Diana Saliceti

Dernière mise à jour : 19/12/2022

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diana

Formée à l’art polyphonique auprès de Natale Luciani puis de Jean-Pierre Godinat, Diana Saliceti, après avoir participé à l'aventure de Santavuglia, de l’Altagna et de Dopu Cena, se lance dans ses premières créations. Inspirée par les voix de femmes méditerranéennes et les techniques vocales traditionnelles,elle s’inscrit dans la modernité. Sa voix, elle, reste la même, unique et enchanteresse.

C’est dans la dialectique du chant et de la langue corse que s’incarne le talent de Diana Saliceti.
Malgré son jeune âge, elle a cette façon unique d’interpréter les grands classiques traditionnels de toute son âme. On appelle ça " u versu".
.. qui se conjugue avec sa passion de la monodie au féminin où se croisent fado, tarentelle italienne autant que ballades irlandaises...

Une façon de poursuivre le voyage tout en restant sur son île, au fil de ses collaborations artistiques.

A peine âgée de vingt-cinq ans, Diana s'est déjà illustrée dans divers domaines et à de multiples reprises. Toutes les portes, si difficiles à franchir pour certains, semblent lui être ouvertes.

Diana est ouverte sur le monde sans tourner le dos à sa terre, elle est urbaine et rurale, de la mer et de la montagne, elle donne l'impression de prendre autant de plaisir à côtoyer des personnes âgées que de son âge. C'est une corse, mais au delà de ça c'est une méditerranéenne, une citoyenne du monde.

Voilà ce qu'écrivait, dans l'Express, Olivier Le Naire en 2007 :

"L'envol de Diana"

"Elle a les yeux enjoués, la voix grave, encore des allures de femme enfant et toute une polyphonie dans la tête. A 19 ans, Diana Saliceti, l'une des quatre voix du groupe l'Altagna, oscille entre l'air de la passion et celui de la raison. Le premier dit l'amour des siens, de son île, de ses origines; l'autre ressemble à un chant du départ. Elève de khâgne, à Bastia, Diana aimerait continuer l'an prochain ses études à Paris, mais, en attendant, elle chante dans la langue qu'elle entendait enfant dans les villages de Tasso et de Saliceto. "J'entendais le corse autour de moi et ses sonorités me fascinaient. Et puis, il y avait les polyphonies: les chanteurs me semblaient des surhommes!"

Pour mieux partager ses émotions, Diana s'initie au corse en famille puis, au lycée, apprend à l'écrire et remporte l'an dernier le prix Andria Fazi, qui récompense le meilleur élève dans cette discipline. Enfin, soucieuse de faire aussi "chanter la langue, de la sortir des salles de cours pour la ramener dans la vie et dans la rue", elle fonde donc avec ses amies l'Altagna, groupe de polyphonies qui, en trois ans, a déjà acquis une belle réputation. "Le corse s'est imposé à nous comme une évidence pour dire l'entraide, la beauté de l'île, nos rêves d'enfance et nos idéaux", explique Diana.

Grâce à la polyphonie, les filles de l'Altagna ont rencontré des artistes. Elles ont écrit des poèmes, en ont emprunté à d'autres, retrouvé des textes ancestraux, et mis tout cela en musique pour vivre et chanter au pluriel. "S'exprimer en corse renforce le sentiment d'appartenir à une communauté. C'est aussi une fenêtre ouverte sur les autres cultures, insiste Diana. Maintenant que je suis entrée dans cette langue, tout sonne juste. Elle fait le lien avec ceux qui étaient là avant nous, le lien entre hier et aujourd'hui. Et, si tout le monde s'y met, peut-être demain." Si la langue corse est sauvée un jour, ce sera grâce à des femmes comme Diana.

Interview pour Praxiscumitatu (avril 2014)

Barbara Ettori-Morandini : Êtes-vous consciente de cet attachement des corses pour vous?

Diana Saliceti : A vrai dire, la question m'interpelle. Si c'est le cas je suis très touchée car je marche beaucoup à l'affect et cet attachement est réciproque. Toutefois l'adage le dit bien: on ne peut pas plaire à tout le monde. Ce qui est sûr c'est que je suis sincère lorsque j'écris ou que je chante. Je suis si fière d'être d'ici que j'essaye au quotidien de ne pas décevoir les personnes qui m'ont tout appris. Je vois surtout le chant comme un lien privilégié avec les gens de ma terre.

BEM : A l'aube de votre carrière, et fortes des expériences que vous avez déjà vécues, comment vous voyez-vous dans cinq ans ?

DS : Je ne me projette jamais dans le futur, très rarement. Je sais juste que je ne pourrai jamais arrêter de chanter. Chaque jour m'inspire de nouveaux airs, des thèmes à exploiter. Tout finit toujours par se traduire en chanson, j'espère que cela continuera dans le futur. J'aimerais aussi avoir enregistré un album, pour le moment cela semble le parcours du combattant. J'espère de même être toujours au coté de Barthélemy car ensemble on travaille très bien, cette amitié est unique. Ha oui et dans cinq ans, j'espère avoir le cheval dont je rêve depuis vingt ans.

BEM : Vous avez opté, dès le départ, pour mener de front carrières artistique et journalistique (1). Aujourd'hui comment vous définiriez-vous?

DS : Il est vrai que cela peut paraître difficilement compatible. Je trouve ces deux univers totalement complémentaires à mon échelle. J'ai besoin de la rigueur de l'un pour canaliser l'extravagance de l'autre. Carrière artistique ou journalistique: pas question de choisir. Chacun d'entre nous a surement deux visages, voici les miens.

BEM : Expliquez-nous l'univers que Barthélemy et vous, avez souhaité mettre en scène dans ce spectacle.

DS : Nous livrons le travail de plusieurs mois. Des dizaines de répétitions faîtes dans mon salon. Nous savions ce que nous voulions. Barthélemy me permet de finaliser des mélodies que j'ai en tête, de les arranger. Il nous arrive même de composer ensemble. Il joue un air, j'improvise, ainsi peut naitre un morceau.
Cette complicité était à exploiter sur scène où nous sommes deux êtres face à face. Un frère et une sœur, un couple, des amis, des étrangers, dans certaines chansons j'ai cherché à ce que nos deux voix se fassent écho.

BEM : A court terme, comment évoluera ce projet? (d'autres dates, un cd...)

DS : La motivation est là. Il ne s'agit pas de voir trop grand ni trop loin. C'est juste une question de plaisir. Je voudrais enregistrer la quinzaine de créations avant que celles ci soient "périmées". Chaque époque a surement ses chansons. Dans quelques mois, je risque de ne plus me reconnaître dans les textes que je chante. Mieux vaut les fixer sur un album afin que ces chansons rencontrent les gens et ne meurent pas dans l'œuf. Je vois la musique un peu comme la mode, avec des saisons à présenter. Ne demeurent que les belles choses et c'est le public qui décide.

(1) Diana Saliceti signe chaque semaine une chronique en langue corse dans Corse-Matin, en compagnie de Julian Mattei (rubrique à Dilla Franca).

Sola filmé au Théâtre de Bastia en mars 2015 :

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C'est à Salgetu, village de Castagniccia perché à 800 mètres d'altitude, que se déroulera, du 12 au 25 octobre, l'enregistrement en auto-production du tout premier disque de Diana intitulé "Forse". Une période qui sera suivie de trois semaines de mixage et de mastering  pour une sortie officielle fixée le 8 décembre.

"Forse" : ce mot ou plutôt cet adverbe de la langue corse veut dire "sans doute", "peut-être". Un adverbe à lire selon votre état d'esprit. Un tout petit mot pour dire que c'est peut-être, voire sûrement, le moment de se lancer, à 27 ans, dans l'aventure d'un premier disque. 14 titres seront sur cet opus, les 3/4 sont des créations personnelles, paroles et musique.

L'équipe artistique :

Stéphane Albertini: guitare acoustique mandoline ; Arnaud "Nano" Méthivier: accordéon ; Martial Paoli: piano;Nicolas Torracinta: guitares acoustiques et électriques;Miché Dominici: batterie et percussions;Jean-Marie Gianelli: basse

Un concert aura lieu dans le village de Salgetu pendant la période de l'enregistrement. Le mix et le mastering de l'album auront ensuite lieu du 26 octobre au 13 novembre à Paris.

C'est à la foire de Bocognano, les 28 et 29 novembre, qu'arriveront les premiers exemplaires de l'album dont la sortie officielle est prévue le 8 décembre dans de nombreux points de vente.

Une tournée d'hiver est programmée en décembre pour présenter l'album "Forse".

- le 2 à Corté, au Spaziu Natale Luciani
- le 3 à Biguglia, au Théâtre municipal
- le 4 à Migliacciaru, au centre culturel Anima
- le 5 à Île Rousse, au cinéma le Fogata
- le 7 à Ajaccio à Scenina, soirée réservée aux donateurs du Kiss Kiss Bank Bank (apéritif dinatoire et mini-concert)
- le 8 à Sartène, au centre culturel
et le 10 à Ajaccio, à l'Espace Diamant

Enregistrement du disque de Diana Saliceti à Salgetu - Stéphane Albertini à la guitare et mandoline - Miché Dominici aux percussions - Jean-Marie Gianelli à la basse - Arnaud "Nano" Méthivier à l'accordéon - Martial Paoli au piano et Nicolas Torracinta à la guitare acoustique et électrique.

Une petite video de présentation (suivre ce lien)

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L'album "Forse" est disponible depuis le 8 décembre 2015.

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Ma récension en page "Disques du mois". A lire aussi celle de Carole Guelfucci sur son site "Racines corses".

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Et celle de Frédérique Balbinot pour "Eccu":

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Diana invitée de "Tra di noi" le 27 décembre 2015 :

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Diana interviewée par Paroles de Corse (01/02/2016) :

et par Philippe Martinetti pour 6 1/2.

Diana dans "Cultura Commestible"

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jdc

16/03/2017

Une interview de Diana

Et son abécédaire...

28/11/2017

Diana Saliceti, artiste Corse

28 novembre 2017, Paris sur la Corse

Paris

Depuis son île, Diana Saliceti désire prendre racine sur la terre de ses anciens tout en bâtissant des ponts la menant sur les pourtours de la Méditerranée. C’est ainsi que l’on retrouve dans la voix de cette chanteuse Corse, des airs de tarentelles italiennes, de fado portugais ou encore d’incantations africaines. Le succès de son album Forse l’ancre définitivement parmi les artistes talentueux que nous offrent l’île de beauté. Elle sera présente ce soir au coté d’une légende Corse, le grand Antoine Ciosi, pour son Ultimu Giru aux Folies Bergère à Paris.

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Quels sont les chanteurs qui t’ont inspirés  ? 

C’est difficile d’être exhaustive tant ils sont nombreux, que ce soit au niveau régional, national ou international. Mais si je devais revenir aux origines de ma passion pour le chant, je dirais que c’est en écoutant tous les grands groupes insulaires dans la voiture de mes parents ou sur notre poste radio branché sur RCFM qu’est venu le désir de chanter. Adolescente, j’ai eu la chance de participer à la Scola di cantu de Natale Luciani. Puis, j’ai integré l’association Filu d’Amparera de Jean-Pierre Godinat, leader de Cinqui sò. Ensuite, j’ai croisé sur ma route, bon nombre d’artistes généreux qui m’ont, chacun à leur manière, enrichie. Et je continue au quotidien à découvrir des chanteurs et chanteuses qui me donnent envie d’assouvir toujours plus ma passion du chant et de faire le pari d’en vivre.

 

concert

T’attendais-tu à un tel succès avec ton album Forse ?

On ne sait jamais à quoi s’attendre mais nous avons été ravis par le bel accueil que le disque a reçu. J’ai été surtout touchée que cela plaise à différentes générations. C’est vraiment le public qui décide du succès d’un disque. J’ai essayé de raconter une histoire avec mon équipe dans ma maison familiale en Castagniccia. Cela fait plaisir de savoir que les gens y aient adhéré. On ne parle pas de disque d’or pour « Forse » mais d’une jolie reconnaissance au sein des insulaires.

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Les chiffres clés depuis sa sortie ?

C’est avant tout une aventure avec à son bord, entre 4 et 7 intermittents du spectacle selon la configuration. Une trentaine de concerts depuis la sortie en décembre 2015, d’hiver comme d’été. Un printemps de Bourges et un TEDx à Cannes. C’est aussi, une vingtaine de chansons au programme de nos concerts et, je l’espère, de nombreuses autres à venir.

Quelle est la chanson qui rencontre le plus de succès ?

Je crois que c’est « U mo paese ». Peut-être parce que c’est un chant d’amour inconditionnel pour notre île même si la relation à cette terre peut s’avérer parfois tumultueuse. Comme ça peut être le cas d’ailleurs dans une relation amoureuse.

Ton style en une phrase, 3 mots ?
C’est difficile. Allez je me lance : Il s’agit de création actuelle en langue corse autour de la tradition vocale insulaire. Trois mots ? Eclectique, assez romantique et … 100 % bio (rires).

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La Corse d’aujourd’hui est-elle plus inspirante que celle de tes ancêtres ?
Je ne vois pas la Corse comme une île tiraillée entre hier et aujourd’hui. Je la considère surtout comme une terre allant de l’avant et à tous les points de vue. Je trouve qu’elle est dans une bonne dynamique actuellement et ce malgré les difficultés. Alors j’essaie de participer à ce mouvement à travers mes chansons.

Que retiens-tu de ton passage au printemps de Bourges ?
Ce fut avant tout une très belle expérience avec toute l’équipe. Grâce au Rézo Corse, nous avons chanté devant des milliers sur la grande scène Séraucourt dans le cadre d’une programmation « musiques du monde ». On a pu ainsi rencontrer des professionnels du spectacle comme des programmateurs par exemple, c’est notamment ainsi que nous sommes en tournée à Marseille ce mois de décembre.

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Est-ce le concert le plus marquant de ta tournée ?
Cela reste un souvenir marquant c’est sûr, mais chaque concert est une joie car un instant de partage privilegié avec les spectateurs et les musiciens : Miché Dominici, Nicolas Torracinta, Sylvain Terminiello, Martial Paoli, Romain Berrodier… Je n’oublie pas les techniciens et les accompagnants : Yannick Grandin Ristorcelli, Mathieu Papini et Marie Luce Arnaud. Je pense notamment à notre concert du mois de novembre à l’Aghja qui a été un joli moment. Ces deux dernières années ont permis de se produire sur de nombreuses scènes et chaque lever de rideau est une surprise dont nous ne savons rien avant qu’elle ne se produise.

ciosi

Ton actualité ?

C’est tout d’abord les Folies Bergère avec Antoine Ciosi ce soir même ! C’est un honneur pour moi de participer à cet « Ultimu Giru » avec lui et ses nombreux invités. Ce sera une belle fête ! Venez, il reste des places mais attention ça commence précisément à 20h ! Ensuite, nous jouons à Murtoli le 7 décembre dans le cadre du Festival I Voci di Murtoli avec i Surghjenti. Puis, direction Marseille pour une tournée autour de Noël. À la mi-décembre, retour à Bastia dans le cadre d’une résidence de création avec Orlando Furioso et A Filetta pour l’opéra contemporain  » Ulysse sans terre « qui sera donné le vendredi 22 décembre au Théâtre de Bastia.

Tes projets ?
Continuer ! Se battre pour que cette aventure perdure dans le temps car rien n’est jamais acquis dans ce domaine. Et bien sûr, nous avons mis le cap avec l’équipe sur le deuxième album qui devrait sortir en décembre 2018. C’est donc une année bien remplie en perspective ! En espérant que l’inspiration, les voyages et les belles rencontres soient au rendez vous…

Source : paris-sur-la-corse.com
Crédits photos – Raphaël Poletti, Laurent Brière, Nusrat Durrani

Décembre 2017

Avant le concert aux Folies-Bergère, une merveilleuse version de "A l'altru mondu" avec Antoine Ciosi :

Diana à Carghjese

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Août 2018

Strada nova pè Diana

strada

Septembre 2018 :

"À l'intimu"

"Toc Toc" sur RCFM du 5 septembre 2018 :

Janvier 2019

cm

Juin 2019

ecole

3 août 2019

proust

Novembre 2022

agricole

Diana Saliceti , des routes du chant à la clef des champs

15 Décembre 2022
Par : Jean Colonna (Le Journal de la Corse)

Belle du chant et des champs...

Journaliste et agricultrice de formation, chanteuse et cavalière de profession, Diana Saliceti est une personnalité éclectique qui n'a pas peur des grands écarts. Pendant la période Covid, elle a créé une entreprise agricole dans son village de Porto Pollo et fondé une écurie de balades équestres. Une aventure entre chevaux corses et production d'huile d'olive qui s'intitule : L'Orca, Agri-cultura & cavalli. Rencontre avec une hyper-active :
Chanteuse, journaliste, agricultrice, tant de casquettes pour une seule tête, quel parcours a mené à cette vie Diana Saliceti ?

Après un bac au lycée Fesch, alors que toutes mes copines sont parties sur le continent, je suis restée à Bastia en prépa-lettres au Lycée Giocante de Casabianca. Je ne me sentais pas encore assez « grande » pour partir et puis Bastia m'attirait car j'y faisais des stages de chant notamment avec Jacky Micaelli. La prépa aux grandes écoles y est également excellente tant par la qualité des enseignements que par l'environnement qui entoure les étudiants avec une vie culturelle bastiaise foisonnante. Je ne voulais pas forcément être chanteuse, mais je voulais chanter, donc j'ai adoré vivre à Bastia dans la citadelle et côtoyer des gens extraordinaires comme des membres des Chjami Aghjalesi, Diana di l'Alba, ou encore Felì et Hubert Tempête ! Ce que j'ai pu chanter au comptoir du Corsica (rires). Je devais partir à la Sorbonne (je n'aime pas les gens qui disent "je devais, mais je n'ai pas pu" *rires*) mais c'est vrai, je m'étais inscrite à la Sorbonne pour aller en Lettres et puis j'ai voulu vivre au village en Castagniccia. J'ai toujours eu une sorte de schizophrénie entre partir vivre dans une mégalopole et faire ma vie au village. Je pense que nous sommes plusieurs à connaître cela en Corse. Nous avions reçu une lettre qui me donnait le droit à un logement social à Bastille, mais nous ne l'avons pas ouverte, j'ai voulu prendre ça pour un signe ! J'ai donc étudié en double licence à Corte, j'ai continué à chanter notamment avec Patricia Gattaceca au Centre culturel universitaire ou Jacques Culioli avec lequel nous avons remporté le prix de l'Eurovision des langues minoritaires en 2008.

Forte de cette expérience insulaire, vous avez voulu partir, voyager ?
Une fois cette double licence terminée, je me suis enfin décidée à partir. J'ai donc poussé la porte du bureau des relations internationales de la Faculté de Corse. C'est ainsi que je suis partie en Irlande étudier la littérature comparée, je me suis penchée notamment sur l'imaginaire des minorités. En somme, j'ai analysé l'importance de l'imaginaire, comme par exemple des contes dans les peuples dits minoritaires ou minorés. Comment le fait politique irrigue l'imaginaire et comment ce dernier donne aussi de la matière politique aux soulèvements régionalistes et identitaires ! Mes recherches portaient notamment sur les revues du début XXème siècle en Corse avec notamment l'Annu Corsu et a Muvra et en Irlande avec des figures clefs comme le poète nationaliste William Butler Yeats. À cette époque, en Corse comme en Irlande, on recueille l'ensemble des contes et des légendes et on leur y adjoint une lecture souvent très politique et destinée à éveiller les consciences. J'étudie cette thématique entre Dublin et Séville, et le titre de mon mémoire est le suivant : La formation du sentiment national des peuples minoritaires à travers l'imaginaire. Je fais ensuite une escale, en seconde année de master, à Montréal en cherchant toujours sur les nationalismes, cette fois-ci québécois et corses ! Le québécois Lionel Groux et la revue L'action française seront alors mes nouveaux sujets de prédilection mais toujours en comparatif avec notre île. Je voulais réaliser un doctorat en co-tutelle entre la Corse et Montréal mais cela n'a pas été possible pour diverses raisons. Il y a souvent des portes qui se sont fermées précipitamment dans ma vie mais j'aime à croire que c'est un signe qui nous demande d'aller nous promener sur d'autres chemins.

Qu'est-ce qui a motivé votre retour ?
Je faisais déjà de la radio depuis mes 18 ans à RCFM et j'ai toujours adoré les médias notamment pour la pratique de la corsophonie, la sauvegarde de notre identité et la diffusion de ce qu'il se fait de mieux par chez nous. Suite à un casting, j'ai animé une émission quotidienne avec Luc Mondoloni : Inseme. Pendant ces années de télé, j'ai adoré être au contact des insulaires lors des nombreux directs réalisés en extérieur. C'est alors que s'ouvre la première édition du diplôme universitaire "Journalisme, Médias et Corsophonie", cursus qui dure deux ans et se passe en alternance. Je réussi le concours et m'attendais à aller à France 3, tout était calé en ce sens en tout cas mais que nenni ! Je crois que ma vie est un éternel rendez-vous manqué ( rires ). Je réalise finalement mon cursus à Corse-matin. Pendant ces deux ans, je fais de très belles rencontres et je renoue avec la pratique de l'écrit. Une fois diplômée, je me suis consacrée à mon premier album que j'ai enregistré dans ma maison paternelle de Salicetu en Castagniccia.

Un revirement total alors, vous vous êtes exclusivement consacrée au chant ?
Je deviens intermittente du spectacle pour défendre ce projet musical avec une belle équipe de musiciens. Je vais alors faire le printemps de Bourges, des dates sur le continent, ce fut une très belle aventure que la promotion du disque Forse ! Toutefois mon éternel dilemme me rattrape et je m'inscris alors à une formation agricole sur Corte et ce, afin d'obtenir le BPREA au sein du Centre de promotion sociale de Corte. Bastia, comme Corte ont pour moi été des villes de cœur avec des rencontres déterminantes dans ma vie professionnelle comme affective. Je décide de m'attarder au paese di l'orsu pour m'inscrire à une formation d'accompagnateur de tourisme équestre à Equiloisirs, un super centre de formation à Corte ! Nous sommes au printemps 2020... La suite vous la connaissez ! Au premier jour de la COVID, je pars au village à Porto-Pollo avec mon chat et mes deux chiens ! Avec mon frère Julien qui est de douze ans mon aîné, on démaquise des parcelles d'oliviers. À partir de là, je rentre en parcours d'installation agricole en tant que future jeune agricultrice et je monte mon entreprise dédiée à l'oléiculture et à l'élevage de chevaux corses et à l'équitation. Elle se nomme : L'Orca, agri-cultura & cavalli !

Pourquoi L'Orca ?
L'orca, c'est pour la jarre de l'huile d'olive ! Mais aussi pour l'ogre des légendes corses qui détient le secret des anciens. Dans un de nos contes, les bergers veulent notamment le tuer ou le faire dormir pour obtenir le secret du brocciu par exemple. C'est une référence à notre passé, à notre savoir-faire. Et puis, l'ogre est une partie de chacun d'entre nous, la partie animale, pas forcément aussi obscure qu'on pourrait le croire !

Si on connait Diana la chanteuse, qu'est-ce que qu'est-ce que l'on peut dire de Diana l'agricultrice ?
Elle est beaucoup moins bien habillé que la chanteuse ! Elle a les pieds dans la boue 85 % du temps... Elle connaît les joies de la vie en plein air entourée d'animaux mais aussi les écueils : un petit charançon a mangé toute la production sur une oliveraie que je viens d'acquérir par exemple.

Ça renforce pour cette année le côté équestre avec notre écurie de balades que je souhaite ouverte à l'année. Nous travaillons également sur le développement de la partie culturelle de l'Orca avec le premier numéro au printemps 2023, je l'espère, de la première édition de notre festival sous les oliviers. Ce sera l'avènement de ce lieu "agriculturel" auquel j'aspire avec un festival "TaraVoci" qui sera le festival agropastoral des voix et des voiles de Méditerranée. Le but, c'est de rappeler les anciens systèmes de fonctionnement méditerranéen, que ce soit dans la pratique agricole, mais aussi dans le chant, dans l'oralité, le frêt à la voile... Avec des chanteurs et des conteurs forcémement d'ici et d'ailleurs. La voix sera mise à l'honneur sous toutes ses formes mais également la gastronomie, l'agriculture et l'artisanat.

Alors, avant "TaraVoci", L'Orca à déjà acceuilli des évènements ?
En ce moment, nous faisons des sorties équestres à thème, on organise par exemple une sortie avec Petru Pasqualini (comédien et guide-conférencier) on part à Cupabia lui à pied avec des randonneurs et nous à cheval, pour enfin se retrouver et faire une grande Merendella avec nos participants, marcheurs et cavaliers. Nous collaborons également avec l'universitaire Don Mathieu Santini, le maitre sommelier Raphaël Pierre Bianchetti ou encore la naturopathe Céline Boulongne. Chaque sortie thématique se termine par un repas sous les arbres tous ensemble avec des menus qui mettent à l'honneur les produits locaux notamment la Vache tigre de Jacques Abbatucci dont nous découvrons le domaine à cheval. La dernière sortie en date est celle le Maître-Sommelier, Raphael-Pierre Bianchetti, à cheval nous sommes partis sur un parcours avec une pause au sommet des collines, dégustation et initiation au terroir local. Les vins du Taravu étaient bien-sûr au rendez-vous entre les domaines Vacelli et Abbatucci ou encore Sébastien Poly d'« U Stiliccionu ». Nous essayons de proposer du contenu équestre, agricole, et patrimonial. Le but c'est aussi de créer du lien social l'hiver pour les Corses ou les touristes, qu'on ne soit pas une région sinistrée l'hiver et que le sport de plein air soit encore praticable et vecteur de rencontres et de joie.

L'hiver justement, c'est un défi de travailler hors saison ?
Mon vrai pari, c'est de travailler à l'année. Mes chevaux sont soignés, travaillés, nourris à l'année et j'ai réussi à créer un emploi dans le rural à l'année avec Camille, une jeune femme qui habite à Filitosa. Mon dessein c'est d'éviter de fonctionner sur un système alternatif "on /off" mais bel et bien d'être ouverte à l'année et que les gens puissent nous rencontrer lorsqu'ils le souhaitent. Si notre zone n'est pas très fréquentée l'hiver la commune de Sarra di Farru compte une école, une crèche, une pharmacie, une association qui anime le village et certains commerces qui ouvrent à l'année. Je veux créer une animation de plus et pour l'instant il y a des gens qui sont heureux de ce que nous faisons et qui nous suivent.

Avec toutes ces vies et toutes ces obligations, vous êtes aidées ?
J'ai une employée très passionnée et compétente, Camille qui est en train de passer son diplôme d'accompagnateur de tourisme équestre à Corte et qui donc est en alternance chez moi.Ma famille est bienveillante à mon égard, ma mère m'aide à préparer les repas, mon frère m'aide à nettoyer les terrains. J'ai la chance également d'avoir des amis inspirantes comme Tania Andreo qui a créé sa marque de vente de cosmétiques corses Corsica beauty et qui fait partie de ce nouveau cercle de ma vie "d'entrepreneuse". Je pense aussi à Elodie Emanuelli de la marque Sgìò, à Elisa Mattei de Elisa di Gìò ou encore à Faustine Abbatucci : ce sont des femmes qui vivent leur entreprise courageusement au quotidien, elles m'inspirent beaucoup et nous nous entraidons dès que possible.

Passer du monde du journalisme et de la culture à celui de l'entreprise, c'est facile ?
Il y a les Corsican Business Woman qui ont mis mon entreprise à l'honneur lors de leur dernier congrès et qui font beaucoup pour les femmes qui entreprennent! Elles sont à l'écoute et m'épaulent quand j'en ai besoin. Avec les différentes casquettes chef d'entreprise, jeune agricultrice, chanteuse, journaliste, il faut savoir jongler et ce n'est pas toujours facile. C'est une vie à cent à l'heure d'une part et ça relève parfois du casse-tête, surtout au niveau administratif et financier. La grande aventure de la paperasse ! Un domaine auquel j'essaye de m'initier au quotidien malgré une légère phobie.

Qu'est-ce qui toi t'a poussé à troquer le strass et les paillettes contre la boue et les bottes ?
Alors, je n'ai jamais vraiment arrêté la musique. C'est le Covid et la recherche de nouvelles perspectives musicales qui m'ont poussé à faire une petite pause. Mais je n'ai jamais cessé de chanter et ces temps-ci la musique me rattrape un peu puisque je fais partie du projet et de l'album "Corsu mezu mezu 2". Je chante avec Thomas Dutronc en duo sur Dimmi Perchè et j'en suis très honorée car j'ai beaucoup d'affection pour ce grand artiste. Je défends également une formule professionnelle avec le brillant guitariste Jérôme Ciosi donc je suis toujours intermittente du spectacle. Avec Jérôme, on a un beau concert à Bastia le 14 décembre sur la place du marché avec le groupe Eppò et une chanteuse sarde et ce autour de la candidature de Bastia au titre de Capitale culturelle en 2028. Une perspective que je soutiens bien sûr ! On prépare la tournée d'été et l'enregistrement d'un album pour l'automne prochain ! Je reste bifonctionnelle ! Avec une partie de mon cerveau et de mon cœur qui est dédié au chant et l'autre ...aux champs !

Jean Colonna

© 2022 Journal de la Corse

Retrouvez Diana dans ma galerie photo ; un concert à Pigna et aux Rencontres polyphoniques de Calvi en 2016 et 2017 !

 

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