Michel Mallory

Dernière mise à jour : 27/08/2019

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Jean-Paul Cugurno dit Michel Mallory est né le 25 janvier 1941 à Monticello. Après une carrière d'auteur-compositeur-interprète débutée dans les années 1960, il se fait le plus souvent parolier pour d'autres interprètes, notamment Sylvie Vartan et Johnny Hallyday. Il revient à la chanson durant les années 1980, en chantant dans sa langue natale le corse, notammant avec Cantà..

« J’ai retrouvé l’envie »

En presque cinquante ans de carrière, Michel Mallory a signé plus de mille chansons pour les plus grands interprètes de la chanson française, de Johnny Hallyday à Claude François en passant par Joe Dassin ou Sylvie Vartan. En parallèle, « Le Cow-Boy D’Aubervilliers » a enregistré une poignée d’albums en langue corse où sa voix chaude et profonde sert des textes émouvants et personnels. C’est le cas une nouvelle fois avec «Parolle d’Omu», son dernier disque, qui vient de sortir.

mallory

« Parolle d’Omu » semble vous tenir très à cœur…

Si je devais le comparer aux autres, je dirais sincèrement que c’est mon disque le plus abouti, et pas uniquement parce que c’est le dernier ! J’en ai partagé la conception avec des gens très motivés, qui avaient autant envie que moi de le faire, et m’ont communiqué leur énergie.
C’est un disque « made in Corsica », enregistré à Valle Di Rostino, chez Jean-Bernard Rongiconi. Là-haut, il y avait une telle quiétude, on était coupés du monde, du showbiz, c’était un bonheur de travailler dans ces conditions.
Et puis le studio s’appelle Angelina, du nom de la grand-mère de Jean-Bernard, qui y faisait le pain. Et son gentil fantôme se promène toujours dans la bâtisse, une présence à la fois réconfortante et une inspiration…

On a l’impression que vous avez abordé cet album sans aucune pression ?

Pour dire la vérité, je ne voulais pas l’enregistrer, j’avais même décidé de ne plus en faire, mais les gens qui m’entourent et qui m’aiment ont réussi à me convaincre. La seule condition était que cela m’apporte du bonheur, pas de la contrariété, je voulais prendre du bon temps, écarter les contraintes habituelles. Mais il y’a toujours de la pression, particulièrement au moment de l’écriture… Ca prend du temps d’écrire en Corse, et j’étais très vigilant à ne pas me mordre la queue, à trouver des thèmes originaux, que je n’avais jamais abordés.

Ces albums ont une importance particulière pour vous, pourtant plus de vingt ans se sont écoulés entre le début de votre carrière et votre premier album en langue corse…

J’ai été un enfant gâté par la vie artistique, très vite mes chansons ont plu, ont eu du succès, et j’ai été emporté dans ce tourbillon. Mais ma très sainte mère, qui voyait son fils comme le plus beau, le plus fort, ne cessait de me demander d’écrire des chansons en Corse, et je ne l’ai jamais fait, tout comme je n’ai jamais chanté le Dio Vi Salvi regina à l’église pour Noël, malgré ses demandes répétées… Le jour où elle est partie, je me suis senti coupable, et je me suis dit, « je ne vais pas lui écrire une chanson, mais un album entier ». Ainsi est né « Canta ». A partir de là, tout a changé. J’ai découvert une chose exceptionnelle, le bonheur de chanter sur scène, en Corse, dans les villages. Je ressentais une chose que je n’avais jamais ressentie. Un supplément d’âme peut-être… Quand je monte avec Johnny sur scène au Stade de France, j’y vais comme je vais dans ma salle de bain. Mais si je dois jouer à Scolca devant une dizaine de personnes, je flippe…

On a l’impression que vous avez abordé cet album sans aucune pression ?

Pour dire la vérité, je ne voulais pas l’enregistrer, j’avais même décidé de ne plus en faire, mais les gens qui m’entourent et qui m’aiment ont réussi à me convaincre. La seule condition était que cela m’apporte du bonheur, pas de la contrariété, je voulais prendre du bon temps, écarter les contraintes habituelles. Mais il y’a toujours de la pression, particulièrement au moment de l’écriture… Ca prend du temps d’écrire en Corse, et j’étais très vigilant à ne pas me mordre la queue, à trouver des thèmes originaux, que je n’avais jamais abordés.

Ces albums ont une importance particulière pour vous, pourtant plus de vingt ans se sont écoulés entre le début de votre carrière et votre premier album en langue corse…

J’ai été un enfant gâté par la vie artistique, très vite mes chansons ont plu, ont eu du succès, et j’ai été emporté dans ce tourbillon. Mais ma très sainte mère, qui voyait son fils comme le plus beau, le plus fort, ne cessait de me demander d’écrire des chansons en Corse, et je ne l’ai jamais fait, tout comme je n’ai jamais chanté le Dio Vi Salvi regina à l’église pour Noël, malgré ses demandes répétées… Le jour où elle est partie, je me suis senti coupable, et je me suis dit, « je ne vais pas lui écrire une chanson, mais un album entier ». Ainsi est né « Canta ». A partir de là, tout a changé. J’ai découvert une chose exceptionnelle, le bonheur de chanter sur scène, en Corse, dans les villages. Je ressentais une chose que je n’avais jamais ressentie. Un supplément d’âme peut-être… Quand je monte avec Johnny sur scène au Stade de France, j’y vais comme je vais dans ma salle de bain. Mais si je dois jouer à Scolca devant une dizaine de personnes, je flippe…

Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de sauter le pas ?

Il me manquait quelque chose, je ne saurais vous dire quoi exactement. J’avais certainement peur de me jeter à l’eau. Pourtant mes parents ne parlaient que Corse, à 10 ans mon grand-père me faisait lire Le Petit Bastiais, et je n’ai jamais perdu l’usage de la langue, même quand j’ai vécu ailleurs que sur l’île. Mais entre parler le Corse et l’écrire, il y’a un océan, et il a fallu que je fasse l’effort de me remettre en question, que je travaille mon Corse des rues pour en faire un Corse plus littéraire. Personne ne m’a jamais aidé, il n’y a pas un seul mot qui ne soit de moi, personne ne pourra jamais dire « J’ai écrit les chansons de Mallory ». Mais j’ai eu la chance d’avoir un mentor, une personne qui a veillé sur tout à mon côté, c’est Patrizia Gattaceca. Pour moi tout, aujourd’hui encore, se fait sous son égide quand il s’agit de la langue.

Il semblerait qu’il soit, paradoxalement, plus difficile d’écrire pour soi que pour les autres ?

Mais bien sûr ! On est à poil quand on écrit sur soi ! Sur cet album, j’ai été dans une sorte d’impudeur, je me suis déshabillé plus que d’habitude encore. C’est ma vie qui apparaît, en filigrane, mon histoire… Le Jean Batti de « Eiu è Jean Batti », c’est un ami qui figure, symboliquement tous les amis que j’ai eus et que je conserve encore jalousement. Et toutes les mésaventures que je raconte dans la chanson sont vraiment arrivées. Lillina est une berceuse que j’ai écrite pour une fille de 18 ans qui connaît son premier chagrin d’amour, et qui se tourne vers son père, qui est là pour elle, et lui dit que cette blessure la fera grandir. Une autre chanson qui me tient à cœur, c’est « Bugiardo », le menteur… Il réunit tous les menteurs que je connaissais, des artistes, les plus grands raconteurs d’histoires du monde, des menteurs qui racontaient des choses que l’on avait envie de croire. Des personnages incroyables qui faisaient même des concours de mensonges ! Et moi, gamin, j’étais fasciné.

On a l’impression que c’est ce qui vous intéresse avant tout, raconter des histoires ?

C’est la seule chose qui compte pour moi. J’ai rencontré un chanteur de country, Tom T. Hall, qui a écrit la version originale de « Sur la route de Memphis » (« That’s how i got to Memphis » – NDLR), qui est devenu mon ami, et que l’on surnomme aux Etats-Unis « The Story-teller ». Cette idée, très présente aux USA, d’être un raconteur d’histoires, c’est ce qui a fondé ma manière d’aborder l’écriture, et les chansons. La musique doit être au service des mots, un écrin qui soutient et met en valeur l’histoire. Nous sommes avant tout des conteurs.

Hormis vous, peu de chanteurs corses sont influencés par la musique nord-américaine, ou s’en revendiquent, alors que l’île a toujours puisé son inspiration dans les musiques irlandaises, méditerranéennes ou sud-américaines. Est-ce parce que nous sommes trop éloignés de cet univers ?

Je pense au contraire que nous en sommes beaucoup plus proches qu’on le pense. D’ailleurs ma chanson « L’amore hè passatu vicinu », c’était de la pure country. J’ai été à Nashville, j’ai rencontré tous ces chanteurs, ces musiciens exceptionnels, j’en ai fait des amis, on a fait la fête, on s’est saoulés ensemble, et dans le rapport entre les hommes, mais aussi en musique, ils ne sont pas loin de nous. Les ricuccate de chez nous, elles se rapprochent par exemple beaucoup de celles de la Country. Dans la Country, comme en chanson corse, on ne peut pas se cacher. Il y’a des notes à faire, il faut les faire. Et les plus grands musiciens sont là-bas, on vient du monde entier pour jouer avec eux.
J’ai été impressionné par deux personnes dans ma vie : Le premier c’est Charles Rocchi, et le second, Elvis Presley. Et je suis d’une fidélité absolue, je ne m’en suis toujours pas remis ! Et je suis fier de faire le lien entre les deux. Je suis citoyen d’honneur de Nashville, je suis le seul chanteur français à avoir chanté au mythique Grand Ole Opry, même Johnny ne l’a pas fait ! Et j’y ai chanté le Cow-Boy d’Aubervilliers en anglais, en français et surtout en Corse devant un public déchaîné ! Quel souvenir !

Allez-vous défendre cet album sur scène ?

Je ne vais pas faire de tournée estivale, ce n’est pas mon truc la saison, je ne l’ai presque jamais fait. En revanche, à la rentrée je ferais le théâtre de Bastia, peut-être plusieurs soirs, et une grande salle à Ajaccio, ainsi qu’une salle parisienne. Aujourd’hui, j’ai à nouveau l’envie ! Et ça faisait bien longtemps que ça ne m’était plus arrivé…

Sébastien Bonifay

Copyright Corsica - Source : http://info.club-corsica.com/cul_130_003.php#

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