évolué dans les mêmes proportions.
La bascule s'est opérée en 2011 pour mener aux chiffres que nous avons évoqués précédemment.
Calvi bat des records en termes de "Commerce, service et transport". Le secteur d'activité emploi 75 % des Calvais contre 60 % des habitants de Haute-Corse. La construction, l'industrie et l'administration sont en dessous des moyennes tandis que l'agriculture semble quasi inexistante.
Un Calvais gagne en moyenne 1447 € nets par mois, ce qui est inférieur de à la moyenne de Haute-Corse (7 %), de Corse-du-Sud (13,8 %) et nationale (16,5 %). Ainsi, la commune se retrouve en 27 907e sur les 36 717 que compte le pays.
Le prix du mètre carré habitacle est en moyenne de 4 500€ sur la commune avec d'importants écarts selon le secteur. Ainsi la partie ouest de Calvi, autour de la route de la Revellatta, est la plus chère de la ville avec un prix supérieur à 7 000€ par mètre carré. La citadelle affiche 5 000€ pour une maison à peine 3 000€ en appartement.
En centre-ville, le mètre carré en appartement s'achète ou se vend à 3 500 € mais ce prix peut grimper jusqu'à 5 000 € en bord de mer. Les sites les moins prisés de la commune sont logiquement situés à l'extérieur de la ville et loin du littoral.
Le marché est alors proche de la moyenne des prix sur le département de la Haute-Corse : 2 500€ à 3 000€ le mètre carré pour une maison et moins de 2 500 € pour un appartement.
"Aujourd'hui les chiffres du marché immobilier en Corse sont communiqués par divers organismes mais en prenant en compte majoritairement, des prix d'annonces et non des prix de ventes réellement réalisées et constatées, précise le document. Cette différence entraîne des écarts importants entre les chiffres annoncés et la réalité du marché immobilier."
En Haute-Corse, le prix moyen du mètre carré est de 2 240 € en 2019. Le prix moyen à Calvi est plus de deux fois supérieur. La cité Semper Fidelis est de plus en plus prisée mais paye cher son statut de cité balnéaire.
Ils sont une trentaine. Pour l'instant. Hier, ils se sont présentés à l'occasion du lancement du collectif qu'ils ont créé, pour dire non aux bandes organisées, à la grande criminalité, aux "méthodes barbares". À l'emprise mafieuse
Léo Battesti souhaitait-il que la parole se libère ? Elle s'est libérée, hier, cette parole. Au-delà même peut-être de ce à quoi l'on s'attendait dans le cadre d'une conférence de presse qui s'est adaptée, ressemblant davantage in fine à un premier débat en place publique. Car, dans la petite salle de l'hôtel Best Western, à Ajaccio, s'étaient invités des politiques de tous bords, des citoyens.
Mais d'abord, il y eut cette tribune, "Maffia nò, a vita iè" (voir en page 3), lue par Jean-Paul Poletti, une "déclaration", dit Léo Battesti "qui est, en ce moment, en train d'être envoyée aux médias parisiens et à certains médias internationaux".
Le texte décline trois axes d'action, fédérer en nombre, en appeler à l'engagement de tous les responsables politiques, mettre l'État face à ses responsabilités.
Quelques mots encore pour présenter les membres du collectif, ce dernier n'en est qu'à ses débuts, ses rangs vont grossir, de cela, Léo Battesti convainc, comme il convainc qu'aujourd'hui, il faut "appeler un chat un chat" .
Les trente cosignataires de la tribune, "des gens qui ne font pas les choses à la légère" ne sont pas tous là, mais ceux qui sont présents ont à dire, à partager, à insuffler. Morceaux choisis.
"Jusqu'à présent, des hommes et des femmes dans l'espace public qui ont dit non à l'emprise mafieuse, il y en a eu peu", se lance la première Dominique Bianconi, retraitée de l'Education nationale, en appuyant la méthode de travail choisie par le collectif, "mobiliser les citoyens pour qu'ils reprennent et amplifient"la démarche.
Se lancer, c'est ce qu'a fait, elle aussi, Marie-France Giovannangeli, cadre d'entreprise, lorsqu'on l'a contactée pour être partie prenante des trente pionniers : "On n'a pas réfléchi, nous savions qu'il fallait prendre la parole, et même si l'on ne se connaît pas tous, nous nous faisons confiance. Or l'important est bien là, se redonner confiance les uns, les autres. Nous sommes une génération qui a lutté contre l'assistanat érigé en système politique et nous devrions nous taire à présent et ployer sous des forces mortifères ?"
Aux côtés de Léo Battesti, Jérôme Ferrari parle au nom d'un "nous. Nous, les gens qui vivons en Corse et qui devons nous exprimer en tant que société pour dire notre profonde révolte et notre profond désaccord. Qu'on espère que cela débouche sur des initiatives, évidemment, c'est le sens d'un mouvement public qui a des ambitions politiques, mais au sens sociétal, profond, je ne parle pas ici d'engagement politicien. Si nous pouvions dépasser les mythes virilistes qui nous animent et nous constituent depuis un certain temps et pour lesquels nous ne sommes pas tous innocents dans la pérennité qu'ils ont pu avoir... C'est une première réflexion. Et puis, nous demandons un changement au niveau du droit, sans lequel il n'y a pas de lutte possible contre le crime organisé".
Marco Biancarelli,l ui, ne veut pas se"dédouaner en tant que Corse de ce qui n'a pas fonctionné chez nous. Mais, historiquement, la gestion de la Corse par l'État est une faillite. La situation dans laquelle nous nous trouvons résulte d'un déni, d'une démission permanente de l'État.
"Dès lors, la conscience consiste également à interpeller l'État pour savoir à quel moment il compte agir de manière efficiente pour lutter contre ces phénomènes mafieux, pour lutter contre le gangstérisme. La conscience consiste à lui poser encore cette question : quand les voyous corses cesseront-ils d'être vos amis ?"
Jacques Mattei, consultant, résume bien, à son tour, en une phrase sobre et efficace, la philosophie qui anime, qui guide, le collectif : "Chaque citoyen doit cesser d'être spectateur de ce qui se passe."
Dans la foulée, Cécile Mufraggi, enseignante, précise à bon escient qu'"il ne s'agit pas de faire de nous des délateurs, mais des acteurs. On changera la société si on travaille sur les usages, les comportements et que l'on explique ce qu'est un système mafieux, un système construit sur la base de l'argent sale".
Les trente, les autres, ceux qui sont là déjà, ceux qui vont arriver, vont "être capables de dire non", pour reprendre la jolie formule de Vaninna Bernard-Leoni, avant qu'au fond de la salle, une voix s'élève soudain, hors collectif, celle de Pierre Alessandri.
"Le monde agricole est gangrené par la mafia. On est sur une imprégnation transversale totale."Sa distillerie, son outil de travail, a été incendiée en avril dernier. Un acte criminel.
C'est cela, c'est tout ce qui ressemble à cela qui doit s'arrêter. Au nom de la Corse . Qui n'est pas cela. Qui ne veut pas être cela.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
La Corse subit une emprise mafieuse d’une intensité jamais atteinte dans son histoire. Il est temps de le dire haut et fort sans se réfugier dans l’ambiguïté ou le déni. Continuer de se taire n’est pas responsable.
Aussi, nous prenons l’initiative d’inviter la population à une prise de conscience des menaces qui compromettent gravement les intérêts collectifs de notre société et, singulièrement, ceux de notre jeunesse.
Face à cette situation, nous agirons dans trois directions :
En premier lieu, mobiliser le plus grand nombre possible de nos concitoyens.
Il faut isoler culturellement ceux qui, par leurs méthodes barbares, détruisent impitoyablement les formidables potentiels de notre Territoire. Nous interviendrons par la prise de parole, le débat, l’échange, la recherche d’une plus grande expertise du terrain. Et, surtout, en exprimant clairement notre solidarité avec les victimes qui se taisent, le plus souvent parce qu’elles ont peur et qu’elles se savent isolées.
Nous invitons chacun à soutenir et diffuser notre appel. Pour notre part, nous allons amplifier notre démarche par des réunions publiques et en manifestant notre solidarité avec les victimes.
Nous serons, également, très actifs sur les réseaux sociaux et invitons d’ores et déjà à rejoindre notre démarche sur la page Facebook « Maffia NÒ - A vita IÈ ! ».
Les soutiens pourront se faire, également, par mail : amaffiano@gmail.com
En second lieu, nous demandons à tous les responsables politiques insulaires de s’engager, sans ambiguïté, dans ce combat vital pour le devenir de la Corse.
En effet, comment envisager un libre épanouissement de notre jeunesse alors que, régulièrement, elle constate l’impunité et la superbe de ceux qui mettent la Corse en coupe réglée ?
Comment évoquer un réel développement économique alors que les menaces, les pressions, les extorsions de fonds s’exercent, de manière désormais systémique, sur ceux qui entreprennent, dès lors qu’ils contrarient certains prédateurs ?
Il faut que tous nos élus se ressaisissent, s’expriment et se préservent de tous les lobbys mafieux qui gravitent autour d’eux. Nous leur demandons, en conséquence, d’organiser une session extraordinaire consacrée à cette dérive mafieuse. Nous les exhortons à ne pas l’évacuer par un débat improvisé mêlant toutes les formes de violence. On se rappelle le pathétique échec d’une commission ad hoc créée par une précédente assemblée…
Enfin nous interpellons l’État, détenteur de tous les pouvoirs régaliens, nous n’hésiterons pas à le mettre face à ses responsabilités et ses carences.
Pour combattre efficacement le mal, il convient d’abord de le nommer : il est impératif que l’État reconnaisse cette emprise mafieuse sur la Corse et se donne les outils pour la combattre. Ça doit être la priorité et se traduire par plus de moyens, mais aussi plus de cohérence et d’exemplarité dans l’organisation des services concernés.
Il n’est pas acceptable que le ministre de l’Intérieur, qui est en possession de toutes les informations sur la situation que nous dénonçons, reste silencieux et ne trouve pas un moment pour se rendre en Corse pour s’informer et demander au Premier Ministre de prendre les mesures qui s’imposent.
Nous proposons, d’ores et déjà, de demander au gouvernement d'inclure dans le code pénal le délit d'association mafieuse et d'étudier les dispositions qui lui apparaîtront les plus efficaces pour mettre les jurés et leurs familles à l'abri des pressions dans les procès de mafieux.
Mais toute cette mobilisation n’aura aucun effet sans une large sensibilisation de la jeunesse. L’Éducation nationale, les Associations, les familles doivent, inlassablement, les inviter à respecter autrui tout en encourageant leur créativité.
Ainsi, demain, ceux qui persisteraient à faire pression sur l’autre seront isolés culturellement, marginalisés. C’est la condition sine qua non d’une libération de l’emprise mafieuse.
Aiacciu, u 25 di Settembre 2019
Jean-Claude Acquaviva, Jean-Charles Adami, Jean-Nicolas Antoniotti, Léo Battesti, Jean-François Bernardini, Vannina Bernard-Leoni, Marc Biancarelli, Dominique Bianconi, Lavinie Boffy, Vincent Carlotti, Josette Dall’ava Santucci, Jerome Ferrari, Guillaume Guidoni, Pierre Gambini, Marie-France Giovannangeli, Dominique Mattei, Jacques Mahdi Mattei, Cécile Mufraggi, Antoine Orsini, Jean-Paul Poletti, Josette Risterucci, Paul-Marie Romani, Lucie Simeoni, Simoni Sebastien, Jacques Thiers, Dominique Yvon.
Août 2019
Vingt ans après l'incendie de « Chez Francis », le torchon brûle entre l'État et les propriétaires de paillotes corses. Au centre du bras de fer : la révision du plan d'aménagement adopté en 2015 et le modèle de développement de l'île, sur fond de tensions persistantes entre Macron et nationalistes.
Son grand-père traversait le fleuve, à cheval, de sa bergerie à la vieille ville. Aujourd'hui, César Filippi reçoit sur la terrasse du Belvédère, son hôtel quatre étoiles avec vue imprenable sur le golfe de Porto-Vecchio. L'ancien élu nationaliste de Corsica Nazione, devenu le chef de file du collectif des paillotiers en colère, a le port altier et l'oeil perçant du chef Ocatarinetabellatchitchix dans Astérix en Corse. Au loin, un imposant ferry rouge de Corsica Linea ronronne au pied de la citadelle. Ici, pas d'architecte : le petit-fils de berger a dessiné lui-même cet oasis les pieds dans l'eau, à mi-chemin entre la mégabergerie corse revisitée et des thermes de Caracalla miniatures. Comment peut-on imaginer être dans la région la plus pauvre de France ?
« La préfète se mêle de tout. Elle a géré l'affaire des paillotes de manière calamiteuse. La préfectorale veut faire oublier l'affaire Bonnet », tempête César Filippi, reconverti dans l'hôtellerie. Depuis que son fils, Christophe Filippi, s'est vu refuser la fameuse autorisation d'occupation temporaire du domaine public (AOT) pour Cala di Lume - une paillote « historique » voisine, sur la plage de la Palombaggia -, il a pris la tête des frondeurs. Vingt ans après l'incendie de la paillote Chez Francis, allumé par une unité spéciale de gendarmes, sur ordre du préfet « pyromane » Bernard Bonnet, le torchon brûle à nouveau avec les autorités.
Pour la saison 2019, sur 345 demandes, 81 AOT ont été refusées et 84 sursis ont été accordés jusqu'en 2020, a annoncé Josiane Chevalier, première femme nommée préfet en Corse depuis le Premier Empire. Objectif déclaré : mettre fin au désordre patent sur le domaine public maritime. Mais les paillotiers corses s'insurgent contre une méthode punitive qui pénalise les PME familiales par rapport aux grands groupes sur le « continent » (Accor, Barrière, Club Med, Veolia...).
Une partie de « poker menteur »« Le discours de Macron à Bastia [en février 2018, NDLR] a été très mal reçu : il ne tient pas compte de l'expression majoritaire au niveau de la région », fulmine César Filippi. Visiblement, la plaie ouverte avec le traumatisme de Chez Francis - dans la foulée de l'assassinat du préfet Claude Erignac, le 6 février 1998, à Ajaccio - ne s'est jamais vraiment refermée. « Ils sont devenus fous : ils veulent nous supprimer tout ce qui est en dur sur le domaine public », s'alarme Marc Ory, le propriétaire du Tiki, avec son « roof-top » rutilant plongeant sur la plage de Saint-Cyprien. Nombreux sont les Corses qui redoutent un retour à la violence.
Trois paillotes ont été incendiées depuis début mars. « La feuille de route de la préfète est de faire chuter les nationalistes. On est en pleine partie de poker menteur », avance un correspondant local. Un élu paillotier évoque même une « stratégie de tension et de guérilla »... « En faisant de la lutte contre les paillotes une priorité absolue, la préfète cherche à instrumentaliser cette affaire pour mettre les nationalistes en porte-à-faux avec les acteurs de l'économie touristique », renchérit Jean-Noël Marcellesi, le patron du cinq-étoiles Casadelmar, qui n'épargne pas non plus l'exécutif corse qui a « mis la Corse en panne » par son indécision. Tous critiquent le « traitement de faveur » dont auraient bénéficié Accor, pour le ponton de son Sofitel de Porticcio, ou le Club Med à Cargèse (avec son autorisation de 400 transats).
Les riches propriétaires venus du Continent« Deux poids, deux mesures. » Rien n'agace plus les « professionnels du littoral ». « On vit dans une économie post-coloniale », s'agace Jean-Baptiste Pieri, sur la terrasse de l'hôtel Les Mouettes, son quatre-étoiles de plain pied sur le golfe d'Ajaccio. « Le Padduc [plan d'aménagement et de développement durable de la Corse, adopté en 2015, NDLR] était absolument nécessaire : c'était un document que la région devait à l'État depuis vingt ans. Mais aujourd'hui, en prônant soudainement une application inflexible de la loi, l'État utilise la discorde pour retourner une partie des professionnels contre l'exécutif régional. »
En revanche, l'État ferme les yeux sur « les riches propriétaires du Continent qui ont des soucis d'urbanisme », s'insurge un hôtelier corse, en citant l'affaire des villas de l'homme d'affaires Pierre Ferracci, le père d'un proche d'Emmanuel Macron, sur le golfe de la Rondinara, ou le port privé de feu Jean d'Ormesson, « où la bande des 100 mètres n'a jamais été respectée »... « Des cas comme Ferracci, il y en a des centaines en Corse, relativise Jean-Baptiste Pieri. Ce que l'on ne comprend pas, c'est surtout le zèle de l'État sur les 'transats' et son relatif immobilisme sur les grands projets immobiliers où il ne lève jamais le petit doigt. » Pour lui, le véritable risque, « c'est moins la 'baléarisation' de la Corse, que la 'lubéronisation' de l'île, avec des villages entièrement fermés, six mois par an ».
Un « Padduc caduc »« Le Padduc est caduc », ironise Pierre-Olivier Milanini, ancien président du conseil régional des architectes. Basé à Porto-Vecchio, il vient de lancer Convergence, un nouveau cercle de réflexion réunissant quelque 200 chefs d'entreprises, visant à « réconcilier la Corse avec son économie ».
Pour lui, « le Padduc a été conçu comme un outil contre la spéculation immobilière. C'est devenu un totem car c'est un des rares actes qui a été validé et soutenu par les nationalistes avec l'appui de l'ancienne majorité. Mais il a été bâclé ». Ses concepteurs n'ont pas tenu compte du classement des plages (naturelles fréquentées, semi-urbaines...). Résultat : le texte de 3 600 pages serait devenu « un frein au développement » et risque de « tuer l'industrie locale du BTP ». « Les architectes se tapent la tête contre les murs pour obtenir la moindre autorisation [...] La Corse se retrouve coincée entre le marteau de l'État et l'enclume nationaliste. »
Pis : pour le patron du Casadelmar, qui a vu 50 de ses matelas de plage déménagés par 40 gendarmes en gilets pare-balles, le 3 juin dernier, « c'est une mascarade grotesque. Le problème va rebondir de plus belle en 2020, à l'issue des sursis. C'est toute la destination Corse qui va être touchée ».
Prendre modèle sur la Toscane« C'est vrai. Le Padduc a été conçu pour faire plaisir aux nationalistes. Il est trop touffu et n'a pas inclus de dimension économique », abonde Nicolas Stromboni, un des meilleurs cavistes de Corse. Auteur d'un livre sur la Corse secrète, intitulé Du Pain, du vin, des oursins, ce barbu affable, fils d'un berger-instituteur, reçoit dans son fumoir installé dans une ancienne cuve, au siège de son antre, à Ajaccio. « Agriculture et tourisme ne sont pas antinomiques : le modèle de bon sens pour la Corse, c'est la Toscane et son agri-tourisme. »
Il n'est pas le seul à s'en convaincre. La plupart des « professionnels du littoral » se réclament volontiers du « modèle d'avant-garde » créé par Paul Canarelli, le fondateur du domaine de Murtoli, près de Sartène, pourtant devenu la tête de turc de l'association écologiste U Levante.
Visite à l'intéressé. Au bout de la piste de terre sinueuse, quelques hauts mâts de voiliers dansent derrière une haie de lauriers roses. Pas de méga-yachts en vue dans la baie la plus préservée du sud de la Corse, à l'ombre du lion de Roccapina. « Je ne suis pas bling-bling, même si j'ai une Rolex », assure Paul Canarelli. Pour lui, la paillote est « un élément constitutif de la vie touristique de la Corse, n'en déplaise à... ceux qui veulent manger des châtaignes toute l'année. Quand on est à Monaco, on va au casino ; en Corse, on va à la paillote ».
Pour ses amis, Paul Canarelli et son hôtel écolo-branché de Murtoli, très prisé par Nicolas Sarkozy, Carla Bruni ou Leonardo Di Caprio, incarne bien un modèle de tourisme durable « exemplaire », même si... certains ne cachent pas qu'il a « pris des raccourcis » et épinglent parfois ses amitiés « particulières » revendiquées, tel l'ancien chef présumé du gang de la Brise de mer, Richard Casanova. « Je suis plus écolo que tous les écolos de Corse », assure ce petit-fils de maquignon qui a en outre hérité, avec ses soeurs, du cinq-étoiles Cala Rossa, à Porto-Vecchio. Il est aussi actionnaire de Via Notte, la plus grande discothèque à ciel ouvert d'Europe, près de Bonifacio.
Aujourd'hui, il reçoit la fine fleur de la jet-set » dans ses bergeries de luxe (entre 12 000à 25 000 euros la semaine en haute saison). Il se targue d'avoir décliné, il y a deux ans, une « offre colossale » d'investisseurs du Golfe visant à transformer son domaine en « chasse privée en Méditerranée ». En revanche, il ne décolère pas contre ces « faux écolos » de l'association U Levante qui « emmerdent tout le monde avec leurs 3 000 likes sur leur page Facebook ».
L'impatience de la préfète« Si je vends, je pars à l'étranger... » siffle entre ses dents Paul Canarelli derrières ses lunettes noires. D'autres que lui ne détestent pas brandir la menace d'une invasion de capitaux « exotiques » dans l'île. « J'ai eu deux offres de russes et de fonds de pension américains », assure César Filippi. Le propriétaire du Casadelmar n'a-t-il pas déjà cédé les murs de son deuxième cinq-étoiles, La Plage Casadelmar, à l'oligarque-physicien russe Vitali Malkin ? « Et l'Aga Khan avait lui-même lorgné la Palombaggia avant de se rabattre sur la Costa Smeralda, en Sardaigne. Les Qataris y ont racheté tout ce qui restait », se souvient César Filippi.
Tous les paillotiers ne sont pas aussi diserts. « Rien à déclarer ! On est bien content d'accueillir Edouard Philippe, le reste on s'en bat les couilles ! » nous lance le patron du Cabanon bleu, le jour de la visite du Premier ministre en Corse. Ce 4 juillet, sous un soleil de plomb, les voitures sombres à gyrophares du convoi officiel ont serpenté devant le Cabanon bleu et Marinella, au pied de l'imposante villa de Tino Rossi, sur la route des Sanguinaires. Deux sites emblématiques. Bien que « classés paillotes historiques appartenant au patrimoine immatériel d'Ajaccio », selon Corse Matin, les deux établissements en dur construits sur la plage - où Vincent Scotto et Marcel Pagnol avaient leurs habitudes - ont du souci à se faire. D'autres paillotiers sont plus conciliants.
Tout au bout de la route des Sanguinaires, au Capo Di Feno, Pierre-Tou Casentini, le patron du Pirate affiche une relative sérénité. « L'impatience de la préfète se heurte à l'arrogance des 'natios'. Le Padduc est en train de bouillir, mais ça va se décanter .» Ici, pas l'ombre d'un transat. Ce qui ne l'empêche pas de recevoir Vincent Lindon ou des « fils de milliardaires » ...
La nostalgie du « Renard argenté »Le tourisme, qui représente un tiers du PIB corse, a ici plus d'ennemis que d'amis », tempête César Filippi. Il en viendrait même à regretter l'ancien président (RPR) de l'Assemblée de Corse, Jean-Paul Rocca-Serra, dit le « Renard argenté », qui a régné sur Porto-Vecchio pendant quarante-sept ans. « Avec lui, on avait un interlocuteur face à l'État. Sincèrement, on n'a plus l'équivalent. La droite et la gauche ont été pulvérisées et Macron s'est coupé volontairement de la majorité régionale avec son discours de Bastia », déplore-t-il. Grâce à loi littoral de 1986 et... aux plasticages des autonomistes, la Corse a échappé à la bétonisation de la Côte d'Azur. Mais pour combien de temps ?
Pour l'économiste Guillaume Guidoni (du cabinet Gecodia), « on se focalise à tort sur le Padduc, alors qu'on devrait se concentrer sur les schémas de cohérence territoriale qui n'existent pas en Corse ». Les plus réalistes réclament de nouvelles règles pour repartir sur des « bases saines ». « Il serait bon que les mairies reprennent les concessions des plages, comme sur la Côte d'Azur », estime Luc Leca, le patron de la paillote Le Week end, à Ajaccio.
« Il y a eu une inertie totale de l'État pendant vingt ans. On ne soutient pas les abus, mais la préfète applique une méthode trop radicale et injuste », résume l'avocate Laura Furiani, dépêchée à la tête de la commission ad hoc sur les activités économiques du littoral à l'Assemblée de Corse pour tenter d'éteindre l'incendie. « On ne défendra pas tout : on n'accepte que du démontable. » Mais elle s'étonne que « certains contrevenants aient pu bénéficier de sursis, et d'autres pas... » «Les nationalistes ont fini par soutenir les paillotiers car c'est plus facile d'être contre la spéculation quand on a des copains qui ont des paillotes », ironise un journaliste local.
Pour l'historien Robert Colonna d'Istria, c'est l'arrestation du préfet Bonnet, mis en examen pour « complicité de destruction de biens par incendie en bande organisée », qui avait en 1999 donné un coup d'arrêt à une décennie de violence en Corse (1). Vingt ans plus tard, il ne faudrait pas que le syndrome des paillotes brouille à nouveau les cartes.
Ancien avocat du FLNC (Front de libération nationale corse) et d'Yvan Colonna, condamné pour l'assassinat du préfet Erignac, Pascal-Pierre Garbarini est formel : « Les paillotes, ce n'est pas symbolique. C'est un facteur économique important pour l'île. Elles créent des emplois et apportent des revenus : ce sont de vraies PME. » Auteur d'un livre remarqué sur ses relations avec les grandes figures du nationalisme (1), Pascal-Pierre Garbarini se souvient avoir défendu Johan Carta, le propriétaire d'une paillote de 40 salariés, à Coti Chiavari. Pour lui, « la nouvelle préfète de Corse applique des directives trop rigides. C'est une réponse au refus de dialogue des nationalistes ». « Il ne faudrait pas que quelques individus décident de remettre les cagoules », soupire l'avocat d'Yvan Colonna qui reste convaincu de l'innocence de celui qu'il appelle le « Dreyfus corse ».
(1) Ma robe pour armure, Pascal-Pierre Garbarini, 2019.
Population : 327 280 habitants (Insee 2015), soit 0,49% de la population française.
PIB : 9,23 milliards d'euros (2017), soit 0,4% de la richesse nationale.
55% des ménages propriétaires de leurs logements, contre 58% en France métropolitaine.
Taux de pauvreté : 19,8%, contre 14,2% en France métropolitaine.
Par Pierre de Gasquet
Et si le luxe ultime se nichait là, dans le calme du maquis et la volupté des piscines à débordement ? « Rien, il n'existe rien en France, en Europe et même dans le monde comparable au domaine de Murtoli », vante son site Internet aux images léchées.
Ancienne terre des bergers dans le sud de la Corse, pauvre et aride, Murtoli séduit désormais stars, de Leonardo di Caprio à Jamel Debbouze, et hommes politiques, à commencer par l'ex-président Nicolas Sarkozy et son épouse Carla. Un domaine privé de 2000 hectares inaccessible autrement que par la mer ou par des pistes menant en pente douce vers une longue plage de sable blanc et une crique préservée. L'eau y est aussi lisse qu'un miroir. Le site abrite une exploitation agricole, trois restaurants, dont un gastronomique, et 19 « bergeries ». L'Eddera (le lierre), L'Alivu (l'olivier), A Filetta (la fougère)...
Avec ses 9 millions d'euros de chiffres d'affaires, ses prix internationaux, Murtoli est une aventure entrepreneuriale sans égale sur l'île. Le domaine se définit comme « un territoire, presque un pays ». Grand comme 45 fois le Vatican.
Des constructions identifiées par satellitePour U Levante, c'est surtout un État dans l'État. En juillet 2017, la plus ancienne association de défense de l'environnement sur l'île a transmis au parquet d'Ajaccio (Corse-du-Sud) une série de plaintes pour des soupçons d'infractions aux règles de l'urbanisme portant sur 37 bâtiments.
« Nous savions que nous ne pourrions rentrer ni par la terre ni par la mer, explique l'un de ses membres. Nous avons donc travaillé du ciel. En comparant les clichés satellitaires année après année, nous avons mis au jour les constructions nouvelles. » Ces photos ont été comparées aux demandes de permis de construire déposées en mairie de Sartène (Corse-du-Sud). Principaux griefs : une « fromagerie » transformée en restaurant, un golf « qui empiète sur 5 ha de site classé » sans demande d'autorisation spécifique, une « ferme agricole » qui serait devenue « club house » de golf.
Et surtout des piscines, « dont une découverte sous des bottes de paille » selon une source proche du dossier. Deux ans après le dépôt des plaintes, l'enquête préliminaire confiée aux gendarmes de la section de recherches d'Ajaccio est sur le point de s'achever.
«Je vais vous fumer »Le domaine a émergé, en 1996, au pied du fameux rocher du lion de Roccapina, à l'initiative d'un jeune entrepreneur local, Paul Canarelli, propriétaire et gérant. Ambassadeur de la Corse, pourvoyeur d'emplois, mais personnage controversé. Bosseur, fonceur, le maître de Murtoli, aujourd'hui âgé de 51 ans, n'est pas connu pour sa tempérance, comme l'illustre l'incident qui l'oppose en mai 2013 à un client ayant loué la maison A Figa. À l'origine : la présence de chiens à l'intérieur, ce que le règlement proscrit. Furieux, Paul Canarelli menace deux des locataires : « Je reviens demain matin, si les chiens ne sont pas dans leur niche à l'extérieur, je vais vous fumer, je vais vous tuer tous les deux. »
Le ton monte. Le propriétaire gifle un client luxembourgeois, le frappe et lui crache au visage. Lorsque les gendarmes se présentent, Canarelli décline l'invitation à passer à la brigade : il a rendez-vous pour dîner avec le prince Albert de Monaco. Il est finalement condamné en appel pour violences et menaces de mort.
« Je ne le reconnais pas dans le portrait qu'on dresse parfois de lui, relativise l'un de ses amis, le journaliste Jean-Paul Luciani. Celui que je connais est loyal et attachant, un travailleur acharné chaussé de bottes d'agriculteur, gérant une entreprise à plus de 150 salariés à l'année. Un homme fidèle et loyal. »
Cette loyauté l'a conduit à ne jamais rompre le lien qui l'unissait à Richard Casanova, l'une des figures de la criminalité organisée, assassiné le 23 avril 2008, à Porto-Vecchio. Dans le 4x4 du défunt, les enquêteurs ont retrouvé une clé magnétique donnant l'accès au domaine.
Même lorsque les tueurs de l'autre camp l'ont désigné comme une cible en décembre 2017*, l'homme d'affaires, parrain d'un des enfants Casanova, a assumé cette proximité devenue lourde à porter.
L'«inertie » des gendarmesPendant des années, l'État a préféré détourner le regard. Inaction qui lui vaut d'être condamné en 2008 pour « faute lourde » : les gendarmes de Sartène ont tardé à appliquer les ordres du procureur, en l'occurrence la pose de scellés dans un différend d'ordre privé sur le domaine. Ils ont fait preuve d'« inertie » malgré des « ordres clairs et précis » du magistrat, déplore l'arrêt de la cour d'appel de Bastia du 30 mars 2011.
Pour sa défense, l'État faisait alors valoir la difficulté d'appliquer une telle décision face aux soutiens dont dispose le propriétaire : « Certains élus locaux intervenaient auprès du préfet de région en faveur de M. Canarelli en s'offusquant d'une possible intervention à l'intérieur du domaine »...
Les temps changent. Paul Canarelli est visé par des soupçons de blanchiment aggravé de fraude fiscale, un dossier suivi à la Juridiction interrégionale spécialisée de Marseille. Tout est parti d'un signalement de Tracfin il y a plusieurs années : l'organisme antiblanchiment de Bercy a repéré des flux d'argent suspects en provenance du Luxembourg à hauteur d'environ 3 millions d'euros. Il y a quelques semaines, Canarelli a été entendu en audition libre. « Il a apporté toutes les explications nécessaires. L'affaire s'arrêtera là », prédit son avocat Me Philippe Dehapiot.
Temps de travail, biodiversité... tout est passé au cribleAu parquet d'Ajaccio, on assume « une approche globale d'enquête en considérant Murtoli comme une entreprise unique », alors qu'il est constitué de multiples lots et sociétés. D'où un entrelacs de décisions de justice. Cette fois, les vérifications sont systématiques, parcelle après parcelle. Le 14 juin, le Comité opérationnel départemental anti-fraude (Codaf) a opéré des contrôles tous azimuts, en présence du procureur d'Ajaccio, Eric Bouillard.
Temps de travail des employés, parties de chasse, respect de la biodiversité : tout est passé au crible. Les contrôleurs ont pu constater que les parasols et transats sur les deux plages disposaient bien des « autorisations d'occupation temporaire » nécessaires. Des précisions ont été exigées sur les périodes de chasse. « Mais aucune infraction n'a été constatée, tient à préciser Me Dehapiot. Nous nous félicitons de cette visite qui a permis aux différents services de vérifier l'excellence de la gestion du domaine. »
Personne ne conteste désormais les efforts réalisés ici en matière d'environnement. Il faut dire qu'on partait de loin. En décembre 2016, Paul Canarelli était condamné en appel pour « exécution de travaux sans autorisation » : il était allé prélever du sable sur la plage à grands coups d'engins de chantier. Le propriétaire de Murtoli avait cependant été dispensé de remettre les lieux en l'état. Ce qui fait dire à l'association U Levante qu'il s'agissait d'« une peine pour rire ». Prise de conscience ? Me Dehapiot rappelle que « Murtoli accueille maintenant une base de la SNSM à la pointe de la plage, participant au service public du sauvetage en mer. »
Véronique Caron, sous-préfète de Sartène de juin 2015 à septembre 2017./AFP/Pascal Pochard-Casabianca
La première fois que l’on a aperçu sa silhouette sur le domaine, c’était pour une inspection administrative. Des visites privées ont suivi, notamment pour une partie de golf sur le green de Murtoli. La justice s’intéresse aux conditions dans lesquelles Véronique Caron, sous-préfète de Sartène de juin 2015 à septembre 2017, fréquentait Murtoli : le parquet d’Ajaccio (Corse-du-Sud) a ouvert une enquête préliminaire pour des soupçons de « corruption passive », faits que l’intéressée conteste en bloc.
À l’origine de l’affaire, il y a le recours intenté par la haute fonctionnaire contre des permis de construire pour trois « bâtiments agricoles » accordés à Valérie Guilbert, la compagne de Paul Canarelli, propriétaire du domaine. Contre toute attente, la sous-préfète décide de suspendre l’action de l’État le 28 juin 2016, neuf jours seulement avant l’audience au tribunal administratif. Lors d’une réunion en préfecture, elle justifie cette position par le fait que le dossier, monté par un collaborateur peu familier de ce type de procédure, a peu de chance d’aboutir. À l’époque, l’association U Levante s’étonne d’un tel revirement et s’interroge sur ses raisons véritables.
La polémique rebondit au mois de février dernier lorsque U Levante transmet à la justice des textos témoignant de la proximité de Véronique Caron avec Valérie Guilbert. Ces SMS dont certains étaient destinés à une voyante, datés de juillet 2017, sont-ils de nature à éclairer d’un jour nouveau le désistement des services de l’État ? « Ces échanges montrent en tout cas des relations étroites entre la sous-préfète et Mme Guilbert », assure Me Benoist Buisson, avocat de l’association. Avant d’entamer les auditions, les gendarmes vont devoir déterminer dans quelles conditions ces textos privés, dont des parties ont été masquées, ont été transmis au parquet.
« Le domaine de Murtoli a beaucoup fait fantasmer, prévient l’avocate de Véronique Caron, Me Marie-Alix Canu Bernard. Toutes les décisions prises par la sous-préfète l’ont été en parfait accord et collégialité avec le préfet, comme il est de mise au sein du corps préfectoral. » Véronique Caron a riposté en déposant une plainte pour « atteinte au secret des correspondances » et « dénonciation calomnieuse ».
* « Parrains corses, la guerre continue », Jacques Follorou, Editions Plon.
Blaise Orsini s'est éteint ce lundi 17 juin à son domicile calvais à l'âge de 83 ans. Figure emblématique de la cité "Semper Fidelis, il est le père fondateur de l'association culturelle U Svegliu Calvese.
Le communiqué du Svegliu
Blaise Orsini, le fondateur du Svegliu Calvese, vient de nous quitter, emportant définitivement avec lui, notre jeunesse.
Merci à lui, d’avoir été à l’origine de cette formidable aventure, d’avoir cru dans des compétences que nous ne nous soupçonnions pas, merci à lui de nous avoir fait croire qu’ensemble tout devenait possible, et qu’il suffisait de rêver pour que tout s’accomplisse!
Addiu o amicu! Riposa in pace.
Et les mots de François Canava :
C’est un grand vide que laisse notre ami Blaise, c’est une page importante qui se tourne pour notre association et c’est avec infiniment de tristesse que nous saluons la mémoire de cet homme qui demeurera à jamais Le Président, celui qui a fait le Svegliu, celui qui lui a donné sa place dans le paysage culturel corse, et nous lui en sommes reconnaissants.
A ringraziati amicu, per u spiritu chè t’ai sapputu incalcacci.
Riposa in Pace o sgiò Présidente
Emu amparatu cù assai tristezza ch'ellu era partutu à l'eternu Eric Gineste, militante culturale di prima trinca, impegnatu in l'indiatura di u Riacquistu è di Canta U Populu Corsu. Femu e nostre parte à tutti i soii, famiglia è amichi, à Doria è a so mamma. Di core cun elli. Ch'ellu riposi in santa pace
"Si n’hè andatu Eric Gineste. Cantadori è musicanti, era di u viaghju tamantu di Canta u Populu Corsu. Si n’hè mossu à ghjucà cù a squadra d’insù, à fiancu forsa à Natali Luciani, Dumenicu Gallet, Alanu Nicoli, Dedè Nobili o Petru Fondacci.." (Alta Frequenza)
Mai 2019
FIGAROVOX/ANALYSE - Pour Arnaud Benedetti, Emmanuel Macron a commis une grave erreur en refusant de s’entretenir avec les nationalistes corses. En cause selon lui, une absence de profondeur historique et une incapacité à dialoguer.
Arnaud Benedetti est professeur associé à l’Université Paris-Sorbonne. Il est rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire. Il a publié Le coup de com’ permanent (éd. du Cerf, 2017) dans lequel il détaille les stratégies de communication d’Emmanuel Macron.
ll veut bien avancer, mais dans le sillon de sa socialisation politique qui n’est autre que celle des élites dont il est le produit : bruxelloises par absence d’imagination...
Prudent mais connaissant son histoire, François Mitterrand avait compris qu’en Corse la politique était indissociable de la culture et qu’en conséquence il fallait s’adapter au terrain, bien plus que d’imaginer adapter la Corse à une république qui ne lui offrait plus, décolonisation oblige, les grandes aventures que l’Empire lui avait prodiguées. Les Corses dans leur île avaient pris conscience de leur identité, de la déshérence de leur territoire, et ne trouvant plus dans l’État un levier à leur mobilité individuelle y voyaient dorénavant un obstacle à leur destin collectif. Macron, lui, n’a pas ce background. Il s’est construit, comme nombre de jeunes décideurs de sa génération, loin des résiliences identitaires, historiques mais tout tourné vers un horizon qu’il n’envisage qu’au prisme de la mondialisation, de la technologie et de l’économie. Il veut bien avancer, mais dans le sillon de sa socialisation politique qui n’est autre que celle des élites dont il est le produit: bruxelloises par absence d’imagination, technocratiques par éducation, un brin sociétales pour être «tendance» et conservatrices pour le reste...
Confronté à ce que l’on appelait dans d’autres temps, dont il ignore tout, le «problème corse» Emmanuel Macron se crispe avec le réflexe du haut fonctionnaire qui en fin de compte constitue l’archétype de la forge qui l’a générée. Fils de Juppé, petit-fils de Giscard, le chef de l’État est à lui tout seul la parabole finissante d’une lignée qui se cherche, à travers la com’, un second souffle.
À l’épreuve de la petite île, rétive elle aux idées arrêtées, soucieuse du solide des identités quand les marcheurs fluides n’y voient qu’un obstacle à leur fascination pour l’idéologie de la start-up, Macron se cabre et révèle cette part de sa personnalité qui entrave le progrès dont il se revendique... indûment. Toutes les îles européennes sont autonomes, à l’exception de la Corse, dont l’histoire pourtant, la géographie, la culture poussent inévitablement dans cette direction. L’autonomie n’est en soi qu’un mode de gouvernance qui , loin de remettre en cause l’appartenance à l’État unitaire, vise à articuler la relation d’une spécificité, difficilement niable, à un ensemble plus vaste, la République en l’occurrence.
Le Président oublie ce que la politique doit au symbolique.
La crispation macroniste traduit cette méconnaissance de l’histoire qui affleure souvent dans la mécanique de la majorité. La Corse a gagné en apaisement depuis quelques années ; mieux elle s’est efforcée de régler par les urnes plutôt que par les bombes ses questions existentielles. En déclinant l’invitation des élus territoriaux à se rendre dans leur Assemblée, instance de la légitimité insulaire, lieu de l’imaginaire de la «consulte» à laquelle les Corses ne manquent jamais de se référer quand il s’agit de s’affirmer, le Président oublie ce que la politique doit au symbolique. Il prend le risque de la régression en lieu et place du progressisme. Pire: il accrédite l’idée d’une «remastérisation» de ce dernier à des fins bien plus de marketing que de convictions. Il trahit surtout les contradictions d’un macronisme qui, corseté au prisme de Maastricht, compense son déficit criant de souveraineté par un excès de dirigisme. Avec l’Affaire Corse, Macron contredit tout à la fois son pragmatisme supposé, son progressisme affiché, son libéralisme revendiqué au risque de s’hypertrophier dans l’image de l’homme qui n’entend pas...
Source : Le Figaro/Vox
Emmanuel Macron a enjoint les élus corses à mener un « travail mémoriel » à propos de l’assassinat du préfet Claude Erignac, le 6 février 1998 à Ajaccio. « On ne peut pas ne pas regarder en face qu’un préfet de la République a été assassiné ici », a-t-il déclaré, invitant les Corses à exprimer les mêmes « regrets » que ceux qui ont été formulés à propos des événements d’Aléria, l’occupation d’une cave viticole par des militants nationalistes en 1975, qui avait entraîné la mort de deux gendarmes. « Tant que certains n’auront pas le courage de dire : ‘’c’est une plaie, notre cicatrice, et la souffrance de famille Erignac est aussi la nôtre’’, ils feront bégayer l’Histoire », a-t-il estimé.
La réponse de Gilles Simeoni :
"Concernant Aleria, j’aurais aimé, lorsque le président a cité mon père, qu’il le cite intégralement. Et sur l’assassinat du préfet Erignac que faut-il ? 40 000 Corses sont descendus dans la rue. Les membres du commando qui reconnaissent leur participation l’ont publiquement regretté. Mon premier acte public en tant que président de l’Exécutif a été de me recueillir devant la stèle du préfet... Cette culpabilité collective qu’on nous impute dans l’assassinat du préfet, elle a été dans le non-dit, cette fois cela a été dit".
Et celle de Jean-Guy Talamoni :
"L’explication de l’absence de dialogue parce que nous n’aurions pas exprimé de regrets concernant l’assassinat du préfet est irrecevable 20 ans après. Devons-nous expier ad vitam aeternam ? Les Corses sont-ils maudits, génération après génération comme tueurs de préfet ? J’espère vraiment que les mots ont dépassé la pensée".
Par France 3 Via Stella Publié le 19/03/2019
Le juge des référés du tribunal administratif de Bastia a rejeté, ce mardi 19 mars, le référé de La Méridionale. La société contestait sa mise à l'écart sur deux lignes de desserte maritime, Marseille-Ajaccio et Marseille-Propriano.
La collectivité de Corse avait étudié ces offres dans le cadre de la délégation de service public (DSP) de transport maritime de passagers et de marchandises entre Marseille et la Corse pour 2019-2020. La Méridionale avait été retenue pour les négociations des dessertes de Bastia, Porto-Vecchio et L'Île-Rousse, mais rejetée pour Ajaccio et Propriano.
Le tribunal administratif a validé dans un communiqué le rejet des deux offres par la collectivité de Corse.
« La Méridionale, qui ne dispose que de trois navires en pleine propriété, mais qui s’est portée candidate sur les cinq liaisons maritimes, a été admise aux négociations sur trois des cinq liaisons maritimes mises en concurrence, mais n’a pas été admise sur celles relatives à la ligne Ajaccio-Marseille et à la ligne Propriano-Marseille. La société ayant substitué deux nouveaux navires devant être affrétés à ceux qui étaient initialement proposés à l’affrètement, devenus indisponibles, la collectivité de Corse a rejeté ces offres. »
« Nous sommes surpris et nous ne comprenons pas cette décision de nous refuser l’accès aux négociations des dessertes d’Ajaccio et de Propriano. Ceci alors même que notre offre est de qualité, conforme au cahier des charges, et qu’elle peut être, comme il est d’usage, précisée lors de ces négociations ; sans La Méridionale dans ces négociations, la Corse à tout à y perdre. - Benoît Dehaye, directeur général délégué de La Méridionale »
« Depuis le début de l'appel d'offres, on le disait que pour nous la compagnie ne s'était pas positionnée de la manière la meilleure. L'autre jour à l'audience, les plaidoiries des avocats et les questions orientées du président du tribunal administratif nous laissait penser qu'il y avait encore un espoir d'être réintégrée dans les négociations d'Ajaccio et de Propriano. Force est de constater que ce n'est pas le cas. »
La compagnie concurrente, Corsica Linea (ex-SNCM), pourra défendre son offre sur l'ensemble des cinq lignes.
Rédigé par (Jean-Paul-Lottier) le Lundi 25 Février 2019
Alors que les pompiers appuyés par les Canadair s'activent toujours sur ce terrible incendie parti samedi soir de Calenzana pour parcourir plus de 1 300 hectares en ravageant tout sur son passage jusqu'à la forêt de Bonifatu en passant par Moncale, les gendarmes de la Brigade de Recherche auxquels l'enquête a été confiée, progressent avec minutie dans leurs investigations. Pierre Guidoni, maire de Calenzana, dont l'interview sur CNI a ému beaucoup de monde, a annoncé ce matin qu'il allait déposer plainte. Sur le front de l'incendie l'accalmie se confirme
.Si sur le front des incendies la situation s'améliore, l'heure pour certains est au bilan, principalement à Calenzana où en constatant l'ampleur des dégâts, tous rétroactivement, prennent conscience de l'horreur de cette cauchemardesque soirée de samedi où un simple changement de direction du vent aurait pu tout faire basculer dans l'horreur.
On ne soulignera jamais assez combien l'intervention de nos pompiers pour protéger, sauver des maisons et des bâtiments, aura été déterminante dans cette soirée apocalyptique où le village de Calenzana s'est retrouvé encerclé par un mur de flammes qui filait à la vitesse d'un vent de Nord-Est d'une violence inouïe en direction de Moncale où la aussi la peur devait gagner les habitants.
L'effet de la nuit amplifiait encore plus cette peur qui gagnait chacun.
On l'a dit, le spectacle ce lundi matin n'est que désolation et la colère de tous est immense.
Si samedi et dimanche, la thèse de l'accident était plausible dans les esprits de chacun, force est de constater aujourd'hui que pour bon nombre cet incendie est criminel et que les voix s'élèvent pour demander que celui qui a osé craquer une allumette soit retrouvé et puni comme il se doit.
Le maire de Calenzana, Pierre Guidoni parlait de détraqué en liberté qui par son geste fou a mis en péril la vie de nombreux habitants et celle des soldats du feu engagés dans cette course contre la montre, et demandait à ce que tout soit mis en œuvre pour le retrouver.
Les auteurs d'écobuage sont systématiquement verbalisés
Pour l'heure, on l'a dit, on en est toujours au stade des hypothèses et aucune piste n'est privilégiée au détriment de l'autre.
Sur le terrain les gendarmes de la BR Calvi-Balagne auxquels l'enquête est confiée, poursuivent leurs investigations, interrogent beaucoup de monde, récoltent les plaintes de propriétaires victimes de cet incendie alors que les Gendarmes spécialisés en investigations criminelles et leurs collègues pompiers de la cellule de recherche des causes et des circonstances incendie, font des prélèvements au départ du feu à la Flatta et étudient dans le moindre détail les lieux, à la recherche du moindre indice susceptible de les faire avancer dans l'enquête.
Paradoxalement, et aussi incroyable que cela puisse paraître, malgré l'ampleur des dégâts et l'émotion que cet incendie a pu déclencher, certains n'ont pas hésité dimanche ou encore ce lundi a procéder à Moncale, ou encore route de l'aéroport à Calvi, à des écobuages, et ce malgré l'interdiction préfectorale de faire et le vent qui souffle toujours autant.
C'est de l'inconscience de ceux qui le pratiquent et les Gendarmes n'entendent pas laisser passer en verbalisant systématiquement.
Au PC Feu installé à l'aéroport de Calvi, , le commandant Patric Botey faisait un point de la situation à la mi-journée:
" La situation est nettement plus favorable qu'hier. A la dernière reconnaissance effectuée, il ne reste qu'une partie de la lisière de Sambuccu encore active et ce bien qu'elle soit toute proche de la neige.
Les avions ont de la difficulté à travailler à cause d'une aérologie difficile.
Les moyens terrestres sont engagés sur Terrazzone et aussi sur la piste du Sambuccu .
La superficie est inchangée".
Un autre point sera fait en fin de journée.
Janvier 2019
Il venait tout juste de fêter son 77e anniversaire. C'était le 14 décembre dernier. Son décès est intervenu de façon brutale et à l'annonce de sa disparition, c'est un immense voile de tristesse qui a envahi la cité de Colomb.
Ancien employé de la DDE, amoureux fou de la nature, Paul était de ceux de l'aventure de la société mycologique de Balagne à ses débuts. Les plantes, les champignons, fleurs et autres n'avaient pas de secret pour lui.
Amateur de photos, on le retrouvait régulièrement sur des manifestations et c'est toujours avec le souci du détail qu'il opérait.
Paul menait une vie paisible, plutôt solitaire, il aimait s'installer à la terrasse d'un café le matin et ne manquait jamais de saluer ses amis.
Et puis, cette vie paisible s'est transformée en cauchemar ce 22 juin 2018 lorsqu'un deux-roues l'a renversé avant de prendre la fuite.
Une fracture de la hanche et plusieurs côtes cassées le tiendront éloigné de ses activités.
Une plainte a été déposée et une enquête a été menée par les services de Gendarmerie, mais hélas, à ce jour ce délit reste toujours impuni. Paul s'en est allé sans malheureusement savoir qui a pu commettre cet acte inqualifiable.
Depuis cet accident, Paul n'était plus le même. Certes il remarchait avec un appareillage adapté et l'on recommençait à le voir en ville, mais à quel prix.
Il y a quelques jours encore il nous disait sa volonté de s'en sortir et de retrouver une vie normale.
Le destin en a décidé autrement.
Pour sa mémoire, pour ce qu'il a pu endurer ces derniers mois de sa vie, espérons que l'auteur de cet accident et de ce délit de fuite, soit interpellé et que Paul puisse reposer en paix.
En cette douloureuse circonstance, Corse Net Infos présente à toute sa famille, ses proches et ses amis ses plus sincères condoléances.
Ses obsèques seront célébrées demain, samedi 5 janvier à 10 heures en l'église Sainte Marie Majeure de Calvi.
Source : CorseNetInfos
Je suis bouleversé par ce décès si soudain. J'avais parlé avec Paul au téléphone pour les vœux mardi dernier et il était plein de projets et heureux dans la perspective de nous retrouver en septembre.
Nous avions sympathisé il y a une quinzaine d'années lors des Rencontres
de Calvi, nous échangions souvent sur les groupes et les chanteurs que Paul connaissait pratiquement tous, mais aussi sur les randonnées. En plus d'être un grand amoureux de musique, Paul connaissait la montagne corse comme sa poche et avait plein d'anecdotes et de souvenirs à raconter. Sa passion de la photo lui a parfois valu quelques reproches à cause de déclenchements trop bruyants mais il était aimé et apprécié de tous.
Depuis l'accident dont il fut victime en juin 2018, il ne pouvait monter à la Citadelle sans assistance. Nous gardons un souvenir ému de sa dernière apparition pour le concert de Tavagna lors de l'ouverture des Rencontres 2018. Et un souvenir plus personnel : Nous l'avions emmené en voiture pour assister à un concert d'U Fiatu Muntese - "Les Moyens", comme il les appelait, par opposition aux "Petits" (L'Alba) et aux "Grands" (A Filetta).
Sur le parvis, à la fin du concert, les membres du groupe nous invitent à revenir pour un "rappel privé", A Muntagnera, que Paul affectionnait particulièrement. Un merveilleux moment d'amitié.
Paul, tu nous manques déjà...
Jean-Claude Casanova
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